• Aucun résultat trouvé

Note relative au faire interprétatif

Claude ZILBERBERG

Les deux grands événements littéraires de mon temps, invisibles naturellement à la critique, – sont : le sentiment de plus en plus net des propriétés du

langage, la tendance d’agir sur le langage non plus

par hasard et une fois mais par systèmes, (…)

Et puis : la musique ; et cet autre événement accompagne, complète, accélère le premier.

Valéry

Le titre que nous avons retenu manque de courage. Il aurait par déférence à l’égard de Mallarmé dû comporter le terme de « divagation » que le poète a retenu pour ses textes analytiques, sans pour autant rejeter l’acception courante laquelle fait état notamment de la divagation du bétail hors des limites prévues. Puisqu’il sera question de la relation entre le poème et la langue, il est clair que l’acception péjorative courante de « divagation » n’est pas à écarter non plus…

Le langage pour Mallarmé n’est pas un instrument au service d’une volonté d’expression, mais le dépositaire même du sens – de là la sacralité qui l’enveloppe. Valéry a parfaitement vu cet effacement de l’énonciateur certain d’être en possession du code occulte de la langue : « Mais, au fait, qui parle dans un poème ? Mallarmé voulait que ce fût le

Langage lui-même1. ». Toutefois, parler de rapport à la langue, c’est trop dire : c’est du rapport à la lettre dont il est question, puisque, au nom d’une décision exorbitante, inouïe, les lettres mallarméennes ont un contenu et ce contenu est un contenu sémique, comme Les mots

anglais s’emploient à le montrer. L’écriture mallarméenne est donc sous le signe de la « retrempe » : retrempe du sens dans la lettre, puisque le signifiant signifie, non pas

arbitrairement comme l’explique le Cours de linguistique générale, mais littéralement. Le parti adopté par Mallarmé éclaire a contrario celui de Valéry : « Pour moi – ce serait – l’Etre vivant ET pensant (contraste, ceci) – et poussant la conscience à la capture de sa sensibilité –

développant les propriétés d’icelles dans leurs implexes – résonances, symétries, etc. – sur la

corde de la voix. En somme, le Langage issu de la voix, plutôt que la voix du Langage. » L’affirmation de la dépendance du sens à l’égard de la langue utilisée est relativement courante. Pour certains, Aristote n’aurait fait que théoriser la grammaire de la langue grecque,

1

comme s’il était impossible pour un énonciateur de professer un sens qui soit indépendant de la langue qu’il parle. Maximaliste à ce sujet, Hjelmslev écrit : « La langue est la forme par

laquelle nous concevons le monde1. » 1 – Limite de l’immanence

C’est à partir de cet horizon incertain que je voudrais développer devant vous une hypothèse un peu folle, de celles qui, dit-on, vous traversent subitement l’esprit, vous visitent auraient dit les Anciens ; la seule liberté qui nous reste : la chasser ou l’accueillir, sinon la cueillir… En effet, elle prend à contre-pied le modèle formulé dans les années 70 résumé par une formule empruntée à la justice : Le texte. Tout le texte. Rien que le texte. Comme tous les slogans, la formule de loin paraît évidente ; examinée de près, elle est moins nette.

Le texte ? De notre point de vue, la formulation de cette première exigence est fautive :

ce n’est pas l’article défini le qui convient, mais le démonstratif singularisant ce qui postule que ce texte est porteur de valeur(s) précises. À cet égard, la question de la valeur, centrale pour la sémiotique comme pour les sciences humaines, reste d’un maniement délicat. Pour les linguistes et les sémioticiens, la problématique de la valeur est dominée par le quatrième chapitre du Cours de linguistique générale, mais le terme de valeur ne figure pas dans la liste des définitions qui clôt les Prolégomènes. Le geste de Saussure est double : (i) identification de la valeur et de la différence, celle-ci définissant celle-là ; (ii) articulation de la valeur comme intersection "paradoxale" de deux relations : « Elles [les valeurs] sont toujours

