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Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-03050491

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Submitted on 7 Apr 2021

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To cite this version:

Hubert Heyriès. Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre : “ Héros de la pelle et de la truelle ” au service de la victoire. Presses universitaires de la Méditerranée, 278 p., 2014, Histoire et sociétés, 978-2-36781-102-4. �hal-03050491�

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Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre

« Héros de la pelle et de la truelle » au service de la victoire

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« Histoire et sociétés » Directeur de collection

Daniel L B

Comité scientifique

Christian A, Geneviève G-F, Carol I, Daniel L B

La collection « Histoire et sociétés » est le reflet des objectifs scientifiques des équipes des historiens montpelliérains médiévistes, modernistes et contemporanéistes et de la diversité actuelle de leurs champs de recherche. Les liens noués avec de nombreux cher- cheurs d’universités françaises et étrangères justifient également la publication, dans la col- lection, d’ouvrages de qualité rédigés par des historiens extérieurs à l’établissement, retenus en raison de l’originalité de leur démarche et de la nouveauté des sujets qu’ils traitent.

La série « Sem — Études juives et hébraïques », fondée et dirigée par Carol Iancu, a pour objectif la publication de travaux scientifiques dont le principal domaine de recherches concerne l’histoire des Juifs et de la civilisation d’Israël.

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Collection « Histoire et sociétés »

Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre

« Héros de la pelle et de la truelle » au service de la victoire

Hubert H



P    M

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Illustration de couverture :

Les ravages de la guerre,L’Illustration, n , p. .

Photomontage Marie-Pierre Boyer, PULM, .

Mots-clés : Grande Guerre, Soldats italiens en France, Travailleurs militaires, TAIF, Mentalité militaire, Moral du combattant.

Tous droits réservés, PULM, .

ISBN ----

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Remerciements

Ce livre n’aurait jamais vu le jour si des amis ne m’avaient pas soutenu au cours de sa longue élaboration. Giorgio Rochat fut sans doute le plus enthousiaste à l’idée d’écrire une histoire de ces soldats travailleurs italiens venus en France contribuer à la victoire finale à leur manière. Il a eu la gentillesse de relire les épreuves, de les corriger et de formuler des critiques qui me permirent de préciser et d’approfondir certains points. Je l’en remercie très sincèrement. Nicola Labanca, au cours de nos longues promenades de fin de journée de colloque, me conseilla le premier d’écrire un livre sur ce sujet, il avait raison. Jules Maurin, avec sa sagacité habituelle, et sa sympathie coutumière, me mit sur les rails, et me lança dans cette quête qui finit par aboutir après neuf années de recherche et de lecture. Jean-Charles Jauffret sut me donner les conseils les plus judicieux au moment de la rédaction et me per- mit de prendre de la hauteur. André Martel me donna la possibilité de me situer dans le renouveau historiographique que l’histoire militaire connaît depuis main- tenant une quarantaine d’années. François Cochet, quant à lui, me soutint dans ma démarche, avec amitié et disponibilité. Et puis, comment ne pas avoir une pensée émue et reconnaissante envers toutes ces femmes et tous ces hommes, personnel des archives et des bibliothèques françaises et italiennes, qui par dévouement par- fois proche de l’apostolat, soutiennent, aiguillent, accueillent les chercheurs en leur donnant les moyens de travailler dans les meilleurs conditions, merci à tous, du fond du cœur !

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Sommaire

Introduction générale 

Des travailleurs 23

Introduction 

C  En quête d’Italiens 

 La fraternité latine 

 L’épuisement des Alliés 

 Les nouveaux enjeux tactiques et stratégiques 

C  Une main-d’œuvre militaire 

 La force des stéréotypes 

 Une main-d’œuvre civile décevante 

 L’Italieracle ses fonds de tiroir 

C  L’organisation des troupes auxiliaires italiennes 

 Des Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) 

 Recrutements et affectations 

 Le cas particulier du Groupe des compagnies auxiliaires « A » 

