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L’envoi des soldats italiens en France en - découla de causes à la fois pro-fondes et conjoncturelles, qui opposèrent les exigences françaises aux réticences ita-liennes. La fraternité latine contribua cependant à créer les conditions psycholo-giques d’un appel aux Italiens lorsque l’ombre de la défaite plana sur les Alliés en , et qu’il fallut réclamer des renforts de l’autre côté des Alpes. Mais, au fond, pourquoi les autorités françaises firent-elles appel à une main-d’œuvre militaire et non plus civile comme c’était le cas depuis le début de la guerre ? Et le poids des sté-réotypes, négatifs et positifs, ne détermina-t-il pas le type même de soutien que les Français, Clemenceau en tête, réclamèrent aux Italiens, suscitant chez ces derniers, réticences et parfois aussi mauvaise volonté ?

 La fraternité latine

L’arrivée des soldats italiens en France à partir de la fin de l’année  apparut comme une manifestation logique de la fraternité latine qui depuis le début de la guerre avait rapproché les deux pays. Cette fraternité latine reposait sur trois points essentiellement : l’héritage garibaldien, le cadre de la coalition et l’importance de la communauté italienne en France. Au fond, le contexte était favorable pour que les autorités françaises se tournent naturellement vers les autorités italiennes pour obtenir quelques soutiens.

. L’héritage garibaldien

En avril , saluant l’arrivée des soldats italiens en France, Gustave Hervé, dans son journalLa Victoire, ne put s’empêcher en effet d’évoquer la glorieuse épopée des volontaires garibaldiens de , volontaires qu’ils considéraient comme l’avant-garde de l’armée italienne. « Nos poilus vont pouvoir constater, écrivit-il, que les

 L   …

régiments qui ont vaincu pendant deux ans les Autrichiens sur l’Isonzo ne sont pas indignes de la valeureuse légion garibaldienne qu’ils ont vu se battre à leurs côtés dans l’Argonne ; c’est une nouvelle semence de fraternité latine qui tombe sur notre sol¹. »

La fraternité latine existait bel et bien et pouvait trouver des racines dans le socle mémoriel. Dès août , des milliers d’Italiens s’étaient engagés dans la légion étrangère. À une époque où la France était envahie, Paris menacée, les armées en retraite, l’enthousiasme de ces Transalpins pour une cause qui leur étaita priori étrangère puisque leur pays avait choisi la neutralité le  août, réchauffa le cœur des Français. Après tout, l’Italie restait un pays potentiellement ennemi, membre de la Triplice depuis . D’après les chiffres publiés dans la presse le  janvier , ils constituaient le contingent le plus important de tous les volontaires étrangers, soit   engagés². Parmi ces derniers, certains,   environ, rejoignirent le  régi-ment de Marche du  régirégi-ment de la Légion étrangère, unité créée le  novembre  et qui prit le nom de Légion garibaldienne car il était commandé par le petit-fils de Garibaldi Peppino, aux côtés de ses cinq frères³.

L’épopée de cette légion garibaldienne raviva le souvenir de l’engagement de Garibaldi à la tête de l’armée des Vosges en -. Ainsi, en décembre , alors que le régiment montait au front, un vieillard ne put s’empêcher de chan-tonner la strophe d’une chanson qui lui revenait à l’esprit à l’évocation du géné-ral de l’armée des Vosges : « C’est moi : je suis Garibaldi — Je viens pour aider la France — Et protéger sa liberté ! », comme si l’engagement aux côtés de la France des petits-fils de celui qui s’était battu pour sauver la République de l’invasion alle-mande était normal⁴. Ces garibaldiens, originaires pour moitié de France et d’Ita-lie, avec quelques volontaires venant d’Europe et des États-Unis, se battirent cou-rageusement en Argonne, le  décembre , et les  janvier et - janvier . Ils perdirent le tiers de leurs effectifs ainsi que deux petits-fils de Garibaldi, Bruno le  décembre  et Costante, le  janvier . La disparition de ces descen-dants du Héros des deux Mondes, et celle des garibaldiens suscitèrent alors une instrumentalisation française et italienne sans précédent⁵.

