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Le rôle actif de la Nation huronne-wendat dans les rapports de pouvoir

Chapitre 6 : Projet d’aire protégée et structure des rapports de pouvoir

6.3 Le rôle actif de la Nation huronne-wendat dans les rapports de pouvoir

Le projet d’aire protégée fut amorcé en 2011 (Entrevue 10D 2015). Quatre ans plus tard, malgré le fait qu’il n’ait jamais encore pu, entre autres pour les raisons financières exposées plus haut, obtenir l’attention qu’il méritait, le projet conserve toujours une grande importance aux yeux de plusieurs membres de l’équipe du Bureau du Nionwentsïo parce qu’il comporte une importante charge émotive et identitaire. Bien qu’à priori le dossier en tant que tel n’avançait que très lentement au moment où fut menée la recherche, les résultats des actions qui ont été effectuées dans le cadre de ce projet ont été utilisés de plusieurs façons. Ainsi, bien que les Hurons-Wendat soient désavantagés dans les rapports de pouvoir exposés ci-haut, ils ont malgré tout souvent trouvé le moyen de faire circuler et utiliser à leur avantage leurs aspirations et leurs savoirs à travers le labyrinthe de l’appareil étatique et des contingences qu’il produit.

Comme certains de mes interlocuteurs me l’ont expliqué, les savoirs produits lors des campagnes terrains furent utilisés par l’équipe du Bureau du Nionwentsïo dans le cadre de divers dossiers concernant l’affirmation territoriale huronne-wendat, notamment celui de l’harmonisation forestière (Entrevue 02E 2015). Bien que le travail de documentation

réalisé par le Bureau du Nionwentsïo sur le territoire identifié pour la création de l’aire protégée ait d’abord été mené dans l’optique de monter un dossier pour appuyer cette dernière, ces savoirs se sont avérés très utiles pour faire valoir l’occupation huronne-wendat du territoire dans les processus d’harmonisation forestière dans lesquels ils étaient déjà engagés. Ce type d’utilisation interne des savoirs permet une plus grande rigueur dans les plans d’harmonisation forestière et, ainsi, d’accroitre la capacité des Hurons-Wendat d’influencer les décisions en matière de récolte de la matière ligneuse sur le territoire.

Concrètement, les savoirs produits dans le cadre du projet d’aire protégée ont servi, par exemple, à inciter l’industrie forestière à moduler les zones tampons qu’ils devaient laisser près des cours d’eau, afin de protéger d’anciens sentiers de portage nouvellement redécouverts (Entrevue 01G 2015). Dans une autre situation, des employés du Bureau du Nionwentsïo, avec l’aide d’une aînée de la Nation, recherchaient un ancien camp de chasse sur le territoire de l’aire protégée projetée. Cette recherche a permis de freiner la progression des compagnies forestières sur le territoire en question, puisqu’elle a permis d’établir son fort potentiel archéologique pour la Nation (Entrevue 03A 2015).

Il existe ainsi déjà une utilisation des savoirs produits dans le cadre du projet d’aire protégée, et celui-ci se trouve souvent à l’intersection de divers projets du Bureau du Nionwentsïo. Cette toile de projets, observée dans son ensemble, constitue un projet unificateur plus grand, qui est celui d’affirmation territoriale. Ainsi, on peut remarquer que dans certains documents touchant d’autres aspects du territoire (Bureau du Nionwentsïo 2013, Bureau du Nionwentsïo 2015 : 5, Bureau du Nionwentsïo 2015b), sont repris les éléments de savoirs sur le territoire produits dans le cadre du projet d’aire protégée. Dans d’autres documents, des éléments méthodologiques mis en œuvre dans le cadre de la recherche sur l’aire protégée sont repris (Bureau du Nionwentsïo 2015c). Cette toile se concrétise d’ailleurs par le biais d’une base de données « regroupant les divers lieux d’intérêt de la Nation huronne-wendat au sein du Nionwentsïo » (Bureau du Nionwentsïo 2015 : 7). À cet effet, comme le démontrent Kant et Brubacher (2008), la question de la protection de lieux possédant une quelconque signification culturelle est d’une importance particulière chez plusieurs groupes autochtones. Dans une étude portant sur la perception qu’ont les Premières nations de l’efficacité des pratiques de gestion forestières et des