Conclusion 

Des combattants 85

Introduction 

C  Dans la tourmente 

 Avant-garde 

 Dans la deuxième bataille de la Marne 

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 S

 Des réserves 

C  Sous contrôle 

 Le contrôle des hommes 

 Le contrôle des esprits 

 Le contrôle de l’image 

C  Sous surveillance 

 Surveillance épistolaire 

 Surveillance sanitaire 

 Surveillance judiciaire 

Conclusion 

Des hommes 159

Introduction 

C  Les affres de la vie quotidienne 

 La nostalgie 

 La cherté de la vie 

 Heurs et malheurs 

C  La perception de la guerre 

 Rejet 

 Exaltation 

 Lassitude 

C  La fin de la guerre 

 La réconciliation franco-italienne 

 Hommages et reconnaissances 

 Morts en terre de France 

Conclusion 

Conclusion générale 

Sources et orientation bibliographique 

 Sources archivistiques 

 Sources imprimées 

 Orientation bibliographique 

Éléments chronologiques 

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S 

Table des sigles et abréviations 

Index des notions 

Table des figures 

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Introduction générale

De  à , d’après les sources officielles provenant du ministère italien de la Guerre et du service de l’émigration italienne, environ   travailleurs civils et militaires italiens, et plus de   soldats, soit au total près de  

Italiens, dont plus de   pour la seule année , travaillèrent ou combat- tirent en France. Leur contribution à l’effort de guerre en France fut ainsi bien plus importante que celle des autres étrangers, plus même que les coloniaux ( ).

La liste des Italiens venus travailler et se battre en France durant la Grande Guerre, ou bien dans la zone de l’intérieur, ou bien dans la zone des armées, est en effet fort longue. Entre  et , il y eut environ   Italiens en sursis d’appel dans les usines travaillant pour la défense nationale,   ouvriers italiens autorisés à se rendre en France pour travailler dans les usines d’armement,   ouvriers desti- nés à la Direction des transports militaires aux armées (DTMA),   travailleurs civils encadrés par   soldats du génie pour construire une voie ferrée de Bayon à Pont-Saint-Vincent. En outre,   travailleurs militaires de bataillons F furent affectés à la zone des armées pour y effectuer des travaux de défense,   sol- dats organisés en Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) et chargés de construire les ouvrages de défense de la  ligne les rejoignirent sur le front, et

  soldats desCenturie operai militari italiani¹(COMI), furent envoyés dans

. Nous avons conservé le sigle officiel COMI utilisé par l’historiographie militaire italienne dans L’esercito italiano nella Grande Guerra (-), vol. VII :Le operazioni fuori del territorio nazio- nale, tomo  : « Soldati d’Italia in terra di Francia », Roma, Istituto poligrafico dello Stato, , XIX- p., p. -. Mais durant la guerre, les Français, comme le ministre Loucheur, préférèrent parler de travailleurs et non d’ouvriers (operai), terme à connotation sans doute trop civile. Les COMI devinrent alors les Centuries de travailleurs militaires italiens (CTMI). uelques Italiens reprirent le terme detravailleurset le traduisirent enlaoratori, et les CTMI devinrent lesCenturie laoratori militari italiani(CLMI). Ainsi, dans les sources françaises et italiennes, à propos de ces militaires ita- liens envoyés en France travailler dans les usines et les ateliers d’armement à l’arrière et dans la zone des armées, on trouve de façon indifférenciée les sigles COMI, CTMI et CLMI sans signification particulière, ce qui créa des confusions dans les administrations des deux pays.

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 L   …

les usines d’armement de la zone de l’intérieur et dans des ateliers automobiles et aéronautiques de la zone des armées. Au cours de l’été ,   autres sol- dats travailleurs italiens furent enrôlés dans d’autres unités constituant le Groupe des compagnies auxiliaires « A » pour Amérique (Raggruppamento compagnie ausiliarie « A »), cette fois-ci mis au service du commandement des États-Unis.

À leurs côtés, des soldats italiens vinrent combattre en France, certains dans l’armée française comme les volontaires garibaldiens (  environ) en -, et les engagés dans la Légion étrangère, d’autres dans des unités de l’armée italienne expédiées en  sur le front occidental comme les soldats du II corps d’armée italien¹(  environ), les soldats affectés à la Base italienne en France (BIF) de Lyon (  à   environ) et le XVIII groupeCapronide bombardement comprenant trois escadrilles (, , ).

En  donc, plus de cent vingt mille soldats italiens vinrent travailler et combattre en terre de France. Or leur histoire a été oubliée ou négligée par l’histo- riographie de la Grande Guerre. La bibliographie paraît en effet bien indigente. Et encore, dans le peu d’études à la disposition des historiens, le traitement des troupes combattantes du II corps d’armée italien fut plus important que celui des troupes auxiliaires italiennes. Car il faut bien reconnaître que l’histoire des TAIF et celle des autres travailleurs militaires italiens furent victimes d’une lacune historiographique de la fin des années  au début des années .

