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Rappel des objectifs et méthode retenue pour la recherche

Chapitre 3 Méthodologie de recherche

2. Rappel des objectifs et méthode retenue pour la recherche

2.1. Exploration et comparaison

La question de recherche de ce mémoire est posée de manière exploratoire, c'est-à-dire qu'elle cherche à comprendre la nature du phénomène qu'elle veut explorer. Elle est donc ouverte. Elle « permet la description en profondeur et l'enclenchement d'un processus inductif » (Gauthier, 2009 : 171). L'approche choisie voudra ainsi « s'imprégner de l'essence

d'une situation, d'en capter la complexité et d'en interpréter le sens » (Ibid. : 172), tout en se basant sur les recherches antérieures effectuées sur le sujet pour proposer des pistes de recherche à explorer. Ce choix implique une approche mixte, basée à la fois sur une démarche inductive propre aux recherches qualitatives qui veut laisser une certaine ouverture à l’interprétation des résultats obtenus au moment d’effectuer l’analyse de données mais aussi une démarche déductive qui va permettre de mettre les résultats obtenus en parallèle avec les conclusions de précédentes études sur la question. En effet, une mise en parallèle est effectuée dans cette étude entre les perceptions des auditeurs des radios d'opinion à Québec et les perceptions des auditeurs des talk radio américaines, dont le modèle a largement inspiré des animateurs comme Jeff Fillion, selon ses propres dires (Bilefsky, New York Times, 2018).

2.2. L’approche qualitative

Pour répondre à la question de recherche, l’approche qualitative a été choisie. Il s'agit de l’approche généralement retenue par les chercheurs qui font des études sur la réception s'ils veulent « percer le sens que les acteurs donnent à leurs comportements, à leurs croyances ou aux événements auxquels ils font face » (Mace et Pétry, 2017 : 87). C’est notamment celle choisie dans le cadre des études portant sur le contrat de lecture défini par Véron pour recueillir les opinions des usagers « en réception » mais également dans celles effectuées par Stuart Hall, théoricien des Cultural Studies, qui a développé en 1973 une théorie de la réception décrivant l’interprétation des textes effectués par les auditeurs à partir de leurs expériences et de leur bagage culturel. Dans le cadre de ces travaux, des lecteurs ont été interviewés individuellement ou en groupe (Granier, 2011 : 53). Ces études permettent de prendre en compte ce que reçoit le lecteur, la façon dont il est interpellé et la représentation qu’il se fait de lui-même (Lévy, 2010). À travers les entretiens, nous nous intéressons à ce qu'Onwuegbuzie et Leech décrivent comme une « réalité sociale et subjective » (2005) qu'il paraît difficile de saisir et mesurer par une approche quantitative.

Une approche qualitative permet, en effet, de privilégier sur le terrain des rencontres approfondies avec les participants. Il s'agit de la démarche la plus adaptée à la discussion car elle permet de poser des questions ouvertes aux participants, sans trop les diriger par des questions fermées ou à choix multiple comme le ferait une démarche quantitative. Elle

habitudes de consommation radiophonique, leurs choix, leur perception des messages, mais aussi les relations qu'ils entretiennent avec leur média.

2.3. Technique principale de collecte des données

2.3.1. La technique des entretiens individuels

La technique de collecte des données qui a été choisie est celle des entretiens individuels. Elle permet d'établir un contact direct et personnel avec chacun des participants un par un dans le but de comprendre le sens de l'activité de consommation médiatique (Mace et Pétry, 2017 ; Savoie-Zajc, 2009). Elle permet au participant de s'exprimer en étant seul avec l'interviewer, aussi librement qu'il le souhaite (Mace et Pétry, 2017 : 92-93), sur un mode qui ressemble à celui de la conversation (Savoie-Zajc, 2009 : 340). Cette technique est définie par Savoie-Zajc comme « une interaction verbale entre des personnes qui s'engagent volontairement dans une pareille relation afin de partager un savoir d'expertise et ce, pour pouvoir dégager conjointement une compréhension d'un phénomène d'intérêt pour les personnes en présence » (2009 : 339).

2.3.2. Les entretiens semi-dirigés

Pour ce faire, nous nous sommes rendue dans un lieu défini avec les participants pour les rencontrer individuellement. Les entretiens ont été effectués de manière semi-dirigée, c'est- à-dire qu'ils étaient soumis à une certaine structure, notamment dans l'ordre et le choix des thématiques abordées mais laissaient aux participants toute la liberté de s’exprimer sur la question posée. Ils duraient environ une heure pour avoir le temps d'aborder tous les thèmes, sans trop aller au-delà cependant pour maintenir la concentration des participants pendant l'entretien et ne pas abuser de leur temps. Les participants étaient informés de la durée approximative de l'entrevue lors des échanges préalables pour qu'ils puissent s'organiser et s'y préparer. Les objectifs de l'étude et la confidentialité des propos recueillis étaient rappelés au début de chaque entretien et leur consentement était pris concernant l’enregistrement des propos de la conversation (voir annexe D).

