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Les élèves et étudiants étrangers

PREMIÈRE PARTIE MISE EN CONTEXTE

QUI SONT LES IMMIGRANTS ? ETUDE DÉMOGRAPHIQUE

2.3 Les élèves et étudiants étrangers

Dans l’enseignement primaire, les enfants étrangers représentaient 10% des élèves en 2007352. Concernant l’enseignement secondaire, plus de 11 000 élèves, soit 3,3 %, étaient des étrangers en 2001-2002353. En 2007, ce chiffre s’élevait à 17 000 élèves, soit près de 6 %354, puis à 8 % en 2008355. Ces chiffres comprennent les enfants de demandeurs d’asile et de réfugiés, ainsi que les enfants d’immigrés venus travailler en Irlande, qui bénéficient tous du même droit à la scolarité que les élèves irlandais. En revanche, des visas ne sont accordés à des élèves venant de pays tiers sans leurs parents pour suivre leur scolarité en Irlande qu’à condition qu’ils s’inscrivent dans des écoles secondaires privées et payantes, et qu’ils ne représentent pas une charge pour l’État. Ils n’ont pas accès à la scolarité gratuite. Les chiffres ne faisant pas la distinction entre les différentes catégories d’élèves étrangers, il est impossible de savoir combien d’élèves sont arrivés expressément en Irlande pour étudier dans des écoles payantes.

La mobilité internationale des étudiants augmenta considérablement en une décennie. En 1995, 4 300 étudiants étrangers étaient inscrits dans les établissements de l’enseignement supérieur, soit 4 % de tous les étudiants356. En 2001-2002, ils étaient 9 300, soit 7 % de la population estudiantine357 ; 3 800 (40 %) étaient des ressortissants de l’UE, dont la moitié du

351

Emma Quinn et al, Handbook on Immigration and Asylum in Ireland 2007, Dublin, ESRI, 2007, p. 23.

352

Emer Smyth et al, Adapting to Diversity: Irish Schools and Newcomer Students, Dublin, ESRI, 2009, p. xiv.

353

Department of Education and Science, Internationalisation of Irish Education Services, juin 2004, p. 16.

Disponible sur : http://www.education.ie/servlet/blobservlet/des_irish_ed_services.pdf (consulté le 2 octobre 2009).

354

Smyth et al, op.cit., p. xiv.

355

Corona Joyce, Annual Policy Report on Migration and Asylum 2008: Ireland, Dublin, ESRI/European

Migration Network, 2009, p. 34.

356

Orla Christle & Niamh Godley, « Supporting Diversity and Inclusion in Higher Education », in Spectrum,

No. 17, juin 2008, p. 17.

357

Royaume-Uni, et 5 500 des ressortissants d’autres pays, dont un tiers de l’Amérique du Nord. Les étudiants passant une période de trois à douze mois dans un établissement irlandais dans le cadre des programmes d’échange internationaux du type Erasmus n’étaient pas comptabilisés dans ces chiffres. 43 % des étudiants étrangers en 2001-2002 faisaient des études de médecine et d’autres disciplines ayant trait au secteur de la santé, 31 % des études de sciences humaines et de lettres358.

Les statistiques concernant les étudiants étaient assez fragmentées, mais depuis 2003, le Conseil irlandais de l’éducation359, organisme créé par le gouvernement en 1993 pour promouvoir l’Irlande comme destination pour les études, publie des chiffres annuels qui montrent une constante augmentation du nombre d’étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur. Ces chiffres, contrairement aux chiffres cités ci-dessous, comprennent les étudiants européens inscrits dans le cadre du programme Erasmus et les étudiants américains du Junior Year Abroad (JYA), dont le séjour est par définition de courte durée.

Tableau 2.26 Étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur 2003-2007 360

2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007

Total étudiants étrangers 18 608 22 947 25 319 27 275

% de la population estudiantine totale361 12,7 % 15,4 % 16,7 % 17,7 %

Pays de l’UE 6 107 8 841 10 123 11 675 Europe non-UE 523 660 785 642 États-Unis 3 003 4 436 4 008 4 408 Chine 2 874 3 080 3 465 3 573 Malaisie 1 299 1 127 1 223 1 289 Afrique sub-saharienne 695 756 965 850 Inde 621 691 857 1 094 Pakistan 466 530 479 497 Autres 3 020 2 826 3 414 3 247

Les ressortissants de l’UE n’ont pas besoin de visa pour faire des études supérieures en Irlande et bénéficient des mêmes privilèges que les étudiants irlandais, à savoir les études

358

Ibid. pp. 13-17.

