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2.4 L’habitude dans les travaux en psychologie

2.4.4 Quelques exemples d’études ayant porté sur les habitudes

Comme je l’ai déjà mentionné, on retrouve dans la littérature quelques études portant sur les habitudes des conducteurs âgés. Le concept d’habitude n’y est cependant pas développé et l’on constate rapidement qu’il n’est utilisé que dans son sens courant. Owsley et al. (1999), par exemple – qui s’intéressaient notamment à savoir si les habitudes de conduite des personnes âgées ayant une cataracte diffèrent de celles des autres conducteurs âgés – ont développé un Driving Habits Questionnaire (DHQ) couvrant six aspects : 1) les pratiques générales de conduite et les problèmes rencontrés (ex.: port de la ceinture de sécurité, vitesse adoptée par rapport à celle du trafic, préférences en matière de transport (conduire soi-même, avoir quelqu’un pour conduire ou utiliser le transport en commun), s’être fait dire que l’on devrait cesser de conduire), 2) l’exposition (ex.: fréquence de conduite hebdomadaire, types d’endroits où l’individu conduit), 3) la dépendance en matière de transport (avoir souvent dû demander à d’autres personnes de conduire au cours de la dernière année), 4) le niveau de difficulté des situations et des manoeuvres de conduite adoptées au cours des trois derniers mois (ex.: avoir conduit lorsqu’il pleuvait, la nuit, seul, avoir fait un stationnement parallèle), 5) la diversité des environnements dans lesquels l’individu a circulé au cours de la dernière année (avoir conduit dans son quartier, dans des villes voisines, etc.), et 6) les accidents et infractions survenus au cours de la dernière année. Lyman et al. (2001), qui s’intéressaient pour leur part à identifier les caractéristiques associées aux changements dans les habitudes de conduite des personnes âgées, ont posé des questions sur : la qualité estimée de la conduite, le kilométrage annuel, le nombre de jours de conduite par semaine, la vitesse de conduite comparée à celle du trafic, et le niveau de difficulté associé à certaines situations de conduite (la nuit, sous la pluie, durant les heures de pointe, sur autoroute, en présence d’enfants, dans les dépassements, dans les virages à gauche aux intersections, etc.). En somme, on constate qu’on utilise dans ces recherches – tout comme dans le cas des études portant sur le style de conduite (cf. p. 46-47) – un ensemble de variables fort disparates.

En ce qui a trait aux recherches où le concept d’habitude apparaît plus circonscrit, on note premièrement toute une série d’études s’appuyant sur des modèles attitudinaux et dans lesquels on a intégré une variable « habitude ». En fait, comme le soulignaient Aarts et Dijksterhuis (2000), la recherche contemporaine sur le concept d’habitude se limite en grande partie à des études dans lesquelles on tente d’examiner l’impact de la variable « comportement passé » (l’habitude) dans la prédiction des comportements futurs.

Triandis (1977) semble avoir été le premier à élaborer un modèle dans lequel l’habitude s’avère une variable centrale. Plus spécifiquement, Triandis soutenait que la probabilité d’un acte dépend de trois principaux facteurs : l’habitude, l’intention de s’engager dans l’acte (mesurée par un composite de facteurs sociaux, affectifs et cognitifs) et des conditions facilitantes. Triandis définissait l’habitude comme étant des séquences de comportements qui sont devenues automatiques et dont l’individu n’est usuellement pas conscient. Il postulait en outre que l’une des causes du comportement futur réside dans le fait de l’avoir antérieurement bien appris grâce à la répétition. Ainsi, un nouveau comportement serait sous le contrôle principal de l’intention alors qu’un comportement souvent répété serait principalement sous le contrôle de l’habitude. Ces derniers postulats ont cependant fait en sorte que l’opérationnalisation de l’habitude s’est restreinte dans le modèle de Triandis au nombre de fois que le comportement a été adopté par un individu dans le passé.

