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CHAPITRE 1 Evolution géographique de la ville de Sousse avant et après l’indépendance

C- Après l’Indépendance

C-1- la périurbanisation des villes tunisiennes depuis l’indépendance

« Depuis l’Indépendance (1956), on peut distinguer trois types de flux en provenance du

«Reste de Pays » vers Tunis », écrit Michel Picouet22 : des flux fortement organisés, des flux

conjoncturels et des flux non organisés. Qu’il s’agisse des flux organisés ou non, leur installation dans les villes s’établit selon deux mouvements, selon M. Picouet, (1975), P. Sebag (1970-71) et M. Chabbi (1986)23.

Le premier cas concerne un mouvement direct au moyen de réseaux familiaux et/ou communautaires nouées avec d’anciens migrants déjà installés en ville. Le second cas concerne généralement des ruraux qui agissent par étapes dans selon un mouvement hors réseaux. Dépourvues de moyens financiers mais aussi d’une culture urbaine, ces populations ont choisi d’autres lieux d’apprentissage de l’adaptation à la vie citadine à proximité de la ville. A cet effet, ces migrants choissent les communes rurales les plus proches des grands centres urbains ou l’espace rural périphérique comme des lieux relais, avant d’intégrer définitivement la ville. Ces stratégies migratoires contribuent aux transformations graduelles de l’espace périurbain et met en péril l’activité agricole. Jusqu’en 1975, les espaces interurbains vacants et à statut foncier précaire (District de Tunis, 1982) ont constitué des lieux d’élection des populations les plus démunies. C’est bien là où sont nés les foyers des bidonvilles à proximité du centre (figure 5). Une proximité qui leur permet d’exercer dans le secteur informel en ville sans recours au moyen des transports. Ce fut le cas des sites de carrières abandonnées et des terrains accidentés (Jebel Lahmar et Ras Tabia au Nord de Tunis, Borj sidi Ali Raïs et Sidi Fatahallah au Sud, Saïda Manoubia à l’Est) ; des berges de sebkhas ou des zones inondables (Mellassine à l’Ouest, Salambo, Maalga et El Haouech, à l’Est), etc. La vie en Médina même pour le mouvement organisé des migrations n’était que provisoire et une première escale avant de s’installer définitivement en zones périurbaine où le prix du foncier agricole reste très faible, jusqu'aux années 70.

Le logement dans les oukalas24 est assimilée à un stage de citadinité pour ne pas reprendre l’expression de stage d’oukalisation25 ; un terme qui prête plus à une indignation d’un état de fait social qu’à l’analyse d’un fait urbain ; surtout que les habitant de la ville sont pas uniquement des urbains du moment où elle a toujours accueilli des ruraux. En revanche, le

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Les flux fortement organisés (Type 1) écoulent traditionnellement le surplus de population des régions déshéritées, principalement le sud tunisien, les flux conjoncturels (Type 2) sont liés à un fait historique sans précédent : le départ de près de 200 000 européens remplacés en quelques années par des tunisiens attirés par des structures d’accueil (logements et emplois disponibles), assez exceptionnelles et les flux non organisés (Type 3) sont originaires le plus souvent des régions du Nord-Est et surtout du Haut-Tell). Picouet, Michel, Influence de la migration dans la croissance de l’agglomération de Tunis : Perspectives 1966 – 1991, Cahiers ORSTOM, série Sciences Humaines, 1975 - Volume 12, Numéro 4, p. 430.

23 M. Picouet (1975), op. cit., P. Sebag, les populations de la Médina. Tunis 3 fasc., 1970-71 et M. Chabbi, Une nouvelle forme d’urbanisation à Tunis, l’habitat spontané périurbain, thèse d’urbanisme Paris, 1986.

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Oukala désigne une demeure traditionnelle en médina abritant plusieurs familles où les chambre sont louées à la pièce pour une même famille ou pour des ménages qui n’ont aucun lien de parenté ou d’alliance.

25 J’emprunte ici à J. Berque l’expression stage de citadinité qui désigne l’étape transitoire de la vie des populations paysannes dans les faubourgs de la médina de Tunis, J. Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Tunis, Editions du Cérès, 2001, que celle de certains auteurs comme T. Bouchrara Zanad (1975) le stage d’oukalisation. Puisque, le terme oukalisation désigne l’état de dégradation des anciennes demeures de la Médina, souvent louées à la pièces pour accueillir des ménages d’origine rurale. On parle alors de surdensification, de taudification, de ruralisation, …, de la Médina.

terme urbanité semble plus approprié puisque ces même populations qui sont à l’origine des quartiers dit spontanés en zones périurbaine ont souvent véhiculé avec eux et reproduit dans leur mobilité résidentielles des formes et des motifs architecturaux empruntés à ceux de la Médina.

