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La question sur l’ethnicité

PREMIÈRE PARTIE MISE EN CONTEXTE

QUI SONT LES IMMIGRANTS ? ETUDE DÉMOGRAPHIQUE

2.6 La naturalisation des étrangers en Irlande

2.7.1 La question sur l’ethnicité

Les changements démographiques liés à l’immigration en Irlande entraînèrent des modifications dans la récolte des données sur la population. Dans le recensement de 2002, une question portant sur la nationalité des personnes interrogées fut introduite. En croisant les réponses à cette question avec celles des questions sur le pays de naissance, sur le lieu de résidence actuel et sur le lieu de résidence un an auparavant, le CSO espérait dresser un portrait plus précis des populations nouvellement arrivées427. De plus, le CSO avait prévu d’inclure une question sur l’ethnicité et avait procédé à une consultation publique en 1999 à ce sujet, mais l’Autorité de l’égalité428 et le Comité national contre le racisme et pour l’interculturalisme (NCCRI)429, bien que partisans d’une telle question, soulevèrent quelques objections sur la formulation exacte de la question. La principale difficulté consistait, selon ces organismes, à définir clairement les différentes catégories ethniques. Bien que la notion de groupe ethnique existe dans la législation sur l’égalité en Irlande depuis de nombreuses années, aucune définition n’en avait été donnée jusque là430. Le CSO n’ayant pas pu tester

426

Déclaration du ministre de la Justice, Dermot Ahern, le 25 février 2009, lors d’une séance de questions parlementaires. Dáil Debates, Vol. 676, No. 2, p. 443. Ces propositions n’ont pas encore été adoptées, mais il est

question de les intégrer dans le futur projet de loi Immigration, Residence and Protection Bill, initialement prévu

pour 2004, mais toujours en attente en 2011.

427

Note explicative accompagnant le recensement : « The purpose of questions 5-9 (place of birth, nationality, usual residence and residence one year ago) is to study migration patterns, both short-term and long-term. This information will give us a picture of where people are moving to or from and who is moving in terms of age, sex, education, occupation, etc. […] Nationality is being asked for the first time and is important in the context of a more culturally diverse Ireland. ». Source: « Information on the 2002 Census », disponible sur le site du CSO : www.cso.ie/census/why_all_the_questions.htm (consulté le 15 mai 2003).

428

Equality Authority. L’Autorité de l’égalité est un organisme indépendant, financé en très grande partie par l’État, qui fut créé en 1999 suite à l’introduction de la loi Employment Equality Act de 1998 et dont la mission est de lutter contre les différentes inégalités existantes en Irlande, que ce soit dans les institutions, sur le lieu du travail ou dans la société en général. Son travail sera décrit dans le chapitre 5.

429

Le National Consultative Committee on Racism and Interculturalism (NCCRI), créé en 1998 était un organisme indépendant, financé par l’État, qui avait comme mission d’étudier des questions de racisme et d’interculturalisme, de conseiller le gouvernement et des organisations sur la gestion de la diversité culturelle, ainsi que de sensibiliser l’opinion publique sur les problèmes de racisme. Lors du budget draconien de novembre 2008, son budget fut supprimé, entraînant sa fermeture, malgré de vives protestations de la part de nombreuses personnalités et d’ONG travaillant dans ce domaine. Son site est toujours actif au : www.nccri.ie. Sa création, son travail et sa disparition seront étudiés dans le chapitre 5.

430

Rebecca Chiyoko King-O’Riain, « Re-Racialising the Irish State through the Census, Citizenship and Language », in Alanna and Ronit Lentin (éds), Race and State, Newcastle, Cambridge Scholars Press, 2006,

cette question par le biais de sondages pilotes, le gouvernement décida de ne pas l’inclure dans le recensement de 2002431. Il expliqua sa décision par le fait que « l’inclusion d’une question sur l’ethnicité était considérée comme un point très sensible et on craignait que la controverse que cela pourrait générer n’ait un effet adverse sur les taux de réponse du recensement »432.

