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RÉSEAU DE DISTRIBUTION D’EAU

Dans le document Recherches pour un atlas de Constantine (Page 134-139)

Assurer partout la disponibilité en eau potable, mais aussi son accès pour tous constitue une priorité généralement qualifiée d’absolue, souvent annoncée, mais pas toujours réalisée. Aux considérations technico-économiques (mise en place d’infrastructures, acheminement et distribution de l’eau potable, tarification...), s’ajoutent des enjeux de nature socio-politique. Des finalités et logiques parfois contradictoires peuvent expliquer ce décalage entre objectifs affichés et réalisations effectives. Ainsi, le réseau de distribution mis en place est périodiquement aménagé, néanmoins l’aménagement des ouvrages existants n’a guère été poursuivi, si bien que le système d’alimentation actuel de Constantine, quoique globalement doté en installations de base, ne permet pas de satisfaire correctement la demande de l’ensemble des ménages. Il est vrai que la croissance soutenue de la population n’a pas arrangé les choses.

Des sources d’approvisionnement lointaines

En dépit d’une très forte croissance démographique, les sources d’alimentation en eau de l’agglomération constantinoise sont restées pour longtemps presque les mêmes, et de surcroît l’essentiel de l’eau consommée par les constantinois provient de zones relativement éloignées, caractérisées par un climat semi aride. Elles se présentent sous deux formes : souterraine (forages) et superficielle (barrages) :

- Il s’agit d’Ain Boumerzoug, située à une quarantaine de kilomètres au Sud Est de Constantine. Elle a été exploitée jadis par les romains et reprise en 1929 par les français. Cette source était initialement captée par huit forages équipés de motopompes, actuellement seuls cinq forages sont en service avec un débit moyen de 530 l/s. Plus de 90% de cette quantité profitent aux constantinois.

Quant à la source de Fesguia (Ain Mlila), distante d’environ 60 km ; elle a été mise en service en 1870 avec un débit moyen variant entre 60 et 80 l/s, alimentant essentiellement la localité d’El khroub et la zone de Ain El Bey, mais également Constantine qui prend le 1/3 de la quantité débitée.

Pas loin de Constantine au Nord, une nappe hydrothermale alimente de nombreuses émergences d’eaux thermales dont les plus importantes sont : Ain Skhouna et Ain Hammam Zouaoui. La

première assure l’alimentation des villes de Didouche Mourad et Zighoud Youcef, la seconde approvisionne l’agglomération constantinoise depuis 1978, grâce à quatre forages qui débitent vers les stations de Boutamine (260 l/s) et celle d’El Bir (200l/s) afin de desservir certains quartiers de la ville. On note toutefois qu’il s’agit d’une eau tiède (38°) et calcaire.

- Le barrage de Hammam Grouz (Oued Athmania), est venu par la suite renforcer les capacités hydrauliques de Constantine par un débit de 200 l/s. Cet ouvrage qui peut régulariser jusqu’à 12 millions de m³ par an, a été mis en service en 1988. Sa station de traitement est en mesure de filtrer 200 l/s, qui sont acheminés vers la ville de Constantine à l’aide d’une conduite en fonte (↓ 900 mm).

- Depuis quelques années, la réalisation du barrage de Béni Haroun, situé prés de Grarem (Mila) a multiplié la capacité d’approvisionnement en eau potable de plusieurs wilayas dont Constantine. En effet, plus de 530 millions de m³ sont transférés grâce à un système d’infrastructures intégré (motopompes géantes, canalisations très larges (400 à 1600 mm de ↓), réservoirs…). Il convient toutefois de signaler que sa capacité de stockage optimale est de 963 millions de m³.

Un réseau urbain de stockage et distribution

Arrivée à Constantine par pompage, cette eau est dirigée vers de grands réservoirs (une trentaine), répartis à travers la ville avec une capacité globale qui avoisine les 60 250 m³, mais qui n’assure qu’une seule journée d’autonomie. L’eau est ensuite refoulée vers une station de traitement où elle est débarrassée de ses germes pathogènes pour être acheminée dans les conduites qui desservent les différents quartiers, à l’exception du centre-ville qui est alimenté gravitairement par le réservoir principal. Parallèlement, une partie de l’eau produite est refoulée par la station de pompage vers quatre grands réservoirs localisés sur les points hauts de la ville auxquels s’ajoutent deux châteaux d’eau (Touifez et 5 juillet, d’une capacité totale de 9 000 m³) qui sont censés jouer un rôle de modulation lorsque la demande sur le réseau est trop importante. En 2006, l’ensemble du réseau de distribution urbain s’étend sur quelques 600 kilomètres de conduites avec un taux de raccordement qui avoisine 80% des ménages. Et la quantité consommée durant cette année s’élève à environ 48 millions de m3.