Certes, l’immédiat après-guerre poussa l’Ufficio storico dello Stato Maggiore del- l’Esercitoà combler cette lacune d’autant plus facilement qu’une publication fran- çaise se montrait injuste à l’égard de la mémoire de ces combattants transalpins en France.

En France, alors que rien n’avait été écrit sur eux depuis , le capitaine Collenot fit allusion à leur histoire en publiant en  un article sur la  bataille de la Marne dans laRevue historique des armées. Mais il ne consacra que quelques lignes au rôle des Italiens et encore, en insistant sur le rôle décisif des Français². Le rôle des Ita- liens apparut ainsi bien modeste, et au fond le rétablissement du front était présenté comme l’œuvre des Français, mais tout le courage et l’esprit d’abnégation dont firent preuve les soldats de la  division italienne, pliant sans céder, furent passés sous silence. Le contexte de l’immédiat après-guerre expliqua sans doute ce parti pris aux allures anti-italiennes. Les Français n’avaient pas encore oublié lecoup de poignard

. En Italie, les bataillons (ou des groupes de batteries et d’escadrons), les brigades et les corps d’armée sont numérotés en utilisant des chiffres latins, tandis que les numéros des compagnies ou des batteries, des régiments, des divisions et des armées le sont en chiffre arabe. Les Français font en tout point l’inverse. Ainsi le II corps d’armée italien correspond au  corps d’armée français. Pour indiquer un régiment auquel appartient une unité, il faut écrire pour l’armée italienne : II/, soit le II bataillon du  régiment.

. Capitaine C, « La  bataille de la Marne-II »,RHA, /, p.  et p. .

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I  

dans le dosdes Italiens en juin  ni l’humiliation de l’armistice de Villa Incisa alors qu’ils n’avaient pas été vaincus sur le front des Alpes. Aussi, le traité de Paris de  qui rectifia la frontière franco-italienne, sanctionna le fait que l’Italie avait été une ennemie. Dans les publications d’après guerre, le rôle militaire des Italiens en France, qui plus est au cours de la Grande Guerre, fut alors passé sous silence.

Inversement, en Italie, l’histoire des soldats italiens en terre de France en  fut exaltée.

La seconde guerre mondiale empêcha sans doute l’achèvement du travail de recherche et de compilation sur l’histoire des soldats italiens en terre de France durant la Grande Guerre. Il fallut attendre  pour que l’Ufficio Storicopubliât un volume sur ce sujet, dans le cadre d’une étude plus vaste consacrée aux opérations hors du territoire national¹. Ce travail, remarquable par la qualité et le sérieux des développements, rendit hommage à ces soldats qui surent se battre avec courage et abnégation en France tout en donnant à cet épisode sa dimension véritable, et tout en se préoccupant de raconter l’histoire oubliée des auxiliaires italiens envoyés en France participer à l’effort de guerre aussi bien dans la zone de l’intérieur que dans la zone des armées.

L’Ufficio Storicosemblait ainsi répondre aux silences français qui négligeaient en quelque sorte le rôle des combattants italiens en  en Champagne et qui oubliaient l’histoire des travailleurs militaires italiens notamment des TAIF. Mais derrière ce travail, il y avait également sans doute la volonté de montrer que les Fran- çais et les Italiens avaient su combattre côte à côte, contre un ennemi commun ger- manique et sur le même théâtre des opérations. C’était ainsi une façon de mettre entre parenthèse les souvenirs douloureux de  à , et de rappeler insidieuse- ment que la campagne de France de - du corps expéditionnaire du géné- ral Juin s’était déroulée dans le cadre d’une alliance avec le gouvernement royal de Brindisi contre les forces fascistes de la République sociale italienne et les troupes allemandes présentes dans la péninsule.

À partir de  cependant, l’histoire des soldats italiens en France pendant la Grande Guerre, travailleurs et militaires, fit l’objet de quelques allusions et leur souvenir tomba dans l’oubli. Les Italiens insistèrent sur les combattants, à l’image de Piero Pieri, qui, dans son ouvrage fondamental consacré à la Grande Guerre et publiée en , évoqua en quelques lignes l’engagement du II corps d’armée ita- lien en France, en rappelant que l’effort de guerre italien en France en  ( 

morts) fut plus sanglant que celui des Français en Italie en  (  environ²).