Figure 5 : « principaux Bidonvilles » du Grand Tunis (source : Bouraoui M., 2000).

Certains quartiers d’habitat spontané présente une trame orthogonale, des rues suffisamment larges et des villas en s’appuyant uniquement sur le savoir-faire individuel et/ou collectif. Une nouvelle forme d’habitat s’est amorcée depuis les années 70. Elle concerne autant des néo- citadins qui ont achevé leur stage de citadinité en ville que de nouvelles populations rurales venues s’installer directement en zones périurbaines. Cette nouvelle génération d’habitat grignote à sa manière l’espace périurbain des grandes villes maghrébines26.

En Tunisie et particulièrement à Tunis, la période 1975-1981 reste une étape distinguée de l’urbanisation périurbaine. La saturation des sites traditionnels intra-urbains et périphériques

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conjuguée à un contrôle plus strict des terrains intra-urbains à cause de l'accroissement des valeurs foncières ou des enjeux sociaux a généré un développement spontané d’une urbanisation périurbaine considérable où six zones représentent à elle seule presque 83 % de l'accroissement des logements spontanés dans le district de Tunis27 .

Le processus de périurbanisation incontrôlée était préoccupant ce qui a conduit le District de Tunis (DT) à mener une étude pour recenser les quartiers spontanés urbains et collecter les données de base décrivant leurs caractéristiques résidentielles, socio-économiques et urbanistiques. « Depuis 1976-1977, le District savait qu'il se développait autour de Tunis une nouvelle forme d'urbanisation d’espace qui s'opère sans autorisation préalable des autorités, donc anarchiquement, sur des terres agricoles qui n'étaient pas destinées à l’urbanisation, et caractérisée par une déficience presque totale en matière d'équipements socio-collectifs et d'infrastructures de base »28.

Désigné par « habitat spontané péri-urbain » (HSPU), le DT révèle que le phénomène va en s'accroissant, et au début des années 80, il était devenu d'une telle ampleur qu'une étude pour évaluer son importance, saisir sa répartition, appréhender les mécanismes de son développement et le caractériser dune manière beaucoup plus précise et détaillée devenait pratiquement urgente et nécessaire.

Dans la conclusion, l’étude a confirmé que l'habitat spontané surtout à partir de 1980 est devenue une composante essentielle de l'urbanisation dans le Grand Tunis et que cela est dû plus à une redistribution et un redéploiement de la population du Grand Tunis qu'à l’apport de population par exode rural, ce qui est une grande nouveauté a l'époque où on croyait partout que le phénomène est lié directement à l’exode rural, (District de Tunis, 1982).

Entre 1996 et 2004, le taux de la population des villes littorales a gardé une nette croissance par rapport au reste des villes tunisiennes. En l’espace de neuf ans, le gouvernorat de Sousse a réalisé le taux d’accroissement le plus élevé de toutes les villes tunisiennes, 20,3 % soit 92 300 habitants en plus. L’agglomération de Tunis, composée de quatre gouvernorats (Tunis, Ariana, Ben Arous et Manouba) n’est arrivée que deuxième avec une augmentation de 17,9 %, pourtant, elle est quatre fois plus peuplée que le gouvernorat de Sousse en 1996. Avec un taux de 12,94 %, Sfax deuxième ville du pays et deuxième plus grande agglomération à l’échelle nationale n’est arrivée qu’en troisième position. Pour la même période, les populations des trois gouvernorats du Nord Ouest (Le Kef ; Siliana et Béja) ont régressé respectivement de : 6.16 % (soit 17 000 habitants en mois) ; 5.97 % (soit 14 900 habitants en mois) ; -1,58 %, (soit 4 900 habitants en mois). Le gouvernorat de Kairouan qui n’est qu’à 60 km de la ville de Sousse et du littoral Est n’a augmenté que de 0.2 %, soit 1 100 habitants29. Cette polarisation des villes littorales s’est accompagnée d’une extension urbaine intense sur les espaces agricoles limitrophes. Ce mouvement de l’étalement de urbain était, jusqu’aux années 1980, l’apanage du grand Tunis.

