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II. Les PTPs à domaines SH2 : SHP1 et SHP2 (SHPs) :

II.4. Rôle biologique de SHP1 :

II.4.1 Rôle de SHP1 dans la physiologie des cellules hématopoïétiques :

II.4.1.4. Rôle de SHP1 dans les cellules myéloïdes :

de l’activation des cellules NK. Il semble que SHP1 intervienne lors de la phase précoce de l’activation des NK en déphosphorylant des effecteurs tels que ZAP-70, PLCγ, Syk ou encore SLP-76. Il a également été montré que le récepteur Ly-49A qui est l’homologue chez la souris de CD94/NKG2, recrute SHP1 sur un motif ITIM et permet ainsi l’inhibition des signaux activateurs des NKs. Des cellules n’exprimant pas SHP1 ou présentant un motif ITIM muté sur tyrosine de ce récepteur ne présentent plus de voie inhibitrice initiée par l’engagement de Ly-49A175. Le récepteur inhibiteur gp49B est lui aussi capable de lier SHP1 sur ses motifs ITIMs176 et de réguler négativement l’activation des cellules NKs. Enfin, SHP1 est capable de se lier à d’autres récepteurs des NKs comme KRL1177, CD244 (ou 2B4)178 ou encore p75/AIRM1179. SHP1 apparait donc comme étant un effecteur majeur de la régulation négative des cellules NKs.

II.4.1.4. Rôle de SHP1 dans les cellules myéloïdes :

Les cellules de la lignée myéloïde telles que les macrophages, les neutrophiles, les monocytes et les mastocytes peuvent être activées par des cytokines et de nombreux autres facteurs qui vont conduire à l’activation de cascades intracellulaires afin de réguler la prolifération, le chimiotactisme, l’adhérence, la phagocytose et la sécrétion d’une grande variété de vésicules. Le rôle critique de SHP1 dans la régulation de ces voies de signalisation est une fois de plus révélé par le modèle murin motheaten qui présente un phénomène d’inflammation sévère ainsi qu’une très forte expansion de la population cellulaire myélomonocytique qui va envahir les alvéoles pulmonaires et provoquer la mort par hémorragie180. Ce phénotype suggère une implication majeure de SHP1 dans la régulation négative des voies induisant la croissance cellulaire, la survie et l’activation des cellules myéloïdes181. SHP1 joue également un rôle dans la régulation des propriétés adhésives des cellules myéloïdes puisque l’adhésion impliquant l’intégrine β2 est augmentée dans les macrophages me/me et dans une lignée myélomonocytaire dépourvue de SHP1. De plus, un traitement par un anticorps dirigé contre les intégrines permet de réguler partiellement l’expansion myélomonocytaire dans les souris motheaten182, 183. SHP1 est également capable de réguler négativement, dans les cellules myéloïdes matures et immatures, la réponse au chimiotactisme induit par la chimiokine SDF-1 (stromal-cell-derived factor 1)184. D’autre part, SHP1 régule négativement le récepteur aux facteurs de croissance c-kit qui participe à la différenciation des macrophages et des granulocytes185, 186. Les macrophages issus de souris

38 GM-CSF (granulocyte-macrophage colony-stimulating factor)187, le M-CSF (macrophage colony-stimulating factor)188 et l’IL-3189. Cependant, seuls les récepteurs au M-CSF et à l’IL- 3 sont hyperphosphorylés en réponse à la stimulation. Ces données révèlent la capacité de SHP1 à réguler négativement les cascades de signalisation induites par ces récepteurs. La régulation se faisant soit par déphosphorylation directe du récepteur, soit par déphosphorylation des kinases Jak impliquées dans la phosphorylation de ces récepteurs190. SHP1 s’associe également aux motifs ITIMs de certains récepteurs tels que PIR-B191, 192 exprimé dans les macrophages et les mastocytes et LIR-1 et LIR-2 exprimés dans les monocytes. LIR-1/2 s’associent à SHP1 et au FcγRI afin d’en assurer sa déphosphorylation. Grâce à l’implication de SHP1, LIR-1 et LIR-2 apparaissent donc comme étant des régulateurs négatifs de l’activation des monocytes induite par FCγRI193