. Gustave H, « Les Italiens arrivent »,La Victoire,  avril , en première page. . M. C. P,Les olontaires étrangers enrôlés au service de la France en -, Paris-Nancy, Libr. Militaire Berger-Levrault, , p. .

. Hubert H,Les garibaldiens de . Splendeurs et misères des Chemises rouges en France de la Grande Guerre à la seconde guerre mondiale, Nice, Serre Éditeur, ,  p.

. Camillo M,Les Garibaldiens de l’Argonne, trad. de G. Reybaz, préf. de G. D’Annunzio, Paris, Payot, , p. .

. Parmi les volontaires garibaldiens, se trouva le dernier poilu français : Lazare Ponticelli, né à Betola (province de Plaisance) en  et mort le  mars  au Kremlin-Bicêtre. Émigré en France en , il s’engagea en  dans la légion garibaldienne ( régiment de Marche du  régiment Étranger), puis en , fut expédié en Italie où il fit la guerre dans les Chasseurs Alpins. Après la

E  ’I  La couverture médiatique dont ils furent l’objet contribua à créer un mythe héroïque et sacrificiel des deux côtés des Alpes. Les Français se servirent d’eux pour encourager les Italiens à rejoindre leur camp, et les couvrirent d’honneurs (citations à l’ordre de l’armée, promotions et décorations, hommages des plus hautes autori-tés politiques et militaires) tandis que les interventionnistes italiens les utilisèrent contre les neutralistes pour forcer l’entrée en guerre de leur pays du côté des Alliés. Le thème de la fraternité latine devint récurrent des deux côtés des Alpes. À Nice, le  janvier , à Marseille le , à Saint-Étienne le , des manifestations franco-italiennes exaltèrent l’amitié entre les deux pays en présence des officiels. En Italie, l’enterrement à Rome de Bruno le  janvier  et celui de Costante le , devinrent des funérailles nationales appelant le peuple italien à la vengeance et à la guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.

Le licenciement du régiment le  mars  ne mit pas un terme à leur histoire. Officiellement les Français affirmèrent qu’ils avaient tenu compte des pertes catas-trophiques et qu’ils devaient permettre à ces soldats de répondre aux ordres de mobilisation que Cadorna était en train de prendre en vue des prochaines opéra-tions militaires. En fait, officieusement, il s’agissait de se débarrasser de ces trublions de l’ordre public et de faire d’eux des vecteurs interventionnistes dans leur région d’origine. Leur retour en Italie permit en effet d’organiser des manifestations appe-lant à l’entrée en guerre, et les Garibaldi devinrent bien souvent des « vedettes amé-ricaines » aux manifestations organisées à l’initiative, entre autres, de Mussolini, comme celle du  mars  à Milan.

Tout cela finit par marquer les consciences et laisser sous-entendre que l’Italie était naturellement un pays ami sur lequel on pouvait compter, comme si les com-bats emblématiques de l’Argonne et l’héroïsation des garibaldiens faisaient de ces derniers de façon évidente l’avant-garde de l’armée italienne.

uelques semaines plus tard, la signature des accords secrets de Londres le  avril  annonça l’entrée en guerre aux côtés des Alliés de l’Italie. Le  mai, cette dernière dénonça le traité de la Triplice avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, et le  mai son ambassadeur à Vienne remit au ministre autrichien des Affaires étran-gères la déclaration selon laquelle son pays se considérait en état de guerre à compter du lendemain  mai . Désormais, les peuples français et italien se retrouvaient officiellement dans le même camp. Il fallait donc mettre en place des structures de coalition politique et militaire effective.

guerre, il retourna en France en , y fit fortune et fut naturalisé en . Nicolas O, « Le pays a un héros : le dernier poilu »,L’Histoire, , n , p. -.