constituées : 1° par une chose dissemblable susceptible d’être échangée contre celle dont la valeur est à déterminer ; 2° par des choses similaires qu’on peut comparer avec celle dont la valeur est en cause2. » Il est clair que cette approche n’a pas reçu l’attention qu’elle méritait. Greimas a proposé une médiation permettant le passage des valeurs-formes constitutives des unités vers les valeurs-fins de la narrativité, qui a eu peu d’écho3, les sémioticiens se contentant d’opposer l’objet de valeur au titre du signifiant à la valeur de la valeur au titre du signifié. La plupart du temps, les valeurs sont formulées indépendamment des contre-valeurs qu’elles présupposent selon Saussure. Ainsi, pour Lévi-Strauss, le déchiffrement du sens propre à tel micro-univers concerne la circulation des femmes, des biens et des messages ; la théorie marxienne de la valeur attribue à la valeur un référent exclusif : le travail ; la théorie freudienne pose également des valeurs sans contre-valeurs et met l’accent sur la disjonction

1 HJELMSLEV Louis, 1971, Essais linguistiques, Paris : Les Editions de Minuit, p. 173. 2 SAUSSURE (de) Ferdinand, 1962, Cours de linguistique générale, Paris : Payot, p. 159.

3 GREIMAS Algirdas Julien, 1983, « Un problème de sémiotique narrative : les objets de valeur », Du sens II, Paris : Les Editions du Seuil, p. 23.

d’avec la valeur, disjonction qui fait du sujet un sujet inconsolable. Le statut de la valeur reste à plusieurs égards obscur.

Tout le texte ? Comment ne pas applaudir ? Mais aussitôt se met en travers l’œuvre

immense de G. Bachelard qui procède par sélection et extraction et qui voit dans l’allongement du texte et de son commentaire un désaveu croissant du texte : le sens est de l’ordre de l’événement et la durée virtualise la concentration qui fait à ses yeux la force, la beauté et la qualité de l’image, seule grandeur discursive que Bachelard reconnaisse. La question de l’exhaustivité se pose en termes différents pour le plan de l’expression et pour celui du contenu. Elle est aisément contrôlable dans le plan de l’expression, mais dans le plan du contenu ? Cette appréciation suppose une sémiotique achevée, ce qui est un oxymoron… La sémiotique déplace, se déplace, mais progresse-t-elle ? Les critères manquent pour trancher dans un sens ou dans un autre.

Rien que le texte ? Cette partie de la formule est certainement la plus contestable. Le

dilemme rappelle celui qui domine le genre policier : d’un côté E.A. Poe, champion de l’immanence, de l’autre S. Holmes, champion de la transcendance, mais dans la réalité, et la mis en place de la police dite scientifique le prouve, c’est la méthode de Holmes qui sert de modèle et non celle – en principe géniale – de Poe. Pourquoi, en présence de la délicatesse du sens, se priver de concours précieux ? Les écrits de Baudelaire sur l’esthétique ne contredisent pas sa poésie – loin de là. Ces mêmes écrits de Baudelaire sont superposables avec l’étude admirable que Proust consacre au poète sous le titre À propos de Baudelaire1.

2 – La méthode

Le faire interprétatif n’est évidemment pas monolithique, mais les lignes de partage ne sont pas claires, sans doute parce qu’elles reçoivent leurs caractéristiques de la diachronie. Pour les besoins de cette étude, nous distinguerons les directions interprétatives à partir de leur approche du signifiant et du signifié : (i) dans le plan de l’expression, le partage est celui de l’exhaustivité ou de la partitivité s’attachant à un extrait ; (ii) dans le plan du contenu, le partage élémentaire est celui qui place en vis-à-vis le contenu trouvé et le contenu retrouvé par postulation d’une grammaire contraignante. Soit le système simple :

1 PROUST Marcel, 1973, « À propos de Baudelaire », Contre Sainte-Beuve, Paris : Gallimard, coll. La Pléiade, pp.618-639.

contenu

expression ↓ contenu retrouvé ≈ légalité ↓ contenu trouvé ≈ singularité ↓ exhaustivité → 1 légalité antécédente → - psychanalyse 2 - phénoménologie - sémiotique partitivité → 3 légalité référentielle → - réalisme 4 - Bachelard - “attention flottante”

