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Chapitre 4 Présentation et analyse des résultats

2. Analyse des résultats par thèmes

2.7. Résumé des principaux résultats

Afin de mieux comprendre le tableau général qui peut être dressé à travers les résultats présentés dans les points précédents, nous avons cherché à établir une vision d’ensemble, notamment en cherchant quelles pouvaient être les réponses communes à tous les auditeurs interrogés mais aussi quelles étaient les grandes divisions apparaissant dans les réponses et enfin dégager des observations générales.

2.7.1. Vision d’ensemble : points communs et différences

• Où se trouve l’unanimité?

Trois éléments font l’unanimité parmi les participants : tous discutent des propos qu’ils ont entendus à la radio avec un tiers, la famille ou le conjoint. Tous se trouvent à un moment en désaccord avec la radio, cependant pas à la même fréquence. Et enfin, tous votent.

Ces réponses sont cohérentes avec les résultats des recherches effectuées sur les auditeurs de la PTR américaine, mais aussi avec les précédentes recherches conduites sur les auditeurs de Québec. La discussion avec les proches montre l’attention portée aux propos des médias et une envie de partage d’idées. Le désaccord montre également une écoute attentive ainsi qu’une confrontation avec ses propres idées et valeurs faites au moment de l’écoute mais aussi possiblement au moment de l’évaluation de l’information, comme le suggèrent Sears et Freedman (1967). Rappelons que les auditeurs ont majoritairement rapporté aimer le débat. Et le vote marque un engagement en tant que citoyen et un intérêt pour les affaires publiques.

• Observations générales

Les grandes tendances sont constituées des réponses qui remportent presque la majorité mais pas l’unanimité parmi les participants à l’étude. Elles se retrouvent d’abord dans les habitudes d’écoute et la fidélité à la station : nombreux sont les auditeurs qui l’écoutent depuis des années, de nombreuses heures par semaine le matin et le soir dans leur voiture. L’écoute provoque chez eux des émotions et ils aiment y entendre des opinions et des débats. Les auditeurs jugent majoritairement les animateurs compétents dans leur travail, ce qui participe à les rendre crédibles dans leurs propos. Leur consommation de l’information et notamment d’autres médias est très assidue, marquant un intérêt pour les affaires publiques en général et une connaissance de l’actualité, ce qu’ils reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes en se disant majoritairement au courant de l’actualité. Concernant l’action, nombreux sont les auditeurs qui ont affirmé agir après avoir entendu les propos de leur radio. Il peut s’agir d’actions à la fois politiques comme des pétitions, des marches, des manifestations, des vigiles mais aussi des actions commerciales comme l’achat et la consommation d’un produit à la suite de publicités diffusées à la radio, la participation à des

concours ou encore des actions sociales avec des dons. Enfin, l’indécision quant au vote est aussi une des caractéristiques dominantes dans les résultats.

Même si une forte tendance ne signifie pas l’unanimité, elle montre un penchant des participants dans un sens plutôt que dans l’autre. Une des caractéristiques du contrat de communication qui est la fidélité est ici présente, de même que la manifestation d’émotions suscitées par la radio. La caractéristique de la fidélité peut cependant être reliée au mode de recrutement qui visait à interroger des auditeurs assidus de la radio et prêts à s’exprimer sur le sujet. Elle ne représente peut-être donc pas l’ensemble des auditeurs des radios d’opinion de Québec. Les précédentes recherches menées sur ces radios montrent également l’intérêt pour les affaires publiques, à travers à la fois le vote mais aussi la consommation importante d’informations. Enfin, l’action est une caractéristique de l’engagement présentée dans les recherches.

• Des divisions importantes

Les résultats de cette étude nous amènent à nuancer d’autres caractéristiques pourtant décrites dans les recherches américaines et québécoises concernant les auditeurs des radios d’opinion. Tout d’abord, les auditeurs ne partagent pas tous les opinions diffusées à la radio. Il en va de même avec les opinions présentées par les auditeurs qui participent aux lignes ouvertes. Par ailleurs, la moitié seulement des participants partage ses idées en direct à la radio à travers les appels, les interactions par messages textes, les courriels ou en participant à des émissions. Concernant les animateurs, la moitié des auditeurs exprime des commentaires négatifs à leur égard et un peu moins de la moitié les juge sincères. De même, la confiance envers les médias, que ce soit la radio ou les autres médias, est mitigée. La radio d’opinion n’a pas non plus fait changer tous les participants d’avis mais uniquement un peu plus de la moitié. Soulignons sur ce point que selon les recherches d’Hovland et Weiss sur la persuasion, la crédibilité accordée au média paraît importante dans ce processus. En effet, le changement d'opinion qu’ils avaient enregistré à la réception d'une information provenant d'une source jugée crédible était bien supérieur à celui constaté avec une source jugée non crédible (1951 : 650). Mais les chercheurs ont démontré empiriquement que les opinions préalables d'un usager sur un sujet de société donné ont un impact sur le jugement de la crédibilité d'une source (Ibid. : 641). Il nous est cependant

Tous les participants n’ont, enfin, pas pris la défense de la radio face aux détracteurs, seulement la moitié se sont exprimés dans ce sens.

Contrairement aux recherches sur le sujet et aux propositions de recherche qui ont été émises montrant une adhésion inconditionnelle aux propos des deux stations de radio et des animateurs, il semblerait que les auditeurs prennent davantage de recul quant aux idées diffusées et aux propos des animateurs, à qui ils n’attribuent pas une entière crédibilité. Il en va de même pour l’influence des propos de la radio qui ne font changer d’avis qu’un peu plus de la moitié des auditeurs interrogés, même s’ils font davantage agir. Il semble aussi qu’une moitié des participants est plutôt mitigée concernant la confiance à accorder aux médias qu’ils consomment en général, que ce soit la radio d’opinion ou les médias de masse. Les recherches et nos propositions de recherche, dans ce sens, décrivaient un partage des opinions de la radio majoritaire, une absence de remise en question des propos de la radio et une méfiance dirigée uniquement vers les médias de masse.