• Aucun résultat trouvé

Effets directs du crédit sur les conditions de vie

Chapitre III. L’impact de la microfinance sur le financement des entreprises privées et du secteur rural en Tunisie

Section 1. L’analyse de l’impact économique et social de la microfinance en Tunisie

1.3. L’analyse de nos résultats et des effets induits de la microfinance en Tunisie

1.3.1. Impact direct du crédit sur les activités des clients des IMF en Tunisie

1.3.1.3. Effets directs du crédit sur les conditions de vie

Nous voulons savoir si les revenus générés par le crédit des IMF et des différentes ONG ou autres instituions ont amélioré les conditions de vie des femmes et des hommes tunisiens bénéficiaires du microcrédit. Cela nous permet de vérifier notre troisième hypothèse, H3 : Les changements observés dans la vie des clients sont liés directement à l’IMF ou ils sont la conséquence d’autres facteurs. Cette hypothèse permet de vérifier le niveau d’implication du microcrédit envers les populations. Elle va consister à vérifier l’origine des changements observés au sein de la population qui peut être due à la microfinance ou à d’autres politiques étatiques.

Le tableau ci-après montre que l’augmentation du revenu a permis d’améliorer le niveau de vie des populations. L’accessibilité aux microcrédits a permis aux populations d’augmenter leur achat de stock de marchandises à raison de 83%, l’éducation et la nutrition arrivant en deuxième et troisième position soit 52% consacré à l’éducation et 39% sur la santé. Le tableau 17, prèsente bien la manière dont le crédit est réparti.

52 Ces statistiques ont été obtenues à partir des réponses du questionnaire N°4 qui se trouve en annexe 1.

Tableau N° 17 : Principales affectations du microcrédit des clients en Tunisie

Affectation du microcrédit Tunisie Achat stock Mse 296 83%53

Alimentation 137 39% Habillement 15 4% Thésaurisation 0 0% Education 185 52% Achat terrain 15 4% Santé 70 20% Décès 38 11% Construction maison 12 3% Accroissement équipement 98 28% Autres affectations 10 3%

Source d’après nos enquêtes sur le terrain

Ce graphique confirme bien que le microcrédit est bien utilisé afin d’exercer une activité commerciale. Cela permet effectivement au niveau familial d’améliorer les conditions de vie des populations bénéficiaires du microcrédit.

Cette figure illustre bien cette amélioration relative du niveau de vie des femmes et des hommes tunisiens bénéficiaires du microcrédit.

Figure N°17 : Principales affectations des bénéficiaires dumicrocrédit en Tunisie.

Source d’après les résultats de nos enquêtes.

Une femme ou un ménage qui accède au microcrédit utilise ce financement pour exercer une activité commerciale. Et cette activité produit des revenus et c’est à partir de dits revenus que les ménages améliorent leur condition de vie par la scolarisation des enfants, la santé etc. Mais le problème posé au niveau des ménages est celui de la limitation de cet impact du fait que les petits montants des emprunteurs ne peuvent que leur permettre de développer les activités à faible valeur ajoutée. Le microcrédit ne résous pas tous les problèmes des ménages, même si le constat est clair que le microcrédit permet tout juste au ménage de se retrouver dans une économie de subsistance.

Plusieurs femmes interrogées nous ont signifié que « Sans le microcrédit, on ne pouvait pas exercer une activité commerciale qui nous aurait procurer des tels revenus, car avant l’obtention du microcrédit, on arrivait malheureusement pas à s’en sortir…La seule source de financement qu’on avait c’était des petits revenus au niveau familial…et les revenus que nous

obtenions à partir des tontines de groupe…Mais souvent l’attente était très long avant que ton tour n’arrive afin de toucher l’argent des cotisants et entre temps il fallait survivre… »54.

Nos travaux de recherches menés sur le terrain nous ont permis de vérifier nos trois premières hypothèses sur l’utilisation du microcrédit et de ces effets sur les activités et les conditions de vie des populations. Notre analyse a permis de montrer que lorsqu’une femme ou un homme –n’ayant pas accès au crédit bancaire et pauvre- arrive à obtenir un petit prêt ; ce dernier lui permet de développer une petite activité génératrice de revenue et lui permet aussi d’améliorer ces conditions de vie. Même si ce prêt ne va pas sortir le pauvre de sa situation mais comme le démontre nos travaux, l’accès au microcrédit constitue un bon outil de réduction des inégalités sur le plan local.

Ainsi, les produits et services de microfinance entraînent notamment par le crédit un effet de levier sur l’activité économique des ménages. De façon générale, ces services financiers (crédit, épargne, assurance…) constituent des outils de gestion, de réduction et de partage de risques. Ils contribuent également au renforcement des liens sociaux. L’accès permanent des populations pauvres à des services financiers les aide à réduire leur vulnérabilité. Mais la microfinance n’est pas une panacée. Elle n’est pas la solution miracle capable à elle seule d’éliminer la pauvreté. Pascal GLEMAIN aborde dans le même sens en précisant que : [Pour ceux-là (Servet, Guérin, Lapenu, Doligez, entre autres), le microcrédit n’est pas « l’outil » de lutte contre la pauvreté.»]55.

Ainsi le microcrédit est pour Jean-Michel Servet (2006) un outil qui permet d’attirer l’attention sur les exclus des services financiers dans un monde qui se financiarise. Il sert à améliorer le budget des familles ou à stabiliser des activités professionnelles, pas forcément à des investissements productifs. Pour lui, le vrai moteur de la croissance, donc du développement c’est l’emploi salarié, pas l’entrepreneur pauvre.

Les auteurs comme Isabelle Guérin (2002), Jean-Luc Camilleri(2005); estiment que la microfinance recouvre une réalité très hétérogène. Au-delà des objectifs poursuivis (soutien à l’entrepreneuriat, développement local, lutte contre la pauvreté, émancipation des femmes, etc.),

54 Réponses des femmes pendants les enquêtes que nous avons réalisées en Tunisie.

on distingue microfinance de type «entrepreneuriale», destinée à des entreprises de petite taille certes, mais promises à un certain développement, et une microfinance de type «insertion sociale» pour laquelle la finance n’est alors qu’un outil au service de la lutte contre l’exclusion économique et la marginalité sociale.

Nous pouvons le souligner, les bénéficiaires du microcrédit, majoritairement les femmes, reconnaissent tous les difficultés consistant à assurer un bon investissement car une partie du crédit est affecté souvent à la consommation. Cette fongibilité du crédit peut entraîner des risques de non remboursement.