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Arrivée sur le lieu 3 : campagne

Représentation et interprétation enfantine des discours L’exemple du conte

Péripétie 3 Arrivée sur le lieu 3 : campagne

Départ du troisième frère : Nigaudon, le héros Réussite à l’épreuve

Don et action magique : entrée en scène du merveilleux

Péripétie 1

Arrivée du héros sur le lieu 1 : auberge Complication : entrée en scène d’un agresseur Dessein de l’agresseur : mutilation de l’auxiliaire magique

Méfait : tentative de vol

Echec et punition : l’agresseur est collé à l’auxiliaire magique Même transformation avec un autre personnage

Même transformation avec un troisième Personnage

Péripétie 2

Arrivée sur le lieu 2 : église

Complication : action magique sur un quatrième personnage Même transformation avec un cinquième personnage

Séquence 2

Péripétie 3 Arrivée sur le lieu 3 : campagne

Complication : action magique sur un sixième personnage Même transformation avec un septième personnage

1

Situation finale

Résolution

Fin

Arrivée du héros sur le lieu recherché : château

Annonce d’une tâche difficile dont l’accomplissement pourrait satisfaire la quête du héros Réussite à l’épreuve

L’objet de la quête est atteint.

L’auxiliaire magique a rempli sa fonction : rupture de l’ensorcellement Mariage et montée sur le trône du héros

Afin de faire émerger par l’entretien ce que l’enfant saisit de ce conte, nous avons élaboré un dispositif expérimental comprenant sept items.

1er item : « De quoi ça parle ? » 2e item : « C’est quoi une oie ? »

3e item : « Pourquoi le vieux monsieur donne une oie au garçon ? » 4e item : « Pourquoi Nigaudon part de chez lui ? »

5e item : « Pourquoi Nigaudon veut faire rigoler la princesse ? » 6e item : « Pourquoi tout le monde veut toucher l’oie ? »

7e item : « C’est quoi ton moment préféré ? », « Tu voudrais être quel personnage ? » Dans certains cas, nous jugeons intéressant de procéder à des « explorations ». Nous suspendons alors le cours normal de l’entretien pour interroger l’enfant sur un point précis. III) Nous nous appuyons sur les discours de quatre enfants : Noémie, Clément, François- David et Kévin, ce dernier répondant à nos questions après deux écoutes du conte.

1) Nous obtenons trois types de réponses au premier item : l’énumération des personnages à la suite de laquelle nous procédons à une exploration, la restitution du début de l’histoire et le résumé du conte.

L’énumération des personnages de Noémie (exemple 5) répond en fait à la question « De qui ça parle ? », nous pouvons supposer qu’entre tous les éléments qui constituent un conte, ce que les enfants se représentent en premier, et le plus aisément, ce sont les personnages et leurs interactions.

La restitution du début se fait généralement dans la hâte de vouloir répondre vite, mais en détaillant autant le début, l’enfant finit par perdre de vue la fin de l’histoire (exemple 6). Quoiqu’il en soit en explicitant ce qu’il sait du début de l’histoire, l’enfant inclut des détails qui témoignent du fait qu’il a une compréhension parcellaire du conte, et non pas globale.

Le résumé que François-David tente de faire du conte confirme cette constatation (exemple 7). Bien qu’il s’agisse d’une espèce de reformulation de la globalité du conte, il n’en reste pas moins que les caractéristiques du résumé attestent d’une fragmentation des

événements relatés par l’enfant. Le conte est ici résumé comme une succession de moments sans lien de causalité et sans objectif final.

2) L’item n°2 permet de mettre en évidence la manière dont l’enfant se représente un élément particulier, qui existe bel et bien, relevant donc du vécu, mais qui est placé ici au centre du mécanisme merveilleux, relevant donc aussi du narré.

