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Cadre général des expériences

2. Le choix du matériel : les textes argumentatifs

Le langage écrit permet plusieurs dispositifs de structuration et de représentation des contenus. Ces dispositifs renvoient à des schémas et des stéréotypes chez les lecteurs ou rédacteurs selon leur culture et leur formation.

Dans cette recherche, notre attention est portée sur le texte argumentatif du fait qu’il est considéré comme le plus difficile à écrire (selon l’opinion partagée par les enseignants et apprenants enquêtés) et aussi parce qu’en quatrième année moyenne la présence de ce type de texte est considérable dans les cours de français langue étrangère, de même, la quatrième année moyenne constitue la première année d’apprentissage de la production d’un texte argumentatif.

En outre, nous avons choisi de travailler sur la rédaction des textes argumentatifs pour des raisons intrinsèques dues à sa structure, ses caractéristiques ainsi que sur les spécificités de sa rédaction.

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2.1. Enseignement/ apprentissage de la production écrite d’un texte argumentatif par les apprenants de quatrième année moyenne

2.1.1 Définition d’un texte argumentatif

Le texte argumentatif vise à convaincre le lecteur, et défendre une opinion, en recourant à des idées, des illustrations, etc. Ainsi, il s’agit de prendre une position et de s’opposer implicitement ou explicitement à ceux qui pensent l’inverse. D’après Ducrot « argumenter c’est imposer à un destinataire non seulement des informations mais un cheminement pour lui faire admettre une conclusion »

Le texte argumentatif est un discours dans la mesure où il présente une situation de communication très précise ; il s’agit pour l’émetteur de donner son point de vue tout en cherchant à faire accepter la validité à un récepteur.

Dans son (traité de l’argumentation,1959), Chaim Perelman considère l’argumentation comme la manière de présenter des arguments afin de soutenir une thèse ou une antithèse ce qui permet pour lui l’adhésion d’un auditoire.

Dans ce sens, le texte argumentatif a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs qui avaient pour objet d’étude l’argumentation dont nous proposons quelques définitions.

Selon M,J Borel (1974), « l’argumentation relève bien du logique, par sa fonction probatoire et justificatoire, mais d’une logique qui n’est pas normée de l’extérieur par des constantes universelles de type épistémologique ; où cette fonction ne s’effectue que si elle personnalisée à travers la production d’un univers de discours qui n’est pas une copie du « monde réel »… »Quant à Perelman(1969), il souligne qu’ « une théorie de l’argumentation a pour objet l’étude des techniques discursives visant à provoquer ou à accroitre l’adhésion des esprits aux thèses qu’on présente à leur assentiment »

D’après Vignaux(1978), « l’argumentation, c’est cette action sur autrui qui emprunte nécessairement le discours aux fins d’y stabiliser des propositions jusque- là particulières en leur donnant statut d’évidences, de généralités partant de contraintes logiques pour le jugement collectif »

Ainsi, l’argumentation constitue le corps d’un texte argumentatif et comporte des arguments accompagnés d’exemples visant à convaincre les lecteurs.

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La rédaction d’un texte argumentatif nécessite la possession d’un savoir portant sur la stratégie argumentative de même que la structure du texte d’où la difficulté de l’écriture de ce type de texte notamment en langue étrangère.

2.1.2 Structure d’un texte argumentatif

Le texte argumentatif est composé de trois parties distinctes : L’introduction, le développement et la conclusion. Cette structure claire et cohérente aide les lecteurs à le comprendre.

Il existe deux catégories de texte argumentatif : -argumentation à une seule thèse (1).

-argumentation à plusieurs thèses(2).

Introduction :

L’introduction se trouve au début du texte et comprend les trois parties suivantes : -L’ouverture du texte ou la présentation générale du sujet.

- La reformulation de la thèse dans le but de répondre à la problématique. -L’annonce du plan de la rédaction.

A cette étape, le scripteur ne montre pas encore son point de vue ni ses arguments mais il se situe devant la problématique. Ainsi, il s’agit de présenter clairement la situation problématique qui consiste à controverser.

Développement ou corps du texte :

Il est formé de paragraphes constitués d’arguments accompagnés d’exemples à illustrer. Dans cette partie, l’apprenant scripteur expose les différents arguments qui visent à convaincre le lecteur de sa prise de position. Chaque argument est considéré comme l’unité de base de l’argumentation ; en effet, il développe une seule idée à l’aide d’idées secondaires.

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C’est dans ce dernier paragraphe, introduit généralement par un connecteur logique que l’apprenant scripteur fait rappeler les arguments les plus forts qui soutiennent sa thèse ainsi que les réponses aux questions posées dans l’introduction.

Le scripteur peut terminer son texte en donnant son avis personnel comme il peut utiliser une conclusion ouverte en présentant la perspective du problème.

2.1.3. Caractéristiques du texte argumentatif 2.1.3.1. Système d’énonciation

Les textes argumentatifs se caractérisent par l’utilisation de la première personne comme indice de la présence du locuteur dans le texte. Ainsi, le locuteur peut se manifester (utilisation de la première et deuxième personne et présence des marques de jugement) ou pas (objectivité apparente du texte informatif/explicatif, utilisation de la troisième personne et des phrases déclaratives) pour masquer l’intention de convaincre. Le présent intemporel est le temps habituel du texte argumentatif, puisque l’argument est valable de façon générale.

2.1.3.2 Choix du lexique

Un choix du lexique approprié amène le scripteur à mieux exprimer ses opinions sur la thèse et par conséquent, de mieux convaincre ses lecteurs. Ce choix est considéré comme l’indicateur du degré de certitude :

-L'affirmation : en argumentant, le scripteur affirme sa certitude par l’utilisation des mots, des locutions, des verbes qui peuvent exprimer sa conviction dans ses idées par exemple : "assurément", "sans aucun doute", "il est certain que", "toujours", "jamais"... Toutes ces marques d'un jugement personnel sont appelées modalisations.

- L'hésitation : En employant des expressions telles que "peut-être", "il est possible que»… . Le scripteur manifeste son émotion, sa sincérité et son attachement à la thèse exposée.

- Les connotations pour indiquer un jugement de valeur : connotations positives pour le point de vue défendu ; négatives pour le point de vue refusé.

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2.1.3.3. Connecteurs logiques

Il s’agit des mots ou des locutions invariables, appartenant à différentes classes grammaticales qui marquent un rapport de sens entre des propositions, des phrases ou des parties d’un texte.

Pour les rapports exprimés implicitement :

- La ponctuation : Les deux points « : » (donner un exemple ou introduire une explication, une illustration directe), les parenthèses « ( ) » (fournir des détails supplémentaires), le point d’exclamation « ! » (exprimer des attitudes), le point d’interrogation « ? » (prévenir une explication)

- La juxtaposition de deux arguments qui forment une suite logique. - La composition du texte en paragraphes.

- Le jeu des temps verbaux.

En ce qui concerne les rapports exprimés explicitement : nous citons quelques exemples :

La cause : Car, en effet, du fait que, parce que, …etc

La conséquence : donc, aussi (suivi de la reprise du sujet), alors, en conclusion, en

conséquence, c’est pourquoi, par conséquent, ainsi, dès lors, d’où, etc.

L’hypothèse : Si, à condition que, à supposer que, pourvu que, au cas où, à moins que,

etc.