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Répartition des données

Chapitre 4 : Portée de l’adjectif invarié sur une classe en position ∅ OD

4.6.1. Répartition des données

Sur un total de 345 énoncés avec un verbe transitif dans le corpus, il y en a 309 qui comportent un verbe transitif en emploi absolu suivi d’un ∅OD à valeur générique. Les 36 autres

énoncés sont construits avec une position ∅OD renvoyant à un objet latent co(n)textuel. Sous

Notre corpus est essentiellement construit à partir d’énoncés dans lesquels ∅OD est à

valeur générique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’autre restriction sur le type de classe d’entités pouvant entrer en position ∅OD à droite du verbe que la compatibilité entre cette classe et le sens

de ce verbe, fixée au niveau lexical (ce que nous avons indiqué dans la partie « sans restriction » du schéma ci-dessus). Cela dit, comme nous l’avons montré, cela ne signifie pas que le recours à cette construction bloque complètement l’identification des classes occupant la position ∅OD

à droite du verbe, puisque l’adjectif joue un rôle important dans ces énoncés, notamment par la sous-catégorisation qu’il opère sur les classes d’entités prévues en position ∅OD (cf. supra

section 4.3.).

Ainsi, parmi les 309 énoncés construits avec un verbe transitif en emploi absolu, on observe une répartition selon les trois grands modèles interprétatifs que nous avons mis en évidence (cf. supra section 4.3.) : 22 énoncés sont construits avec un co(n)texte « forçant » (cuisiner + indien, dans Cuisiner indien : les naan au fromage), 27 énoncés sont construits avec un adjectif déclenchant un stéréotype (manger + japonais, méditerranéen, casher dans le cas d’interprétation de la combinaison par un juif non pratiquant), et le reste est constitué d’énoncés dans lesquels la propriété Adj. s’applique « sans restriction », c’est-à-dire à la totalité des classes d’entités prévues au niveau de la définition lexicale du verbe en position ∅OD) (acheter + français dans Les américains ont acheté français pendant des années).

Dans les cas de co(n)texte « forçant » et de stéréotype, l’adjectif porte obligatoirement sur des classes d’entités en position ∅OD, ce qui n’est pas systématique dans le cas « sans

restriction ». En effet, dans ce dernier cas de figure, l’application de la propriété dénotée par l’adjectif peut se faire :

a. sur la totalité des classes d’entités possibles en position ∅OD à droite du verbe (c’est

alors le cas de l’application « sans restriction » de la propriété sur toutes les classes d’entités possibles prévues au niveau lexical en position ∅OD),

b. soit sur aucune d’entre elles. Dans ce dernier cas, l’adjectif ne porte pas sur ∅OD, et

le test en ce que + S + V est Adj. ne fonctionne pas (dans une combinaison comme

Les cas où l’adjectif porte sur ∅OD sont les plus nombreux et représentent à peu près

70% des emplois absolus du verbe transitif dans le corpus, comme le montre le graphique suivant :

Graphique 1 : L’adjectif invarié après un Vtr en emploi absolu porte ou ne porte pas sur la classe d’entités en position ∅OD à droite du verbe.

Dans cette section, nous n’étudions que les cas où l’adjectif invarié à droite du verbe transitif en emploi absolu porte sur ∅OD. Comme nous l’avons montré, quand il porte sur ∅OD « sans

restriction », cela signifie que la propriété qu’il véhicule s’applique sans aucune limite à la totalité des classes d’entités prévues à droite du verbe transitif en emploi absolu.

Graphique 2 : Les adjectifs invariés portant sur la classe d’entités en position ∅OD à valeur

générique. 0 50 100 150 200

Adj.Inv. Ne porte pas sur la classe d'entités en position zéro

Adj.Inv. Porte sur la classe d'entités en position zéro

Total

0 50 100 150 200 250

Le graphique 2 indique que la majeure partie des cas d’emploi absolu du verbe dans le corpus est constituée par l’emploi absolu du verbe transitif suivi d’un adjectif sous-catégorisant l’ensemble des classes d’entités prévues en position ∅OD sans aucune autre restriction que les

restrictions imposées par le sens lexical du verbe.

Il semblerait que la différence quantitative opposant les trois types d’emploi de l’adjectif à droite du verbe transitif en emploi absolu puisse trouver son origine dans l’opposition des co(n)textes dans lesquels ont été identifiés les énoncés. En effet, si on croise les valeurs de ∅OD

avec les sources où ont été prélevés les énoncés, on peut voir qu’une importante partie des cas d’énoncés construits avec un objet latent co(n)textuel est issue de la prise de notes dans des conversations. Cela semble indiquer que la valeur objet latent co(n)textuel de ∅OD est privilégiée

avec l’utilisation de la construction [Vtr+ ∅OD + Adj.Inv.] dans le cadre au moins oral dans la

mesure où ce type d’énoncé s’oppose clairement dans le corpus à ceux qui ont été obtenus de manière systématique (Frantext/Google). En effet, ces énoncés-là ont tous en commun de provenir de sources exclusivement écrites.

De plus, à l’inverse de ce qui est observé pour les cas d’objets latents co(n)textuels, une très large majorité des énoncés construits avec un Vtr en emploi absolu est issue du web. Plus précisément, une grande partie de ces énoncés se trouve en position de titre d’article, de journal, de blog, ou encore en slogan publicitaire. Cette position liminaire dans des documents écrits pourrait donc être considérée comme une position privilégiée pour les énoncés mettant en œuvre la construction [V+Adj.Inv.] avec Vtr en emploi absolu.