De même que les pertes italiennes en France furent plus importantes que celles des

. Ministero della Difesa,L’esercito italiano nella Grande Guerra (-), vol. VII :op. cit., tomo ,op. cit., tomo  bis : (documenti), tomo  ter : (tabella, carte topografiche e schizzi), Roma, Istituto poligrafico dello Stato, ,  p.,  p.

. Piero P,Storia della prima guerra mondiale, Torino, ERI, , p. .

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 L   …

troupes françaises et britanniques envoyées sur le front italien en - pour contribuer à l’arrêt de l’offensive austro-allemande de Caporetto (pour les Français,

 morts et   blessés, et pour les Britanniques,   morts et   blessés¹).

Les historiens français, de leurs côtés, évoquèrent plus facilement les travailleurs, comme le fit, en , Guy Pedroncini. Ce dernier nota en effet dans son monumen- tal ouvrage consacré au général Pétain, issu de sa thèse d’État, la nécessité d’avoir recours en  à   Italiens, non des combattants, mais des travailleurs char- gés d’assumer les travaux défensifs, travaux jugés d’autant plus importants que les menaces d’offensives allemandes se faisaient plus précises². Le point de vue de Guy Pedroncini, en rapportant les propos et la position de Pétain, trahissait un certain stéréotype inconscient, consistant à ne considérer les Italiens que comme de bons travailleurs, maçons et mécaniciens, sans faire d’eux des combattants au même titre que les Poilus.

À partir des années  cependant, cette histoire connut un regain d’intérêt. En

, un article très général portant sur l’histoire de ces Italiens en France en 

parut en effet dans la revue italienne de vulgarisation,Storia militare³. L’auteur Ser- gio Pelagalli n’apportait rien de nouveau, reproduisant ce que l’on pouvait lire dans les journaux des marches et opérations des différentes unités du II corps d’armée italien, et dans l’ouvrage publié par l’Ufficio Storicoen . Il y eut cependant une volonté pédagogique de ne négliger aucun des Italiens, auxiliaires et combattants, qui travaillèrent et se battirent en France, en les plaçant sur le même plan. Effort louable qui laissa cependant le lecteur sur sa faim. uelques années plus tard, Gior- gio Rochat fit une remarquable synthèse de l’histoire du II corps d’armée italien dans la deuxième bataille de la Marne⁴, tandis qu’en , Julien Sapori commit un beau petit ouvrage, racontant l’histoire des troupes italiennes en France pendant la première guerre mondiale, ne négligeant aucun des acteurs, garibaldiens, diplo-

. Mariano G,Gli alleati in Italia durante la Prima guerra mondiale, -, Roma, SME-US, ,  p. En novembre , après le désastre de Caporetto, six divisions françaises et cinq divisions britanniques avec une forte artillerie et quelques dizaines d’avions, soit   Fran- çais et   Britanniques, furent envoyées en Italie pour éviter l’effondrement du front italien. Au printemps , les forces françaises se réduisirent à deux divisions (  hommes) et les forces bri- tanniques à trois divisions (  hommes). L’historiographie italienne eut tendance à diminuer l’importance de leur rôle, tandis que les historiographies franco-britanniques exagérèrent l’effet de leur contribution.

. Guy P,Pétain, Paris, PUF,  (), p. .

. Sergio P, « Italiani in Francia (-) »,Storia militare, n , luglio , p. -.

. Giorgio R, « Les Italiens dans la deuxième bataille de la Marne », dans François C,Les batailles de la Marne, de l’Ourcq à Verdun (-), Actes du Colloque « Batailles emblématiques, combats oubliés » tenu à Reims et Verdun les  et  mai , Paris, SOTECA, -

Éditions, , p. -.

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I  

mates, travailleurs et combattants, et en évoquant la trace mémorielle¹. La même année, le dictionnaire de la Grande Guerre dirigé par François Cochet et Rémy Porte consacra aussi des notices aux Italiens en France, le  corps d’armée certes, mais aussi les garibaldiens et les troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF)².

