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La réalisation de ces protocoles a soulevé bon nombre de questions dont celles-ci qui paraissent inévitables :

Représentation et interprétation enfantine des discours L’exemple du conte

Complication 2 Rencontre d’un lapin dont les parents ont été tués par ces

II) La réalisation de ces protocoles a soulevé bon nombre de questions dont celles-ci qui paraissent inévitables :

Pouvons-nous mener une étude cohérente des représentations et de l’interprétation par le biais de l’expression ? Il faut bien s’y efforcer car on ne connaît la réalité que par les mots et il persiste toujours une non-conformité des mots aux choses.

Dans quelle mesure le discours recueilli auprès des enfants est-il un métadiscours sur le conte proposé ? Dans la mesure où l’on considère le métadiscours comme un discours sur le discours et où l’on occulte les visées de correction ou d’auto-correction du propos.

L’enfant se représente-il ce qui devrait être objet d’interprétation comme un tout cohérent ? Il semble qu’il n’y parvienne que rarement et toujours difficilement. Cette réponse reste ouverte à discussion. Pourtant, il nous semble que, malgré tous les obstacles qu’il rencontre, l’enfant se représente quelque chose du conte, quelque chose de cohérent à ses yeux. Car n’oublions pas que, si le paradoxe définit la nature enfantine, cela ne la rend que plus sensible à l’ambiguïté constitutive du conte.

Ainsi, de nombreux éléments relatifs au conte et à l’enfant semblent interagir dans la réception du premier par le second. D’un côté, le métamorphisme qui caractérise la pensée enfantine facilite sa représentation du merveilleux. De l’autre côté, le principe de la personne non encore acquis et le rapport à l’usage qui ramène l’enfant au pôle social, compliquent la relation qu’il entretient avec le narré. Concrètement, cela se manifeste dans son accession difficile au récit et à une organisation narrative socialement admise. La réception du conte chez l’enfant témoignerait donc d’une biaxialité constitutive de la réception même.

Pour l’instant nous tenterions de redéfinir le concept de réception, considéré relativement à l’interaction entre l’enfant et le conte de la manière suivante.

La réception suppose une capacité de l’individu à recevoir un objet. Or qui dit "recevoir", dit "s’approprier".

L’appropriation est précisément ce processus qui fait intervenir le principe de la personne dans la nécessité de s’abstraire de son être et de la situation présente afin de faire sien, de faire entrer le narré dans son vécu. Que devient alors l’objet approprié ? Il est destiné à être interprété, à être renégocié dans la pensée puis dans les rapports avec Autrui, avec le monde. Or qui dit "négocier", dit "se représenter pour l’Autre".

L’interprétation serait précisément ce processus intertextuel qui suppose la capacité à transiter d’une idée à l’autre, à mettre en dialogue le narré avec le vécu intertextuel. Peut-on alors parler véritablement d’interprétation dans le cas de la réception enfantine ? Si l’on considère l’interaction narré/vécu, sans doute oui, mais l’interprétation doit se faire, selon nous, sur des objets appropriés et catégorisés. Or l’enfant n’en est pas encore là, il cumule simplement tout ce qui lui vient de l’extérieur.

ANNEXES

Ex.1 Là c’est la nuit et puis la nuit il mange et puis le matin quand c’est l’après-midi eh ben c’est son anniversaire et puis il invite tous ses amis et après il mange le gâteau.

Ex.2 Le petit garçon il va dans la forêt et puis il prend un animal en photo là. Là, le petit garçon il voulait se brûler avec le fer à repasser. Tu sais pourquoi j’dis ça ? Parce que Célestin, Lucas il voulait repasser son T-shirt qui était tout mouillé, mais Célestin il l’a empêché, il l’a fait avant et puis c’est tombé sur son bras et le bras il a été tout…tout…brûlé. (intervention de l’adulte) Le pompier il est venu éteindre le feu qu’il y avait sur la maison. Et là, il pleure parce que sa sœur elle l’a tapé. Là, le chien il est content parce que il est allé un p’tit coup dehors et après il est rentré à la maison. Il est content parce que sa sœur elle a arrêté de le taper.

Ex.3 Comment on fait la barbe à papa ?

Ben, il a une barbe comme ça mon papa, il a pas une grande barbe comme ça.

Et comment elle est arrivée ?

Ben elle a dormi chez moi et mon papa il s’appelle Bertrand. Ex.4 Pourquoi les feuilles des arbres sont vertes ?

Verts parce que elles sont tombées sur l’herbe. Avant elles sont marrons. Ex.5 De quoi ça parle?

D’une oie, d’un vieux monsieur, d’une princesse, d’un prince, d’un roi, d’une reine pis de deux qui étaient dans une ferme.

Ex.6 De quoi ça parle ?

C’est trois frères qui vont couper du bois et le troisième il est allé puis y a un vieux monsieur qui vient les voir et qui dit « Est-ce que tu veux bien partager le pique-nique ? ». Les grands frères ils disaient non et bon il disait « Bon d’accord » et il partait et après ils se coupaient … quoi ? Le bras et la jambe. Et le troisième il est allé couper du bois, sa maman elle lui a préparé le pique-nique pis il a coupé pis après il a pris son pique-nique et le monsieur il a dit « Est-ce que tu veux bien partager ton pique-nique avec moi ? » et il dit « Viens, assis-toi » et après ils ont goûté les deux et pis après il est devenu un garçon et pis après il est allé couper un autre arbre et y a une oie. Pis les filles elles arrivent et elles attendent qu’il est endormi et la grande elle dit « J’vais m’occuper de lui » et après elles ont piqué la noix et elles sont accrochées pis tout le monde sont restés collés et après … je sais plus après.