Nous nous intéresserons à la quatrième case où apparaît le nom de Bachelard. Cette case est définie par l’intersection de la singularité et de la partitivité. Malgré les nombreuses explicitations qu’il a prodiguées, la pratique et l’empathie personnelles de Bachelard ne sont pas reproductibles. Ce qui n’est pas le cas de ce que l’on a appelé l’“attention flottante” due à A. Ehrenzweig : « Le fait important, c’est que la structure indifférenciée de la vision

inconsciente (subliminale), loin d’être structurée de manière inadéquate ou chaotique comme elle le semble a priori, manifeste des capacité largement supérieures à celle de la vision consciente1. » Rapportée aux analyses méthodiques argumentées, cette approche est concessive et quelque peu provocatrice, puisqu’elle abolit la distance et prétend être en contact immédiat avec la structure ; à l’égard du destinataire, il y a là une manière de défi puisqu’il est comme placé devant un fait accompli. Ceci dit, nous nous proposons de montrer que, lors de l’appréhension de certains textes, des détails se saisissent de l’attention, peut-être parce que tout se passe comme si l’écrivain écrivait dans les “blancs” de sa propre langue, comme si ici ou là le créateur faisait un pas au-delà des « mots de la tribu ». Ces “blancs” ne sont pas des vides, mais des espaces que d’autres langues occupent, tant il est vrai que la totalité – de droit et non de fait bien sûr – des langues constitue l’horizon à partir duquel chaque langue avec ses mérites et ses carences se détache.

Rimbaud et le chantier

Notre premier exemple est emprunté à une analyse portant sur le poème Bonne pensée

du matin de Rimbaud. La seconde strophe :

1 Cité par RUSSEL John, 1993, Francis Bacon, Paris : Thames & Hudson, p. 22. Le livre de EHRENZWEIG Anton, L’ordre caché de l’art, a été publié en 1967.

Mais là-bas dans l’immense chantier Vers le soleil des Hespérides,

En bras de chemise les charpentiers Déjà s’agitent.

comporte une grandeur plus prosaïque que poétique selon le canon en vigueur dans le micro- univers littéraire de la seconde moitié du dix-neuvième siècle : le chantier. Celui-ci est un espace complexe que le Micro-Robert aborde en ces termes : « 1° Lieu où se fait un vaste travail collectif sur des matériaux. Chantier de construction. Travailler sur un chantier.

Chantier naval. 2° Loc. Mettre (un travail, etc.) sur le chantier, en chantier : commencer. » D’emblée, le chantier est traité selon les termes de l’ascendance tensive : si nous introduisons le terme d’atelier qui est, selon le Micro-Robert, un lieu de travail, le chantier ressort aussitôt comme une figure du relèvement susceptible d’être amplifiée :

“chantier” ↓ relèvement “immense chantier” ↓ redoublement

Pour la spatialité, l’opposition est celle du clos et de l’ouvert :

Il nous faut revenir à la définition du chantier et notamment à la séquence : vaste travail

collectif. Dans le premier volume de La philosophie des formes symboliques, Cassirer

souligne la prodigieuse richesse des formes verbales et relève dans certaines langues – bien éloignées de celles qui nous sont familières – l’existence d’une « forme coopérative » manifestement pertinente pour notre lecture : « Certaines langues utilisent des infixes

collectifs particuliers pour suggérer que l’action, quelle qu’elle soit, est entreprise en groupe et non individuellement.1 ». Le nombre des sujets agissants instruit le paradigme des possibles de la coopération : « Pour ce qui est de la forme de la coopération de plusieurs individus, il

est avant tout significatif de savoir si cette coopération est tournée uniquement vers l’extérieur ou vers l’intérieur, c’est-à-dire si une pluralité de sujets affrontent un objet unique, une simple chose, ou si les individus sont eux-mêmes, dans leur action, alternativement sujet et objet. Cette dernière conception donne naissance à la forme d’expression créée par le langage pour désigner l’action réciproque2. » Le chantier, lieu d’un

1 CASSIRER Ernst, 1985, La philosophie des formes symboliques, tome 1, Paris : Les Editions de Minuit, p.222. 2

vaste travail collectif, est donc le lieu d’une coopération étendue, et c’est lui qui pallie

l’absence en français d’un verbe parfaitement possible, à notre portée : cotravailler –. qui n’existe pas.