certifications forestières en Ontario, ces auteurs ont mis en lumière que : « Aboriginal peoples place the highest importance on the group of expectations related to Aboriginal and Treaty Rights – Recognition and implementation of Aboriginal and treaty rights, identification and protection areas of importance to Aboriginal Peoples, and ensuring that Aboriginal Peoples have access to these areas » (Kant et Brubacher 2008 : 389). C’est d’ailleurs dans cette optique que le concept d’aire protégée s’est avéré être un outil intéressant pour les nations et les communautés autochtones. Il leur permettait de protéger leur patrimoine culturel tout en leur fournissant un levier de pouvoir leur permettant de progresser dans leurs processus d’affirmation territoriale. En effet, comme me l’expliquait un employé du gouvernement québécois : « le dossier des aires protégées s’est présenté pour bien des nations comme une opportunité de modifier l’affectation territoriale à certains endroits, et ce, à leur avantage » (Entrevue 05F 2015)35.

L’équipe du Bureau du Nionwentsïo est bien au courant des jeux de pouvoir régissant la gestion du territoire au Québec et le type de démarche exposé ici leur permet de mettre toutes les chances de leur côté pour réussir à affirmer leur occupation du territoire. Comme l’expliquent Ribot et Peluso (2003) : « Some people and institutions control resource access while others must maintain their access through those who have control » (Ribot et Peluso 2003 :154). Travailler avec les industries forestières et le gouvernement québécois est pour les Hurons-Wendat une manière d’influencer les décisions concernant l’utilisation du territoire et d’affirmer leur occupation.

Ce travail investi auprès des autres intervenants et des gouvernements constitue, en un certain sens, un levier de pouvoir exploitable en cas de problèmes avec le gouvernement québécois et les autres acteurs sur le territoire, comme ce fut le cas dans le dossier de l’aire protégée. En effet, comme l’expliquent Fortier et al. (2013) « in Quebec, in the absence of modern day treaties and agreements, apart from those with the James Bay Cree, consultation processes and harmonization (negotiation of harvesting prescriptions) have

35 Il me semble cependant important de spécifier que, selon ce même interlocuteur, certaines

communautés autochtones voyaient l’implantation d’une aire protégée sur un territoire donné comme une nuisance puisqu’il s’agissait d’un territoire sous législation québécoise qui venait se superposer à leur territoire traditionnel et que conséquemment, les avis restent partagés chez les Autochtones quant à la création d’aires protégées (Entrevue 01C 2015).

been the main policy tools » (Fortier et al. 2013 : 53). Lors de ma dernière rencontre avec l’équipe du Bureau du Nionwentsïo, il a été proposé que pour faire avancer les choses dans le dossier de l’aire protégée, il était nécessaire d’innover et de trouver des solutions alternatives à celles des canaux administratifs de l’appareil bureaucratique québécois puisque force était de constater que celles-ci ne les menaient nulle part. Il fut alors proposé que la Nation huronne-wendat refuse de consentir à l’harmonisation pour un an sur la portion de territoire identifiée dans le projet d’aire protégée, et ce tant qu’elle n’aurait pas reçu de réponse aux questions qui ont été envoyées au ministre responsable du MDDELCC. Ce genre d’action s’insère dans ce que certains auteurs appellent un « conflit constructif » :

constructive conflict, often introduced by Aboriginal groups, can serve as a catalyst for more rapid institutional change (Ohja et al. 2010 in Maclean et al. 2014 : 198); Through constructive conflict, positions of relative power can be made more visible and used strategically to address social, economic, and political inequalities (Brahm 2004 dans Maclean et al 2014).

En considérant de telles stratégies, les Hurons-Wendat cherchent à trouver des alternatives au cheminement bureaucratique officiel qui, jusque là, ne les avait pas aidés. Ainsi, le Bureau du Nionwentsïo décide d’utiliser les leviers de pouvoir qui sont à sa disposition, c’est-à-dire ceux qui ont été créés au fil de l’histoire de leurs relations avec d’autres intervenants sur le territoire, pour ouvrir d’autres voies leur permettant de concrétiser leurs aspirations.

