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La place de l’ergonomie dans les relations industrielles

2.1. L’ergonomie de l’activité

2.1.1. La place de l’ergonomie dans les relations industrielles

Ainsi, avant même de faire une thèse ayant l’ergonomie de l’activité comme cadre théorique principal, nous réalisons une thèse en relations industrielles. Nous allons ainsi résumer brièvement de quoi est constitué ce champ de recherche.

De fait, si l’expression « relations industrielles » a été utilisé pour la première fois par Carter Adam en 1886 (D’Amours, 2015 : 12), c’est réellement au début du 20ème siècle que l’étude

des problèmes du travail prennent de l’ampleur aux États-Unis (Hallée, 2012a : 76), et dans les années 40 en Grande-Bretagne (Kaufman, 2010 : 74) à partir des écrits sur la démocratie industrielle de Béatrice et Sydney Webb. Ces derniers sont les premiers qui posent cet axiome fondamental des RI : le travail n’est pas une marchandise (Frege, 2008 : 39).

À la suite de la première guerre mondiale, trois grands modèles politiques cohabitent dans le monde occidental : les communistes en Russie, les fascistes en Allemagne et en Italie et les capitalistes aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et dans plusieurs autres pays européens. Pour Piore, les RI sont apparus d’abord comme une réponse au communisme. Il fallait trouver une idéologie acceptable pour empêcher les travailleurs de basculer dans le camp révolutionnaire. Une fois le communisme disparu, dans les années 80, la nécessité de faire des concessions disparaît également et les RI en sont alors ébranlées dans leurs fondements (Piore, 2011 : 795-797).

Au fil des années, de nombreux courants ont traversé les relations industrielles, à l’image des sciences sociales tout au long du 20ème siècle : l’école allemande qui utilise l’histoire, l’économie et la sociologie (Lallemant, 2005 : 366-368) pour résoudre les « problèmes du travail » (Giles et Murray, 1996 : 67), l’institutionnalisme avec Commons et Perlman (Kaufman, 1993 : 29-35), le fonctionnalisme avec Dunlop comme chef de file (1976), l’école

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du choix stratégique de Kochan, Katz et McKersie (1986) et la théorie de la régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud (De Terssac, 2003).

La théorie de la régulation sociale

Cette théorie de la régulation sociale (TRS) en particulier permet de faire le pont entre l’ergonomie et les relations industrielles. De fait, Jean-Daniel Reynaud a été l’un des auteurs qui a eu une grande influence au Québec en relations industrielles. Reynaud est le principal auteur de la TRS, avec Gilbert De Terssac. Ainsi, la question fondamentale à laquelle cherche à répondre Reynaud est celle des mécanismes sociaux qui assurent la stabilité et l’inertie des systèmes sociaux.

Pour répondre à cette question, la TRS va puiser certains concepts dans différents courants en sociologie, dont ceux d’acteur, de règle, d’action collective, de conflit et de négociation.

Les acteurs

En ce qui concerne les acteurs, ceux-ci ont des buts qui leur sont propres et interprètent à leur façon les règles et le déroulement de l’action. Ils agissent parce qu’ils ont des bonnes raisons de le faire, et leurs décisions ont un sens pour eux. Par contre, pour Reynaud, cette interprétation n’est pas complètement indépendante du contexte dans lequel elle se produit. Il y a donc construction du sens par l’acteur, même si les buts et décisions des acteurs ne sont pas si « rigoureusement définis » (De Terssac, 2012 : 7).

Ce sont ces mêmes acteurs qui, dans leurs interactions, élaborent les règles, les font vivre et les transforment. C’est la régulation sociale pour lui. Les règles, par la suite, influence certainement le comportement des acteurs, et « la règle n’existe que dans l’interaction » (Reynaud, 2003a : 106). Les acteurs se soumettent aux règles sans toutefois être déterminés par elles (De Terssac et Reynaud, 1992 : 178). Les acteurs sont en mesure d’interpréter la situation, ils ont les ressources cognitives nécessaires, ils ne font pas que calculer en fonction de leurs intérêts comme dans la théorie économique néo-classique.