L’eau envoyée dans les conduites par gravité et par pompage a représenté durant l’année 2006 environ 120 mille m3 par jour. Les estimations de la population indiquent que les constantinois

d’alors disposaient de 250 litres/personne pour leur consommation quotidienne, mais les pertes du réseau qui représentent environ 40% (relativement faibles comparativement à d’autres estimations) ne leur laissent en fait qu’environ 76 litres pour s’alimenter, se laver et assurer le nettoyage et les nombreuses tâches ménagères, ce qui représente en réalité un taux de satisfaction de seulement (60%). Encore faut-il signaler qu’il ne s’agit là que d’une consommation moyenne de principe qui englobe aussi bien la fourniture d’eau aux diverses administrations que celle des abonnés domestiques. Autant dire que de nombreux habitants ne reçoivent rien du réseau de distribution parce qu’ils n’y ont pas accès. Il est ainsi permis de penser que le volume d’eau utilisé par habitant est relativement bas. Il faut cependant signaler que le renouvellement récent de l’ensemble du réseau AEP de la ville de Constantine, avec la collaboration des sociétés étrangères (SEACO) peut améliorer sensiblement la distribution et atténuer les pertes du réseau.

Ces données générales dissimulent en réalité des différences significatives de desserte entre les quartiers. Mais ces disparités ne consacrent pas l’opposition classique entre le centre et la périphérie. En matière d’approvisionnement en eau, cette dernière est mieux lotie que les vieux quartiers, handicapés par un réseau de distribution vétuste et inadapté. Le type d’habitat, indépendamment de sa localisation influe également sur la desserte, ainsi les quartiers d’habitat précaire avec peu de canalisations de distribution essentiellement sous forme de dérivations latérales sur la conduite principale sont mal ou pas du tout approvisionnés. En plus, la distribution de l’eau se heurte à des difficultés qui proviennent de la configuration générale accidentée et discontinue de l’espace constantinois par ailleurs très étalé, formé d’une série d`unités de peuplement entre lesquels et à l’intérieur desquels existent de nombreuses zones inoccupées. Dans ce cas, l’handicap majeur est celui du coût des équipements pour assurer le refoulement et le transport de l’eau dans un espace éclaté qui rend par conséquent difficile sa dotation en infrastructure nécessaires. Le problème qui se pose est donc celui de la densité des habitations qui impose pour la distribution de l’eau, la mise en place d’un réseau de canalisations proportionnel à l’étendue du territoire, cela constitue un facteur d’inertie dans l’amélioration du cadre de vie des populations.

Signalons que la présence de quelques fontaines publiques dans ces quartiers ne fait pas le contrepoids de la desserte par branchements.

Quoi qu’il en soit, en terme de disponibilité comme en terme de quantité, les habitants de ces zones spontanées de la ville n’ont pas suffisamment d’eau pour satisfaire leurs besoins, ce qui soulève des problèmes pour l’hygiène corporelle et celle du milieu préoccupants.

Un approvisionnement sensiblement amélioré

Il est incontestable que la distribution d’eau dans la ville s’est sensiblement améliorée grâce aux efforts de l’État, notamment la mise en service de l’imposant barrage de Beni Haroun. Les données rapportées aux quartiers de la ville font apparaître l’inégalité géographique de la distribution qui illustre trois situations distinctes. Le programme de distribution de l’eau selon les quartiers (figure n°26) exprime clairement ce progrès qui s’affiche notamment à travers une alimentation sans interruption (24/24) pour une bonne partie de la ville. Cette desserte optimum concerne plusieurs quartiers du Sud Est (4ème km, Onama, Erryad, El Guammas, Sissaoui) ainsi que ceux de la zone Sud Ouest de la ville (El Bir, 20 août, 5 juillet, Boussouf), auxquels s’ ajoutent certains faubourgs coloniaux (Belouizdad, Coudiat, Aouati Mustapha, Bellevue, Kaddour Boumeddous). Ce fait inimaginable, il y a quelques années est en train de se concrétiser progressivement pour toucher l’ensemble de la ville. Néanmoins, le manque d’infrastructure de stockage (réservoirs) a quelque peu freiné ce progrès. En espérant mieux, la distribution reste dans l’ensemble correcte, ainsi les quartiers situés au Sud du noyau originel (Bardo, Kouhil Lakhdar, Fadila Sâadane, les Mûriers, Châab Ersas, Boumerzoug, les Palmiers, Zouaghi, Ferrad) bénéficient de l’eau quotidiennement, mais avec des tranches horaires variables, allant de quatre heures jusqu’à douze heures. Par contre, les quartiers Nord s’alimentent majoritairement un jour sur deux, mais avec des tranches horaires relativement allongées, atteignant parfois douze heures. Dans ce groupe, on note la présence des quartiers du centre ville et quelques faubourgs (El Kantara, Bon Pasteur), certaines zones Nord (Halbedel, Fedj Errih) et Nord Est (Sakiet Sidi Youcef, Ziadia, Djebel Ouahch). Dans l’ensemble, le niveau de la distribution semble se justifie par la proximité des infrastructures de stockage qui permettent d’approvisionner les usagers. Ainsi, plus les réservoirs et châteaux d’eau sont proches, mieux les quartiers sont alimentés.

Dans le document Recherches pour un atlas de Constantine (Page 134-139)