359

Irish Education Board.

360

Source : Rapports annuels de l’Irish Education Board, de 2004 à 2007, disponibles sur : www.educationireland.ie/remository.html?func=select&id=1 (consulté le 8 juin 2009).

361

Calculé à partir d’information sur la population estudiantine dans sa totalité. Higher Education Authority,

Higher Education : Key Facts and Figures 06/07, Dublin, HEA, 2008, pp.14-15. Disponible sur :

gratuites dans les établissements supérieurs publics jusqu’à la licence. Les autres étudiants doivent verser des frais d’inscription très élevés, ce qui représente une manne pour ces établissements, toujours à la recherche de fonds supplémentaires. Dans les rapports annuels du Conseil irlandais de l’éducation, on estime à 120 millions d’euros les frais d’inscription payés par ces étudiants pour l’année universitaire 2003-2004, 140 millions pour 2004-2005, 154 millions pour 2005-2006 et 164 millions pour 2006-2007362.

Le secteur qui attire le plus d’étudiants étrangers est celui des écoles de langues. Environ 200 000 étudiants étrangers par an suivent des cours d’anglais dans une des nombreuses écoles de langues du pays, ce qui rapporte 300 millions d’euros à l’économie irlandaise363. Depuis 2000 et jusqu’en avril 2005, tous les ressortissants des pays tiers qui étaient inscrits comme étudiants, quelle que fût la durée de leur séjour d’études, avaient le droit de travailler vingt heures par semaine pendant la période des cours, voire à plein temps pendant les vacances scolaires364. Contrairement au régime des permis de travail, confiné aux secteurs qui souffraient d’une carence de main d’œuvre, le régime dont bénéficiaient les étudiants ne faisait pas l’objet d’une telle restriction, leur permettant de travailler dans tous les secteurs de l’économie.

Une grande partie des demandes de visas d’étudiants sont déposées par des personnes souhaitant séjourner en Irlande pour des stages d’anglais. Voyant le nombre global de ces demandes s’accroître de manière assez spectaculaire en quelques années (61 000 en 2000, 105 000 en 2002, puis 120 000 en 2003365), les autorités craignaient certains abus, notamment provenant de ceux qui venaient étudier l’anglais. Selon le ministère de la Justice, « une minorité d’établissements avaient profité de ce système pour vendre à leurs clients un produit éducatif qui n’était, ni plus ni moins, qu’un accès au marché du travail en Irlande »366. Une enquête policière en 2003 révéla l’existence de quelques écoles de langues plus ou moins fantômes : dépourvues de suffisamment d’enseignants et de salles de classe pour le nombre d’étudiants inscrits officiellement, elles délivraient des attestations d’assiduité à leurs « étudiants » leur permettant de remplir les conditions de leurs visas et de travailler, ceci en

362

Rapports annuels de l’Irish Education Board de 2004 à 2007.

363

John Downes. « Education sector urged to attract foreign students ». Irish Times, 17 mai 2005.

364

Des mesures similaires existent dans des pays concurrents dans le marché des études linguistiques, tels que le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie. Martin Wall & Conor Lally, « Foreign students’ work rights cut ». Irish Times, 23 décembre 2004.

365

Department of Education and Science, op.cit., p. 28.

366

« A minority of educational establishments had used the working arrangements to sell their customers an educational product which amounted to little more than access to the Irish labour market. » Martin Wall & Conor Lally. « Foreign students’ work rights cut ». Irish Times, 23 décembre 2004.

échange de sommes d’argent considérables367. MEI-RELSA, l’association irlandaise qui réunit les écoles de langues certifiées, demanda au gouvernement de réguler le secteur afin d’empêcher ces pratiques douteuses qui nuisaient à la réputation de tous368.

En 2002, des consulats furent ouverts à Pékin et à Moscou pour recevoir les nombreuses demandes de visas des ressortissants de ces pays, particulièrement ciblés par les écoles d’anglais en Irlande. Cette décentralisation permet un traitement des dossiers par des personnes ayant une meilleure connaissance de la situation locale, et le nombre de refus de visas pour cause d’informations insuffisantes ou de faux documents (ressources financières, emploi dans le pays d’origine et motifs du voyage) augmenta369.