. SHP1 est également capable de réguler négativement l’exocytose et l’influx de calcium intracellulaire induits par le récepteur aux IgE comme le FcεRI présent à la surface des mastocytes176

. Il exerce cette fonction inhibitrice sur l’activation des mastocytes en se liant au motif ITIM de la glycoprotéine gp49B qui s’associe au récepteur FcεRI194

. Dans les macrophages, SHP1 se lie aux motifs ITIMs du récepteur SHPS-1 impliqué dans l’adhésion cellulaire dépendante des intégrines195. SHPS-1 recrute de nombreuses protéines phosphorylées en réponse à l’adhésion cellulaire qui peuvent être de potentiels substrats de SHP1, accentuant ainsi le rôle négatif de la PTP dans ces phénomènes d’adhésion196. SHP1 peut également se lier à la paxilline, la vimentine et les filaments d’actine dans les macrophages activés197. De plus, comme nous l’avons vu, elle s’associe et régule négativement la PI3-K qui joue un rôle majeur dans le réarrangement du cytosquelette d’actine. Toutes ces données indiquent donc que SHP1 joue un rôle majeur dans l’adhésion des cellules myéloïdes. Enfin, un article récent a montré que SHP1 joue un rôle dans la production de cytokines pro inflammatoires et d’interférons de type I. En effet, SHP1 régule négativement la production de cytokines pro inflammatoires induite par l’activation des récepteurs Toll-like (TLRs), en inhibant l’activation de NFκB et des MAPK. Simultanément, elle augmente la production d’interférons de type I induite par les TLRs en inhibant la Ser/Thr kinase IRAK1198.

Il a également été montré que SHP1 est un effecteur des récepteurs contenant des domaines de mort tels le TNFR (Tumor Necrosis Factor Receptor) ou Fas199. Ces récepteurs contiennent un motif conservé particulier AXYXXL différent des motifs ITIMs classiques car ne contenant ni valine ni isoleucine en position -2 N-terminal par rapport à la tyrosine. Ce motif est phosphorylé lors de l’activation cellulaire et peut alors lier SHP1 dans les

39 neutrophiles. L’activation du TNF contrecarre les voies anti-apoptotiques initiées par les facteurs de survie et faisant intervenir l’activation de Lyn. Lyn apparait donc comme étant une cible du complexe TNFR/SHP1. Ce motif peut initier des fonctions inhibitrices comme le font les motifs ITIMs et confère aux récepteurs de mort une signalisation négative.

En ce qui concerne la lignée erythroïde, il a été montré que SHP1 se lie au récepteur à l’érythropoïétine (EPOR) et déphosphoryle la kinase Jak2 associée à ce récepteur200. Cela pourrait être une explication moléculaire aux cas d’érythrocytoses (polyglobulie due à une augmentation de l’érythropoïèse liée à l’EPO) dans lesquels sont retrouvés des mutants tronqués de l’EPOR qui ne sont plus capables de lier SHP1. Néanmoins d’autres travaux ont montré que des membres de la famille SOCS (Suppressors Of Cytokine Signaling) pouvaient également intervenir dans la régulation négative de la signalisation de l’EPOR et plus précisément de la voie Jak/STAT et ce, en combinaison avec SHP1. Ainsi, SHP1 recruterait par l’intermédiaire des tyrosines de sa partie C-terminale, la protéine Grb-2 qui lierait elle- même SOCS1 afin qu’elle exerce son rôle inhibiteur vis-à-vis de Jak2201.

Dans la lignée mégacaryocytaire, il a été montré qu’une activation des cellules par la thrombine provoque une phosphorylation et une activation rapides de SHP193. Cette stimulation des plaquettes provoque également une modification de la localisation de SHP1, qui, une fois activée, va aller s’associer au cytosquelette202, 203. Une association et un lien fonctionnel entre Lyn, Syk, SLP-76 et SHP-1 ont également été mis en évidence lors de la stimulation des plaquettes par un peptide agoniste du récepteur glycoprotein VI204. Il a été montré que le récepteur PECAM-1 s’associe à SHP1 et l’active205. Plus récemment, les travaux de Patel, B et al.206 ont montré que SHP1 s’associe à eNOS (endothelial Nitric Oxide Synthase) et l’active en la déphosphorylant sous l’effet d’une stimulation des plaquettes par la thrombine.