Même si un certain nombre d’auteurs réfèrent au modèle de Triandis, il semble que peu ont tenté de le mettre en application42. Triandis a néanmoins fait école puisque sa

conceptualisation de l’habitude en tant que comportement passé a été plusieurs fois reprise en vue de tester les modèles développés par Ajzen et Fishbein (cf. théorie du comportement planifié et théorie de l’action raisonnée). On postulait également dans ces études qu’un comportement plusieurs fois répété est davantage susceptible d’être sous le

42 Dans ce que j’ai pu lire, seul Mittal (1988) prétendait appliquer le modèle de Triandis; il a toutefois

contrôle d’un processus automatisé, alors qu’un comportement effectué moins fréquemment serait (encore) guidé par des interprétations et des considérations évaluatives. L’objectif principalement poursuivi dans ces recherches consistait cependant à mesurer la valeur prédictive relative des variables de l’un ou l’autre des deux modèles lorsque y était intégrée une mesure de l’habitude.

Certains auteurs considèrent qu’une mesure de l’habitude ne tenant compte que du comportement passé n’est pas adéquate. Verplanken et al. (1998) ont par exemple mis à l’épreuve la théorie du comportement planifié – en matière de choix du mode de transport – en utilisant deux mesures différentes de l’habitude : 1) la mesure traditionnelle, c’est-à-dire l’auto-déclaration du comportement passé, et dans ce cas-ci sur une échelle à 4 points (de jamais à souvent prendre la voiture pour aller : a) quelque part dans son village et b) quelque part à l’extérieur), et 2) une mesure basée sur des scripts (appelée plus tard RFM (Response-Frequency Measure) (Verplanken et Aarts (1999)), qui consistait à présenter 15 voyages imaginaires variant fortement en termes de distance et de destination (ex.: aller au supermarché, aller voir un ami qui habite dans une ville voisine, etc.) et à demander aux participants d’indiquer, le plus vite possible, quel mode de transport ils utiliseraient dans ces différentes situations. Verplanken et al. postulaient dans ce cas que la force de l’habitude est mesurée par la récurrence des réponses relatives à un mode de transport particulier (en l’occurrence ici, la voiture)43.

D’autres chercheurs ont totalement exclu de leur investigation la fréquence du comportement passé. C’est le cas de Trafimow (2000) pour qui l’habitude est d’abord et avant tout un état mental (l’individu doit considérer qu’il a l’habitude du comportement). Il a donc testé la théorie du comportement planifié – relativement à l’usage du condom – en utilisant pour mesurer l’habitude une échelle à 7 points indiquant “I habitually use / do not use a condom when I have sex” (p. 386). Orbell et al. (2001) ont également testé

43 Quelques autres chercheurs, tels Bamberg et al. (2003), ont aussi testé la pertinence des variables du

modèle du comportement planifié en utilisant cette double mesure de l’habitude (fréquence du comportement passé et mesure basée sur des scripts telle que développée par Verplanken et al.).

la théorie du comportement planifié en considérant la perception de l’habitude, mais aussi celle de l’automaticité : “Taking ecstasy is something I do as a matter of habit” et “Taking ecstasy is something I do automatically” [tout à fait d’accord – tout à fait en désaccord] (p. 36). Aucun développement théorique ne justifie toutefois dans leur cas l’utilisation des mesures de perception, leur présentation du concept d’habitude se limitant principalement au rappel des postulats généraux caractérisant l’habitude- processus44. Mittal (1988) – qui a pour sa part testé le modèle de Triandis comme

prédicteur du port de la ceinture de sécurité – distinguait tout d’abord les habitudes pro- intentionnelles et contre-intentionnelles (c’est-à-dire les habitudes d’usage versus les habitudes de non-usage). Mais surtout, Mittal considérait que le seul facteur discriminant les comportements régis par l’intention et ceux régis par l’habitude se trouvait dans la conscience (l’awareness) d’avoir ou non réalisé l’action. La mesure de l’habitude d’usage a donc consisté à demander : “During the past 4 weeks, when I got into my car, I was not even aware and I put on my seatbelt” (jamais – rarement – quelques fois – souvent – toujours), alors que celle du non-usage se résumait à la question : “I simply forgot to put on my seatbelt” (p. 1001). Ronis et al. (1989) soutenaient également que, au lieu de demander combien de fois une action a été réalisée, il vaudrait mieux poser des questions sur les dimensions centrales de l’habitude, à savoir l’absence de prise de décision consciente, le bas niveau d’awareness, et la capacité de réaliser cette action en même temps qu’une autre.

