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Répartition des petites communes en Inde selon leur proximité et leur connectivité

Politiques publiques et processus d’urbanisation par le bas

Carte 3 Répartition des petites communes en Inde selon leur proximité et leur connectivité

71 1.2.3.2 Premières conclusions à l‘échelle de l‘Inde

À l‘échelle de l‘Inde, ces trois groupes d‘agglomérations se distinguent nettement au regard de leur niveau de croissance démographique. Sur les 20 États étudiés où se trouvent des agglomérations de plus de 500 000 habitants, entre 1991 et 2001, 14 montrent une croissance plus rapide de leurs petites agglomérations en périphérie de métropoles, quatre dans les agglomérations sur corridor et seulement un dans les agglomérations isolées. L‘influence des métropoles apparaît donc à première vue déterminante sur la croissance des petites agglomérations. D‘un autre côté, la croissance des agglomérations sur corridor est globalement supérieure aux agglomérations isolées, mais la différence est seulement de 1,94% contre 2,17% avec de grandes disparités entre États.

Il est intéressant de noter que dans ces calculs les changements de statuts administratifs ne sont pas pris en compte. Par exemple, on observe qu‘au Tamil Nadu le processus de croissance urbaine reste relativement stable entre 1961 et 2001 et on n‘observe pas de plus forte croissance des petites agglomérations par rapport aux métropoles, mais une répartition homogène de la croissance entre classes de villes. Ceci met en valeur que la forte croissance urbaine des années 1990 au Tamil Nadu relève bien d‘une décision politique et n‘est pas à mettre en corrélation avec un développement particulier des petites agglomérations de l‘État durant cette période.

L‘influence relativement significative de la situation des petites agglomérations par rapport aux métropoles ne se retrouve cependant pas durant les décennies précédentes. En effet, entre 1981 et 1991, le processus inverse est observé et ce sont les agglomérations isolées qui font preuve du plus grand dynamisme démographique suivi par les agglomérations sur corridor. Cette même tendance est également confirmée entre 1961 et 1981. Aussi l‘influence des métropoles sur la croissance des plus petites agglomérations apparaît-elle comme un phénomène récent qui n‘a pas de prise dans le temps.

Ce récent accroissement de l‘influence des métropoles correspond également à un renforcement des activités économiques dans les plus grands centres. Il est également concomitant d‘un délaissement des politiques publiques à l‘encontre des plus petites agglomérations. En effet au moment de la décentralisation, au début des années 1990, il est

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demandé aux municipalités un effort pour arriver à s‘autofinancer notamment en ce qui concerne le développement des services et des infrastructures. L‘effet a pu être directement senti en particulier pour les petites agglomérations isolées qui ont le plus de mal à accéder aux systèmes de financement privé. C‘est donc ce faisceau de facteurs politiques et économiques durant les années 1990 qui explique l‘accélération de la croissance des petites agglomérations proches des métropoles par rapport aux autres.

1.2.3.3 Des dynamiques qui s‘entrecroisent à l‘échelle des États

En regardant à l‘échelle des États les plus fortes accélérations de croissance des petites agglomérations près des métropoles sont notées dans les États du Punjab, Haryana, Uttar Pradesh, Jharkand, Madhya Pradesh, Maharashtra, Andhra Pradesh, et Karnataka. Or ces États ont en commun d‘avoir mis en place un processus de décentralisation de façon assez avancée. Dans ces cas-là, la décentralisation mise en place dans les années 1990 semble avoir profité de façon plus évidente aux petites agglomérations à proximité des grandes métropoles. L‘hypothèse qui peut donc être envisagée est que ces agglomérations étaient le mieux positionnées face à ces réformes de décentralisation et qu‘elles ont su en tirer le meilleur parti. À l‘inverse dans certains États la croissance des agglomérations reste la plus forte près des métropoles entre 1981 et 2001 : il s‘agit de Rajasthan, Bihar, Orissa, Chhattisgarh. Hormis le Chhattisgarh, ces États ont en commun un faible avancement dans le processus de décentralisation notamment une faible dévolution de fonds à leurs collectivités locales. Plutôt que de chercher les impacts éventuels de la décentralisation sur la croissance des petites agglomérations, il peut être alors envisagé que c‘est la croissance des petites agglomérations qui a induit ou non les États à mettre en place la décentralisation. Ainsi dans ces États où la croissance urbaine était déjà concentrée autour des grandes métropoles, mettre en place une décentralisation qui nécessiterait de rendre autonomes des petits centres isolés était difficilement concevable. Cette hypothèse semble la plus valable, car l‘influence de l‘État est dans tous les cas limitée sur ces petites agglomérations et il est donc plus probable que les politiques de décentralisation se définissent par rapport aux dynamiques urbaines en place plutôt qu‘elles ne les induisent.

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Cette classification des petites agglomérations donne donc un panorama des formes de dynamiques pouvant être à l‘œuvre dans le bas de la hiérarchie urbaine entre implantation locale dans son milieu rural et étroitesse des relations avec les métropoles ; les petites agglomérations ont une place d‘intermédiaire à l‘origine de la grande variété de leurs situations. Cette variété explique par ailleurs le fait qu‘il y ait si peu de travaux généraux sur les petites villes, chacune pouvant être considérée comme un cas particulier.

Afin d‘illustrer à quoi peuvent correspondre sur le terrain ces différents cas, une agglomération dans chacune de ces catégories a été choisie. La catégorie d‘agglomération sur corridor est représentée par l‘agglomération de Valavanur qui dispose du statut de Town Panchayat et est située à douze kilomètres de Viluppuram, la capitale du district éponyme. Les agglomérations sous influence métropolitaine sont représentées quant à elles par l‘agglomération de Sholinganallur. Celle-ci disposait jusqu‘en 2012 du statut de Town Panchayat, mais a été depuis englobée dans la corporation de Chennai. Cette évolution dans la gestion de la ville permet d‘éclairer les différentes appréhensions de l‘urbain selon le statut accordé à l‘agglomération. Enfin c‘est Viranam qui sert d‘exemple d‘agglomération isolée. Située entre Pondichéry et Viluppuram l‘agglomération est située à plus de dix kilomètres de l‘autoroute et dispose du statut de village.

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Chapitre 3. Des petites agglomérations aux métropoles : le grand écart de la

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