Seule Noémie (exemple 8) donne la bonne acception du terme, à savoir l’animal. Noémie dit qu’« une oie, ça va dans l’eau ». Elle en a déjà vue à la ferme et inclut dans sa réponse un peu de son vécu.

Les autres enfants confondent l’oie et la noix. Certains pensent que c’est d’une noix qu’il s’agit dans l’histoire. Cette confusion témoigne de la pensée mythique à laquelle l’enfant peut se soumettre quand il se trouve confronté à l’inconnu. Dans la pensée mythique, l’objet est hypostasié et devient conforme au mot. Ainsi, si la noix est plus familière à l’enfant que l’oie, il peut construire une représentation de l’histoire, et donc de cet élément, déformée par cette tendance à comprendre en premier ce qu’il connaît déjà.

Le fait aussi que la suite « une oie d’or » soit réitérée à maintes reprises au fil de l’histoire peut prêter à confusion. Il peut très bien confondre les deux signifiés par fausse coupe. Par ailleurs, les attributs de l’auxiliaire magique, ailes, pattes, plumes en or, ne semblent pas contrarier ces enfants qui ont recours à la pensée mythique.

François-David (exemple 9) définit l’oie ainsi : « une oie c’est quand elle a des ailes, et

après elle a des pattes, et après elle a … une oie c’est d’or ». Jusqu’ici rien ne laisse penser

qu’il confond l’oie et la noix, mais quand nous lui demandons s’il en a déjà vue, nous apprenons avec surprise que « moi j’ai vu une oie de écureuil, un écureuil avec une noix

collée sur ses fesses ». Il assimile la noix à l’auxiliaire magique.

Kévin (exemple 10) distingue l’oie et la noix « y en a deux genres : une à manger, pis

une qui va dans l’eau ». Il précise « y a une noix pis une oie » mais ne sait pas de laquelle il

s’agit dans l’histoire.

3) L’item n°3 porte sur la représentation que l’enfant se fait du don, mais aussi des liens de causalité entre les actions des personnages.

Pour nous aider à situer les raisons invoquées par les enfants par rapport au don, nous établissons ce tableau.

CAUSALITE

Cela entraîne cela

Donateur Mise à l’épreuve

DON Pouvoir de l’objet trouvé Héros Preuve de gentillesse Partage de nourriture

Action pour acquérir le don : couper l’arbre

Acquisition d’un objet magique

Enfant invoquant cette raison Clément Kévin François-David Noémie

Les réponses de Noémie (exemple 11) et de François-David attestent d’une confusion de la cause avec la conséquence. Clément et Kévin (exemple 12) saisissent plus ou moins précisément la cause entraînant le don.

4) L’item n°4 vise à montrer ce que l’enfant comprend dans la quête du héros, qui avec son auxiliaire magique, va parcourir le monde à la recherche du bonheur. Dans la version racontée par l’institutrice, il n’est pas fait mention de la quête de fortune et de bonheur proprement dite. Nous ne pouvons donc pas attendre des enfants qu’ils en parlent explicitement.

Selon l’ordre des questions, les enfants traitent du départ de Nigaudon soit pour aller couper du bois, Noémie (exemple 13) explique que Nigaudon en avait « marre » de ses parents car ils « l’ont trop agacé », soit pour parcourir le monde, Kévin dit qu’il part « parce

que il veut aller se promener ».

5) Dans l’item n°5 qui vise à montrer ce que l’enfant saisit de la mise à l’épreuve, de l’éventualité d’une récompense, ils comprennent tous que si Nigaudon parvient à faire rigoler la princesse il pourra se marier avec elle. Nous demandons aux enfants de réfléchir en amont, à savoir pourquoi la princesse rigole. Seule Noémie (exemple 14) a compris qu’elle rigole à cause des gens accrochés à l’oie, elle semble saisir l’ironie d’une telle situation.

6) L’item n°6 porte sur la distinction des raisons qui poussent les gens à toucher l’oie. L’enfant saisit-il cet acte comme un méfait vis-à-vis de l’oie ou comme une aide apportée à ceux qui y sont collés ?

