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CHAPITRE 1 – La périurbanisation et l’espace agricole en Tunisie

A- Qu’est-ce que l’agriculture urbaine et périurbaine ?

Il n'existe pas encore une définition universellement acceptée du concept d’agriculture urbaine. Cependant, l’intérêt que porte la recherche, surtout en sciences sociales, sur ce thème, depuis quelque temps45, s’est accompagné de l’émergence de définitions multiples et complémentaires qui éclaire sur ce qu’est ou ce que pourrait être l’agriculture urbaine.

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Charles Baudelaire, « Mon cœur mis à nu » (poème). http://www.bmlisieux.com/archives/coeuranu.htm 45 L’agriculture urbaine est une activité « sans doute vieille comme la ville, mais, en tant qu’objet d’étude, elle est toute nouvelle ». In « L’agriculture périurbaine », Les Cahiers de la multifonctionnalité Numéro 8,

Coordination : André Fleury, 2005, p.3.

A-1- L’agriculture des villes des pays en voie de développement

A-1-1- Selon la FAO, 1996 et 2000

La Fao (1996) définit « l'agriculture urbaine comme la production de denrées alimentaires à

l'intérieur du périmètre des villes, c'est-à-dire dans les cours, sur les toits, dans des potagers et des vergers communautaires, de même que dans des espaces laissés vacants ou des espaces publics »46. Il s'agit le plus souvent d'une activité éparpillée sur tout le périmètre urbain et concentrée sur des produits qui n'exigent pas de surfaces arables importantes. Ces agricultures sont capables de survivre avec peu d'intrants et, souvent, sont périssables.

Face à l’intérêt que détient cette agriculture, tant au niveau de la fourniture de la nourriture fraîche et de l’emploi que de la gestion des ressources (terre, eau, énergie, main-d'œuvre), la FAO constate l’existence des concurrences parallèles sur ces ressources par les usages urbains ce qui a permis d’établir une définition complémentaire de l’agriculture urbaine. En effet, la FAO (1999 et 2000) désigne par agriculture urbaine, les pratiques agricoles à l’intérieur des villes (agriculture intra-urbaine) et en périphérie des villes (agriculture péri-urbaine) qui utilisent des ressources pouvant également servir à d'autres usages pour satisfaire les besoins de la population urbaine. Il s’agit de petites surfaces (terrains vagues, jardins, vergers, balcons, récipients divers) utilisées en ville pour cultiver et élever de petits animaux et des vaches laitières en vue de la consommation du ménage ou des ventes de proximité. Cela peut concerner aussi des unités agricoles qui gèrent des exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant l’horticulture, l'élevage de volailles et d'autres animaux destinés à la production de lait et d'œufs.

La diversité des formes des agricultures urbaines et leur localisation géographique par rapport à la ville (intra ou péri-urbaine), font que chaque définition tente d’apporter plus de précisions sur l’une ou l’autre des agricultures. En général, plus on s’éloigne du centre-ville, plus il y a de la place pour le développement des exploitations de taille plus grande, et dont la production est parfois destinée essentiellement à l’exportation.

La plupart des définitions se sont concentrées, au départ, sur les rôles nourriciers et socioéconomiques de l’agriculture urbaine ainsi que sur les rapports de cette agriculture avec la ville et le monde urbain en général ; ce qui la distingue nettement de l’agriculture rurale qui se développe à distance de la ville.

A-1-2- Selon Luc J.A Mougeot, 1994

Pour L. Mougeot (1994), l’agriculture urbaine comprend, dans sa définition la plus large, un ensemble d’activités agricoles (productions végétale et animale) qui se localise dans les zones urbaines bâties et aux alentours. L’intérêt de l’étude de cette agriculture était lié au départ à son rôle dans la sécurité alimentaire des populations des pays pauvres notamment en Afrique. Depuis 1980, le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), a financé des projets sur les productions vivrières en milieu urbain au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda47. L’agriculture urbaine joue dans ce cas le rôle de source de nourriture et de revenus pour les populations surtout les plus pauvres. En effet, la diminution des terres cultivables dans et aux alentours des villes pousse des populations de revenus moyens et modestes à cultiver là où l’urbanisation ne s’est pas encore installée où ne peut l’être. Il s’agit