C-1-1- Une littoralisation ancienne favorable à la périurbanisation

Les villes tunisiennes, à l’image du reste des villes arabes, sont traditionnellement des villes de services et d’activités tertiaires. Les mutations géographiques des deux décennies 1970- 1980 étaient importantes à l’échelle nationale bien que Tunis garde la dominance exclusive du reste des villes du pays. Un basculement démographique exceptionnel a marqué les villes côtières. Aussitôt après l’Indépendance, les trois régions de Tunisie maritime orientale disposaient de 75 % du nombre total des villes à pouvoir polarisant. Ce taux s’élève à 80 % en

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Source : District de Tunis, cité par T. Bouchrara Zanad, op. cit. p. 157.

28 District de Tunis, l’habitat spontané dan le District de Tunis, étude d’identification. Les quartiers, données de base, 1982, fiche d’étude n°15, p. 44.

29 Ces conclusions ont été déduites l’analyse des du tableau population 2004, source : Institut National de la Statistique (INS), statistiques économiques et sociales de la Tunisie, recensement 2004.

1984. Les grandes réalisations industrielles et touristiques et la consolidation des services administratifs ont attisé la croissance des villes côtières. Dans un intervalle de dix ans, la ville de Gabès a presque doublé, passant de 48 612 habitants en 1975 à 92258 habitants. Le record a été atteint par la population de Zarzis qui a été multipliée par 3.4 (14420 habitants en 1975 et 49063 habitants en 1984)30. Se sont les espaces périurbains qui accueillent ces flux de migrations interne. L’urbanisation croissante, la dominance du modèle de l’habitat individuel, l’éclatement du groupe familial (décohabitation), la croissance de la mobilité, engendrée par l’amélioration du niveau de vie, des moyens de déplacement et des infrastructures routières sont de nature à favoriser la dispersion, l’éclatement urbain, l’urbanisation sur

place des campagnes et la périurbanisation, A. Belhedi (1993).

Actuellement, et face à l'élargissement de l’espace urbanisé, la notion même de quartier qui caractérise le découpage de la ville disparaît dans les nouvelles formes de l’habitat périurbain. Le sentiment d'appartenance à un lieu identifiable se dilue lui aussi. Les populations s’identifient plutôt à un territoire régional ou à la ville-centre qu’à leur lieu d’habitat, encore mal défini du fait de la superposition des fonctions urbaine et rurales. Lors d’une enquête31 menée en 2000 auprès d’un échantillon d’anciens résidents des oukalas de la médina de Tunis, délocalisés dans une cité populaire en zone périurbaine, il a été remarqué que ces populations assimilent très mal leur nouveau territoire. À la question « gardez-vous encore un sentiment d’appartenance à votre ancien lieu de résidence, la médina ? », il a été répondu « Je

suis tunisois. Cela fait 28 ans que je j’habite en Médina. Aujourd’hui, Je ne me sens plus un habitant de Tunis avec cette délocalisation, nous sommes éloignés des établissements éducatifs et culturels, avec les retards du bus, mes enfants peinent pour arriver à l’heure à l’école. Bref, maintenant j’habite le rif32. Le contenu de cette réponse est révélateur d’un malaise général ressenti par les néo-citadins, car le terme rif évoqué dans ces propos est significatif. En fait, le rif était considéré jusqu’aux années 1980 comme un lieu répulsif, synonyme de dénuement et de dégradation sociale. Ce sentiment est éprouvé par les populations rurales défavorisées qui ont choisi le chemin de l’exode après avoir vécu avec leurs familles une pauvreté extrême durant des dizaines d’années. Néanmoins, le rif aujourd’hui mieux aménagé et facile d’accès depuis quelque temps, est devenu un lieu d’admiration de plus en plus attractif pour les citadins d’aujourd’hui. La tendance actuelle d’une part importante des populations urbaines, notamment la catégorie aisée, est celle de vivre citadin dans un rif, un rif bien accessible mais pas trop urbanisé. C’est uniquement dans de tels lieux qu’on profite pleinement des paysages à perte de vue, raconte un sahélien qui réside dans la région périurbaine de Sousse Nord. « Il n’y a pas d’obstacles visuels qui me

privent de ces belles vues. Le calme, l’air pur et la verdure qui m'enveloppent me passionnent ici. Je les ressens comme un don de la nature, et j’ai eu tort de ne pas m’en apercevoir assez

30 Voir à ce propos T. Bouchrara Zanad, op. cit., p. 27 et M. Trabelsi, Le développement politique, une théorie sans objet ? Réflexions a la lumière du cas tunisien". Colloque C.E.R.E.S., Novembre 1986, Tunis p. 7.

