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L’enseignement/apprentissage du français en Algérie

3. Place de l’écrit dans la didactique du FLE en Algérie

3.1.1 L’écrit au cycle primaire.

La lecture de nouveaux programmes(2002) montre que les objectifs de l’enseignement/ apprentissage de l’écrit en classe de français langue étrangère, dans le cycle primaire, sont explicitement définis dès la première année d’apprentissage : « Au terme de la 3ème AP,

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mis dans une situation de communication significative, l’élève sera capable de produire un énoncé mettant en œuvre deux actes de parole à l’oral et à l’écrit.» (Document d’accompagnement, programmes de français, 3ème AP et 4ème AP, juin 2011, p.4)

Par ailleurs, ces mêmes programmes stipulent que les activités d’apprentissage, dans le cycle primaire, doivent converger vers l’acquisition d’une compétence de communication aussi bien à l’écrit qu’à l’oral, et ce, en tenant compte des aspects développementaux cognitifs et socio-affectifs de l’apprenant : « L’enseignement du français à l’école primaire a pour but de développer chez le jeune apprenant des compétences de communication pour une interaction à l’oral (écouter/parler) et à l’écrit (lire/écrire) dans des situations scolaires adaptées à son développement cognitif. » (Programmes de français, 4ème AP, 2011, p.3).

Ces nouvelles orientations quant aux fondements théoriques et méthodologiques de l’enseignement /apprentissage des langues en général et du français en particulier confirment l’optique cognitiviste, constructiviste et communicationnelle dès les premières années d’acquisition/apprentissage du français : « En 4ème AP, l’enseignement explicite de la grammaire entre dans la perspective d’une maîtrise globale de la langue en lecture et production écrite. Ainsi, la langue devient-elle objet d’étude à :

- portée linguistique visant la prise de conscience des règles fondamentales de fonctionnement de la langue ;

- portée cognitive, puisque les activités proposées permettent les opérations de tri, de classification, de catégorisation et de déduction dans une perspective communicative.» (Ibid., p.22) Ainsi, le français est introduit à partir de la 3ème année avec un volume horaire de trois heures par semaine. A ce stade, l’apprenant découvre l’alphabet latin qui ne ressemble pas du tout à l’arabe (la graphie n’est pas la même et la façon d’écrire qui va de gauche à droite) .Les apprenants étant novices s’entrainent longtemps à dessiner les lettres avant de passer à l’écriture proprement dite des mots et de distinguer les phonèmes des graphèmes et les relations qui existent entre le mot et le son.

Au cours de cette première année scolaire et du premier contact avec la langue française, les apprenants se familiarisent avec cette langue étrangère, au départ, ils commencent par

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la construction de petites phrases avec l’aide de l’instituteur. Ce dernier propose généralement des activités qui leur permettent de surmonter leurs difficultés.

Dans le nouveau programme de troisième année primaire, la séance de production écrite est appelée évaluation formative (au lieu d’expression écrite dans les anciens programmes). Cette séance a pour objectif de vérifier le degré d’acquisition des données abordées tout au long de la séquence. Elle est accompagnée d’une grille d’auto-évaluation ayant pour but de guider l’élève pendant l’écriture de son texte.

Arrivés en 4ème année, les apprenants seront capables de produire aussi bien à l’oral qu’à l’écrit des phrases courtes afin de répondre à une consigne d’écriture ou produire un texte (20 à 30 mots) adapté à la situation de communication.

La cinquième année achève le cycle primaire, à ce niveau, on apprend à l’apprenant la grammaire, la conjugaison, l’orthographe dans le but de le conduire à la réalisation de son projet d’écriture, l’élève est censé avoir acquis le profil de sortie et développé une compétence à l’écrit lui permettant de s’exprimer pour « dire ce qui a été compris, donner un avis sur un texte lu, écrire pour s’exprimer librement dans des situations de compréhension simples et courantes. » (Programme de français, 5èmeAP, juin 2011, pp.5/6)

Le cycle primaire se couronne par un examen final après quoi, les apprenants sont orientés au cycle moyen. Il faut souligner cependant, que bon nombre d’apprenants ne parviennent même pas à écrire correctement leurs noms et cela est dû à plusieurs facteurs dont les principaux sont :

-La surcharge des classes.

-Le volume horaire consacré à l’apprentissage de cette langue étrangère est insuffisant, ce qui fait que les apprenants ne peuvent pas restituer toutes les informations qui leur sont transmises.

Le Français en 4ème année : 3h En 5ème année : 5h15

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-Les manuels proposent des textes difficiles et ne motivent pas l’apprenant, ce sont des textes qui dépassent leur niveau réel.

-Les apprenants ne sont pas confrontés socialement à cette langue 3.1.2L’écrit au cycle moyen(le collège)

Durant les quatre années du cycle moyen, l’apprentissage de l’écrit permet à l’élève de renforcer les compétences acquises durant les trois années du cycle primaire. A ce niveau, il est attendu de l’élève qu’il développe des compétences à la fois disciplinaires et transversales en vue d’une meilleure préparation à son entrée dans le cycle secondaire. Il s’agit d’un travail de longue haleine qui vise un objectif à long terme, celui d’aider le futur bachelier à la maîtrise de l’écrit, dans au moins une langue étrangère : « Il s’agira pour l’élève de collège, à partir de textes variés oraux ou écrits, de se forger des outils d’analyse méthodologique efficaces pour aborder ces textes ou en produire lui-même. Il affinera ses compétences méthodologiques et linguistiques tout au long du cycle. ». En revanche, les témoignages d’enseignants indiquent qu’à ce niveau, les élèves sont toujours incapables de s’exprimer en Français aussi bien à l’oral qu’a l’écrit. Ils ne posent des questions aux professeurs que très rarement, ils s’expriment très mal et généralement le font en arabe.

