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Résultats sur les interfaces de déplacement

Série III : la troisième série permet de tester :

3.5.3.2 Résultats sur les interfaces de déplacement

Différents questionnaires ont été proposés aux sujets pour évaluer leurs sentiments sur la facilité d’utilisation, sur l’apprentissage nécessaire pour l’utilisation des interfaces, sur l’interprétation du fonctionnement des interfaces et sur la pertinence des interfaces par rapport à la tâche [Nfo, 99]. L’analyse de ces questionnaires et des résultats quantitatifs (temps d’exécution des tâches, nombre d’erreurs, difficultés, etc.), nous ont permis d’obtenir des résultats intéressants.

Facilité d’utilisation des interfaces de déplacement :

Les résultats quantitatifs des déplacements en EV montrent qu’en moyenne, les sujets mettent plus de temps à effectuer les mêmes distances avec le tapis roulant qu’avec le joystick.

Des questionnaires sur l’évaluation de la facilité d’utilisation des interfaces ont été proposés aux sujets. Ces questionnaires concernaient les déplacements et les rotations.

Les questionnaires concernant les déplacements en translation portaient sur les moyens de déplacement et les types de déplacements.

L’analyse des questionnaires concernant les moyens de déplacement, montrent que les sujets trouvent, globalement le joystick plus simple à utiliser quel que soit le type de déplacement.

D’autre part, ces résultats montrent que les déplacements longs sont plus simples que les déplacements fins quel que soit l’interface. Ils montrent aussi que les déplacements longs et rectilignes sont plus simples que les déplacements longs et curvilignes.

Grâce à l’analyse des observations libres, il est possible de compléter ces résultats et de donner leurs causes : § Les sujets sont gênés par l’absence de marche arrière sur le tapis roulant.

§ Les sujets ont du mal à maintenir leur trajectoire avec le tapis roulant. Cette difficulté peut être expliquée par la position des mains sur le guidon peu naturelle. Certains sujets aimeraient avoir les mains libres.

§ Les sujets sont gênés par la sensibilité des déplacements latéraux sur le joystick § Le principe de rotation avec le guidon du tapis roulant est simple.

§ Le guidon n’est pas très solide. Les sujets ont tendance à se rattraper au guidon lorsqu’ils paniquent et le tordent facilement. De plus, le guidon possède des ressorts de rappels pour le ramener en position centrale, mais ils ne sont pas assez forts pour que les utilisateurs ressentent leur effet [Lem, 99]. L’analyse des observations libres montre aussi que les sujets, après apprentissage, préfèrent le tapis roulant pour les déplacements longs et le joystick pour les déplacements fins.

L’analyse des questionnaires concernant les déplacements en rotations, montrent que les sujets trouvent globalement les rotations faciles. D’autre part ces résultats montrent que les rotations ne sont pas plus difficiles avec une interface ou l’autre. Néanmoins l’analyse des observations libres montre une légère préférence pour les rotations avec le tapis roulant. En effet, comme nous l’avons déjà souligné, les sujets sont gênés par la sensibilité des déplacements latéraux et donc des rotations avec le joystick. L’analyse des observations libres montre aussi que le dialogue utilisé pour la rotation avec le joystick (i.e. inclinaison du joystick) n’est pas simple et nécessite un peu d’apprentissage. En effet, beaucoup de sujets préféraient effectuer une rotation du joystick.

Apprentissage des interfaces de déplacement :

Comme nous l’avons dit, les résultats quantitatifs des déplacements en EV montrent que les sujets mettent plus de temps à effectuer les mêmes distances avec le tapis roulant qu’avec le joystick. Néanmoins cet écart tend à s’estomper avec le temps [Nfo, 99]. En effet, pour effectuer la même distance au départ (aller du téléphone au moteur), les sujets mettent en moyenne 52 secondes avec le joystick contre 75 secondes avec le tapis roulant. Au retour, pour aller du moteur au téléphone, les sujets mettent en moyenne 49 secondes avec le joystick contre 55 secondes avec le tapis roulant. Le nombre d’arrêts corroborent aussi ces résultats. En effet, le nombre d’arrêts est considéré comme un signe de difficulté. Les sujets s’arrêtent plus souvent au début de la procédure avec le tapis roulant. Ces résultats montrent que le joystick nécessite peu d’apprentissage. Ils montrent aussi qu’après un apprentissage plus long avec le tapis roulant, les temps de déplacements sont quasi identiques.

Un questionnaire sur l’évaluation de l’apprentissage et de l’attention à apporter pour utiliser les interfaces a été proposé aux sujets. L’analyse des résultats montre que le joystick ne nécessite pas d’apprentissage et que l’attention n’est pas focalisée sur son utilisation. En revanche, le tapis roulant pose beaucoup plus de problèmes. Les verbalisations libres des sujets pendant les passations, i.e. les commentaires sur ce qu’ils font, sont moins nombreuses lorsqu’ils utilisent le tapis roulant. Certains sujets ne regardaient que leurs pieds pendant les premières minutes et préféraient d’abord réussir à marcher avant de commenter leurs actions. Le joystick favorise donc une focalisation sur la réalisation de la procédure et non sur l’utilisation de l’interface. Par contre, avec le tapis roulant, les sujets (et donc les formés) focalisent plus sur l’utilisation du tapis roulant que sur la procédure.