Le NCCRI, qui avait déclaré en 2001 que l’absence de données statistiques ethniques reflétait le peu d’importance accordée par les autorités aux besoins des groupes ethniques minoritaires en Irlande433, réitéra, lors d’une nouvelle consultation publique en 2003, son souhait de voir l’introduction d’une question sur l’ethnicité. Selon lui, les informations recueillies seraient essentielles pour :

observer les changements survenus dans la population, identifier les inégalités et la discrimination, mesurer l’intégration, faciliter la planification au niveau local, cibler et allouer des ressources, promouvoir la sensibilisation sur la diversité culturelle et remplir les obligations du pays dans le cadre des instruments internationaux des droits de l’homme434.

La position du NCCRI était partagée par d’autres participants de cette consultation dont l’Autorité de l’égalité et Pavee Point (une association des gens du voyage), ainsi que le ministère de la Justice et les autorités régionales et locales435. Suite à cette deuxième consultation, la question sur l’ethnicité fut formulée comme suit :

431

Pour une description détaillée de la consultation autour de cette question et le débat qu’elle suscita, voir Rebecca Chiyoko King-O’Riain, « Counting on the ‘Celtic Tiger’ : Adding ethnic census categories in the Republic of Ireland », in Ethnicities, Volume 7, No. 4, 2007, pp. 516-542.

432

« The inclusion of a question on ethnicity was considered to be a sensitive issue and it was feared that the controversy it might cause would have a detrimental effect on census response rates ». Department of Justice, Equality and Law Reform, United Nations International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination: First National Report by Ireland, Dublin, Stationery Office, 2004, p. 8, § 9.

433

NCCRI, « Racism as a cause of poverty: a submission to the review of the National Anti-Poverty Strategy », Dublin, NCCRI, avril 2001, p. 2-3. Disponible sur : www.nccri.ie/submissions/01AprPoverty.pdf (consulté le 20 avril 2009).

434

« This data is essential to monitor the changing diversity of Irish society, track inequality and discrimination, assess integration, facilitate local planning, target and allocate resources, promote awareness of cultural diversity in Ireland, and meet legal requirements under international human rights instruments ». NCCRI, « 2003 Census of Population Consultation on Questionnaire Content », 28 novembre 2003, Disponible sur : www.nccri.ie/submissions/03NovCensus.pdf (consulté le 20 avril 2009).

435

Tableau 2.29 Question sur l’ethnicité dans le recensement de 2006 436

Question 14 : Quelles sont vos origines ethniques ou culturelles ?

Choisissez UNE section de A à D, et cochez ensuite la case appropriée

A. Blanc 1. Irlandais

2. Irlandais nomade

3. Toute autre origine blanche

B. Noir ou Noir Irlandais 4. Africain

5. Toute autre origine noire

C. Asiatique ou Asiatique Irlandais 6. Chinois

7. Toute autre origine asiatique

D. Autre, y compris origine mixte

8. Autre, inscrivez la description ___________________

Dans un sondage pilote effectué en 2004, ayant pour objectif de tester toutes les nouvelles questions et les modifications aux questions existantes susceptibles de figurer dans le recensement de 2006, le CSO constata que la question concernant les origines ethniques fut très bien acceptée par le public437. Contrairement à la controverse que soulève la question des statistiques ethniques dans un pays comme la France, l’inclusion dans le recensement d’une telle question fut relativement consensuelle en Irlande. Pour le groupe NGO Alliance, qui comprend plus d’une quarantaine d’ONG travaillant dans le domaine des droits humains et de l’égalité, une question sur l’ethnicité représentait avant tout un outil dans la lutte contre la discrimination raciale : « Avant qu’un gouvernement ne puisse concevoir et mettre en application des mesures pour éliminer la discrimination raciale, il doit avoir une idée précise des origines nationales ou ethniques de sa population »438. Une telle collecte de données

436

La traduction ici est celle donnée dans le document en français fourni par le CSO, p. 4, disponible sur : www.cso.ie/census/foreign_pdfs/PR1455%20Translation%20Form_french.pdf (consulté le 21 avril 2009). La version originale en anglais est la suivante : « What is your ethnic or cultural background? Choose ONE section from A to D, then tick the appropriate box A White 1. Irish 2. Irish Traveller 3. Any other White background

B Black or Black Irish 4. African 5. Any other Black background C. Asian or Asian Irish 6. Chinese 7. Any

other Asian background D. Other, including mixed background 8. Other: write in description. » Source : CSO

« Census Form Question 14 », disponible sur : www.cso.ie/census/Question14_000.htm (consulté le 21 avril 2009).