 L   … . Le cadre d’une coalition inter alliée¹

De  à , la délégation militaire italienne en France devint de plus en plus étoffée pour répondre aux exigences d’une alliance de plus en plus étroite². Pour-tant, jusqu’en , cela ne signifia pas que les Alliés menèrent ensemble la même guerre. Comme le nota Giorgio Rochat, « en définitive, le Grand uartier Général français fournissait [aux Italiens] beaucoup d’informations mais pas celles vraiment qui demeuraient confidentielles », comme celles concernant les opérations et la localisation des troupes³. Dès le  et le  mai , se tint à Paris la première réunion militaire entre Français, Anglais, Russes et Italiens pour élaborer une convention militaire signée le  mai suivant⁴. Mais ce premier acte de collaboration se limita à une prise de contact entre états-majors, aboutissant seulement à des déclarations de bonne volonté⁵. La réunion permit cependant de mettre en place une Mission militaire italienne (MMI) dont le colonel d’état-major Giovanni Breganze, attaché militaire depuis janvier , devint le chef⁶jusqu’en . Ce dernier, installé à Chantilly près du GQG français, adressa des rapports⁷qui ne cessèrent de mettre l’accent sur le fait que les Alliés créèrent un cadre de coalition fait de réserve et de secret jusqu’au printemps , les Italiens étant jaloux de leur autonomie tactique⁸. Pour autant, la délégation italienne en France fut de plus en plus importante, au fur et à mesure que l’alliance se resserrait et que la guerre durait. Outre la pré-sence de Breganze à Chantilly accompagné d’un officier supérieur et de deux sous-lieutenants de réserve, la Mission militaire italienne comprenait d’autres sections à Paris. La section des « munitions et des matériels de guerre » dirigée par le lieutenant-colonel d’artillerie Carlo de Sauteiron, et celle de l’aviation, dirigée par le commandant d’artillerie Giovanni Fabbri, étaient chargées de mettre en relation les industriels français et les ministères italiens pour l’achat d’armement et de

maté-. Voir entre autres, Luca R,Alleati non amici. Le relazioni politiche tra l’Italia e l’Intesa durante la Prima Guerra mondiale, Brescia, Morcelliana, ,  p.

. Alessandro G, « Aspetti del coordinamento militare tra l’Italia e l’Intesa prima di Caporetto », dans Fortunato M,Società italiana di Storia militare. uaderno , Napoli, Ed. Scientifiche italiane, , p. -.

. Giorgio R, « Verdun et la Mission militaire italienne », dans François C, -. Verdun sous le regard du monde, Paris, SOTECA, - édition, , p. .

. AMAE, CPC, Italie, Guerre -, Op. Strat., , f - : « Convention militaire franco-anglo-russo-italienne, Paris,  mai  ».

. Giorgio R, « La convenzione militare di Parigi,  maggio  »,Il Risorgimento, , n. , p. - ; « Verdun et la Mission militaire italienne »,-. Verdun...,op. cit., p. -.

. AUSSME, E -/ : lettre du général Baratieri au lieutenant-colonel Breganze, bureau du chef d’état-major de l’armée, Rome,  mai .

. Fonds Breganze, Museo della guerra, Milano ; AUSSME, G/ : « Addetti militari » et F/ : « Comando supremo. Uffici vari ».

E  ’I  riels. D’autres bureaux s’occupèrent des « études chimiques » (commandant du génie Angelo della Riccia), des inventions de guerre et des « exonérations tempo-raires des militaires appelés en service ». La dimension politique ne fut pas égale-ment négligée. Le colonel d’infanterie Nicola Brancaccio devint ainsi le responsable de la représentation italienne au « bureau interallié de l’État-Major de l’armée », dont les compétences furent très vastes, couvrant la propagande, la censure de la presse, la mise en place du blocus économique, le contrôle des personnes suspectes et celui des frontières¹. Le général Nicolis di Robilant ne tarissait pas d’éloges à son sujet, louant ses qualités remarquables d’intelligence et de tact, sa connaissance et sa maîtrise de la langue, son ascendant au sein de la mission militaire, la confiance dont il jouissait chez de nombreuses personnalités et l’accueil chaleureux dont il bénéficiait dans tous les milieux², autant d’hommages qui firent de lui un géné-ral de brigade le  novembre . uant à la main-d’œuvre italienne qui devenait de plus en plus importante en France, elle fut gérée par une section de la Mission militaire italienne en France (MMIF), confiée au lieutenant Guglielmo Di Palma di Castigliole. Par la suite, d’autres délégations militaires italiennes furent déta-chées auprès du général Foch et auprès des commandements anglais et américains³. Ainsi, peu à peu, la MMIF remplit sa mission « de maintenir les relations entre les états-majors alliés, les ministères de la Guerre et de l’Armement et les diffé-rentes autorités des pays » pour ce qui concernait les aspects militaires⁴. Parallè-lement à cela, une commission franco-italienne fut créée en juillet  réunissant des représentants français et italiens responsables des services munitions et maté-riels, aviation, études chimiques, marine, exonérations et main-d’œuvre⁵. D’autres comités interalliés auxquels les Italiens envoyèrent des représentants s’occupèrent des tanks, de l’aviation, des transports et de l’approvisionnement⁶. Enfin, un centre