Mais ces ouvrages et articles négligeaient l’homme, le travailleur militaire, le combattant, dans sa diversité, sa complexité, son incertitude, et sa globalité. Dans chacune des œuvres, en effet, apparaît une coupure artificielle entre les travailleurs et les combattants, en leur consacrant un développement séparé, les TAIF d’un côté, le II corps d’armée italien (CAI) de l’autre. Or, fût-il travailleur, l’auxiliaire italien restait toujours un soldat pris dans la tourmente de la guerre en terre étrangère.

Certaines unités des TAIF subirent en effet les offensives allemandes du  mars, du  mai et du  juillet . Certains auxiliaires furent affectés au II CAI au titre de renforts ou de réserve. Auxiliaires et soldats se retrouvèrent également par- fois dans le même secteur, au front, et subirent les mêmes évolutions du moral tout en entretenant des relations identiques avec les Français, entre adhésion et rejet.

De fait, les sources ne font souvent pas la différence entre auxiliaire et combat- tant, et la mémoire ne fit pas tant de distinction tandis que les hommages furent souvent adressés au soldat transalpin en général sans faire de différence, après la guerre. Ce livre a ainsi l’ambition de retrouver la trace de ces travailleurs militaires italiens en terre de France, dans leur complexité et leur diversité, indépendamment de leur origine, de leur affectation et de leur condition, de manière à articuler trois approches qui s’inscrivent dans le renouvellement de l’histoire militaire : armée, guerre et mentalité.

Mais pour arriver à cet objectif, il fallait aller à la source. La bibliographie dispo- nible ne permet pas en effet de répondre aux questions essentielles du type : pour- quoi avoir eu recours à de la main-d’œuvre italienne militaire et non plus civile, comme c’était le cas depuis le début de la guerre ? Comment ces soldats italiens vécurent-ils la guerre en France, loin de chez eux ? ui étaient-ils et d’où venaient- ils ? uel fut l’état de leur moral et quelles relations entretinrent-ils avec les Fran- çais et les autres alliés ? Répondre à ces questions, c’est au fond retrouver l’homme et le replacer au centre de préoccupations historiques, dans la droite ligne de celle d’Ardant du Picq pour qui « le combat est le but final des armées et l’homme est l’instrument premier du combat ».

. Julien S,Les troupes italiennes en France pendant la première guerre mondiale, Parçay-sur- Vienne, Anovi, ,  p.

. Rémy P, «  corps d’armée italien », « Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) », Hubert H, « Garibaldiens, volontaires », dans François C et Rémy P,Diction- naire de la Grande Guerre -, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , p. , p. 

et p. -.

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 L   …

Or les archives sont particulièrement abondantes, éclatées entre la France et l’Italie, et restent fondamentalement complémentaires. Elles apparaissent aussi d’une grande diversité¹, réparties essentiellement entre les archives des ministères des Affaires étrangères français et italien, le Service historique de la Défense-Guerre (SHD/GR) et le Service historique de la Défense-Air (SHD/AI) au château de Vincennes, ainsi que l’Archivio dell’Ufficio storico dello Stato Maggiore dell’Eser- cito(AUSSME) à Rome. Pour les seules archives militaires, ont été dépouillés cent quatre-vingt-trois cartons, qui se répartissent en soixante-dix-neuf cartons pour le SHD/GR, deux cartons pour le SHD/AI et cent deux cartons pour l’AUSSME, sans oublier trente-neuf journaux de marches italiens ou diarî. Par ailleurs, les débats parlementaires français et italiens ainsi que la presse quotidienne de part et d’autre des Alpes ont été consultés, de manière à saisir le traitement médiatique de l’événement et tenter d’apprécier l’état de l’opinion publique à l’égard de ces soldats italiens en France.

Dans cette masse documentaire, il est un point particulièrement important qui transforme l’historiographie de ce sujet : le contrôle postal qui s’exerça sur les mili- taires italiens en France au cours de l’année , et dont les rapports qui se trouvent au SHD/GR, ont été négligé jusqu’à peu².

Les arguments développés par François Cochet dans Survivre au ont -

. Les poilus entre contrainte et consentement³, et l’approche de Jean Nicot dans Les Poilus ont la parole. Lettres du ont : -⁴, trouvent un écho particulier lorsqu’il s’agit d’aborder l’histoire des soldats italiens en France durant la Grande Guerre. La source du contrôle postal est déterminante sans être pour autant la seule, car elle nourrit un champ de recherche qui met en prise directe l’armée, la guerre et les mentalités. Comme l’écrivit Jean-Noël Jeanneney, « pour l’historien, les archives du contrôle postal promettent une double originalité qui est double avantage : elles

. Voir les sources en fin de volume.