Ainsi en s’insérant dans les jeux de pouvoirs qui régissent l’accès aux ressources et au territoire, les Hurons-Wendat ne sont pas que des pions utilisés par d’autres acteurs sociaux plus puissants qu’eux et conséquemment, ne se soumettent pas simplement à une logique colonialiste en acceptant de jouer le jeu des colonisateurs. Leurs actions leur permettent de se faufiler dans les interstices du système et, bien que parfois ce type de stratégie ne leur permette pas de concrétiser l’ensemble de leurs projets, ils réussissent tout de même à tirer leur épingle du jeu.

6.4 Discussion

Quand on parle d’harmonisation aujourd’hui, on te dit : « Voici le développement qui est à faire. On peut harmoniser certains éléments avec votre Nation ». Ce serait plutôt le contraire! C’est le développement qui devrait être harmonisé à nos droits, notre mode de vie et notre identité. Pour cette raison, on doit être impliqué en amont de tout processus de développement sur notre territoire. Lorsqu’on harmonise en fin de processus avec un projet déjà « canné », c’est la Première Nation qui porte l’odieux d’être contre le projet ou de le retarder, car elle doit protéger ses droits sur le territoire en question (Théberge 2012b : 69). Cet extrait d’un témoignage d’un employé du Bureau du Nionwentsïo traduit bien la dynamique des rapports de pouvoirs dans lesquels les Hurons-Wendat sont impliqués. Un malaise historique s’est instauré puisqu’ils sont traités comme s’ils étaient des intrus sur le territoire depuis plusieurs générations :« On s’est tellement fait tasser depuis l’avènement des clubs de chasse, des concessions forestières, de la privatisation, de la création des réserves fauniques, des parcs, etc. On a tout le temps eu l’impression que c’est nous qui dérangions, alors que c’est nous autres qui nous faisions déranger » (Théberge 2012b : 67).

Bien qu’aujourd’hui les Hurons-Wendat soient davantage pris en compte dans les processus décisionnels, le présent mémoire tente d’exposer que, pour plusieurs raisons, dont notamment la rationalité particulière du système bureaucratique, les contingences politiques du gouvernement ainsi que les processus qui établissent les dynamiques d’« imaginative identifications », des rapports de pouvoir inégaux restent présents. Cette réalité crée un malaise contemporain chez les Hurons-Wendat qui se traduit par un sentiment de délaissement, par le sentiment de ne pas être pris au sérieux par le gouvernement québécois, et ce malgré le fait que la Nation huronne-wendat se soit dotée de capacités professionnelles comme le Bureau du Nionwentsïo. Comme le montre l’extrait qui suit, l’impression de ne jamais être pris au sérieux essentiellement parce qu’ils sont autochtones, subsiste chez certains membres de la Nation huronne-wendat : « […] il y a vingt ans […] On coupait comme on voulait. C’était une manière très coloniale de faire les choses. Aujourd’hui, les choses ont en partie changé parce qu’il y a des allochtones qui ont « chialé ». Nous, on crie depuis longtemps de la mauvaise gestion, mais on n’est jamais pris au sérieux » (Théberge 2012b : 67). Il fallut donc attendre, pour que les manières de fonctionner de l’industrie forestière soient modifiées, l’intervention d’allochtones portant le

même discours que les Hurons-Wendat. Dans cet exemple comme dans d’autres, ils ne sentent pas avoir eu un poids conséquent dans la balance des décisions gouvernementales.