. AUSSME, E - bis, MMI : istruzione circa la composizione ed il funzionamento della Mis-sione militare italiana in Francia, signé du général Porro, sous-chef d’État-Major de l’armée,  janvier .

. AUSSME, E - bis : télégramme n  du général di Robilant au général Diaz, le  septembre .

. La mission militaire italienne affectée au GQG britannique eut en charge également les rela-tions avec le commandement belge, AUSSME, F -/-, M - bis et E -/. Une mission militaire italienne auprès du commandement américain en France fut créée le  juillet  à Chau-mont, sous la responsabilité du général Ippolito Perelli assisté d’un capitaine et d’un lieutenant et d’une dizaine de soldats, AUSSME E -/ et .

. AUSSME, E/-/, missioni militari varie : istruzione circa la composizione e il fun-zionamento della Missione militare italiana in Francia del Comando supremo—Reparto operazioni—Ufficio situazione, comunicati di guerra e missioni all’estero,  août .

. AUSSME, G -, janvier-février  : rapport du colonel Breganze au Comando Supremo, Reparto Operazioni, GQG,  février .

. AUSSME, F -/ : tableau du général Merrone, délégué italien au comité interallié de l’approvisionnement, .

 L   …

d’informations sur l’ennemi entra en fonction début octobre , avec à sa tête le colonel Cafario assisté d’un capitaine, et de trois interprètes, un officier subalterne et deux soldats¹. Ce centre, qui devait fonctionner comme un détachement du bureau opérations du Grand uartier Général Italien, leComando Supremo, et se tenir en étroite collaboration avec la section italienne du Conseil supérieur de la guerre, cen-tralisa toutes les informations recueillies par les commandants des forces italiennes en France, par le service information duComando Supremoet par le secrétariat de la MMIF. Il entra en fonction début octobre  mais n’eut qu’une brève existence puisqu’il fut dissous le  novembre suivant².

En outre, les responsables politiques et militaires alliés éprouvèrent le besoin de coordonner leurs actions par l’intermédiaire de contacts réciproques plus étroits, aussi bien diplomatiques, que militaires. La politique étrangère bénéficia d’une continuité certaine grâce notamment aux relations très amicales que le ministre des Affaires étrangères Sonnino entretenait avec l’ambassadeur français à Rome Camille Barrère, le premier assura les Alliés (à la conférence de Saint-Jean-de-Maurienne, le  avril ), que l’Italie ne signerait jamais une paix séparée avec l’Autriche-Hongrie, le second obtint de Boselli la déclaration de la guerre italienne à l’Allemagne en août ³. En outre, des conférences interalliées s’échelonnèrent à partir de la première tenue à Chantilly les - juillet ⁴. Ces conférences, qui réunissaient les représentants militaires des Alliés avaient pour but de coordonner les attaques sur tous les fronts, occidental, russe et italien, puis balkanique et moyen-oriental, mais en fait, elles n’aboutirent qu’à créer une coalition qui menait, de façon séparée, des guerres parallèles contre un ennemi commun. Il fallut attendre la confé-rence de Rapallo du  novembre , réunie d’urgence pour faire face à l’effondre-ment du front italien à Caporetto pour que soit créé un Conseil supérieur de la guerre doté d’un Comité exécutif composé des représentants militaires permanents alliés. La voie était désormais tracée pour aboutir à une conduite unique de la guerre dans la logique d’un front de la mer du Nord à l’Adriatique.

Ainsi, le cadre d’une coalition, associé au caractère mémoriel de l’engagement garibaldien de , facilita l’envoi et l’arrivée des soldats italiens en France en -. Il fallut pour autant tenir compte d’un autre paramètre lié au poids de l’immigration italienne en France qui remontait à la fin du  siècle et au début du  siècle.