46 In FAO/ONU, La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, Collection FAO : Agriculture, no 29, Rome, 1996. http://www.fao.org/

47 Mougeot Luc J.A., in Faire campagne en ville, L'agriculture urbaine en Afrique de l'Est, Centre de recherches pour le développement international Canada, CRDI 1995. http://www.idrc.ca/fr/ev-42938-201-1- DO_TOPIC.html

souvent d’un ensemble d’espaces libres non construit : interstices des immeubles, berges des fleuves et zones inondables, emprises de voies de circulation (route et de chemin de fer) et des lignes de haute tension, etc., où l’agriculture est pratiquée surtout par nécessité dans les pays en voie de développement.

La désignation de l’agriculture urbaine par les chercheurs est liée en fait à ses rapports directs avec la ville. La ville est de ce fait sa raison d’être. C’est ce que nous comprenons des définitions de Mougeot et Tinker (1995), De Zeeuw et Lock (2000) pour lesquels l’agriculture urbaine est celle dont la production est destinée essentiellement au monde urbain.

On constate par ailleurs que l’étalement urbain s’est traduit par l’existence d’une alternative entre usage agricole et non agricole des ressources en sol et en eau. Cette alternative ouvre sur des concurrences et des complémentarités entre les différents usages du sol périurbain (Moustier et Mbaye, 1999). C’est ce que rappellent encore Moustier et al. (1995) en écrivant que « les interactions entre la ville et l’agriculture, en termes de flux de ressources et de

produits, sont au cœur de l’identité de l’agriculture urbaine »48.

Les ressources telle que révélées souvent dans les définitions de l’agriculture urbaine comme celles de la FAO ont été explicitées par Moustier (1999 et 2004) comme étant les suivantes :

- foncier bâti et foncier agricole ;

- eau destinée aux besoins des villes et eau d’irrigation ; - travail non agricole et travail agricole ;

- déchets ménagers et industriels et intrants agricoles ;

- coexistence en ville d’une multiplicité de savoir-faire dû à des migrations, cohabitation d’activités agricoles et urbaines génératrices d’externalités négatives (vols, nuisances) et positives (espaces verts) (Moustier et al. 1999)49.

A-1-3- Selon Marc Lavergne, 2004

Lavergne (2004) explique que si l’agriculture urbaine méditerranéenne « peut englober

l’agriculture intra-urbaine et l’agriculture périurbaine », c’est parce qu’il existe une activité

agricole qui se pratique dans les interstices du bâti à l'intérieur du périmètre urbain. Il s’agit « d’espaces inconstructibles du fait de leur vocation agricole affirmée et juridiquement

consolidée », ou bien de terres en exploitation temporaire, en attendant une valorisation

suffisante pour réaliser la rente foncière. D’autre part, il existe « une agriculture de

périphérie, qui peut être soit une antique ceinture maraîchère, soit la campagne qui se trouve

progressivement rattrapée par la ville »50. Selon Lavergne (2004), la distinction à opérer

entre intra-urbaine et périurbaine est plus fonctionnelle que spatiale : il s’agit d’une agriculture (intra-urbaine) qui recule sous la pression urbaine (espaces grignotés) et une agriculture (périurbaine) qui co-évolue avec l’urbanisation (l’agriculture qui résiste) et qui devient partie prenante de la construction du territoire périurbain. De ce fait, la localisation de l’agriculture à l’intérieur ou dans les marges de l’espace urbain lui semble secondaire, « et ne

joue que comme un facteur explicatif de la pression foncière, des difficultés plus ou moins grandes d'accès, de pollution, etc. ».51. C'est pourquoi, poursuit l’auteur, « il paraît plus

48

P. Moustier et al., op. cit., p. 22.

49 P. Moustier et al., « Les dynamiques de l’agriculture urbaine : caractérisation et évaluation », in Développement durable de l’agriculture urbaine en Afrique francophone, Enjeux, concepts et méthodes, sous la direction de Olanrewaju B. Smith, et al., CIRAD/CRDI 2004, p. 21. Livre en ligne sur : http:/www.idrc.ca/en/ 50 Marc Lavergne, 2004, « l'agriculture urbaine dans le bassin méditerranéen, une réalité ancienne à l’heure du renouveau », in Interface : agricultures et villes à l’Est et au Sud de la Méditerranée, sous la direction de Joe Nasr et Martin Padilla, éditions Delta, 2004, p. 53.