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Les règles

Les règles ne sont donc pas déterminées à l’avance dans la TRS. L’individu a sa place dans le modèle. Si on veut comprendre la cohésion sociale, il faut se demander comment les acteurs se coordonnent pour produire une activité collective plus grande qu’eux, alors que les comportements sont par nature individuels. En fait, pour Reynaud, ce sont les règles qui le permettent. Elles sont le produit de l’interaction entre des acteurs. Elles régulent et coordonnent les actions en un système possédant ses propres caractéristiques et sa propre finalité (De Terssac, 2012 : 8). La règle devient alors une contrainte auto-imposée, en quelque sorte, par un acteur au cours d’une interaction. En ce sens, les règles sont aussi des ressources pour les individus.

L’action collective

Ainsi, l’acteur est celui qui agit, qui effectue les actions. L’action, dans le modèle de Reynaud, n’est pas rationnelle comme l’entendent les économistes néo-classiques, tel que mentionné précédemment, mais est plutôt généralement raisonnable (Reynaud, 2003b : 320). L’action collective, de même, est une action commune qui engage plusieurs acteurs dans un projet commun. Un groupe est caractérisé par une orientation, une finalité et une intention.

Les acteurs étant en situation d’interdépendance les uns envers les autres, ils sont forcés, en quelque sorte, de négocier et de faire des compromis au cours d’interactions, justement. Ils construisent ainsi le système social (De Terssac, 2012 : 10). L’activité de régulation elle- même est importante, de même que la concurrence entre les différentes régulations.

Les individus sont ainsi membres de plusieurs groupes sociaux, tout comme une société est constituée de plusieurs groupes également. Chacun de ceux-ci ont ainsi leurs propres règles, et celles-ci peuvent entrer en concurrence avec les autres, autrement dit en conflit. Globalement, on se retrouve donc avec un système de règles plus ou moins cohérentes les unes avec les autres. Avec plusieurs systèmes de règles, en fait, et plusieurs sources de régulation. Il n’y a pas, toutefois, une conscience collective immanente qui viendrait s’imposer aux acteurs individuels. Reynaud, rappelons-le, n’est pas déterministe.

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La négociation

La négociation, enfin, pour Reynaud, est un « échange où les partenaires cherchent à modifier les termes de l’échange, [une] relation où les acteurs remettent en cause les règles et leurs relations » (Reynaud, 1999 : 15). Ce sont les règles communes qui sont négociées. Pour De Terssac, la conception de la négociation chez Reynaud s’apparente en fait au concept de négociation de Strauss en 1992 (De Terssac, 2012 : 12). La négociation n’est pas un simple marchandage mais plutôt l’invention d’un ordre social. Si les buts à atteindre sont généralement connus au sein d’une organisation, la façon de les atteindre n’est pas explicitée pour autant. Dans l’interaction, les acteurs négocient leur quotidien, ils inventent des solutions en fonction de la situation. Par contre, toutes les situations ne mènent pas à la négociation. Les parties peuvent décider de reproduire les règles en place.

Le travail consiste alors à produire, à sortir la production, et à produire des règles. Le collectif de travail se constitue ainsi dans la production de règles de métier. Reynaud définit la construction sociale des règles comme « la sanction en cas d’infraction, l’accord mutuel à propos de leur respect, leur légitimité et l’efficacité du projet pour lequel elles sont constituées » (Reynaud, 1989 : 37-46, cité par Carballeda, 1997 : 42). Il y a donc des sanctions si elles sont enfreintes et reposent sur l’accord mutuel des acteurs qui s’engagent à les respecter. De plus, elles passent à travers un processus de légitimation. Les acteurs considèrent que la règle est légitime, et qu’une sanction sera appliquée en cas de non- conformité. Il y a essentiellement trois sources de légitimité : l’usage ou la coutume, la conviction des acteurs « face aux intentions et/ou aux caractéristiques d’une action » (Carballeda, 1997 : 42) et le respect des lois. Reynaud, comme Weber, considère que ces sources de légitimité se combinent. Elles sont parfois également contradictoires et nécessitent une négociation entre les acteurs.