Bien que la mesure de l’habitude soulève quelques débats (Ajzen, 2002), la principale « querelle » observée dans ce type d’études concerne la détermination de la place que l’habitude devrait occuper dans les modèles attitudinaux. En clair, la question litigieuse est celle à savoir si l’habitude – en tant que comportement passé – agit sur le comportement futur indépendamment de l’intention (ou des différentes variables des modèles, c’est-à-dire l’attitude, la norme subjective, et la perception du contrôle) ou si elle ne vient pas plutôt agir indirectement sur le comportement futur en modulant les

44 Ex.: “Habits are generally understood to imply actions that have become automatic responses to

effets de l’une ou l’autre de ces variables initiales. Un certain nombre d’auteurs arrivent à la conclusion que l’habitude constituerait un facteur indépendant des autres déterminants théoriques du comportement (Sutton, 1994; Bagozzi et Kimmel, 199545;

Conner et Armitage, 1998; Ouellette et Wood, 1998; Verplanken et al., 1998; Conner et al., 1999; Aarts et Dijksterhuis; 2000; Fujii, et Gärling, 2003). D’autres croient plutôt qu’il ne s’agit que d’un facteur confondant. Eagly et Chaiken (1993, dans Goldenberd et al., 2000), par exemple, avançaient qu’un comportement répété peut contribuer au maintien d’une attitude favorable à l’égard de ce comportement, et que les effets sur l’intention dériveraient essentiellement de cette attitude favorable. Ajzen, pour sa part, croyait plutôt que le comportement passé peut notamment avoir un effet médiateur sur la perception du contrôle46. Bien qu’il ait plus tard reconnu que certains travaux semblent

contredire cette hypothèse, Ajzen soutint encore que le comportement passé ne parvient en réalité qu’à « capturer » des processus ou variables psychologiques autres que ceux attribués à l’habitude (Ajzen et Fishbein, 2000; Ajzen, 2001; Ajzen, 2002).

Un tout autre courant de recherche, mis en branle par des chercheurs des Pays-Bas (dont notamment Verplanken, Aarts et Van Knippenberg), consistait plutôt à « tester » l’automaticité des habitudes grâce à la réalisation d’une série d’expérimentations. Deux exemples sont présentés ci-dessous à titre illustratif.

Une première série d’expériences, relatées dans Aarts et Dijksterhuis (2000), avait pour objectif de faire la démonstration que les habitudes sont des représentations mentales associant automatiquement buts et actions. Plus spécifiquement, les chercheurs voulaient vérifier : 1) que le comportement habituel peut être activé automatiquement, 2) que cette activation automatique ne survient pas lorsqu’il s’agit d’un comportement non habituel et 3) que l’activation automatique d’une action habituelle dépend de l’activation

45 Bagozzi et Kimmel ont testé quatre différents modèles théoriques, soit la théorie de l’action raisonnée,

la théorie du comportement planifié, une partie de la théorie de l’auto-régulation et la théorie de l’essai (theory of trying), dans lesquels ils ont ajouté une mesure de la fréquence, mais aussi de la récence du comportement passé.

préalable d’un but. Afin de vérifier ces hypothèses, les chercheurs ont notamment mené une expérience avec 45 sujets usagers habituels et non habituels de la bicyclette47.

Certains sujets ont d’abord été « primés » par la présentation de cinq buts de déplacement (ex.: avoir à se rendre à un cours). On présentait par la suite aux sujets une destination (ex.: l’université) et un mode de transport, puis on leur demandait si ce mode de transport semblait être une option réaliste. Le temps de réponse servait de variable dépendante. Les hypothèses sous-jacentes à cette expérimentation supposaient que les usagers habituels de la bicyclette devraient répondre plus vite que les autres au mot « bicyclette » lorsqu’on les avait « primés » avec un but, mais qu’il n’y aurait pas de différence entre les groupes d’usagers lorsqu’on ne leur avait pas au préalable présenté de but (autrement dit, lorsqu’on n’avait pas au préalable activé un but de déplacement).