Ce n’est pas tout : la définition du Micro-Robert comporte encore une séquence : sur des

matériaux dont la fonction nous permet de décrire la situation initiale des deux classes

d’acteurs : l’action des ouvriers est, selon l’expression de Cassirer, « tournée vers

l’extérieur » tandis que celle des amants de la première strophe, tour à tour sujets et objets, est

réciproque. De là trois remarques risquées : (i) le dictionnaire est, en certaines circonstances, le négatif – en l’acception photographique – du poème : à son insu, le poème analyse et consacre le dictionnaire, si nous savons les lire pour ce qu’ils sont ; (ii) probablement pour les plus grands, leur discours est motivé par les “blancs” de la grammaire singulière dans laquelle ils s’expriment ; (iii) pour un esprit qui possèderait toutes les grammaires du monde, et Cassirer semble parmi les maîtres à penser – c’est du moins notre sentiment – s’être avancé très loin dans cette voie, les contenus des discours lui apparaîtraient, par-delà les spécifications mineures des genres, tantôt discursivisés, tantôt lexicalisés, tantôt enfin grammaticalisés. À ce moment du texte, si les ouvriers dans l’immense chantier sont aux prises avec un matériau, donc avec l’altérité, les amants situés sous les bosquets ont affaire dans leur sommeil à leur identité, dans l’éveil à leur réciprocité.

Valéry et l’existence

Notre second exemple est emprunté à un ensemble de textes figurant dans les Cahiers sous l’intitulé Petits poèmes abstraits (dorénavant PPA). Taxé hâtivement, ordinairement qualifié de « néo-classique », c’est un poète-analyste et de la perception sensible et de son dépassement qui se découvre au lecteur. Nous avons choisi à dessein un fragment d’un haïku à la française un poème qui du moins dans sa visée aborde la relation à poser entre la temporalité et le sensible :

“Calme – Prêtre de Kronos Ö Temps –

Quoique rien ne se passe de sensible quelque chose – on ne sait où

croît.

L’être immobile (que l’on est) au sein d’un lieu immobile aux yeux et aux sens agit-il par là1 ?”

Le quatrième vers ou verset énonce un verbe lourd de sens pour bien des cultures :

croître. En principe, c’est-à-dire, selon les grammaires scolaires qui fondent la doxa, nous

disposons de deux auxiliaires : être et avoir, mais entre les deux, la balance est loin d’être égale. La philosophie affiche une préférence nette pour l’auxiliaire être et abandonne l’auxiliaire avoir à l’économie politique. De même, la diachronie a traité différemment ces deux grandeurs : l’auxiliaire être a une histoire que l’on peut dire grosso modo déceptive en ce sens que l’auxiliaire être est aujourd’hui une copule désémantisée joignant un sujet et un prédicat – ce qui n’a pas toujours été le cas ; selon Cassirer : « Le fait que la langue utilise un

seul et même mot pour désigner le concept d’existence et celui de liaison prédicative est un phénomène très répandu, qui ne se limite pas à des groupes linguistiques singuliers2. ». Le verbe être pour l’indo-européen était un auxiliaire aspectuel, ou ce qui revient au même, même si cette identification n’est plus immédiatement à notre portée, existentielle : « (…) les

multiples désignations servant à exposer l’être prédicatif remontent toutes à une signification originaire, l’existence (…)3 ». Les équivalents actuels plausibles sont croître, devenir, engendrer. Le même phénomène est, toujours selon Cassirer, amplifié dans les langues

germaniques qui ajouteraient les sens de demeurer, durer, persister, habiter. Notre verbe

croître conserve bien sûr le sens aspectuel qui saisit l’intervalle compris entre le germe et le

terme de la croissance, mais non le sens existentiel actuel, ce que François Jullien appelle à propos de la pensée chinoise la « processivité »4 immanente du vivant.