437

CSO, « Report of 2004 Census Pilot Survey », Dublin, CSO, 2004, p. 7. Disponible sur : www.cso.ie/census/documents/2004_census_pilot_test_report.pdf (consulté le 22 avril 2009).

438

« Before any government can design and implement policies to eliminate racial discrimination, it must have an accurate picture of the national or ethnic origin of its population ». NGO Alliance, « NGO Alliance Shadow Report in Response to the Irish Government’s First National Report to CERD under the United Nations

semble avoir l’approbation de la plupart des personnes et des groupes s’intéressant à ce sujet. Seuls quelques opinions discordants se firent entendre, mais il s’agissait surtout de critiques sur l’ambiguïté d’une question portant sur l’appartenance à un groupe ethnique mais incluant parmi les réponses possibles des catégories plutôt raciales439. La question de la collecte des statistiques ethniques en tant que telle n’était pas remise en cause. Certaines influences extérieures contribuèrent à justifier une telle position. Les recensements en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord incluaient déjà une question sur l’ethnicité440. De plus, l’organisme onusien, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, demande aux pays signataires, dont l’Irlande fait partie, de collecter puis de lui soumettre des données sur sa population étrangère selon des critères de sexe, de nationalité ou d’appartenance ethnique441.

À l’occasion du recensement en 2006, afin de toucher le plus grand nombre de personnes, la traduction de toutes les questions figurant sur le formulaire du recensement était disponible en onze langues et des informations supplémentaires furent mises en ligne en seize langues442. De plus, le CSO diffusa des spots publicitaires multilingues à la radio et publia des annonces dans les journaux irlandais publiés en langue étrangère dans les semaines précédant le recensement443. Ces mesures furent accueillies très positivement par le NCCRI qui estima qu’elles étaient le reflet d’une approche interculturelle d’inclusion de la part des autorités, pour assurer la participation du plus grand nombre de personnes de tous les milieux ethniques et culturels444.

International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination », Dublin, NGO Alliance, 2004, p. 17.

439

Voir les différents travaux de l’universitaire King-O’Riain déjà cités, ainsi que l’article de Fintan O’Toole, « Skin colour query sours the census », Irish Times, le 4 avril 2006.

440

À ce sujet, voir King-O’Riain (2007), op.cit.

441

« State parties should include in their periodic reports, in an appropriate form, socio-economic data on the non-citizen population within their jurisdiction, including data disaggregated by gender and national or ethnic origin ». CERD, Recommandation générale No. 30, Art. 1, paragraphe 5, le 1er octobre 2004. Disponible sur : www2.ohchr.org/english/bodies/cerd/comments.htm (consulté le 4 mai 2009).

442

Le formulaire était disponible en anglais et en irlandais, les questions y figurant ont également été traduites dans les langues suivantes : l’arabe, le tchèque, le chinois, le français, le letton, le lituanien, le polonais, le portugais, le roumain, le russe et l’espagnol. Les informations supplémentaires en ligne pouvaient être consultées dans ces 11 langues, ainsi qu’en estonien, en hongrois, en slovaque, en turc et en yoruba (une des langues nationales du Nigéria).

443

Philip Watt, « Part of the Bigger Picture : Positive Actions in Census 2006 », in Spectrum, mai 2006, p. 3.

444

Tableau 2.30 Population irlandaise par catégorie ethnique, recensement de 2006

Blanc - Irlandais (3 645 199) 87,4 % Blanc - Irlandais nomade (22 369) 0,5 % Blanc - autre (289 041) 6,9 % Noir - Africain : (40 525) 1,0 % Noir - autre (3 793) 0,1 % Asiatique - Chinois (16 533) 0,4 % Asiatique - autre (35 812) 0,9 % Autre, y compris origine mixte (46 438) 1,1 %