Une seconde série d’expériences, présentées dans Aarts et al. (1998), visait quant à elles à explorer les processus sous-tendant les choix habituels. Plus spécifiquement, les chercheurs souhaitaient vérifier que l’habitude atténue le processus décisionnel, en examinant la quantité d’informations utilisée par des sujets préalablement à la sélection d’un mode de transport. On postulait plus précisément que la force de l’habitude influence les décisions prises et que ceux qui ont une forte habitude consultent moins d’informations avant de prendre une décision. Dans l’une de ces expériences, la mesure de la force de l’habitude de l’usage de la bicyclette a été prise en utilisant la méthode basée sur des scripts (cf. p. 59). On demandait par la suite aux sujets de s’imaginer qu’ils ont à se rendre de leur lieu d’habitation (tous logeaient dans la même résidence étudiante) à un magasin particulier du centre-ville. Quatre modes de transport étaient proposés (marcher, prendre l’autobus, la bicyclette ou le train). On présentait ensuite sur écran un document hypertexte dans lequel les sujets pouvaient trouver, selon leur bon désir, des informations relatives à chacun de ces modes (temps de parcours, coûts, etc.). Les modes de transport choisis, de même que le nombre d’informations consultées servaient d’indicateurs.

47 Les groupes ont été départagés en mesurant le nombre de fois où les sujets avaient pris la bicyclette au

Les postulats généraux développés par les chercheurs des Pays-Bas à l’effet qu’un comportement fréquemment répété devient basé sur des scripts48 et que l’habitude ainsi

formée influence le processus décisionnel, notamment en réduisant – voire en éliminant totalement – l’évaluation de l’information disponible, ont été examinés par d’autres chercheurs œuvrant dans le secteur du choix du mode de transport49 (Gärling et al.,

2000; Gärling et al., 2001; Bamberg et al., 2003; Fujii et Kitamura, 2003; Garvill et al., 2003). Bien que les objectifs et les méthodes diffèrent passablement d’une étude à l’autre, dans tous les cas les chercheurs ont utilisé la mesure de la fréquence d’utilisation des modes de transport50, de même que celle basée sur des scripts. Dans la majorité des

travaux, ces deux mesures étaient envisagées comme des indicateurs équivalents du même construit (l’habitude)51. Les résultats obtenus par certains les incitèrent cependant

à remettre ce présupposé en question. C’est le cas de Garvill et al. (2003), qui ont observé une corrélation de seulement 0,22 entre les deux mesures, et qui en conclurent qu’elles ne « capturent » vraisemblablement pas le même phénomène. Bamberg et al. (2003) arrivèrent aussi à cette conclusion – mais pour des raisons différentes – et suggérèrent que la méthode des scripts mesure probablement davantage un construit s’apparentant à celui de l’intention. Verplanken et Aarts (1999) avaient déjà souligné que ces deux mesures de l’habitude nécessitaient certaines améliorations et qu’elles sont sensibles au contexte d’application, la méthode basée sur des scripts – où le temps de

48 Ou, pour reprendre les termes des auteurs originaux, une représentation mentale associant

automatiquement but et action.

49 Les chercheurs œuvrant dans ce secteur sont notamment préoccupés par la question de savoir

comment inciter les gens à privilégier d’autres modes de transport que la voiture (ex.: autobus, marche à pied, bicyclette). En postulant que l’habitude agit automatiquement et indépendamment de l’intention, de l’attitude, etc., certains en viennent à la conclusion que l’habitude s’avère imperméable aux stratégies classiques de persuasion. Leur objectif ultime consiste donc à déterminer comment briser les habitudes ou comment faire en sorte que les choix “become deliberate and rational again” (Gärling et Axhausen, 2003; p. 1).

50 Gärling et al. (2000 et 2001) se distinguent toutefois puisqu’ils mesuraient la fréquence d’utilisation de

la voiture, mais aussi la fréquence à laquelle les personnes y avaient accès.