Certaines causes politiques doivent aussi être prises en compte pour comprendre la difficulté qu’ont les Hurons-Wendat à faire valoir leur place dans les questions de gestion du territoire. Au Québec tout particulièrement, les enjeux liés au territoire sont complexes. La gestion du territoire et des ressources naturelles que possède le Québec en vertu de la Constitution canadienne de 1867 devient un levier important pour sa propre affirmation territoriale face au Canada. Conséquemment, les revendications territoriales des Peuples autochtones viennent menacer la cohésion territoriale, ou plutôt l’« intégrité territoriale » et incidemment le pouvoir du gouvernement québécois sur son territoire (Grammond 2009). Ainsi, l’État, en tant que producteur du droit, se prémunit contre les revendications décentralisatrices, notamment celles émanant des nations autochtones, qui représenteraient des « enclaves fédérales » au sein de son territoire (Grammond 2009). D’ailleurs : « le fait que la Constitution canadienne soustraie les « terres réservées aux Indiens » à la compétence provinciale a toujours constitué un irritant dans les relations Québec- Autochtones, puisqu’il attribue à l’État fédéral une compétence sur certaines parties du territoire du Québec et réduit d’autant la compétence de l’État québécois » (Grammond 2009 : 943). Cette superposition des désirs d’affirmation territoriale des nations autochtones et de l’État québécois se complexifie davantage dans le cas des gestions de territoires forestiers puisque la section 91(24) de la Constitution canadienne assigne la juridiction des « Indiens » et des terres qui leur sont réservées au gouvernement fédéral, alors que la section 91(5) concernant la gestion des forêts stipule que cette dernière est attribuée aux gouvernements provinciaux (Curran et M’Gonigle 1999 : 717). Ce genre d’ambigüité constitutionnelle vient complexifier les relations entre les Peuples autochtones dont le territoire traditionnel se trouve en partie ou complètement superposé au territoire québécois, et le gouvernement du Québec lorsqu’il est question de gestion des territoires forestiers.

Ainsi, comme j’ai tenté de l’expliquer dans le présent chapitre, les rapports de pouvoirs ne se perçoivent pas seulement dans les problèmes de communication et de légitimation de différents régimes épistémologiques, mais également par le biais de

questions politiques et sociales plus larges où les Hurons-Wendat semblent faire face à une exclusion structurelle36. Malgré l’effort fourni par la Nation huronne-wendat qui se

concrétise notamment par la création du Bureau du Nionwentsïo, encore beaucoup de chemin reste à parcourir pour que les rapports entre la Nation et le gouvernement québécois soient plus égalitaires. Pour l’instant, ce sont les Hurons-Wendat qui font l’essentiel du travail et qui font preuve d’ingéniosité pour affirmer leur occupation territoriale à travers la toile tissée de plus en plus serrée par le gouvernement québécois entre ses diverses instances régissant les activités sur le territoire québécois.

36Les enjeux épistémologiques restent tout de même très présents. À titre d’exemple, dans les

rapports produits par la Nation huronne-wendat, il est souvent question du territoire, de l’unicité, des liens au territoire, alors que le gouvernement québécois parle essentiellement en terme de ressources. Et comme l’explique Corntassel : « the word resource is a way of commodifying and marketizing Indigenous homelands; in contrast, indigenous peoples view their homelands and communities as a complex web of relationships » (Corntassel 2012 : 92).

Conclusion

Ce mémoire constitue un exercice de compréhension des rapports établis entre la Nation huronne-wendat et le gouvernement québécois dans le cadre de la gestion du territoire ancestral des Hurons-Wendat : le Nionwentsïo. Ces rapports étant construits autour d’une multitude d’interactions relevant de facteurs personnels, sociaux, institutionnels, etc., j’ai dû choisir un angle particulier qui me permettrait d’avoir accès à un échantillon de ces relations. En choisissant d’observer un projet d’aire protégée, il m’a donc été possible de voir, par le biais de la mise à jour des savoirs mobilisés dans ce projet, comment des réseaux de relations sont mobilisés lors de prises de décisions venant affecter le territoire huron-wendat et comment se constituent les rapports de pouvoir au sein de ces réseaux. L’intérêt de cette recherche était donc de mettre en perspective, d’un côté, les rapports de pouvoir inégaux constituant des relations État/Autochtones, mais aussi de pousser plus loin la réflexion en considérant les stratégies institutionnelles mises en place par les Hurons-Wendat non pas comme des exemplifications d’une assimilation structurelle, mais bien comme des stratégies politiques de résistance.