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judicieux de distinguer entre des formes héritées de l'agriculture urbaine, des formes dégradées de l'agriculture rurale grignotée et condamnée par l'urbanisation, et des formes novatrices, nées soit de circonstances et de situations de crise alimentaire ou urbaine, soit de formes émergentes d'une nouvelle agriculture, répondant à des besoins accompagnant la

croissance urbaine et exploitant les carences et les discontinuités spatiales »52.

En fait, l’agriculture urbaine se maintient encore dans et autour des villes des pays en voie de développement, surtout pour des raisons d'approvisionnement des marchés urbains en produits frais et un bassin d’emploi important pour les populations pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. Dans les pays de la rive Sud de Méditerranée, l’agriculture urbaine est souvent formée de jardins familiaux : Chatt, senia et jnen en Tunisie, boustăn ou bustăn53 en Syrie, Jordanie, Liban, Yémen, etc., (Thierry Boissière, 2004). Dans certain pays du Moyen- Orient comme l’Arabie Saoudite, l’agriculture urbaine acquière la forme d’une agriculture de plaisance pratiquée dans des Mazraa54 que cultivent des citadins aisés.

Dans les pays en voie de développement, les attendus de l’agriculture urbaine se sont concentrés essentiellement sur le rôle économique vu l’importance de cette agriculture dans l’autosuffisance alimentaire des pauvres et l’approvisionnement des populations urbaines en produits frais. Ce n’est pas le cas dans les pays développés où l’accent est mis sur les nouvelles missions urbaines de cette agriculture notamment les rôles social et paysagiste55 (Fleury et Donadieu, 1997).

A-2- L’agriculture des villes des pays développés

Dans les pays développés, l’amélioration des routes et des conditions de transport a permis à la ville de s’approvisionner en produits alimentaires frais cultivés parfois à des distances considérables. Mais cela n’empêche pas que persistent des agricultures et des jardinages de proximité urbaine. La recherche des aliments sains et sans intrants chimiques incite en outre très souvent les citadins à cultiver des potagers ou des jardins communautaires en bordure des villes. Dans ce cas, l'agriculture, plus qu'un simple loisir, devient pour certain un mode de vie. C’est ce qu’observe Donadieu (1998) en écrivant que dans les pays développés, la demande sociale individuelle et collective tant en qualité du cadre de vie qu’en produits alimentaires frais de terroirs constituent des facteurs importants qui distinguent désormais l’agriculture urbaine. Cette agriculture se manifeste aujourd'hui sous « des formes nouvelles de productions

maraîchères, de vergers, de pépinières et de cultures florales qui répondent directement aux

besoins citadins et qui peut occuper durablement les coupures vertes urbaines »56.

En France, « un Français sur trois cultive son potager et un sur quatre se consacre à un

jardin d’agrément sur des surfaces qui atteignent presque 200 m2 en moyenne dans les

grandes villes »57. En Italie, « de nombreux Florentins ont racheté les olivettes et les

52 Marc Lavergne, op. cit., p.54.

53 Le terme bustān (pluriel : basātĩn) «désigne un espace agricole clos et restreint où se pratique un travail individuel, minutieux et régulier sur des cultures le plus souvent irriguées. Celles-ci qu'elles soient maraîchères ou fruitières, se pratiquent de façon intensive, sont associées sur les mêmes parcelles, parfois enchevêtrées et superposées les unes aux autres, et font l'objet de récoltes tout au long de l'année ». Thierry Boissière, « Agriculteurs urbains et changement sociaux au Moyen-Orient », in Interface : agricultures et villes à l’Est et au Sud de la Méditerranée, sous la direction de Joe Nasr et Martin Padilla, éditions Delta, 2004, p. 33.

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Le terme mazraa (champs de céréale en Afrique du nord), désigne le jardin de plaisance en Arabie Saoudite. Durant mon séjour (1983-1985) en Arabie Saoudite, j’ai pu constaté que, dans les environs de la ville de Hofouf (région du Sud-est), les riches citadins possédaient des mazraa en zones périurbaines où ils se retirent soit avec leur familles soit avec leurs amis pendant les week-ends. On y cultive un peu de maraîchage, quelques fruitiers et parfois on élève une ou deux vaches laitières pour les besoins familiaux.