Interprétation du fonctionnement des interfaces de déplacement (comportement effectif d’utilisation des interfaces) :

Le tapis roulant est asservi au comportement de l’utilisateur. Sa cadence est celle imposée par l’utilisateur. Néanmoins, les observations libres, les données sur la facilité d’apprentissage et les résultats sur la facilité d’utilisation, montrent qu’au début les sujets ont beaucoup de difficultés pour se déplacer avec le tapis roulant. Une analyse en profondeur montre que certains problèmes techniques modifient l’interprétation de l’asservissement. Un manque de puissance du tapis entraîne des problèmes de montée en vitesse du tapis. De plus, une accélération importante compense ce retard et la trop petite taille du tapis. En effet, avec un tapis trop petit, la vitesse doit être assez importante pour ramener l’utilisateur au centre du tapis avant qu’il ne tombe du tapis (Annexe C. 4, Tableau 34).

Ainsi, les résultats montrent que l’interprétation de l’utilisation du tapis roulant par les sujets est la suivante : § Lorsque le sujet fait le premier pas, le tapis accélère plus lentement que le sujet. Ce problème est dû

au manque de puissance du tapis. Le sujet a alors le temps d’avancer jusqu’à l’avant du tapis (Annexe C. 4, Tableau 34).

§ Le tapis arrive à sa vitesse normale lorsque le sujet est loin du point d’équilibre (Annexe C. 4, Tableau 34).

§ La position du sujet correspondant à une vitesse importante, le tapis accélère alors beaucoup (Annexe C. 4). Le sujet accélère à son tour pour suivre le tapis (croyant que sa marche asservie par rapport au tapis et non l’inverse). Une seconde accélération due à l’asservissement du tapis sur le comportement de l’utilisateur est alors créée.

§ Le sujet surpris et effrayé par l’accélération stoppe le tapis.

La marche, processus habituellement automatique, devient avec le tapis roulant un processus contrôlé. De ce fait, il se pose des problèmes de « coordination motrice dus au changement de processus de commande motrice nécessaire à la locomotion » [Nfo, 99]. Ainsi, l’utilisation programmée du tapis roulant est différente de la représentation que s’en font les utilisateurs, i.e. que le comportement effectif d’utilisation du tapis roulant est différent de celui programmée. En effet, ils croient devoir asservir leur marche sur le tapis alors que c’est le contraire. Cette interprétation est renforcée chez les personnes ayant déjà utilisé un tapis de fitness ou encore plus chez les automaticiens. Ces derniers, ayant l’habitude des boucles d’asservissement, essayent de comprendre l’asservissement et se focalisent sur l’aspect technique du tapis. A l’inverse, les utilisateurs plus spontanés ont moins de difficultés à s’adapter.

Certains sujets sont perturbés par les oscillations incohérentes de l’image lorsqu’ils se déplacent avec le tapis roulant. En effet, le capteur de position placé sur la tête des utilisateurs modifie le point de vue en fonction de la position réelle de l’utilisateur. Et la fréquence de l’émetteur permettant la localisation du capteur était trop faible pour restituer une image cohérente avec les mouvements des sujets.

Pertinences des interfaces de déplacement par rapport à la tâche :

Nous rappelons que le tapis a été choisi pour remplir un objectif pédagogique, à savoir reproduire la fatigue physique de la marche pour aider les formés à développer des stratégies de localisation et de déplacement précises et adéquates. Pour l’ergonome en charge des tests, les résultats montrent que le ressenti de la distance parcourue peut être physique ou cognitif [Nfo, 99]. En effet, certains sujets manifesteraient ce ressenti cognitif en se plaignant de la lenteur du déplacement, en particulier avec le joystick.

Néanmoins, un questionnaire sur la pertinence du choix du schème de marche ou de métaphore pour la tâche met en évidence une préférence pour le tapis roulant. Le jugement des sujets dépend de trois composantes : visuelle, comportementale et kinesthésique [Nfo, 99] :

§ Les sujets privilégiant le visuel considèrent le joystick réaliste, car ils utilisent leur imagination pour penser qu’ils marchent.

§ Les sujets privilégiant le comportemental considèrent que la marche sur le tapis roulant est trop différente de la marche dans la réalité.

§ Les sujets privilégiant le kinesthésique considèrent le tapis roulant plus adapté car ils ont la sensation de marcher. Ils trouvent aussi le joystick plus ennuyeux et moins proche de la réalité.

De plus, la plupart des sujets considèrent le tapis roulant plus pertinent pour la tâche si celui-ci était amélioré et posait moins de difficultés à utiliser. Certains sujets considèrent aussi le joystick, même s’il est simple à utiliser, comme une interface de jeux et donc moins proche de la tâche.