Ex.7 De quoi ça parle ?

C’est dans les arbres et y a quelqu’un qui lui dit de couper les arbres et après y a l’or et après aussi il colle et aussi le monsieur il colle. C’est l’or il a collé le monsieur. Et après y a aussi les sœurs, l’autre le garçon, la reine et l’autre il fait les cloches et après il peut pas parce que y a un truc qui colle, il est collé à le monsieur et après il peut pas s’en aller.

Ex.8 Tu sais ce que c’est une oie ? Oui, une oie ça va dans l’eau.

Tu en as déjà vue ?

Oui c’est blanc.

Tu en as vue où ?

A la ferme, et il y a aussi un cheval, ma sœur elle monte le blanc et moi le marron. Ex.9 C’est quoi une oie ?

Une oie c’est quand elle a des ailes, et après elle a des pattes, et après elle a … une oie c’est d’or.

Tu en as déjà vue ?

Ex.10 Tu sais ce que c’est une oie ?

Oui y en a deux genres : une à manger pis une qui va dans l’eau.

C’est laquelle dans l’histoire ?

Je sais pas. … non y a une noix pis une oie.

Ex.11 Pourquoi le vieux monsieur a donné une oie à Nigaudon ? Parce que elle était magique.

Ex.12 Pourquoi le vieux monsieur donne une oie à Nigaudon ? Parce que il a partagé son pique-nique avec lui.

Ex.13 Pourquoi Nigaudon est parti de chez lui ? Parce que il en avait marre de sa maman et de son papa.

Pourquoi il en avait marre d’eux ?

Parce que ils l’ont trop agacé.

Pourquoi ils l’ont agacé ?

Parce que il avait envie d’aller couper du bois.

Ex.14 Pourquoi Nigaudon veut faire rigoler la princesse ? Que il veut se marier avec elle.

Et pourquoi la princesse rigole ?

Parce que il a une oie brillante, le garçon.

C’est ça qui la fait rigoler ?

Non parce que y a des gens derrière qui sont accrochés.

Ex.15 Pourquoi tout le monde veut toucher l’oie ?

Parce que ils sont restés collés, parce que ils voulaient la prendre. Ex.16 Pourquoi tout le monde veut toucher l’oie ?

Pour la prendre et ses plumes et aussi pour les aider à se détacher.

Ex.17 C’est quoi ton moment préféré ? Dès fois y a des nours qui vient, euh j’sais plus.

Comment elle se finit cette histoire ?

Et aussi y des nours il vient et ils voient elle a touché la chaise, elle est trop grande, et elle a touché ma soupe, elle était trop chaude, et la petite chaise elle était juste bien et elle est dans le lit.

Ex.18 Églantine, elle va ramasser des herbes. Deux chasseurs passent en voiture devant elle. Églantine a été tout éclaboussée. Eglantine, elle rentre vite chez elle. Elle entenda des pleurs, c’est un petit … Attends, j’vais te montrer avant. (elle montre le premier dessin) Eglantine c’est elle, Eglantine. Un petit lapin qui pleure disant : (elle imite la voix du lapin) « Les chasseurs ont pris mes parents, ils vont les tuer ». Voilà le petit lapin qui pleure. (elle montre le deuxième dessin) Eglantine rentra chez elle et prépara une potion magique. En une minute, elle dit-elle : « J’ai trouvé, j’ai trouvé ». Elle dansa et … c’était tout violet. Et le lapin, comme il était poli, il boiva tout. Eglantine dit-elle : « Soulève-moi cette grosse pierre » et il la souleva. Et il voit les parents et après il … dit … (s’adressant à l’adulte) Comment c’était le sort ? Abracabondébara « Abracabondébara » et il prena les bouteilles et il les jeta dans l’eau.

Ex.19 Il était une fois une princesse qui allait dans la forêt chercher de l’herbe. Elle a rencontré une voiture rouge. Y avait des chasseurs dedans qui allaient à la chasse des lapins. Elle était debout et pis elle criait. Ça y est. (il passe à l’image suivante) Elle a entendu un pleur et pis c’était un p’tit lapin, elle a dit « Qu’est-ce qu’il y a ? » et pis euh le lapin il a dit que sa maman elle est tuée et même son papa. Elle cherche dans la potion pour qu’il soit fort et pis pour qu’il chasse les chasseurs et puis elle dit que elle boive tout et pis euh il boit tout et il est fort. Il devenait fort et pis euh il peut construire les maisons et pis y a un p’tit lapin qui vient pour lui demander de l’aide et pis il vient pour les chasseurs. Et il met les chasseurs dans une bouteille et il les jette dans la mer. Voilà.

Ex.20 Elle va dans le bois, la fée. Pis y a une voiture qu’arrive. Le p’tit lapin il pleure parce que les chasseurs ils ont tué ses parents pis ses sœurs et frères. Ils sont dans la maison d’Eglantine et elle lui donne la potion magique quand elle l’a trouvée. Et pis le p’tit lapin il vient vers lui et il lui dit les chasseurs ils vont tuer ses parents. Les chasseurs ils sont dans les trois bouteilles.

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