55 Le rôle social est valorisé par l’émergence des jardins familiaux et du rapport des citadins et du public avec l'espace et l'activité agricole.

56 Donadieu Pierre, Campagnes urbaines, Ed. Actes Sud /ENSP, 1998, p. 20. 57

vignobles de la campagne environnante pour y produire, dans un cadre traditionnel, leur huile et leur vin propres »58.

A-2-1- Selon André Fleury et Pierre Donadieu, 1997

La proximité de la ville-marché conjuguée aux besoins des populations urbaines tant en produits frais qu’en espace de liberté et de récréation constitue un ensemble de facteurs importants qui influent sur les types des cultures pratiquées et les systèmes de production. C’est la thèse soutenue par A. Fleury et P. Donadieu (1997) pour qui « L’agriculture péri-

urbaine, au strict sens étymologique, est celle qui se trouve en périphérie de la ville, quelle

que soit la nature de ses systèmes de production »59. Toutefois, la seule proximité de la ville

semble insuffisante pour expliquer qu’une agriculture soit définie comme telle. L’agriculture n’est considérée comme urbaine qu’à partir du moment où elle entretient des rapports étroits avec la ville. C’est-à-dire que les ressources, les produits et les services de cette agriculture

« sont ou peuvent faire l’objet d’une utilisation urbaine directe »60. C’est ce que précisent encore ces auteurs en écrivant qu’« avec la ville, cette agriculture peut soit n’avoir que des

rapports de mitoyenneté, soit entretenir des rapports fonctionnels réciproques. Dans ce dernier cas, elle devient urbaine et c’est ensemble qu’espaces cultivés et espaces bâtis

participent au processus d’urbanisation et forment le territoire de la ville »61.

Par ailleurs, la fonction économique et nourricière de l’agriculture urbaine n’exclut pas l’existence d’autres fonctions qui sont en rapport direct avec le voisinage de la ville, comme le traitement et le recyclage des déchets urbains et l’amélioration du cadre de vie. Dans ces conditions, la permanence de l’agriculture urbaine est liée à ses capacités d’adaptation au contexte périurbain grâce à des systèmes de production multiples qui comprennent tant les cultures vivrières, fruitières et ornementales (tubercules, légumes, arbres, herbes aromatiques et médicinales, plantes ornementales, etc.) que l’élevage d'animaux de toutes sortes et de toutes tailles (volailles, poissons, abeilles, lapins, serpents, cobayes ou autres animaux ou insectes) que l’on considère consommables ou nécessaires dans une région donnée. C’est ce que précisent aussi Fleury et Donadieu (1997) en écrivant que l’agriculture urbaine est aussi une activité qui comprend la production végétale (agriculture vivrière ou non et

arboriculture) et animale (bétail, volaille, poisson, etc.) dans les zones urbaines bâties

(production intra-urbaine) et aux alentours (production périurbaine)62.

A-2-2- Selon P. Donadieu, 2001 et A. Fleury, 2004

L’amélioration des conditions de transport fait que la ville est suffisamment approvisionnée en produits alimentaires. Mais, dans la plupart des cas, on remarque que son étalement, qui éloigne l’agriculture vers l’arrière-pays, engendre non seulement la régression des terres agricoles mais s’accompagne de l’éloignement du citadin d’un cadre de vie de plus en plus recherché. En effet, l’agriculture urbaine accomplit d’autres fonctions aussi importantes que la fourniture de la nourriture aux citadins. Ces fonctions non directement alimentaires se constatent dans la diversité des formes de l’agriculture urbaine (Donadieu, 2001). Dans les pays développés, ces formes englobent l’agriculture rurale fondée particulièrement sur les

58 In Marc Chevrier, «L'agriculture urbaine ou les paysages nourriciers de la ville», L'Agora, vol. 8, no 3, juin- juillet 2001. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Agriculture_urbaine

59

André Fleury et Pierre Donadieu, « De l’agriculture périurbaine à l’agriculture urbaine », Le Courrier de l'environnement n°31, août 1997. http://www.inra.fr/dpenv/

60 P. Donadieu, Campagnes urbaines, Ed. Actes Sud /ENSP 1998, p. 19. 61

In Fleury André et Donadieu Pierre, « De l’agriculture périurbaine à l’agriculture urbaine », Le Courrier de l'environnement de l’INRA, 31, août 1997. http://www.inra.fr/dpenv/.