1

VALÉRY Paul, 1974, Cahiers, tome 2, Paris: Gallimard, coll. La Pléiade, p. 1291. 2

CASSIRER, La philosophie des formes symboliques, ouvr. cité, p. 291. 3 CASSIRER, ouvr. cité.

4 Selon François JULLIEN : « Plus précisément, ce que les Chinois n’ont cessé de penser, selon un même régime, sans avoir dès lors à distinguer entre le cosmologique et le moral, ou la nature et l’histoire, est “ce par quoi” tout procès est en procès : cette capacité propre à du réel, tant qu’il est régulé, de venir continuellement à la vie et de durer ; ce qu’ils n’ont cessé de patiemment d’élucider, autrement dit, est, non le “temps“, mais la

processivité. ». JULLIEN François, 2001, Du “temps” – Eléments d’une philosophie du vivre, Paris : Le collège

Sans prétendre épuiser la question ici, toute existence selon Valéry présente deux traits : l’invisibilité et la supra-humanité. L’existence échappe à la perception immédiate ; l’existence est synonyme de silence : « Silence, végétal. L’arbre de lui-même ne fait aucun bruit. Tout

son mouvement propre est de croître. Il laisse ses fruits tomber de lui. Les bras morts lui tombent à coups de vent1. ». On le voit : la vie dans le plan de l’expression est complexe, concessive dans le plan du contenu. Le second trait, de position, est lié à la réciprocité de deux immobiles dont l’un agit et l’autre subit, sans pour autant pénétrer comment l’agir du premier devient pour lui un subir. La genèse de la vie nous est incompréhensible : « Nous ne

pouvons pas, en effet, imaginer une progression assez lente pour amener le résultat sensible d’une modification insensible, nous qui ne percevons même pas notre propre croissance2. ». Autrement dit, Valéry retrouvait en tant que poète un contenu que les langues indo- européennes trouvaient dans leur grammaire, à savoir pour certains la déhiscence même de la présence et de l’existence.

Baudelaire et la porosité

Notre troisième exemple porte sur les deux premiers vers magiques du poème Le flacon de Baudelaire :

Il est de forts parfums pour qui toute matière Est poreuse. On dirait qu’ils pénètrent le verre.

Une fois encore, c’est l’amplitude de la concession qui est donatrice de l’objet. En effet, comme ne pas ressentir une "petite" stupeur en prenant connaissance de ces deux vers ? L’industrie méritoire du flaconnage n’est-elle pas ici prise à contre-pied ? Le verre n’est-il pas immémorialement le signifiant de l’étanchéité ? Dans ce cas, la tension entre la porosité et l’étanchéité est extrême. Les deux vers admettent la paraphrase appuyée : en présence du parfum, toute matière, y compris le verre, est poreuse. Là encore, nous nous proposons de montrer que ces deux vers hantent une région que la grammaticalité du français n’a pas vraiment reconnue : la délicatesse des positions et des déplacements possibles des corps dans l’espace, que Hjelmslev aborde dans les dernières pages de La catégorie des cas. Les deux vers de Baudelaire ressortissent à la syntaxe que nous disons extensive, celle qui traite des opérations de tri et de mélange. La configuration du “parfum” a pour pertinence non sa fragrance sanctionnée par la formule : Ça sent bon !, mais par sa force de pénétration et de diffusion dans le corps d’accueil. Aux yeux de Baudelaire, cette opération de mélange

1 VALÉRY Paul, Cahiers, tome 2, ouvr. cité, p. 1263.

2 VALÉRY Paul, 1968, « L’homme et la coquille », Œuvres, tome 1, Paris : Gallimard, coll. La Pléiade, pp. 902- 903.

affirme, dans la mesure où elle est superlative, la valeur. Sans entrer dans les explicitations nécessaires, nous dirons ici que la valeur comporte deux volets : la superlativité et la concessivité, ce qui nous a conduit à identifier la valeur en discours comme un superlatif-