Durant l’entrevue, la parole était largement laissée aux participants pour leur permettre de s'exprimer librement afin d'obtenir les réponses les plus détaillées possible. L’étude voulant comprendre les perceptions et non les juger ou les critiquer, un soin tout particulier a été pris par l’intervieweuse afin de mettre en confiance les participants qui, au début de l’entretien, pouvaient être intimidés ou méfiants. Cela s’est exprimé en termes d’accueil et de présentation de l’entrevue avant de commencer. L’intervieweuse voulait ensuite guider le fil de la conversation en fixant un thème et obtenir des réponses aux questions préparées, sans pour autant diriger les participants et sans vouloir orienter leurs réponses, ce qui pouvait rendre celles-ci non utilisables pour l'analyse. Les notes de l'entretien ont ensuite été consignées au propre pour être analysées.

2.3.3. Le nombre de participants

Dans le cadre de la réalisation d'un mémoire de maîtrise, il faut assurément faire des choix visant à limiter l'étendue de la recherche pour des questions évidentes de temps mais aussi de moyens et de budget. Le nombre de participants interrogés voulait donc s'échelonner entre dix et quinze personnes, car il s'agit ici d'un « ordre de grandeur habituel que l'on rencontre dans la pratique de ce genre de recherche » (Savoie-Zajc, 2009 : 349). Ce nombre pouvait être éventuellement modifié si les réponses enregistrées ne permettaient pas d’arriver à la saturation théorique. Arriver à la saturation théorique, c'est-à-dire au point que les nouvelles données issues d'entretiens additionnels n'apportent plus rien à l'étude, est l'idéal. Il était cependant difficile de prévoir quel serait le degré de saturation à atteindre dans cette recherche, et celle-ci devait prendre en compte les contraintes de temps et de budget qui lui étaient propres. L’objectif était d'arriver au meilleur compromis possible entre la saturation théorique et le nombre initial d'entretiens prévu.

Les entretiens ont été enregistrés avec l'accord des participants et les réponses entendues analysées selon une grille détaillée dans le chapitre suivant, grille visant à permettre de confronter les renseignements obtenus.

2.3.4. Schéma d'entrevue

pour passer les entretiens, il restait à établir la structure de l'entrevue. Celle-ci s’est faite à l'aide d'un questionnaire qui regroupait toutes les questions nécessaires pour répondre à la question de recherche de cette étude. Pour nous aider dans la préparation du questionnaire, nous avons tenu compte de notre cadre théorique et de nos propositions de recherche, mais aussi des études précédentes recueillant la perception des auditeurs des radios d’opinion aux États-Unis (Coleman, Morrison et Anthony, 2012 ; Turow, Cappella et Jamieson, 1996 ; Hofstetter et al., 1994 ; Hofstetter et Gianos, 1997 ; Lyons, 2008 ; Lee, 2002 ; Tramer et Jeffres, 1983) et à Québec, notamment l’étude de Marcoux et Tremblay (2005) qui avait, elle aussi, procédé à des entretiens individuels.

2.3.5. Des questions en lien avec les propositions de recherche

Les questions ont été établies en fonction des propositions de recherche définies à partir de l’état des connaissances et du cadre théorique : il s’agissait tout d'abord d’établir s’il y avait une adhésion forte des auditeurs au discours de la radio et de ses animateurs par une fidélité au programme dans le temps et un niveau d'engagement important dans leur écoute. Ensuite, nous cherchions à savoir si la reconnaissance d'une autorité et l'attribution de la crédibilité et de la confiance à cette radio passait par une méfiance envers les autres médias. Enfin, nous les avons interrogés sur leur engagement politique et leur vote. Nous avons préparé vingt-six questions pour tenter de répondre aux propositions de recherche (voir annexe E).

Les questions se voulaient les plus ouvertes possibles, en orientant les participants sur des thèmes. Des questions pratiques concernant les habitudes de consommation ont été posées au début de l'entretien pour mettre à l’aise les participants. Les questions demandant davantage de réflexion concernant la perception des participants sur les animateurs et les émissions qu’ils écoutent ont été posées par la suite.

Les questions choisies et les thématiques évoquées se voulaient les plus claires possibles pour être comprises par tous les participants sans ambiguïté quant à leur signification et à leur interprétation. Un pré-test a été effectué auprès de personnes de l’entourage de l’auteure et extérieures à la recherche. Le questionnaire a également été testé auprès d’un participant volontaire recommandé par notre direction de recherche. Cette première entrevue jugée très intéressante a été gardée pour être incluse dans l’échantillon final.

À la fin de l'entretien, un questionnaire papier a été fourni aux participants pour obtenir certaines informations sociodémographiques : âge, sexe, état civil, occupation, niveau de scolarité, quartier ou ville de résidence (voir annexe F).