62Luc J.A. Mougeot, « L’agriculture urbaine en Afrique d’un point de vue mondial », in Faire campagne en ville, L'agriculture urbaine en Afrique de l'Est, Centre de recherches pour le développement international Canada, CRDI, 1995, p. 10.

grandes cultures (les céréales) et l’élevage intensif, lesquelles rejointes par l'urbanisation deviennent de fait urbaines, mais ont tendance à fuir la ville en se relocalisant loin de l’influence urbaine. Les autres formes d’agricultures sont à caractère périurbain. Il s’agit des exploitations maraîchères, arboricoles et de floriculture dont la concentration autour des villes est liée à la proximité des marchés urbains et les facilités d'accès aux moyens de transport. Le développement de l'agriculture de plaisance et des jardins familiaux, liée surtout aux loisirs, est expliqué comme d’autres formes de l’agriculture urbaine dans et autour des villes des pays occidentalisés.

Cette explication qui nous semble assez juste pour mieux comprendre le concept de l’agriculture urbaine concorde avec celle d’André Fleury (2004), pour qui il s’agit d’« une

agriculture intra- ou péri-urbaine nécessaire, d’une manière ou d’une autre, au fonctionnement de la ville, en termes d’approvisionnement alimentaire ou en termes de

qualité environnementale »63. Cette agriculture peut être classée, selon le même auteur, en

quatre grandes catégories liées aux conditions économique et socioculturelle dans chaque cas :

- une agriculture de crise; faite de jardins familiaux des populations pauvres et/ou

exclues du marché de l’emploi ;

- une agriculture de grands marchés sur des produits où, des points de vue écologiques

et économiques, la région dispose d’atouts spécifiques mais où elle reste locale par l’occupation du territoire ;

- une agriculture de territoire, faite de la ceinture verte traditionnelle essentiellement nourricière et qui a légitimé sa position spatiale avec le développement socio- économique : soit en inventant des activités nouvelles, des biens et services ruraux de

proximité, soit en devenant une agriculture des grands marchés, mais qui peut être

délocalisé sous la pression urbaine si sa présence n’est pas justifiée par des valeurs patrimoniale et paysagères ;

- une agriculture sociale, orientée vers le loisir pour les uns, vers l’action sociale pour les autres (pédagogie, réinsertion des exclus, etc.) 64.

Considérant les différentes approches ou définitions précitées, il ressort que le concept d’agriculture urbaine est aussi évolutif, vu la diversité des formes de cette agriculture et les fonctions multiples qu’elle est en mesure d’assurer au profit de la ville et des espaces périurbains. Tous les auteurs s’accordent sur les rôles économique et nourricier de l’agriculture urbaine. Mais ce que nous retenons en plus, c’est la dimension géographique de l’activité agricole et son intérêt pour le territoire de la ville et les populations urbaines. En effet, l’agriculture urbaine contribue à résoudre certaines questions sociales graves en jouant un rôle d’intégration (migration des ruraux, chômage endémique), et d’autres spatiales par sa participation aux processus urbains : «L’agriculture urbaine est non seulement une activité

économique dont la fonction est de produire des denrées alimentaires, mais aussi une

composante spatiale valorisant le paysage urbain et le cadre de vie des citadins» 65.

63 Fleury André, « Agriculture périurbaine et projet urbain, définition et concepts », in Deuxièmes Rencontres Horticulture et Paysage, ESHE, décembre 2004, CMCU, Projet 04/G0302, Cord. Donadieu P. et Rejeb H., p. 14. 64 In Donadieu P. et Rejeb H., « Agriculture périurbaine et projet urbain, définition et concepts », deuxièmes Rencontres Horticulture et Paysage, ESHE, décembre 2004, CMCU, Projet 04/G0302), p. 14.

65 Bouraoui M., « Agriculture périurbaine et projet urbain, définition et concepts », Deuxièmes Rencontres Horticulture et Paysage, ESHE, décembre 2004, p. 17.