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Chapitre III. L’impact de la microfinance sur le financement des entreprises privées et du secteur rural en Tunisie

Section 1. L’analyse de l’impact économique et social de la microfinance en Tunisie

2.3. Conclusion de la première partie

2.3. Conclusion de la première partie

Nous avons pu vérifier nos hypothèses de départ sur la microfinance en Tunisie en démontrant comment elle est considérée comme un nouvel outil au service du développement local en Tunisie.

Les enseignements tirés des différentes expériences de la microfinance en Tunisie Les enseignements que nous avons pu tirer de ce travail de recherche sont de plusieurs ordres :

Le secteur de la microfinance tunisien, malgré des balbutiements, a connu des évolutions même si beaucoup reste encore à faire. C’est un secteur qui demeure encore tributaire des subventions de l’Etat à travers la BTS, les Institutions comme Enda Inter- Arabe et des associations contribuant à l’essor de la microfinance en Tunisie. L’exemple de la microfinance au Maroc peut servir de repère en Tunisie surtout qu’après que la révolution tunisienne l’Etat tunisien a réduit les dépenses publiques et cela a eu des répercussions sur les subventions qu’il accordait à la BTS. D’où il est vraiment intéressant de s’intéresser ou de s’inspirer de l’organisation du secteur de la microfinance marocain.

La crise que connaît la Tunisie peut être une opportunité pour le secteur de la microfinance par le renforcement des mesures qui tendraient à l’essor du secteur de la microfinance. Il s’agit du renforcement de l’environnement légal et réglementaire afin d’améliorer et de maîtriser dans un sens favorable au développement sécurisé du secteur. De pouvoir articuler le secteur de la microfinance au secteur bancaire afin que les IMF répondent de façon adaptée aux besoins des MPE et PME en Tunisie. Enfin, les IMF devraient être plus professionnelles en assurant de façon viable et pérenne une offre de produits et services de

microfinance, adaptée, diversifiée et en augmentation, notamment dans les zones non encore couvertes en Tunisie.

Les résultats de nos travaux de recherche sur les conditions de vie des ménages établissent que la pauvreté rurale (incidence, profondeur et sévérité) est plus forte et s’est accrue sur les cinq dernières années en Tunisie, alors même que la pauvreté urbaine est plus faible et a, de plus, régressé. Même si les associations de microfinance vont jusque dans les zones rurales de la Tunisie leurs interventions sont plus accentuées dans les zones périurbaines. En mettant en place de véritables politiques favorisant l’essor d’activités génératrices de revenus, de pôles de développement et de services de proximité dans le milieu rural, un ralentissement de la migration des pauvres vers les villes est attendu. En outre, on espère qu’un reflux migratoire désengorgera les villes (soulageant un tant soi peu les problèmes de promiscuité, de délinquance et de criminalité) et créera dans les campagnes une dynamique de croissance avec la création d’emploi dans les zones rurales. La microfinance est l’un des outils au service du développement local pouvant permettre à la Tunisie de lutter contre la pauvreté dans les zones rurales. Aujourd’hui, il est de plus en plus admis au sein de la communauté des bailleurs de fonds que l’intégration de la microfinance au secteur financier global est une condition nécessaire de sa contribution efficace au développement et à la réduction de la pauvreté.

Nos travaux de recherche sur la Tunisie, rejoignent à certains égards les études65 menées par l’Union Européenne sur le marché de la microfinance en Tunisie comme nous l’avons annoncé précédemment. Cette étude s'est déroulée d'octobre 2009 à avril 2010. Son objectif général est le développement du marché de la microfinance en Tunisie. Son but s'est d'apporter aux décideurs du gouvernement tunisien une liste de recommandations socioéconomiques et techniques liées à un calendrier des activités à réaliser pour mettre en œuvre ces recommandations. L’étude menée par l’Union Européenne a montré de manière générale que la microfinance est en pleine évolution en Tunisie et que les pouvoirs publics sont pleinement

65 EUROPEAID/119860/C/SV/multi: IBM. Rapport final. P. 203. Etude sur le marché de la microfinance en Tunisie: Contexte réglementaire, offre, demande et conditions de développement. Bénéficiaire de l'étude: Ministère des finances Direction générale du financement Délégation de l'Union Européenne à Tunis. Ordonnateur: Délégation de l'Union Européenne à Tunis. Consultant :IBM Belgium SA. Contrat-cadre bénéficiaires Lot n°10, Lettre de marché contrat 2009/216690. IBM Belgium s.a., Avenue du Bourget / Bourgetlaan, 42, 1130 Bruxelles / Brussel. RCB 84.472 - VAT405 912 336 - ( (02) 225.21.11.

conscients qu'il s'agit d'un outil particulièrement utile et efficace pour rencontrer des objectifs nationaux de développement.