. SHD/GR, Grand uartier Général,  bureau, contrôle postal : I armée,  N  ; II armée,

 N - ; III armée,  N - ; IV armée,  N - ; V armée,  N -

 ; VIII armée,  N  ; X armée,  N  ; commission italienne de contrôle postal, 

N  et . Voir Hubert H, « Le Truppe ausiliarie italiane in Francia (). Lettere dei soldati »,Italia contemporanea, , giugno , p. - ; « Les Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) pendant la Grande Guerre »,Cahiers du CEHD, « Troisièmes rencontres franco- italiennes », n , , p. - ; « Francesi e Italiani in Francia durante la Grande Guerra : sguardi incrociati », dans Nicola L, Giorgio R,Il soldato, la guerra e il rischio di morire, Milano, Unicopli, , p. - ; « Les Centuries d’ouvriers militaires italiens (COMI) en France pendant la Grande Guerre », dansArmée et technologie, de l’application des techniques ancestrales et tra- ditionnelles aux développements futurs, XIII symposium international d’histoire et de prospective mili- taires, Pully, - mars , Pully (Suisse), Centre d’histoire et de prospective militaires, (), p. -.

. SOTECA, - Éditions, ,  p.

. Bruxelles, Complexe, ,  p.

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I  

font accéder à des couches de la population à peu près muettes ailleurs ; elles four- nissent des témoignages plus “purs” que tout imprimé, parce qu’en général libres du désir d’influencer et de convaincre un public¹». Il était possible d’aborder la ques- tion du moral des combattants en s’appuyant sur des sourcesprimaires, critiquables certes mais utilisables. Des travaux scientifiques furent alors réalisés, comme celui que René Rémond en , confia à Patrick Facon, concernant l’étude du moral du

 corps d’armée français en Italie de novembre  à novembre  à partir des rapports du contrôle postal. Ce travail scientifique remarquable déboucha sur un mémoire de maîtrise qui fait encore autorité de nos jours². Le conservateur en chef du patrimoine Jean Nicot, spécialiste des archives de  à  dans ce qui fut le service historique de l’armée de terre (SHAT) et qui participa, aux côtés de Pierre Guinard et de Jean-Claude Devos, à la publication de l’Inventaire des archives de la première guerre mondiale, en sept volumes de  à , consacra plus de trente ans à dépouiller les centaines de milliers de rapports du contrôle postal pour présenter en  une étude fondamentale sur le moral des Poilus en -³.

Dès leur arrivée en France, les troupes italiennes furent ainsi soumises à un contrôle postal comme leurs camarades français le subissaient depuis que le

 décembre , les Instructions sur les commissions de contrôle postal avaient fixé véritablement les tâches de chacun. Ce système se révéla à l’usage satisfaisant, comme le nota Jean Nicot : « En pratique, la mission du contrôle postal est double : c’est un filtre qui doit retenir, empêcher les indiscrétions d’ordre militaire et la divul- gation de nouvelles alarmantes, la propagation du pessimisme ou de la propagande pacifiste, [et par ailleurs] c’est un instrument destiné à tâter le pouls des unités, à mesurer l’étiage du moral, un indicateur du courage de la lassitude des poilus⁴. »

Cette source « italienne » suscite cependant des réserves. L’autocensure fut sans doute plus forte, les sondages effectués dans les unités le furent sans méthode scientifique, les rapports furent traduits en français souvent approximatif tandis que les originaux italiens disparurent, l’état d’esprit francophile ou gallophobe des commissions italiennes pouvait avoir une influence sur la sélection des extraits et le ton général du rapport, la fragilité de l’instant était plus que jamais perceptible.

Pour autant, en dépit de ces limites, le dépouillement de cette masse documen- taire met en lumière toute la richesse et toute la complexité du soldat italien, au

. Jean-Noël J, « Les archives des commissions de contrôle postal aux armées (-

). Une source précieuse pour l’histoire contemporaine de l’opinion et des mentalités »,Revue d’histoire moderne et contemporaine, janvier-mars , p. -.