La Nation huronne-wendat s’est avérée être un cas exemplaire permettant d’observer la constitution des relations État/Autochtones concernant le territoire. D’abord parce qu’elle ne possède pas de traité moderne conventionnant son territoire et ensuite parce qu’elle possède un appareil institutionnel responsable de la gestion du territoire bien établi. Le genre de questionnement soulevé dans la présente recherche ne pouvait être abordé qu’à partir d’une démarche qualitative permettant de mettre à jour la complexité des réseaux de relations constituant les rapports des Hurons-Wendat à l’État québécois. J’ai ainsi décidé d’opter pour une démarche de recherche combinant plusieurs techniques d’enquêtes ethnographiques, soit les entrevues, l’observation et l’analyse de documents écrits, pour pouvoir me donner une perspective à la fois élaborée et englobante du projet étudié.

Discussion sur les résultats

Afin d’éclairer les questionnements exposés ci-haut et pour animer la recherche et les réflexions de ce mémoire, je me suis posé la question : comment le projet de création d'une aire protégée, avec les savoirs qui y sont associés, éclairent-t-ils les relations entre l’État québécois et la Nation huronne-wendat dans un processus plus large d'affirmation territoriale? Donc en observant le cheminement d’un projet visant l’organisation et la gestion d’une portion territoriale revendiquée et mis en place par un organe institutionnel du Conseil de la Nation huronne-wendat, le Bureau du Nionwentsïo, j’ai pu observer plusieurs interactions entre la Nation et le gouvernement québécois. Ce faisant, j’ai pu comprendre à travers un exemple concret comment se structure le processus d’affirmation territorial des Hurons-Wendat et comment, en suivant le cheminement des savoirs produits dans le cadre de ce projet, les intentions politiques de la Nation trouvent difficilement leur place au sein d’un appareil institutionnel et d’un processus bureaucratique qui est le seul à pouvoir opérer légalement sur la gestion territoriale de l’État québécois. Finalement, les éléments de réponses produits par ces questions m’ont permis de comprendre une des formes concrètes que prennent les rapports de pouvoir régissant les relations entre la Nation huronne-wendat et l’État québécois dans le cadre de questions territoriales. Pour approfondir ma réflexion, j’ai découpé ma réponse en trois différents questionnements venant alimenter la ligne directrice de mon mémoire.

Au Chapitre 4, j’ai répondu à la question : comment les savoirs produits pour la justification du processus de création de l’aire protégée s’insèrent-ils dans un processus d’affirmation territoriale? Donc, à travers l’exploration des savoirs produits dans le cadre du projet de l’aire protégée, j’ai pu d’abord observer la mise en pratique d’un processus porteur d’une aspiration d’affirmation de la souveraineté huronne. Comme j’ai pu m’en rendre compte lors de mes entrevues avec des membres de l’équipe du Bureau du Nionwentsïo, l’intérêt et la passion des membres de la Nation pour la conservation de leur patrimoine culturel et territorial traduisent l’attachement et l’importance accordée au territoire et conséquemment à leur identité huronne-wendat. De plus, les éléments de savoir produits dans le cadre du projet viennent alimenter d’autres stratégies d’affirmation territoriale, éclairant ainsi la toile tissée par le bureau du Nionwentsïo à partir des

différentes formes d’occupation du territoire. Les savoirs produits par la Nation dans le cadre de ce projet, une fois analysés, m’ont permis de comprendre les différentes intentions du Bureau du Nionwentsïo par rapport à l’aire protégée, au territoire ainsi qu’aux relations qu’ils entretiennent avec d’autres acteurs présents sur le territoire. La figure du projet, que j’ai utilisée comme grille d’intelligibilité pour aborder la construction de l’initiative de l’aire protégée, m’a permis de comprendre comment les aspirations des Hurons-Wendat relatives à leur territoire traditionnel prennent forme dans les actions institutionnelles qu’ils mènent. La nature en projet de l’aire protégée a permis au Bureau du Nionwentsïo de posséder la latitude nécessaire permettant l’insertion de différentes aspirations, tant par rapport à l’utilisation que la Nation huronne-wendat pourrait faire d’une aire protégée que par rapport aux relations que celle-ci aspire à conserver ou à établir avec les autres acteurs ayant des intérêts sur le territoire visé par le projet. En proposant un projet d’aire protégée