Nous notons trois types de réponses : pour décoller les gens, pour voler une plume, car l’oie est méchante. Noémie, François-David (exemple 15) et Kévin (exemple 16) distinguent les deux types de personnes qui veulent toucher l’oie bien que la distinction ne soit pas explicitée clairement. Clément ne cite qu’une seule raison : arracher les plumes de l’oie.

Il nous apparaît ici, et à la suite des items précédents, que l’enfant ne cherche à établir des liens qu’entre les faits contigus. Il ne les considère pas dans leur ensemble.

7) L’item n°7 fait appel à une évaluation personnelle de l’enfant à propos de l’histoire. Il se trouve souvent dérouté et se réfère dans sa réponse à un moment merveilleux du conte ou à son vécu, comme François-David (exemple 17) qui raconte l’histoire de Boucle d’Or et les

Trois Ours, manifestation de l’inclusion du vécu intertextuel dans son métadiscours.

3) La reformulation entre pairs

I) Le deuxième protocole que nous réalisons est la reformulation par des enfants à qui nous avons lu un conte à d’autres enfants qui ne le connaissent pas.

La reformulation est ici envisagée comme un phénomène énonciatif : l’enfant reprend, en le reformulant, le discours-source. Sa reformulation peut être caractérisée par une « hétérogénéité constitutive » pour reprendre l’expression de Jacqueline Authier-Revuz1, puisqu’elle se fonde sur le discours de l’autre. La reformulation a une fonction explicative dans le sens où elle réactualise en la déformant et en l’altérant la signification du discours- source pour aboutir à un discours-cible, reflet des contenus véhiculés et compris.

Nous lisons le conte en suivant les indications de changements de voix, de rythme et de ton proposées en marge dans l’ouvrage dont est extrait le conte. Nous fournissons aussi un support visuel : cinq dessins représentant chacun un moment important de l’histoire.

Abracabondébara, conte moderne de Patrice Kes publié en 1991 dans le magazine pour

enfants Toboggan, est un conte que les enfants ne connaissent pas, ce qui permet de donner à l’enfant-conteur une place d’initiateur dans sa reformulation à l’enfant-récepteur. Ce conte est relativement court et simple, il devrait donc leur être facilement accessible.

II) Ce conte présente une structure à deux voix. La structure du conte est détaillée dans le tableau suivant toujours d’après les critères de Propp. Dans la première partie du conte, ce sont les événements relatifs à la fée Eglantine qui sont relatés, dans la seconde partie, ce sont les événements relatifs à Jérôme, le lapin, qui sont relatés. Entre les deux, intervient un passage où une interaction se joue entre eux.

1 AUTHIER-REVUZ Jacqueline, 1995, Ces mots qui ne vont pas de soi. Boucles réflexives et non-coïncidences du dire, Paris : Larousse, coll. Sciences du langage.

Contrairement à certains contes dans lesquels le merveilleux se manifeste sous la forme d’un élément particulier s’insérant dans la quotidienneté, le merveilleux est inhérent dans

Abracabondébara. En effet, ce conte semble être pris tout entier dans le merveilleux comme

le montre l’identité du premier personnage à entrer en scène, la fée Eglantine, l’humanisation du lapin Jérôme, les potions magiques, la transformation de Jérôme en Superlapin et ses pouvoirs et enfin la transformation des chasseurs. La société dans laquelle les personnages évoluent relève aussi du merveilleux car les lapins et les humains sont caractérisés de la même manière : ils parlent, se comprennent mutuellement et éprouvent des sentiments.

Dans

Abracabondébara

Pour Eglantine Pour Jérôme

Mise en place du contexte spatio-temporel et présentation du personnage

principal

Situation initiale

Situation initiale Départ d’Eglantine pour la forêt

Complication 1 Les chasseurs éclaboussent