Tout au long de la problématique, nous avons posé plusieurs questions en lien avec les équipes de santé au travail, la collaboration interprofessionnelle et la prévention durable des risques professionnels. Nous allons évidemment tenter de trouver des réponses à la majorité de ces questions dans le cadre de nos travaux.
Ainsi, dans le cadre de notre thèse de doctorat, notre question de recherche centrale est la suivante : comment les pratiques de collaboration interprofessionnelle au sein des équipes
de santé au travail lors de la trajectoire d’élaboration des PSSE influencent la prévention durable des risques professionnels dans les entreprises?
À travers cette question, nous pourrons ainsi comprendre, au sens wébérien du terme3, les
pratiques de collaboration interprofessionnelle durant l’élaboration des PSSE, les conditions de réalisation du travail qui permettent ou empêchent cette CIP, de même que les liens avec la prévention durable des risques professionnels.
3 Selon Gonthier (2004 : 35) : « la compréhension permet de recomposer le sens d’une activité. Dans la
mesure où l’activité se définit comme la conduite que le sujet investit d’une signification, comprendre veut dire retourner au processus de production du sens, qui s’exprime dans les différents motifs par lesquels les sujets rendent compte de leurs comportements ». C’est ce que nous entendons par le terme
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De plus, à travers cette question et les pratiques de collaboration interprofessionnelle, nous pourrons analyser si effectivement des collectifs de travail inter-métiers se sont formés dans les équipes d’intervention, voire dans les ÉSAT plus globalement, et leurs effets sur la prévention durable des risques professionnels.
Par ailleurs, nous sommes conscients qu’il peut paraître ambitieux de répondre à une question si vaste, et tenter en même temps de faire progresser les connaissances en lien avec les collectifs de travail. Par contre, il nous apparaît plus important de faire des liens entre différents concepts, et ainsi faire avancer les connaissances que d’approfondir un seul concept en silo. Provenant des relations industrielles, département multidisciplinaire, nous considérons important dans nos travaux d’utiliser cette transversalité, cette interdisciplinarité, pour créer des liens entre nos concepts de recherche.
Trois hypothèses sous-tendent nos travaux.
La première est que les trois étapes (la visite de connaissance préalable, la présentation du PSSE et les activités de suivis) de la trajectoire d’élaboration d’un PSSE donnent lieu à des formes différentes de pratiques de collaboration interprofessionnelle.
La seconde est que ces pratiques de collaboration interprofessionnelles sont influencées par plusieurs éléments du contexte, dont la structuration de l’action collective, le partage des ressources entre les partenaires et les liens entre ceux-ci, notamment la reconnaissance de leurs compétences professionnelles réciproques.
Enfin, notre troisième hypothèse est que les pratiques de collaboration interprofessionelle provoquent des effets d’une part sur les intervenants eux-mêmes, notamment en termes de satisfaction au travail, et d’autre part sur la prévention durable des risques professionnels.
Conclusion sur la problématique
Dans cette partie, nous avons abordé les questionnements soulevés par les ÉSAT et vu comment celles-ci devraient élaborer les PSSE. Au regard de ces éléments, l’étude de la
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collaboration interprofessionnelle apparaît comme incontournable dans l’analyse du travail réel des ÉSAT. Enfin, nos préoccupations font écho aux travaux des spécialistes en santé et sécurité à l’heure actuelle, à savoir que les interventions en prévention devraient avoir des impacts à long terme dans les entreprises, autrement dit être durables. Nous avons reliés ces trois concepts/notions dans une problématique et fait émerger trois hypothèses principales à notre travail.
Dans le prochain chapitre, nous présenterons et analyserons les fondements théoriques qui sous-tendent nos travaux, à savoir l’ensemble de nos préconceptions qui teintent d’une façon ou d’une autre, pour le meilleur ou pour le pire, nos analyses.
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CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE – DE
L’ERGONOMIE DE L’ACTIVITÉ À L’OPÉRATIONNALISATION DE
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Introduction
Dans le chapitre précédent, nous avons posé l’objet de notre thèse, à savoir la collaboration interprofessionnelle dans les ÉSAT. Nous avons également abordé la question de la prévention durable des risques professionnelles, qui traduit notamment l’idée que les interventions en prévention devraient produire des résultats à long terme. Ainsi, nous cherchons à comprendre en quoi les pratiques de CIP dans les équipes de santé au travail permettent ou non la prévention durable des risques professionnels dans les entreprises.
Dans ce chapitre-ci, nous poserons les bases théoriques de notre recherche. D’abord, nous présenterons la discipline dans laquelle nos travaux se situent, à savoir l’ergonomie de l’activité, en lien avec le champ des relations industrielles. Par la suite, plusieurs concepts seront expliqués et définis, ce qui nous permettra de mieux situer la « collaboration interprofessionnelle » par rapport à ces autres concepts similaires provenant certes de l’ergonomie mais également de la sociologie du travail et des sciences de la gestion. Nous parlerons ainsi du travail collectif, d’activité collective conjointe, de collectifs de travail et de collectifs transverses. Enfin, nous conceptualiserons notre question de recherche en mettant en avant notre propre modèle d’analyse des pratiques de collaboration des ÉSAT, les conditions de réalisation de celles-ci et les effets de ces pratiques sur les intervenants en santé au travail mais aussi sur la prévention durable des risques professionnels dans les établissements.