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Approfondissement de l’analyse à partir de la classification en trois catégories de petites villes

Exploration des dynamiques démographiques et économiques des petites villes dans le système urbain indien

Carte 10 Résidus de la régression linéaire entre croissances des agglomérations de 5 000 à 50 000 habitants et croissance des districts entre 1991 et

2.2.3 Approfondissement de l’analyse à partir de la classification en trois catégories de petites villes

La disparité de l‘ensemble regroupé sous l‘appellation « petite ville » a participé en grande partie à en limiter la théorisation et les apports dans les théories urbaines (Bell et Jayne, 2009). La classification faite en première partie entre ville non polarisée, ville sur corridor et ville en périphérie de métropole permet de distinguer des groupes auxquels des dynamiques spécifiques peuvent être liées.

Déjà, dans les années 1970 des classifications comparables avaient été proposées notamment en distinguant les villes liées à une grande agglomération, les petits organismes urbains d‘une armature linéaire, et les petites villes spécialisées (Veyret-Verner, 1970). Dans cette classification différentes dynamiques économiques sont pressenties. Les villes liées à une grande agglomération en sont dépendantes et souvent en découle une spécialisation de la ville soit en banlieue-dortoir ou en banlieue industrielle suivant des politiques d‘aménagement décidées par la grande agglomération.

Selon leur localisation par rapport aux axes de transport et aux grandes agglomérations, la croissance des petites agglomérations dépend de secteurs économiques, de politiques et plus généralement d‘enjeux différents. Par exemple, si en périphérie d‘une grande agglomération la disponibilité foncière et les prix pour y accéder seront déterminants, pour une ville sur corridor la qualité des transports la reliant au reste du système urbain sera un facteur plus décisif, et pour une ville non-polarisée une spécialisation productive accompagnée d‘une bonne accessibilité sera primordiale.

Une matrice de corrélation comprenant la croissance des trois types de petites agglomérations entre 1991 et 2001, leur part dans la population en 2001 et les indicateurs déjà présentés auparavant à l‘échelle des districts permet de préciser quelles sont les conditions d‘émergence optimales pour chaque type d‘agglomération.

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2.2.3.1 Les petites agglomérations en périphérie de métropole

En regardant leur part sur la population totale en 2001 quelques corrélations significatives (au niveau 0,01) émergent en particulier avec la part du secteur tertiaire (Construction : 0,48 ; Communication : 0,33 ; Autres services 0,33 ; Part totale du secteur tertiaire : 0,28). Ces corrélations ne se retrouvent pas avec les deux autres types de villes, ce qui confirme bien le rôle moteur du secteur tertiaire dans la concentration des peuplements avec non seulement une influence sur les plus grandes agglomérations, mais également sur les petites agglomérations dans leur périphérie.

Concernant leurs dynamiques, il apparaît que les petites villes en périphérie de métropoles sont celles pour lesquelles il existe la plus grande part d‘aléa. Leur croissance entre 1991 et 2001 ne présente qu‘un seul coefficient de Pearson significatif (au niveau 0,05) avec la part du secteur secondaire (0,22). Cette corrélation est d‘autant plus intéressante qu‘elle s‘oppose à la corrélation de la part de ces petites villes en 2001 qui est significative (au niveau 0,01) avec le secteur primaire (- 0,356) et tertiaire (0,278), mais pas avec le secteur secondaire (0,118). Cela signifie en d‘autres termes que plus un district est orienté vers les services, plus la part des petites villes en périphérie de métropole est forte. Pourtant leur croissance ne semble pas dépendre des services, mais de l‘industrie, tendant à démontrer que les retombées de ce secteur se diffusent mieux dans l‘espace que celles des services, qui restent circonscrites aux métropoles.

Le peu de corrélation avec le reste des indicateurs traduit la dépendance de leur dynamisme par rapport aux métropoles dont le développement périphérique est souvent le fait d‘actions politiques volontaristes d‘aménagement. La mise en place de zones économiques spéciales, comme c‘est le cas à Sholinganallur est exemplaire d‘émergence de pôles de développement qui ne peuvent se comprendre sans prendre en compte les stratégies politiques d‘aménagement du territoire. Du fait du caractère ponctuel et ciblé de ces politiques agissant principalement près des centres de pouvoir, de très faibles corrélations bivariées sont décelables à l‘échelle de l‘ensemble des districts indiens.

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2.2.3.2 Petites villes situées dans des espaces non-polarisés

Les dynamiques de ces agglomérations apparaissent tout à fait distinctes des précédentes. Leur part dans la population des districts en 2001 est significativement corrélée (au niveau 0,01) avec la croissance du secteur de la fourniture d‘énergie (0,338), la croissance de la construction (0,165), le PIB du secteur agricole (0,261) est négativement corrélée avec la croissance de l‘agriculture et la part du secteur secondaire. Les principaux facteurs discriminants par rapport aux autres types de petites agglomérations sont : le lien avec l‘agriculture qui révèle une économie encore traditionnelle dans les districts où ces agglomérations sont les plus nombreuses et le fait qu‘il n‘y est pas de corrélation avec la part du secteur tertiaire, montrant les limites de l‘impact de ce secteur sur l‘urbanisation et sa difficulté à se diffuser dans les espaces isolés.

Cette relation entre part du secteur tertiaire et petites agglomérations isolées se précise avec la corrélation négative entre ce secteur et la croissance de ces agglomérations (- 0,243). Au contraire avec le secteur primaire une corrélation positive (0,242) confirme l‘intrication des petites villes situées dans des espaces non polarisés, avec le secteur agricole. C‘est donc dans des districts à l‘économie traditionnelle que s‘épanouissent le plus les petites agglomérations isolées.

2.2.3.3 Petites villes sur corridor

Encore une fois les petites agglomérations sur corridor se situent dans un entre-deux. Comme les petites villes non-polarisées, leur part dans la population des districts en 2001 est négativement corrélée avec la part du secteur secondaire (- 0,164), mais comme les petites villes en périphérie des métropoles, cette part est positivement corrélée avec le secteur tertiaire (0,203). Dans le détail c‘est peut être leur corrélation, nettement supérieure par rapport aux deux autres types de petites agglomérations, avec la croissance du secteur de la construction (0,328) qui les distingue le plus. Les districts où ces agglomérations sont les plus nombreuses sont donc davantage tournés vers les services et peu vers l‘industrie. Leur croissance apparaît également sujette à aléa et n‘est pas significativement corrélée avec un

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secteur en particulier, elle l‘est tout de même plutôt négativement avec les services (Communication : - 0,172 ; Transport autre que train: - 0,167 ; Autres Services : - 0,162). L‘hétérogénéité qui ressort entre les trois types de petites agglomérations étudiées démontre bien l‘importance de leur localisation dans les processus de croissance qui les traversent. De plus cette hétérogénéité explique la difficulté de faire des généralisations sur l‘ensemble des petites agglomérations et de les comparer en un seul tenant avec les plus grandes agglomérations. Entre la croissance des petites agglomérations en périphérie de métropoles sensible au secteur secondaire, celle des petites agglomérations isolées, sensible au secteur primaire et celle des petites agglomérations sur corridor sensible au secteur de la construction les divergences apparaissent aussi importantes que celles relevées entre différentes classes de tailles de villes.

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