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Le rôle des institutions de microfinance de la Tunisie

Chapitre I. L’analyse macroéconomique des modes et structures de développement en Tunisie

Section 1. Présentation du paysage de la microfinance en Tunisie

2.2. Le rôle des institutions de microfinance de la Tunisie

La mission principale d’une institution de microfinance est sociale tout en s’efforçant d’atteindre l’autosuffisance financière pour devenir pérenne. Les microcrédits sont des petits prêts permettant à des emprunteurs défavorisés d'entrer sur le marché financier formel à un niveau correspondant à leurs capacités. Ces crédits sont suffisants pour permettre à une personne de lancer un petit projet générateur de revenus, mais suffisamment limités pour permettre à l'emprunteur de les rembourser sans devoir faire face à une charge insupportable l'empêchant de subvenir à ses besoins et/ou à ceux de sa famille. Des institutions financières spécialisées dans les microcrédits et autres services de micro-financement tels que des dépôts, des transferts et des assurances, ont fait leur apparition dans le monde arabe. Mais malgré des niveaux de pauvreté et de chômage élevés dans la région, la répartition des institutions de microcrédit et de leurs filiales dans des réseaux régionaux tels que Sanabel et le Réseau de Microfinance reste inégale.

Ainsi, que ce soit pour un nouvel outil, une machine, une échoppe dans un marché, des millions de pauvres et de personnes disposant d’un faible revenu ont profité d’un petit prêt pour améliorer leur vie. Au cours des trente dernières années, ces personnes ont utilisé ces prêts, connus sous le nom de microcrédit, pour lancer de nouvelles entreprises, ce qui a permis de créer des emplois et de rendre l’économie tunisienne plus prospère. Grâce à l’accès au crédit et à cet éventail d’outils financiers, que l’on recouvre sous le terme de microfinance, les ménages peuvent investir en suivant leurs propres priorités: frais scolaires, soins de santé, nourriture ou logement. Au lieu de se concentrer sur la survie au jour le jour, les gens peuvent planifier l’avenir.

Le concept moderne de microfinance part de cette primauté du crédit sur l’épargne, de l’investissement sur la thésaurisation. Il a connu un immense et rapide succès parce qu’il a pu s’appuyer sur un volume important de ressources exogènes publiques et privées, ce que n’avaient pu (ou su) faire les systèmes mutualistes il y a un siècle. Le même phénomène d’apport extérieur de ressources publiques à la création, au développement ou à la restructuration de réseaux de coopératives d’épargne et de crédit en Afrique francophone vers la fin de la décennie 1980 a lui aussi permis un développement accéléré de quelques grands réseaux fondés sur les concepts plus classiques des pères fondateurs du mutualisme. Ainsi, dans son acception la plus simple la microfinance consiste en la mise en place des financements spécifiques, à savoir des microcrédits, en faveur de personnes non « bancables » et pour des activités génératrices de revenus. Le plus souvent, dans les pays du Sud, elle vise à l’extension de la bancarisation des populations exclues du secteur bancaire, en leur offrant la possibilité de disposer d’un compte en banque pour y déposer leurs économies et servir de support à des opérations de crédit.

Toutefois, dans la plupart des cas, elle ne profite pas aux groupes de population « les plus pauvres » qui se trouvent tout en bas de l’échelle socioéconomique. La couverture des plus démunis par les services de microfinance fait actuellement l’objet de fortes controverses. Plusieurs millions de personnes ayant moins d’un dollar par jour pour vivre (les très pauvres) bénéficient déjà de services des institutions de microfinance (IMF). Pourtant, rares sont les IMF qui servent les clients « les plus pauvres », c’est-à-dire ceux qui se trouvent tout en bas de l’échelle de pauvreté de leur pays. Même lorsqu’elles visent une clientèle très pauvre, ces

institutions laissent pour compte un nombre élevé de personnes qui sont trop pauvres pour pouvoir accéder à leurs services. Par exemple, au Bangladesh, où les IMF cherchent résolument à fournir leurs services aux très pauvres, c’est essentiellement l’avant-dernier quintile de la population qui bénéficie le plus de leurs services et le quintile inférieur qui en bénéficie le moins. Les services de microfinance ne couvrent pas les communautés les plus pauvres. Les Institutions de microfinance offrent de plus en plus souvent des moyens de paiement et en premier lieu des virements de fonds, nationaux ou internationaux (par exemple le rapatriement des fonds des travailleurs migrants). Elles ont parfois un rôle de fourniture d’autres services non bancaires, financiers (micro-assurance) ou non.

En Tunisie les IMF contribuent au développement en permettant l’acheminement des fonds jusque dans les villages et les quartiers, ce que les banques « classiques » ne font pas ou mal. La plupart des IMF ont abouti à la conclusion, après plusieurs années d’expérience, qu’elles sont davantage en mesure de fournir des services financiers efficaces et durables lorsqu’elles se concentrent exclusivement sur les services financiers. Soit les IMF s’abstiennent d’offrir des services non financiers tels que des services de nutrition, de santé et de formation soit, à tout le moins, les IMF offrent ces services indépendamment de leurs activités de microcrédit en constituant à cet effet un département distinct doté de son propre personnel. Abstraction faite des questions d’efficacité et de ciblage, les clients pourraient ne pas comprendre qu’un même service lui donne accès gratuitement à un soutien social tout en insistant pour qu’il rembourse le prêt qu’il lui consent par ailleurs. Enfin, la BTS et Inda interarabe, comme nous l’avions développés précédemment, jouent un rôle de premier plan et dans le développement du secteur de la microfinance en Tunisie.

2.3. L’expérience de la Banque Africaine de Développement en Tunisie sur la