51 Pour Fudjii et Kitamura (2003), cependant, la méthode basée sur des scripts devait permettre

réponse est un critère contrôle important – se voulant plus appropriée dans les entrevues face-à-face et les expérimentations alors que la méthode de la fréquence s’avérerait plus adéquate dans les questionnaires postaux52. Ce type de problèmes bien concrets liés à la

mesure de l’habitude ont incité Verplanken et Orbell (2003) à développer un tout nouvel instrument, qu’ils ont baptisé Self-Report Habit Index ou SRHI. Pour Verplanken et Orbell, l’habitude correspond bien plus qu’à la simple fréquence d’un comportement passé; elle est un construit psychologique caractérisé par : 1) un historique de répétition, mais aussi 2) l’automaticité (automaticité plus spécifiquement révélée lorsque le comportement apparaît difficile à contrôler, qu’il est exécuté sans attention consciente et qu’il permet la réalisation d’autres tâches en parallèle53), et, dans certains cas,

3) l’expression de l’identité, en entendant par là que certaines habitudes refléteraient “a sense of identity or personal style” (p. 1317). Sur cette base, Verplanken et Orbell ont élaboré un questionnaire comportant 12 propositions (Behavior X is something… I do frequently; I would find hard not to do; I do without thinking; I have no need to think about doing; That’s typically “me”; etc. (p. 1329)) auxquelles les répondants doivent exprimer leur accord ou leur désaccord, sur une échelle de 7 ou de 11 points. Verplanken et al. (2005) défendaient la validité de cet instrument notamment du fait qu’ils ont observé, dans différentes études, une assez forte corrélation entre la mesure de l’habitude telle qu’obtenue par le SRHI et la mesure de l’habitude obtenue via la méthode basée sur des scripts. Verplanken et Orbell ne remettaient donc pas en cause la validité de la mesure basée sur des scripts. Leur objectif consistait en fait davantage à développer un instrument de mesure plus « souple » puisque, comme ils le soulignaient, en plus de ne pouvoir être utilisée qu’en laboratoire, la mesure basée sur des scripts ne

52 À souligner à cet égard que la prise en compte du temps de réponse dans les différentes études ci-haut

mentionnées se limitait essentiellement à demander aux personnes de répondre le plus spontanément possible.

53 Verplanken et Orbell ajoutent à ces caractéristiques que le comportement doit être intentionnel. Cette

affirmation peut sembler étonnante puisque, classiquement, on considère qu’un comportement automatisé n’est pas intentionnel. En fait, en postulant que l’habitude ne peut être mise en branle sans l’activation au préalable d’un but ou d’un objectif à atteindre, les chercheurs des Pays-Bas ont conféré une spécificité à l’automaticité de l’habitude, à savoir un nécessaire caractère intentionnel .

peut convenir que dans l’étude de comportements pouvant être adoptés dans des contextes variés et nécessite toujours, un peu par voie de conséquence, un long travail préparatoire en vue d’identifier les différents contextes appropriés à la mesure du caractère habituel du comportement à l’étude. En fait, Verplanken et Orbell étaient à certains égards davantage préoccupés par des questions d’ordre pratique lorsqu’ils ont élaboré le questionnaire SRHI. Il semble néanmoins que l’on ait aussi commencé dans ce courant de recherches à se questionner sur la validité des indicateurs de l’habitude.

Finalement, et dans une toute autre perspective, Wood et al. (2002) ont réalisé deux études visant à identifier et à comparer les pensées et émotions survenant pendant la réalisation d’activités habituelles et non habituelles. Les habitudes étaient définies par Wood et ses collègues comme étant des comportements réalisés à peu près tous les jours et dans le même lieu la plupart du temps, alors que les comportements non habituels étaient ceux réalisés moins fréquemment (une fois par semaine ou par mois) et dans un contexte plus changeant (rarement ou quelquefois dans le même lieu). Leur objectif principal consistait cependant à vérifier si cette définition de l’habitude – en tant que comportement fréquent et réalisé dans un contexte stable – est appropriée en la confrontant à l’un des autres critères réputés requis à l’identification de l’habitude, à savoir l’absence ou la quasi absence de pensées explicitement reliées à la réalisation du comportement. Outre cet objectif, les chercheurs ont aussi voulu vérifier : 1) que le comportement habituel s’accompagne d’émotions moins intenses54 – notamment en

regard du stress et de la perception du contrôle – que celui non habituel, et 2) que l’habitude est interprétée par les répondants comme étant peu reliée à l’accomplissement de soi et comme étant attribuable à des facteurs externes (la situation, une autre