Ne se déclarent pas (72 303) 1.7 %

2.7.2 Fiabilité du recensement

Selon le recensement de 2006, 420 000 étrangers étaient présents en Irlande, représentant 10 % de la population445. Cependant, peu de temps après la publication de ces résultats, le ministre d’État chargé de l’intégration déclara qu’il était « plus ou moins reconnu » par le gouvernement que le nombre d’étrangers présents en Irlande selon le recensement était « sérieusement sous-estimé » et que le pourcentage avoisinait plutôt les 13 à 15 % de la population. D’après lui, la méfiance éprouvée par certaines personnes vis-à-vis de l’État dans leur pays d’origine s’était traduite par leur non participation au recensement irlandais, et ceci même parmi ceux qui étaient dans le pays en toute légalité446. À titre d’exemple, le CSO considérait que le nombre de Polonais, 62 495 selon le recensement, était en réalité plus élevé, citant dans une autre étude réalisée la même année que le recensement le chiffre de 69 000447. Selon le ministre d’État, ils étaient entre 160 000 et 200 000. Les statistiques concernant la population chinoise furent également contestées. 11 161 Chinois avaient été recensés en 2006, alors que 15 933 visas avaient été attribués à des Chinois rien que pendant l’année 2004, selon les chiffres de la police de l’immigration448. Des associations et des individus travaillant avec les immigrants chinois estimaient leur nombre à entre 50 000

445

De plus, 44 279 personnes ne répondirent pas à la question sur la nationalité dans le recensement, ce qui correspond à environ 1 % de la population totale. Claire Healy, « INTI Project : One-Stop Shop : A New Answer for Immigrant Integration ? Country Report for Ireland », Dublin, Immigrant Council of Ireland, 2008, p. 4.

446

Le secrétaire d’État, Conor Lenihan, cité dans Ruadhán Mac Cormaic, « Level of immigration ‘underestimated’ », Irish Times, 17 septembre 2007.

447

Rebecca Chiyoko King-O’Riain, « Target earning/learning, settling or trampolining? Polish and Chinese immigrants in Ireland », in Irish Geography, Vol. 41, No. 2, p. 212.

448

et 80 000449, et la fédération syndicale ICTU à 100 000450. Le nombre de Nigérians, 16 300 selon le recensement de 2006, avoisinerait les 40 000, d’après des associations qui travaillent avec la population nigériane451. Le sociologue Steve Loyal, tout en reconnaissant qu’il y avait un décalage entre le recensement et la réalité sur le terrain, mettait en garde contre le gonflement des chiffres. Un gouvernement peut surestimer la population étrangère pour des raisons politiques, selon lui, afin de justifier l’introduction de lois d’immigration plus restrictives, par exemple, ou bien pour avoir un bouc émissaire auquel attribuer les problèmes dans les services publics. De la même façon, certaines associations peuvent surestimer l’immigration afin de justifier leur financement ou de souligner les avantages de la diversité. Les représentants des différentes communautés, pour leur part, gagnent en prestige s’ils représentent une communauté plus importante et peuvent espérer obtenir davantage d’aides financières de la part de l’État452.

Dans un monde en perpétuel mouvement, il devient de plus en plus difficile de mesurer et de quantifier avec précision les flux migratoires, et des données statistiques concernant un moment particulier dans le temps ne peuvent donner qu’un aperçu des tendances migratoires. Cependant, le recensement, aussi contesté soit-il, dresse le tableau d’une population étrangère en nette augmentation depuis plus de quinze ans. De plus, contrairement à certains pays, où les immigrants sont concentrés surtout dans la capitale et quelques grandes villes, on trouve en Irlande une distribution de la population immigrée dans tous les comtés du pays, et dans beaucoup de petites villes, voir dans des villages. Il y a par conséquent très peu d’endroits en Irlande qui n’ont pas été touchés culturellement et socialement par l’immigration453.

2.8 Conclusion

Entre 1992 et 2008, trois périodes principales d’immigration se dessinent. Chacune de ces trois périodes fut marquée par des interrogations et des préoccupations qui sont analysées dans les chapitres suivants.

449

Steve Loyal, « Migration and the state in Ireland: history and numbers » Disponible sur : www.ucd.ie/mcri/resources/Steve%20Loyal%20Presentation.ppt (consulté le 12 février 2009).

450

Martin Wall, « ICTU head calls for fair way to treat illegals », Irish Times, 3 septembre 2007.

451

Loyal, op.cit.

452

Ibid.