Puis, en décembre 2004, le ministre de la Justice annonça l’introduction de modifications au régime des étudiants étrangers prenant effet le 18 avril 2005370. Les étudiants se trouvant déjà en Irlande avant cette date étaient couverts par l’ancien régime, moins restrictif. Pour tous les étudiants arrivant après cette date, l’autorisation de travailler n’est accordée qu’à ceux dont la durée des études en Irlande dépasse une année. Ils doivent suivre des cours à plein temps, débouchant sur une qualification reconnue par le ministère de l’Éducation371. Les étudiants suivant des cours préparatoires n’ont le droit de travailler qu’une fois qu’ils ont intégré le cursus menant directement à la qualification. Ces mesures furent introduites, selon le ministère de la Justice372, pour éviter avant tout que le système des visas d’étudiants ne soit utilisé comme un moyen d’accéder à des secteurs d’activité inaccessibles aux titulaires des permis de travail, les demandes en main d’œuvre dans ces secteurs pouvant être remplies par les ressortissants de l’EEE.

Cependant, malgré l’introduction de ces mesures restrictives, le nombre d’étudiants extracommunautaires inscrits dans les écoles de langues resta élevé. En février 2008, 31 262 ressortissants des pays tiers avaient des visas d’étudiants : 28 765 détenaient des visas les autorisant à travailler 20 heures hebdomadaires et 2 497 ayant des visas sans autorisation de travailler373.

367

Ibid.

368

Department of Education and Science, op.cit., p. 27.

369

Ibid, p. 29.

370

« Minister announces revised arrangements for non-EEA students in Ireland ». Communiqué de presse du 22 décembre 2004. Disponible sur le site du ministère de la Justice à www.justice.ie (consulté le 5 octobre 2005).

371

Tous les établissements éducatifs doivent faire une demande de reconnaissance de leurs cursus au ministère.

372

« Minister announces revised arrangements for non-EEA students in Ireland », op. cit.

373

Réponse du ministre de la Justice à une question parlementaire, le 19 février 2008. Dáil Debates, Vol. 647,

Tableau 2.27 Étudiants des pays tiers en Irlande selon type de visa 2004-2008 374 Année Visa 2 (autorisation de travail) Visa 2A (pas d’autorisation de travail) Total 2004 31 338 - 31 338 2005 28 021 2 198 30 219 2006 29 426 3 630 33 056 2007 36 019 3 701 39 720 2008 41 156 3 850 45 006

Selon un rapport gouvernemental sur l’internationalisation du système éducatif en Irlande, le potentiel d’expansion est important et le recrutement d’étudiants étrangers dans les différents établissements du pays devrait être augmenté375. L’accueil de ces étudiants, toujours selon ce rapport, « facilite le développement de la coopération économique, financière et politique. Il devrait encourager le tourisme dans les années à venir, contribuer à la promotion des exportations irlandaises et fournir une réserve supplémentaire de diplômés hautement qualifiés »376.

Les visas d’étudiants n’étant valables que pour la durée des études, leurs titulaires doivent quitter le pays dès qu’ils les ont terminées. Cependant, en avril 2007, un dispositif fut mis en place pour les étudiants ayant obtenu un diplôme377 d’un établissement d’enseignement supérieur en Irlande. Le Régime des diplômés de l’enseignement supérieur (Third Level Graduate Scheme) permet aux étudiants de rester dans le pays pendant six mois après l’obtention de leur diplôme afin de rechercher un emploi et de faire une demande de permis de travail ou de carte verte. Ils peuvent travailler à plein temps pendant ces six mois sans avoir besoin d’un permis de travail378. Ceci reflète une politique gouvernementale qui souhaite attirer ou retenir des personnes qualifiées pour répondre aux demandes du marché de l’emploi. Les étrangers ayant fait leurs études en Irlande peuvent intéresser les employeurs qui connaissent leurs qualifications. De plus, leurs années passées comme étudiants en Irlande

374

Corona Joyce, Annual Policy Report on Migration and Asylum 2009: Ireland, Dublin, ESRI/European

Migration Network, 2010, p. 51.

375

Department of Education and Science, op.cit., p. 38.

376

« Further development of the education market […] facilitates the development of economic, financial and political cooperation. It should encourage tourism in future years, assist in the promotion of Irish exports and provide an additional source of supply of highly-skilled graduates. » Ibid, p. 5.

377

Une licence, un masters ou un doctorat.

378

Voir la note d’information sur le site du ministère de l’Entreprise, du commerce et de l’emploi, « Third Level Graduate Scheme ». Disponible sur : www.entemp.ie/labour/workpermits/graduatescheme.htm (consulté le 26 janvier 2009).

leur permettent de se familiariser avec la société irlandaise, et des problèmes d’adaptation ne se posent pas au moment de leur recrutement, ou du moins pas de la même façon que pour les personnes fraîchement arrivées en Irlande.