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Pistes de réponses didactiques : L’étayage comme aide à la révision/réécriture en FLE

B- Selon l’intention pédagogique, la complexité ainsi que l’émetteur ou l’agent de la rétroaction :

2.4.3.8. L’appropriation de la rétroaction par l’apprenant:

Les apprenants intègrent d'une façon différente les rétroactions de leurs évaluateurs. En effet, certains se limiteront à une prise de connaissance de leur note en se contentant de jeter un coup d'œil discret sur le contenu des rétroactions qui lui a été adressé, d'autres utilisent les mêmes contenus pour trouver argument à contestation. D'autres essayeront de les utiliser et de les intégrer dans leur processus d'apprentissage.

La réaction des apprenants face aux rétroactions a été étudiée par les chercheurs que nous avons cités précédemment, il s'agit de Lyster et Ranta (1997), ces derniers préfèrent utiliser le terme de "uptake" pour désigner la façon de s'approprier la rétroaction par les apprenants. La deuxième phase de leur expérience consiste à compter le nombre de l'emploi de chaque stratégie par rapport au nombre de réaction de l'apprenant "uptake" qui peut se figurer sous forme de "correction" ou "besoin de correction".

L'analyse des résultats de cette recherche montre que la technique de reformulation qui est celle la plus utilisée par les apprenants; est la moins qui suscite l'uptake de la part des apprenants, (31%) seulement des reformulations sont suivies d'uptake. A cet effet, les chercheurs affirment, que la reformulation est certes la technique la plus utilisée mais elle est la moins appropriée et donc la moins efficace en termes d’uptake. Par contre, tous les apprenants ayant reçu une rétroaction par le biais de la technique de l'incitation l'ont appropriée (100%). Ceci dit que la stratégie de l'incitation est la plus adéquate pour amener les apprenants à bénéficier des rétroactions reçus et à les approprier en fonction de leurs besoins. Quant aux autres techniques: la demande de clarification, la répétition ainsi que la rétroaction métalinguistique, elles ont également suscité des réactions de la part de l'apprenant avec les pourcentages respectifs suivants (88%, 86% et 78%). Enfin, 50% seulement a été le résultat de l'uptake suscité par la correction explicite. Ces mêmes chercheurs s'accordent pour affirmer que les techniques de la demande de clarification, la

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rétroaction métalinguistique ainsi que la répétition servent le plus à capter l'attention des apprenants sur leurs productions et les encouragent à s'autocorriger.

Lyster (1998a) parle de la « négociation de la forme » pour désigner les quatre stratégies qu'il a nommées, en 2004, l'incitation. Pour lui, le fait de fournir une rétroaction portant sur les éléments formels aide les apprenants à maitriser les aspects formels de la langue. Dans leur étude, Panova et Lyster (2002) ont montré que les techniques de la demande de clarification, l’incitation ainsi que la répétition sont les stratégies qui ont mené le plus à l'uptake (100 %). La rétroaction métalinguistique a contribué à 71 % d’uptake. La reformulation était la rétroaction la plus utilisée, mais elle a mené seulement à 40 % d’uptake et à 13 % de correction. La correction explicite a mené à seulement 33 % d’uptake. Les mêmes chercheurs ont conclu que le choix du type de la rétroaction est lié au type d’erreur. Pour eux, les erreurs grammaticales sont celles qui ont le plus mené aux rétroactions, suivies par les erreurs lexicales puis, par les erreurs phonologiques. Cela n’était pas le cas dans l’étude de Nishita (2004), qui a révélé que la reformulation donne beaucoup d’uptake avec les groupes composés de peu d'apprenants.

Sheen(2004), a comparé les trois études suivantes en langue seconde: celle de Lyster et Ranta(1997), la deuxième est celle de Panova et Lyster(2002) et la troisième, celle d'Ellis, Basturkmen et Loewen (2001) menée dans deux classes dans une école privée de Nouvelle-Zélande avec la quatrième qui l'a effectuée lui-même dans deux classes de langue étrangère en Corée. Les résultats de cette recherche montrent que les apprenants dont la langue qu'ils étudient a le statut d'une langue seconde mettent l'accent sur le sens. Ainsi, ils adoptent l'approche communicative. En revanche, ceux de la classe de langue étrangère privilégient une approche plus structurée en se concentrant sur les aspects formels. De plus, cette étude a montré que la reformulation est la technique la plus utilisée dans les deux contextes. La seule différence réside dans le fait qu'elle mène à un uptake(82,5%) élevé quand il s'agit d'une langue étrangère par rapport à celui de la langue seconde(31 % dans l’étude de Lyster, 40 % dans celle de Panova et Lyster et 72,9 % dans l’étude d’Ellis et al.). Ceci dit que le contexte d'une langue étrangère favorise un enseignement assez structuré d'où l'aspect explicite et clair de la reformulation conduisant ainsi à tant d'uptake. Cependant, le manque ou l'insuffisance d'uptake dans le contexte d'une langue seconde est du à la nature d'un enseignement axé sur le sens et par conséquent une reformulation assez ambiguë.

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Plusieurs recherches expérimentales portant sur l'étude du pourcentage de l'uptake résultant de chaque technique ont contribué à enrichir un débat théorique (Long, 2007) sur l'efficacité ou non de la rétroaction. Il est important de signaler que le pourcentage de l'uptake n'est pas forcément un indice d'une prise en considération d'une rétroaction et de son intégration dans le processus d'apprentissage. Inversement, la présence de l'uptake n'implique pas toujours une amélioration dans la performance de l'apprenant. En effet, ce dernier peut être attribué à une simple répétition du contenu de la rétroaction émise (Mackey et al., 2000). De plus, l'uptake peut ne pas être bien approprié par l'apprenant comme il peut être différé.