L'aspect social « par exemple : le financement des frais universitaires pour étudiants pauvres, le financement des frais médicaux pour femmes enceintes, le financement des frais de scolarité des enfants de micro-entrepreneurs.» de la microfinance ainsi que l'importance de l'implication pertinente des autorités publiques ont été des sujets soulevés à plusieurs reprises dans cette étude de l’UE.

La problématique de la politique des taux d'intérêt à été abordée selon plusieurs axes (expériences étrangères, bonnes pratiques) et il est tout à fait clair que son analyse doit tenir compte dans le contexte tunisien du fait que les associations sont financées à taux zéro par la BTS. Il semble qu'un certain consensus ait été atteint dans les comités de pilotage sur le fait qu'il fallait définir un taux de marché pour les microcrédits qui soit adapté aux différentes catégories d'institutions. Une réglementation prudentielle spécifique concerne de manière générale l'ouverture du secteur et son développement, par l'entrée d'acteurs privés ou publics, ce qui était bien l'objet principal de l'étude réalisée. L’étude de l’Union Européenne a fait aussi des

recommandations sur les Services non-financiers (formation de base à la gestion &

accompagnement professionnel) et le micro-leasing « L’introduction de certains prêts

ruraux :(prêt petit entrepreneur rural, prêt équipement agricole d’irrigation, prêt micro-entrepreneur rural « environnement ») doit amener à poser la question de l’intérêt de recourir au "micro-leasing" pour certains d’entre eux compte tenu du montant octroyé ».

Liens entre l’approche macroéconomique et l’analyse microéconomique

En effet, notre recherche a montré des actions spécifiques à l’endroit des femmes et des hommes bénéficiaires des produits de la microfinance en Tunisie. Nous avons assisté au développement de micro-entreprises, de microprojets (activités génératrices de revenu), à l’octroi des microcrédits, ainsi qu’à la promotion de la microfinance. L’Etat tunisien ou des institutions internationales (BAD, Banque Mondiale, PNUD…) encouragent les approches visant à la satisfaction des besoins fondamentaux des plus défavorisés. D’où cette approche microéconomique, dirigée essentiellement vers l’individu. Mais, force est de constater que le « micro » semble avoir atteint ses limites. Les femmes et les jeunes diplômés (filles et garçons)

sont toujours victimes d’inégalités criantes et l’intégration transversale du genre dans les politiques économiques est loin d’être une réalité. De même, les modes de production dans lesquels elles sont investies et par lesquels elles créent de la richesse ne sont pas valorisés : économie sociale et solidaire, réseaux économiques alternatifs, économie reproductive, etc… Cela a entraîné les révolutions en Tunisie et en Egypte. Face à la crise tunisienne ou le taux de chômage est très élevé, le manque des débouchés des hommes et des femmes tunisiennes la microéconomie n’est-elle pas obsolète ? N’est-il pas grand temps de se tourner vers la macroéconomie?

La macroéconomie élabore et analyse les agrégats économiques tels que le Produit National, le revenu, la consommation, l’investissement, les finances publiques, la balance des paiements, etc. Ces agrégats reflètent les fondamentaux d’une économie. Le gouvernement tunisien a toujours tenté d’influer ces indicateurs en mettant en œuvre des politiques macroéconomiques visant la stabilité des prix, le plein emploi et l’équilibre entre importations et exportations comme nous l’avons évoqué dans le chapitre 1. Malheureusement, les politiques économiques n’arrivent pas à résoudre et à améliorer la situation socioéconomique des gens.

Ainsi, malgré les difficultés, l’analyse microéconomique montre que les populations bénéficiaires du microcrédit en Tunisie, nonobstant les difficultés ont pu améliorer leur niveau de vie. Et la microfinance constitue un bon outil du développement local dans les zones périurbaines de la Tunisie. Les répercussions sur le plan macroéconomique -même minimes- ne sont pas visibles. Elles existent toutefois à petite échelle ; il suffit de renforcer le secteur de la microfinance pour que ces répercussions soient plus visibles sur le plan macroéconomique à travers la création d’emploi de masse.

Au terme de cette première partie sur l’analyse de la situation en Tunisie, nous allons par la suite aborder cette deuxième partie comme nous l’avions annoncé précédemment sur l’analyse de la situation de la microfinance en Egypte.