453

Anthony M. Messina, « The politics of migration to Western Europe : Ireland in comparative perspective » in

La première période, de 1992 à 2002, est celle de l’arrivée des groupes de réfugiés, puis des demandeurs d’asile individuels. La politique d’asile fut mise en place de manière rapide et réactive à un moment où les institutions essayaient tant bien que mal de gérer l’arrivée d’un nombre croissant de demandeurs d’asile.

La deuxième période, qui chevauche la première, est celle du début de l’immigration de la main d’œuvre, qui commença à se définir au milieu des années 1990 et continua jusqu’en 2004, à l’aube de l’élargissement de l’Union européenne. Des travailleurs du monde entier vinrent occuper des postes dans tous les secteurs d’activité. La politique d’immigration lors de cette période se faisait au coup par coup et partait du principe que l’immigration allait être temporaire. Le système des permis et des visas de travail était adapté aux besoins des employeurs et visait à pallier le manque de main d’œuvre dans certains secteurs. Cependant, les titulaires de permis de travail ne devaient rester qu’un temps limité, se trouvaient liés obligatoirement à un seul employeur et étaient censés repartir dès lors que le marché du travail n’avait plus besoin d’eux.

La troisième période, à partir de 2004, vit l’arrivée en grand nombre des ressortissants des nouveaux pays membres de l’UE, qui obtinrent, à partir du 1er mai 2004, un accès libre et sans restriction au marché de l’emploi. Le principe de la préférence communautaire pour le recrutement eut comme conséquence, depuis 2004, la réduction du nombre de permis de travail attribués aux immigrants provenant de pays tiers, notamment pour des emplois peu qualifiés. Quant à ceux qui occupent des emplois très qualifiés, la Loi relative aux permis de travail de 2006 mit en place une nouvelle politique qui leur accordait davantage de droits et leur ouvrait la possibilité de s’installer dans le pays de manière définitive. Avant l’introduction de cette loi, les immigrants des pays tiers n’avaient pas de droit de résidence à long terme, et l’Irlande était classée en dernière position sur 28 pays concernant l’octroi des droits de résidence à long terme à ses immigrants, selon un rapport publié en 2007454.

Les campagnes de recrutement visant à attirer en priorité des personnes ayant un lien avec l’Irlande - des expatriés ou des personnes ayant des origines irlandaises - portèrent leurs fruits, puisque plus de 196 000 personnes dans ces catégories migrèrent vers l’Irlande entre 1999 et 2007. Cependant, l’économie étant en plein essor et le manque de main d’œuvre se faisant de plus en plus sentir, cette préférence culturelle, décrite par Fanning comme

454

Le projet européen Migrant Integration Policy Index (MIPEX), dont l’Institut national d’études démographiques (INED) est le partenaire français, mesure l’intégration des migrants avec une centaine d’indicateurs dans 25 pays membres de l’UE et 3 pays hors UE (le Canada, la Norvège et la Suisse). Pour les résultats et le classement de l’Irlande en 2007, voir www.integrationindex.eu/topics/2412.html (consulté le 6 juin 2009).

« l’immigration sans étrangers »455, dut laisser la place aux priorités économiques. Ainsi, comme le constate Messina, « la politique d’immigration irlandaise depuis les années 1990 fut et continue d’être régie essentiellement par des objectifs économiques qui sont politiquement définies »456.

Jusqu’à la fin 2006, de nombreux rapports et études prévoyaient la continuation de la croissance économique et les analystes financiers insistaient à l’époque sur le fait que de tels taux de croissance ne pouvaient se réaliser qu’avec la continuation des flux migratoires457. Le CSO prévoyait en 2005 qu’environ 30 000 immigrants arriveraient tous les ans pour la période 2006-2016458. D’après le directeur du CSO, le nombre de personnes en Irlande nées à l’étranger allait très probablement dépasser un million en l’an 2030, soit 18 % de la population, par rapport à 420 000 au recensement de 2006459. Les courtiers NCB pour leur part prédisaient en 2006 quinze ans de croissance à plus de 5 %, avec une croissance démographique de 30 % pendant cette période et un doublement du nombre d’immigrants, qui s’élèverait ainsi à environ un million de personnes ou 19 % de la population dès 2020460.

Cependant, le contexte économique qui avait encouragé de nombreuses entreprises