31 Il s’agit d’une enquête personnelle, in Houimli Ezzeddine, « Désoucalisation », recasement et nouvelle territorialité : Etude du cas des habitants de la cité El Machtel à El Agba Tunis, Mémoire de DEA d’urbanisme, Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme, Tunis, 2001. Le terme « désoucalisation » désigne la délocalisation d’anciens habitants des oukalas de la médina de Tunis vers de cités de recasement, aménagées en zones périphériques, notamment durant les années 1990.

32 Extrait des entretiens personnels, in Houimli Ezzeddine 2001, op. cit.

Le terme rif désigne « pays cultivé et fertile ; pays situé sur le bord d’un fleuve », selon le dictionnaire arabe- français Al-Farâ’id, édition, 1986. En Tunisie, le rif désigne rural. Cela concerne tout le territoire agricole non urbanisé en dehors des limites communales. Administrativement le rif est représenté par des imadas (la plus petite unité administrative d’une délégation). Depuis prés d’une quinzaine d’années, les conditions de vie dans le rif ne cesse de s’améliorent et le rif, notamment littoral, polarise de plus en plus des populations urbaines soit pour construire une résidence secondaire ou un habitat permanent.

tôt »33. Ce nouveau mode de vie sous-tend, en partie, l’actuelle urbanisation de l’espace rural de Sousse Nord, même si l’isolement n’est pas trop recherché par les tunisiens en général. L’existence d’une habitation voisine occupée rassure sur la sécurité du lieu, notamment pour les couples qui travaillent.

C-1-2- Polarisation des villes littorales, peuplement des régions côtières et recul des terres agricoles

Même si la Tunisie est considéré comme un pays précocement urbanisé, l’urbanisation des espaces ruraux périurbains limité à la villégiature (on l’a vu), ne s’est renforcé que depuis l’installation du protectorat en 1981. Outre la construction des villes européennes qui juxtaposait généralement les médinas, de nouveaux quartiers résidentiels ont vu le jour à l’écart de la ville-centre pour accueillir les populations étrangères. L’implantation de ces cités qui s’est accompagne des infrastructures nécessaire a favorisé l’apparition de l’habitat précaires aux alentours, notamment dans la ville de Tunis. Mais l’ampleur du processus de périurbanisation ne s’est accentuée qu’après l’Indépendance du pays en 1956, notamment dans les principales villes littorales (Tunis, Sfax et Sousse). Les possibilités d’emplois offerts par différents secteurs (tourisme industrie et tertiaire), la concentration des universités, l’amélioration de l’environnement, la proximité des loisirs, etc., sont autant de facteurs parmi d’autres qui accentuent le rôle polarisateur des villes côtières et les migrations interurbaines. La population du gouvernorat de Sousse qui ne compte que 122.468 en 1946, 158.440 en 1956 et 254.600 habitants en 1975 a plus que doublé en moins de 30 ans pour atteindre 547.000 habitants en juillet 2004, avec un taux élevé d’urbanisation ( plus de 80 %.34). L’essor du tourisme, de l’industrie, du bâtiment, du tertiaire et des services a fait de Sousse un pôle polarisateur à partir des années 1980. Pour les villes de l’intérieur, le déficit créé par les migrations interurbaines est compensé par un exode rural local en régression, depuis que la vie à la campagne commence à s’améliorer grâce à de nouveaux programmes sociaux mis à l’œuvre depuis les années 1990 à l’image du fond de solidarité nationale (26-26)35.

Cet état de développement des villes se perpétue jusqu’au début du siècle dernier. Par la suite, l’accroissement démographique et la paupérisation des populations rurales se traduisent par des afflux massifs vers les grands centres urbains, notamment après l’Indépendance du pays en 1956, ce qui a généré une dynamique urbaine importante. Les centres-villes se densifient et les espaces périphériques s’urbanisent progressivement. Cela concerne particulièrement la ville de Tunis qui s’est distinguée par son poids écrasant en détenant les pouvoirs de commandement sur le reste des villes et qui a occupé une place privilégiée dans les recherches réalisées. L’abondance des sources bibliographiques et la complexité des dynamiques géographiques ont orienté, semble-t-il, les recherche sur cette ville. Mais si l’on compare les évolutions des autres grands centres urbains comme Sfax ou Sousse, une certaine similitude pourrait être envisagée dans certains cas des transformations géographique. Néanmoins, les

33 Extrait d’un entretien réalisé en mai 2005 avec un résident de chott Mariem originaire d’une ville du Sahel qui a changé de domicile tout en conservant son travail en ville.