Cette négociation se traduit par des régulations chaudes ou froides pour Reynaud et De Terssac. La régulation chaude se fait au quotidien face aux aléas spontanés de la production. Il faut alors gérer l’écart entre le prescrit et le réel rapidement. Elle se produit donc en cours d’action, concerne tous les acteurs et débouche sur un compromis provisoire. En fait, tous les écarts entre le prescrit et le réel ne donnent pas lieu à une régulation chaude. Souvent, le travailleur va simplement modifier son mode opératoire. Pour qu’il y ait régulation chaude,

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ça prend au minimum une interaction entre plusieurs opérateurs, ou encore entre le représentant de la prescription et un opérateur.

La régulation froide, pour sa part, est moins spontanée. Des difficultés sont identifiées par les acteurs et la direction planifie une rencontre avec des représentants des acteurs pour trouver des solutions. On ne cherche pas alors une solution immédiate à une situation quotidienne mais surtout à trouver des « méta-règles » (Reynaud, 1989 : 53). Les espaces de régulation froide peuvent être périodiques, spontanés ou obligatoires en fonction d’une injonction.

En somme, et sans vouloir aller trop loin dans l’explication de la TRS puisque là n’est pas l’objet de notre thèse, l’ensemble de ces développements ont été repris et utilisés autant en ergonomie de l’activité qu’en relations industrielles. Nous le répétons, la TRS permet de faire le pont entre les deux. En particulier, la TRS permet d’approfondir deux postulats qui se retrouvent autant dans l’une que dans l’autre de ces disciplines : le travail prescrit n’est pas le travail réel, et le travail n’est pas une marchandise. Il est à noter que même si nous établissons des liens entre l’ergonomie et les RI, nous mentionnerons également lorsqu’ils divergent.

Le travail prescrit n’est pas le travail réel

Ainsi, un des fondements de l’ergonomie de l’activité est l’idée que l’organisation ne se suffit pas à elle-même. Pour Lamonde et Montreuil, cet écart entre le prescrit et le réel est documenté étudié depuis longtemps et ne fait plus de doute aujourd’hui (Lamonde et Montreuil, 1995 : 706). Le travailleur n’est pas qu’un pion balloté d’un bord à l’autre par le système, écrasé sous les contraintes structurelles. Les règles ne sont pas totalement déterminantes même si elles ont effectivement de l’influence. Pour Suchman et Theureau, le sens de l’action n’est pas préalable à sa réalisation, il se définit au moment même où il est accompli en tenant compte, effectivement, des expériences passées et du dialogue avec le collectif. En ergonomie, le travailleur interprète « à sa façon la tâche qui lui est prescrite » (St-Vincent et al., 2011 : 38), c’est-à-dire qu’il va chercher dans l’environnement ce qui fait

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du sens pour lui et qui lui permet d’adapter son travail en fonction de sa propre variabilité et de la variabilité des conditions de travail. Autrement dit, de réguler son activité (op.cit. : 55). Cette tâche prescrite s’impose également au travailleur. Pour St-Vincent et al. (op.cit. : 44), les déterminants sont « perçus, reçus, interprétés, subis, utilisés par la personne ».

Parler de régulation dans le travail en ergonomie, c’est évidemment faire référence aux textes de Kochan, Katz et McKersie et de Reynaud et De Terssac en RI. Les premiers ont développé le concept du choix stratégique dans leur livre en 1986 : The Transformation of American

Industrial Relations. Sans rompre formellement avec l’idée d’un « système », ils accordent

aux acteurs une plus grande autonomie d’action. Les individus choisissent comment s’adapter aux failles de la bureaucratie et ne font pas que recevoir passivement l’influence des structures sociales. Pour eux, l’action stratégique est ainsi individuelle (Kochan, Katz et McKersie, 1986; Kochan, McKersie et Cappelli, 1984 : 20-23).