. AUSSME, E - bis : promemoria du bureau opérations du Comando Supremo, le  septembre .

. AUSSME, E - bis : télégramme n  de l’Ufficio operazioni, Comando Supremo, au colonel Brancaccio,  septembre .

. Jean-Baptiste D,La Grande Guerre des Français, -, Paris, Perrin, , p. . . AMAE, CPC, Italie, Guerre -, Opérations stratégiques, -, Conférences, -.

E  ’I  . L’importance de la communauté italienne

En France, à la veille de la Grande Guerre, en , la communauté italienne était de loin la plus importante, s’élevant à   âmes soit ,  de la population étrangère totale (  ), devant les Belges ( ), les Espagnols ( ) et les Allemands ( )¹. Ce phénomène migratoire italien en France qui avait pris une dimension considérable au début de la III République², ne pouvait que créer des liens particuliers entre les deux pays, de part et d’autres de Alpes. Durant la guerre en effet, cette communauté resta très importante. Certes, les débuts de la guerre prirent au dépourvu les immigrés italiens qui restaient virtuellement une menace intérieure puisque leur pays n’avait pas encore dénoncé ses traités d’alliance avec les ennemis de la France. Et beaucoup retournèrent chez eux fuyant la guerre et le chômage,   dont   de Paris d’après Gioacchino Volpe³. Par la suite, l’entrée en guerre de l’Italie en mai  obligea les immigrés italiens à répondre à l’appel de leur classe. D’après Caroline Douki, certains le firent par patriotisme, d’autres au contraire choisirent de devenir insoumis, réfractaires, voire déserteurs⁴ par pacifisme anarchiste et internationaliste, par individualisme, ou par indiffé-rence, et attendirent souvent de se faire reconduire à la frontière entre deux gen-darmes français. Au total, sur les   Italiens revenus dans leur patrie entre mai et décembre ,   revinrent de France, soit la proportion la plus importante en Europe⁵.

. D’après Jean D et Jean-Pierre P,Histoire de la population ançaise, t.  :

De  à , Paris, PUF, , cité dans Ralph S,Histoire de l’immigration en France de la fin du  siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, , p. .

. En France, vivaient   Italiens en  (sur un total de   étrangers), puis   en . Mais en , ils étaient plus de  ,   en ,   en  et environ   en . Marianne A, Pierre M,L’immigration en France au  siècle, Paris, Armand Colin, , p. . Ralph S,Histoire de l’immigration...,op. cit., p. -. N’oublions pas également l’émi-gration saisonnière difficile à cerner car ne laissant que peu de traces dans les archives. Ainsi l’émigra-tion des Piémontais en France l’hiver, fut marquée par une importante communauté de paysans qui cherchaient du travail pour un ou deux mois, et de femmes engagées comme domestiques ou ouvrières le temps de passer la mauvaise saison.

. Gioacchino V,Il popolo italiano tra la pace e la guerra (-), Milano, ISPI, , p. .

. Le  novembre , le consul italien de Marseille fit le bilan de l’activité du consulat concer-nant la mobilisation des Italiens dans sa ville du  mai  au  octobre  : soit la mobilisation et le rapatriement de   soldats, le rapatriement de   familles environ de rappelés, et l’arresta-tion ainsi que la conduite à la frontière de sept cent cinquante déserteurs et réfractaires, MAE-ASD, Rappresentenza diplomatica italiana in Francia, Parigi, b. , fasc.  : Rapport du consul de Marseille au ministre italien des Affaires étrangères, Marseille le  novembre .

. Caroline D, « Les émigrés face à la mobilisation militaire de l’Italie »,Démobilisations culturelles après la Grande Guerre, - Aujourd’hui (), Paris, Noesis, , p. -, voir p. , n. .

 L   …

Pour autant, beaucoup d’immigrés italiens restèrent en France, soit qu’ils ne purent partir, soit qu’ils refusèrent de quitter leur nouveau « pays » en quête d’intégration nationale, soit enfin qu’ils tentèrent d’échapper à la guerre en Italie. Aussi, il fallut mettre en place des organisations publiques et privées pour subvenir aux besoins des plus démunis.

Si des scandales de faux certificats de réforme fournis par des employés des consu-lats italiens moyennant des sommes d’argent éclatèrent en France, à Marseille et à