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Chapitre 3 : Question de recherche et méthodologie

3.3 Éthique

La recherche en collaboration avec les communautés autochtones n’en est pas à ses débuts au Canada. Elle est d’ailleurs régie, au niveau fédéral, par la politique des Trois conseils, qui m’a guidé tout au long de ma recherche. En conformité avec cette politique, j’ai pris en compte les trois principes fondamentaux énoncés par le groupe consultatif interagences en éthique de la recherche (GER) : le respect des personnes, la préoccupation pour le bien-être et la justice (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada 2010: 122). Chacun de ces principes fut respecté dans le cadre proposé dans le chapitre 9 du document « Éthique de la recherche avec des êtres humains », où les principes fondamentaux sont appliqués en harmonie avec les considérations particulières applicables à la recherche en milieu autochtone.

L’Association des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a elle aussi établi des principes que je me suis engagé à respecter durant la totalité de ma recherche. Ces principes visent à : « […] favoriser l’établissement d’un esprit de coopération et de respect mutuel entre les chercheurs et les Premières Nations, ainsi que d’assurer un déroulement adéquat de la recherche en milieu autochtone et de servir à la

20Cependant, l’entrevue s’est avérée complexe dans un contexte comme celui-ci et pas seulement

pour des raisons éthiques. Dans un cadre institutionnel, lorsque ce qui intéresse le chercheur est la pensée institutionnelle, il faut prendre en compte le fait qu’elle est coconstruite par une variété d’acteurs. La construction de la pensée et des lignes directrices des actions institutionnelles, dans le cas étudié ici, se faisait au travers d’interactions qui se produisaient surtout lors de rencontres où plusieurs acteurs étaient présents. Ces rencontres étaient le lieu de confrontations d’idées où des décisions étaient prises sur les actions concrètes qui allaient être menées. Ainsi, dans un tel contexte, l’entrevue devrait être une technique complémentaire à l’observation permettant de soulever des questions ou d’affiner la compréhension d’autres questions soulevées lors d’observations. C’est-à-dire que les données produites à partir des entrevues ne prennent leur sens que lorsqu’elles sont confrontées aux données produites lors des moments d’interactions qui font fonctionner l’institution.

promotion de toutes les facettes de la science autochtone » (APNQL 2005 : 3).

Enfin, le projet a été soumis à l’examen du Comité d’éthique et de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval (CÉRUL). En conformité avec leurs politiques, j’ai présenté préalablement mon projet aux participants, d’abord dans une rencontre informelle qui eut lieu en avril 2015 entre des représentants du bureau du Nionwentsïo, mon directeur de recherche et moi-même. Puis, pour chacune des entrevues qui ont été effectuées, un formulaire de consentement conforme aux exigences du CÉRUL a été remis à chacun des participants (voir annexe 1) et aucune entrevue n’a été effectuée sans la signature du participant, qui avait droit en tout temps de se désister. Un retour des données sera aussi effectué. J’ai proposé à chacun des participants de recevoir un résumé ou l’entièreté de mon mémoire une fois celui-ci .complété. De plus, je compte remettre le document final de ma recherche au fonds d’archives de la Nation huronne-wendat. Enfin, toutes les données produites sur le terrain ont été consciencieusement gardées sous clé tout au long de la recherche, et celles-ci seront détruites cinq ans après la fin de la recherche, soit en juin 2020.

Analyse

La mise en lumière de la production, de la circulation et de l’utilisation des savoirs inhérents au projet d’aire protégée huron-wendat m’ont permis de mettre à jour le réseau d’acteurs qu’il a produit. Pour ce faire, suivre le cheminement des savoirs produits par le Bureau du Nionwentsïo s’est avéré être une stratégie efficace. Mon analyse se construira donc en trois temps, chacun se basant sur un des trois concepts relatifs aux savoirs, soit la production, la circulation et l’utilisation de ces derniers. Bien que cette trichotomie décrivant la vie sociale des savoirs m’ait permis de cartographier efficacement le processus de création de l’aire protégée, j’ai dû utiliser d’autres concepts complémentaires pour me permettre d’analyser les données que j’ai produites. En effet, l’approche trichotomique des savoirs constitue un outil efficace permettant au chercheur une compréhension particulièrement fine des éléments constitutifs d’un processus donné, mais ne lui fournit pas les outils théoriques nécessaires pour analyser de façon critique ledit processus. Dans un premier temps, à partir des savoirs produits par les Hurons-Wendat que j’ai pu répertorier, j’ai pu constater que ce qui résidait derrière cette action de production de savoirs était un amalgame d’aspirations constitutives d’une vision d’avenir concernant la relation de la Nation au territoire. Ainsi, pour comprendre ces aspirations, il m’est apparu pertinent d’utiliser la figure du projet comme concept et comme grille d’intelligibilité pour mettre en relation les savoirs produits et les actions posées par la Nation huronne-wendat. Dans un deuxième temps, en déterminant où et comment les savoirs produits ont circulé, soit au sein de l’appareil étatique québécois, j’ai pu mettre en lumière le réseau d’acteurs impliqués dans le cadre du projet d’aire protégée. Une fois ce réseau établi, il m’est rapidement apparu que le projet des Hurons-Wendat ne circulait que très difficilement dans l’appareil étatique québécois et qu’à travers celui-ci, très peu de place était laissée aux aspirations huronnes-wendat. Pour pouvoir comprendre comment les savoirs produits par les Hurons- Wendat et les aspirations qu’ils contenaient ont, ou n’ont pas, circulé au sein de l’appareil étatique québécois, j’ai mis mes données en relation avec les concepts d’institution et surtout de bureaucratie. Et dans un troisième temps, en observant les quelques utilisations qui ont été faites des savoirs et en prenant en considération les éléments d’analyse présentés dans les deux chapitres qui auront précédé, il m’a été possible d’ouvrir une discussion sur

les rapports de pouvoirs existant entre la Nation huronne-wendat et le gouvernement québécois.

Chapitre 4 : Production des savoirs, aspirations et projets de la Nation huronne-