Reynaud, ensuite, repris et précisé par De Terssac, va faire de l’action stratégique une interaction. Face aux failles de l’organisation, à la régulation de contrôle, les acteurs doivent se coordonner. Ils le font avec la régulation autonome, qui est « l’expression simple des convictions communes d’un groupe » (Reynaud, 1988 : 10). Dans cette régulation autonome, il y a en fait autant sinon plus de règles implicites que de règles formelles provenant de la régulation de contrôle. Le groupe se donne des conventions et il est plus facile pour les acteurs de les suivre que d’aller à leur encontre. C’est la stratégie la plus rationnelle à adopter, c’est également une stratégie essentiellement collective (op.cit. : 13). La théorie de la rationalité limitée est donc mobilisée par Reynaud (Reynaud, 2003c : 408), ce qui l’éloigne par ailleurs des fondements de l’ergonomie. Ainsi, pour Reynaud, la régulation conjointe n’est pas constituée d’un opérateur qui va chercher dans l’environnement ce qui fait sens pour lui et qui élabore de cette manière sa propre régulation et ses propres compromis, mais est plutôt le résultat d’une négociation entre des acteurs qui tentent, chacun de leur côté, de réaliser leur propre intérêt (De Terssac, 1992 : 35-36).

Toujours en RI, il est aussi possible de faire des liens avec le courant matérialiste en Grande- Bretagne et le concept d’antagonisme structuré. De fait, pour les matérialistes, notamment Bélanger et Edwards, « the labour contract is necessarily indeterminate and principles of

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relations de conflit et de coopération ne sont pas prédéterminées, ce qui va également dans le sens de la théorie de la régulation que nous venons d’aborder. Ainsi, la technologie, le marché et les régulations institutionnelles seront combinées à l’intérieur de l’établissement, par les acteurs, au cours du processus de travail. D’une usine à l’autre, la combinaison des facteurs pourra être différente, et la stabilité n’est jamais assurée non plus. C’est donc dans le cours d’action que les différends irréconciliables, les relations asymétriques et les conditions favorables seront définis (op.cit. : 717-726).

Si l’on sort maintenant des RI à proprement parler pour entrer dans l’univers plus général des sciences sociales, plusieurs relations peuvent être établies avec divers auteurs, notamment Crozier et Freiberg, de même que Strauss (même si ces auteurs n’appartiennent pas, loin s’en faut, au même courant théorique). Pour les premiers, ils reprennent les idées de Weber sur la bureaucratie. Celle-ci devient étouffante pour les acteurs qui ne sont pas en mesure d’utiliser leurs stratégies. En plus, tout comme en ergonomie de l’activité, l’organisation est incomplète, il y a des failles dans la bureaucratie pour Crozier et Friedberg, failles qui seront investies par les individus qui agiront alors contre cette bureaucratie. C’est un effet pervers. Les failles sont des espaces d’opportunisme qui incitent et encouragent les individus à développer des comportements pervers. Les individus sont ainsi opportunistes et cherchent à maximiser leurs gains et à minimiser leurs pertes (Crozier et Friedberg, 1977). L’idée que les acteurs sont opportunistes et agissent contre la bureaucratie ne sera pas reprise en ergonomie. Pour cette dernière, les opérateurs, par leurs actions, complètent plutôt ces dîtes failles pour permettre à l’organisation de fonctionner normalement. Sans cette action des individus, en fait, les organisations seraient paralysées dans une large mesure.

Dans un autre ordre d’idées, pour Strauss, ce sont les mondes sociaux qui rendent compte de cette incomplétude de l’organisation. Pour lui, ce ne sont pas les règles qui déterminent les actions, autrement dit ce n’est pas le travail prescrit qui détermine le travail réel. Ce sont plutôt les régulations, les stratégies et les compromis effectués par les individus, pour parler en termes ergonomiques, qui permettent aux règles de subsister et de se reproduire (Strauss, 1992).