Durant tout le cursus, et à l’issue de chaque projet didactique, les apprenants produisent deux productions écrites. Ces dernières sont présentées, pour les deux premières années (1ère et 2ème année moyenne), sous forme de textes lacunaires, des dialogues à compléter et ce, selon le modèle étudié en classe.

Pour les années qui suivent (3ème et 4ème AM), ils produiront des paragraphes après des séances de préparation à l’écrit durant lesquelles le professeur propose le sujet, l’explique ; dégage les mots clés ; installe chez eux un vocabulaire adéquat ; dresse un plan de travail ….Après production et correction des copies deux séances de compte rendu sont programmées dans le but de corriger l’autre et de s’auto-corriger (collective / individuelle).

La première a lieu en classe, l’enseignant présente un devoir lacunaire qui sera corrigé et amélioré par l’ensemble de la classe.

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La seconde en classe ou à la maison, durant laquelle, l’apprenant s’auto-corrige en fonction des annotations et des remarques faites par son enseignant et/ou par ses camarades.

Au collège les apprenants ont 5 heures de cours par semaine pour les quatre années scolaires.

Selon Kandsi (2010/2011) « Malgré tous les efforts fournis pour parfaire la production écrite, bon nombre d’enseignants déplorent les contenus des manuels qui proposent des activités dépassant le niveau réel des élèves en termes de fond et de la forme. Ces facteurs influent négativement sur l’acquisition de l’activité d’écriture, ce qui ne leur donne aucun goût et aucune motivation à la langue (FLE) ».

Nous tenons à signaler que nous nous intéressons dans notre recherche aux apprenants de quatrième année moyenne, l’année qui est le trait d’union entre le primaire et le moyen. 3.1.3.L’écrit au cycle secondaire

Le profil d’entrée en 1ère AS est décrit par les textes officiels (Programme de français, 1AS, juin 2010, p.22) comme une étape synthétique des acquis dans les cycles primaire et moyen. Les Instructions Officielles prônent explicitement l’entraînement de l’élève à distinguer les différents types de textes et à développer des compétences langagières aussi bien en réception qu’en production de l’écrit.

Ainsi, dès son entrée dans le cycle secondaire, l’élève est-il appelé à s’entrainer à des activités de lecture de haut niveau. Il s’agit de «comprendre et interpréter des discours écrits ou oraux pour les restituer sous forme de résumés à un (des) destinataire(s) précis ou pour exprimer une réaction face à ces discours. »

Ainsi, trois plans de formation, visant une progression cohérente dans l’approche de l’écrit ont-ils été établis pour le cycle secondaire :

Le premier plan de formation, mis en application en classe de 1ère année vise la consolidation des acquis en compréhension et en réception des textes. A ce niveau, l’élève est censé lire pour comprendre et restituer les informations sous une forme condensée et reformulée (plan de texte, prise de notes, ou résumé...etc.);

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Le deuxième plan de formation préconise une approche de l’écrit axée sur deux modèles discursifs, à savoir le texte narratif et le texte descriptif. Il s’agit, à ce niveau, d’apprendre à l’élève à exploiter des textes à forte présence de l’émetteur et du récepteur, autrement dit des textes avec expression des points de vue ;

Quant au 3ème plan de formation, il est destiné aux élèves en fin de cycle et stipule qu’en plus d’un apprentissage axé sur les techniques de l’écrit (plan simple, plan détaillé, reconstitution de texte, compte-rendu objectif, compte-rendu critique, résumé de texte, etc.), l’élève doit être capable de mettre en pratique ses acquis linguistiques et textuels en fonction d’une intention de communication bien définie, à savoir dialoguer, raconter, prescrire, démontrer, argumenter, décrire, etc.

Au secondaire, le programme officiel présente donc trois projets didactiques répartis chacun en deux séquences, à l’issue de chaque séquence, l’apprenant produit un texte qui répond à la typologie étudiée en classe. L’activité d’écriture est précédée par d’autres activités : une lecture analytique d’un texte, et des activités de langue que l’on trouve sur le manuel scolaire pouvant aider l’apprenant à réaliser cette tâche.

L’activité rédactionnelle est omniprésente durant tout le cycle secondaire, en effet, sur une moyenne de douze heures par séquence, quatre heures le sont pour la production écrite. Au secondaire, le même nombre d’heure est consacré pour les filières scientifiques et techniques.

Ayant discuté avec quelques enseignants qui ont corrigé l’examen final du baccalauréat, nous pouvons noter que malgré les efforts fournis par les enseignants, les résultats demeurent décevants et la plupart des apprenants ne réussissent toujours pas leur activité d’écriture.

Bien que les apprenants aient reçu dix ans d’enseignement de FLE dans les différents paliers, ils éprouvent encore de grands problèmes au niveau de la structure textuelle, la cohérence, etc. Cette situation est alarmante surtout pour les enseignants du secondaire, car elle représente un obstacle quant à la réussite des candidats à la fin de leur cursus scolaire secondaire les préparant ainsi aux études supérieures axées dans leur ensemble sur le FLE.

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