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Le sous processus de révision : importance et difficultés en FLE

3. De l’importance de la révision dans la production écrite: fonction de contrôle 1 Les modèles de révision

3.2. Révision experte vs révision novice

La différence entre le comportement d’un scripteur expert/novice réside d’une part, dans la quantité des révisions effectuées : les scripteurs novices effectuent moins de révision que les scripteurs experts (Fayol, 1991 ; Hayes et al., 1987 ; Olive et Piolat ,2003). Et d’autre part, dans la qualité de ces révisions et donc la qualité des modifications effectuées. En effet, comparativement aux adultes expérimentés en production écrite, qui révisent le contenu et la forme de leur texte, les novices révisent principalement les aspects superficiels de leur texte (sa formulation), et au moment même de sa production (Olive & Piolat, 2003).

Selon Hayes et al. (1987), cette différence se justifie par le fait que les novices sont incapables de détecter leurs erreurs, ne peuvent pas les diagnostiquer et ne disposent pas de stratégies de modification. En effet, selon Fayol et Schneuwley (1987), la révision est un processus qui exige, de la part du scripteur, une capacité à se distancier par rapport à son écrit. D’où les difficultés des novices à détecter leurs erreurs. De surcroît, la détection des erreurs ne suffit pas, les novices ne parvenant pas toujours à « diagnostiquer » leurs erreurs en cas de leur détection (Fayol & Schneuwley, 1987). Quant à la sélection et à la mise en œuvre d’une stratégie de correction, il semble qu’elles ne soient pas toujours efficaces. Faute de ressources linguistiques suffisantes, les novices ne parviennent pas facilement à trouver une reformulation plus acceptable que l’originale et la correction échoue souvent à améliorer le produit.

Ainsi et tout au long du processus rédactionnel, le novice éprouve de la difficulté à gérer la coordination des procédures et à les mobiliser à bon escient .Etant donné que toutes les opérations doivent être gérées simultanément par le scripteur, celui-ci particulièrement s’il est novice et n’a acquis aucun automatisme, se retrouve en situation de surcharge cognitive(Garcia Debanc 1986). L’expert, quant à lui, est en situation de résolution de problème. Il utilise des stratégies comme la planification, la révision (Fayol, 1992) et, manipule les contraintes de façon sélective pour éviter la surcharge cognitive (Flower et Hayes, 1980).

Selon Scardamalia et Bereiter, le novice a des difficultés à alimenter son texte et s’interrogent le plus souvent sur les niveaux linguistiques. Ils corrigent généralement les erreurs de surface, l’orthographe, la grammaire sans se soucier de ce qui est plus important et qui peut contribuer à l’amélioration du contenu du texte écrit. En revanche,

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les experts font non seulement des modifications de surface mais aussi de contenu en procédant par une stratégie « d’essais et erreurs » constante. Ils sont capables d’activer plus de connaissances qu’ils en utiliseront. (Caccamise 1987).

Murray(1978), avance que les rédacteurs expérimentés révisent plus que les novices. Ses recherches montrent que le temps accordé à la révision d’un scripteur à l’autre et que les scripteurs habiles passent plus de temps à réviser leur premier jet qu’à le produire. Lors d’un congrès rassemblant les professionnels de l’écriture, Murray a proclamé, qu’écrire c’est réécrire parce que l’écriture et la réécriture vont de paires.

Sommers (1980) fait remarquer que les experts de l’écriture tiennent davantage compte du destinataire lorsqu’ils rédigent leurs textes. Les novices, se limitent à la révision des mots indépendamment de leur rôle dans le texte, alors que les experts se focalisent sur le contenu de leur argumentation.

Faigley et Witte, (1981) révèlent que lors de la révision, les scripteurs experts se concentrent sur les différents aspects de la production écrite, les changements qu’ils effectuent sont plus importants que ceux effectués par les novices et touchent davantage le sens du texte. Les novices s’arrêtent généralement au mot et à la phrase. Murray ajoute que cette différence pourrait résider dans le sentiment d’échec ressenti par le scripteur inexpérimenté à propos de la révision mais aussi au fait de penser que l’expert est une personne capable de produire un texte du premier coup.

Les résultats obtenus par Hayes et al (1987), ont montré qu’il existe une autre différence au niveau de la détection de l’erreur et de sa caractérisation. Selonles auteurs, les novices détectent moins l’erreur que les experts mais le plus inattendu, est que pourcentage d’erreurs détectées et catégorisées par les novices chute de manière alarmante : Les novices catégorisent seulement la moitié des erreurs qu’ils détectent alors que les experts catégorisent la totalité des erreurs. De la même manière, les experts éliminent 90%des erreurs contre environ 65% chez les novices. En résumé, la caractérisation des erreurs n’est pas une condition indispensable à la mise en œuvre d’une solution.

Les différences entre experts et novices se situent à tous les niveaux de la révision .Lors de la première phase de révision, les experts semblent définir plus de tâches que les novices :Lecture du texte avant le début de la révision, établissement des plans de travail et des objectifs avant la révision, détermination des points nécessaires à l’audience, établissement d’un inventaire des problèmes détectés à la première lecture, détection des

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problèmes généraux juste après la première lecture, formulations de rétroactions ou commentaires critiques (autres que liés à l’audience ou aux problèmes généraux).

D’une manière générale pour la définition des tâches, les experts font toujours appel à leurs méta-connaissances : ils ont un certain nombre de critères qualitatifs qui leur sont propres (orthographiques. grammaticaux et syntaxiques), ils préfèrent rédiger un type de texte et pas un autre.

Les experts se consacrent plus à l’évaluation et à la révision de leurs plans que les novices. Ceci pourrait expliquer la plus grande capacité des premiers à détecter des erreurs de haut niveau ou des problèmes généraux.