34 Source : Institut National de la Statistique (INS), statistiques économiques et sociales de la Tunisie, recensements 1975 et 2004.

35 Le Fonds de Solidarité Nationale (FSN), plus connu sous l'appellation " 26-26 ", (Loi n° 92-122 du 29 décembre 1992 portant loi des Finances pour la gestion 1993), est un programme social mis en oeuvre par l'Etat. Ce programme s’est fixé plusieurs missions dont celle d’intervenir dans les zones d'ombre qui ne peuvent bénéficier des programmes ordinaires de l'Etat eu égard à leur coût élevé. Les zones d’ombres ont étés définit les zones d'intervention du FSN. Il s'agit, généralement, des zones rurales dépourvues des commodités essentielles de la vie (eau potable, électricité, pistes d'accès, logements décents, écoles, centres de santé de base) , ou des zones péri-urbaines peu intégrées. Pour de plus amples informations sur ce fond, visiter le site Web : http://www.tunezine.com/

conséquences spatiales étaient moins préoccupantes du fait d’une polarisation moins importante durant les premières décennies de l’indépendance.

C-2- Le rôle des politiques publiques dans les transformations des espaces périurbains

Le renforcement de la périurbanisation notamment à partir de la décennie 1970-1980 était considérable en Tunisie. Le processus de périurbanisation concerne cependant toutes les grandes villes littorales. La spatialisation disséminée des fonctions urbaines (zones d’activités économique, zones d’habitat, infrastructures routières, etc.) sont au centre des transformations spatiales actuelles dont le recul graduel de l’agriculture est des paysages agraires périurbains constituent la principale conséquence.

Si la périurbanisation peut s’expliquer par les différents processus de progression de la ville dans les campagnes proches, elle contribue à la requalification fonctionnelle de l’espace rural et le passage de la terre agricole au sol urbanisable. Dans ce cas, le sol agricole devient un bien marchand dont les différentiels des prix varient selon la distance au centre et selon la valeur urbanistique du sol en question (accessibilité à la ville, niveau social, nature des fonctions des sites périurbains, etc.). (Cherif A. et Omrane M. N., 2003)36.

Le grignotage des terres agricoles autour des villes tunisiennes est souvent considéré par les chercheurs comme le principal handicap des politiques publiques à gérer aussi bien les populations urbaines que le territoire périurbain, notamment durant la période 1970-1990. En dehors des stratégies résidentielles des populations dans le choix du lieu de résidence sur des terrains agricoles non aménagés, le caractère non réglementaire des constructions (sans permis de construire) n’empêche pas l’adduction de l’électricité et plus tard de l’eau potable sur une simple présentation du contrat d’achat du lot de terrain37. Le tout à l’égout et la voirie peuvent attendrent encore plusieurs années avant de se réaliser. A Tunis, des cités entières d’habitat spontané sont restées prés de 20 ans les pieds dans la boue et sans assainissement, avant d’être réhabilité au début des années 1990 par l’agence de la réhabilitation et de la rénovation urbaine (ARRU)38, créée pour réhabiliter les cité populaires et les taudis de la médina. Cette intervention des opérateurs étatique auprès de l’habitat non réglementaire, qui ne se limite pas aux populations pauvres d’ailleurs, a été un moyen de la hausse du prix du foncier agricole. Les agriculteurs lotisseurs attendent que la première maison (encore inachevée et habitée) soit électrifiée pour que le prix du mètre carré augmente. Les flux des nouveaux acquéreurs de terrains sont à l’origine de cette hausse des prix mais aussi de plus de terres agricoles transformée.

Dans la périphérie de la capitale Tunis qui ne cessent de se développer au dépens des terres agricoles, il suffit de mentionner deux exemples assez significatifs d’accomplissement de deux types d’habitat sur des terres cultivées : celui de la cité Ibn Khaldoun et celui de la cité Ettadamen. La cité Ibn Khaldoun a été construite au courant des années 70, sous forme d’une