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Le travail n’est pas une marchandise

Un autre fondement de l’ergonomie de l’activité qui la rapproche des relations industrielles et des sciences sociales est la conception à la base même de l’humain, de l’opérateur en ergonomie ou de l’acteur en science social.

Du côté de l’ergonomie

Ainsi, en ergonomie de l’activité, comme en RI, le travail n’est pas une marchandise. Si, au départ de l’ergonomie, l’acteur était perçu comme un simple processeur physique et cognitif, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il est impossible de contraindre totalement un opérateur s’il ne le veut pas. Même dans les situations de travail très contraintes, par exemple le travail extrêmement répétitif ou encore les situations dangereuses comme le travail en espace clos, il reste toujours une part de liberté, une marge de manœuvre qui est laissée à l’individu, ou encore créée par lui. Cet opérateur est au cœur des situations de travail, il participe intimement à la construction de ces situations telles qu’elles pourront être observées par un acteur externe. Cette activité de travail aura des répercussions ensuite tant pour l’entreprise que pour la santé du travailleur.

De plus en plus, en fait, en ergonomie, le concept d’enaction gagne du terrain, concept expliqué simplement par Theureau. L’enaction affirme donc « que le système formé par un acteur et son environnement constitue ce qu’on appelle un système autonome » (Theureau, 2004b : 19). L’interaction, dans cette optique, est alors asymétrique. L’acteur n’interagit pas avec tous les éléments présents dans son environnement de la même manière, sur le même pied. Il va plutôt aller chercher ce qui fait sens pour lui, ce qui est signifiant « à partir de sa constitution physiologique, de sa personnalité, de sa compétence, de son histoire et de ses propres interactions avec cet environnement à l’instant précédent » (op.cit. : 20).

En somme, et pour en revenir à l’idée de marchandise, on ne peut traiter la « ressource » humaine comme on le fait d’une machine-outil. Dans une perspective de productivité, cette mauvaise utilisation de la ressource sera contre-productive. Dans une perspective

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ergonomique, ça revient à user prématurément cette même « ressource », à provoquer de la souffrance physique, mentale et psychique.

Du côté des relations industrielles

En relations industrielles, l’idée que le travail n’est pas une marchandise comme les autres est au cœur des études sur la relation d’emplois. En RI, donc, ces relations d’emplois sont différentes, distinctes, parce qu’elles sont autant économiques que sociales. Économique puisqu’il s’agit d’un échange entre un travailleur et un employeur. Le premier accepte de fournir une prestation de travail pour le second en échange d’une rémunération. C’est le salariat. Cet échange économique introduit également un échange social : la subordination juridique.

Pour comprendre ces deux formes de relations, il faut être en mesure de faire la distinction entre la force de travail et le travail effectif, distinction que faisait déjà Marx en 1867. La force de travail, labour power en anglais, est la capacité de travailler de la personne. Cette force se vend et s’achète sur le marché du travail. On n’achète certainement pas la personne elle-même, le labour en anglais, le travail effectif, mais sa capacité de travailler.

Kaufman en 2010 revient d’ailleurs sur cette question en disant : « labor is embodied in

human beings and is not a commodity » (2010 : 75). Il remet ainsi au premier plan cette idée

de Marx qui affirme que le travail n’est pas une commodité comme les autres, et que cette idée est au cœur des RI aujourd’hui.

Si la force de travail n’est pas une commodité, le produit du travail l’est, par contre. Le produit a une valeur d’usage, c’est utile pour quelqu’un, et ça se vend sur le marché des biens et services. Et c’est là que réside toute la clé du régime d’accumulation capitaliste (Rubery, 2010 : 498). La seule source de valeur provient de la force de travail, de la plus-value. Le travailleur produit plus que ce qu’il ne reçoit. C’est le lien entre la dimension économique et sociale de la relation d’emploi. À savoir que cette relation d’emploi est par nature indéterminée. Si le salaire est déterminé, lui, la quantité et la qualité des biens et services qui sont produits ne le sont jamais. L’employeur doit ainsi déployer des efforts pour contrôler la