. Patrick F,Le  corps ançais en Italie (noembre -noembre ), une étude du moral, mémoire de maîtrise dactylographié, sous la direction de René R, université Paris X-Nanterre,

,  p.

. Jean N,op. cit.

. Ibid., p. .

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 L   …

front ou à l’arrière, la dernière année de la guerre, loin de son pays. Ces rapports du contrôle postal italien en France, avec les autres sources énumérées plus haut, nous permettent ainsi d’apprécier le moral de ces Italiens venus travailler et combattre en France, les relations qu’ils entretinrent avec les Français (civils et militaires) et les autres alliés, et également leur vie quotidienne dans le cadre d’une histoire des men- talités militaires au carrefour des histoires militaires, diplomatiques et politiques, économiques et socio-culturelles.

Car ces archives, de différentes natures, lettres, télégrammes, dépêches, rapports, notes, articles de presse, débats parlementaires, sans oublier représentations icono- graphiques et cinématographiques¹, couvrent tous les aspects de la vie de ces soldats italiens en France, non seulement les combattants du II CAI et du XVIII groupe aéronautique mais aussi, et surtout, les auxiliaires travailleurs des TAIF ou des Centurie operai militari italiani(COMI) envoyés à l’arrière.

Outre la masse de la documentation à disposition du chercheur, il fallut sur- monter aussi la difficulté du classement des archives concernant les troupes auxi- liaires italiennes. En effet, si les sources bénéficient d’un rangement ordonné en France, elles sont en revanche plus mélangées en Italie. En France, les cartons du Grand uartier Général-direction de l’arrière (GQG-DA) sont bien fournis et per- mettent de suivre l’histoire des TAIF et des COMI en France en . En revanche, à l’Archivio dell’Ufficio storico dello Stato Maggiore dell’Esercito(AUSSME) de Rome, l’identification de ces auxiliaires est rendue plus difficile par le fait que la plupart des documents ont été regroupés dans leRegistro del carteggio dei corpi di spedizione ed occupazione(E), dans leCarteggio sussidiario  Guerra mondiale(F), et dans les Studi particolari(L), au milieu de cartons concernant le II CAI. Parfois, dans le même carton, ont été placés des dossiers sur le II CAI et des dossiers concernant les auxiliaires. Ainsi, le carton F/ contient un dossier sur le II CAI (-) et trois sur les TAIF (- à ) ou encore le F / a sept dossiers sur le II CAI (-

à ) et trois sur les auxiliaires (- à ). Autrement dit, il fallait tout consulter.

Malgré ces difficultés, ces sources sont bien souvent complémentaires entre Paris, Vincennes et Rome, ce qui permet de reconstituer le fil des événements. À titre d’exemples, les documents traitant du départ des TAIF d’Italie pour la France se trouvent naturellement à l’AUSSME, et ceux qui décrivent l’arrivée et l’installation de ces troupes en France sont conservés aux archives de l’armée de Terre du Service

. François L,Les films militaires ançais de la Première guerre mondiale, catalogue des films muets d’actualités, réalisés par le service cinématographique de l’armée, Paris, SIRPA/ECPA, ,

 p. ; films muets d’actualité réalisés par le Service cinématographique de l’armée, créé en  et ancêtre de l’ECPA,Arrivée en France des troupes italiennes, sd, MC , un carton de titres en français, ECPA/A , deuxième partie. Archivio Fotografico-USSME, Francia, truppe italiane, , registri

, , , ,  et cartoline : registro  (au total deux cent vingt-six photos et cartes postales sur les légionnaires garibaldiens de l’Argonne, les TAIF et le II corps d’armée italien).

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I  

historique de la Défense (SHD/GR). Lorsqu’en juillet-août , le général Diaz réclama le rapatriement des artilleurs qui, privés de canons à cause de la débâcle de Caporetto, avaient été envoyés en France en attendant que l’artillerie italienne se restructure, il se heurta au refus sec de Foch et de Pétain qui ne voulaient pas se séparer de ces troupes italiennes. Il s’en suivit un échange de notes et de lettres entre responsables français et italiens, politiques et militaires, Foch, Pétain, Clemenceau, Bonin Longare (ambassadeur d’Italie en France), Orlando (président du Conseil italien) et Diaz (général en chef de l’armée italienne, successeur de Cadorna le

 novembre ). Or, l’AUSSME conserve certaines de ces lettres, essentielle- ment la correspondance entre responsables italiens, alors que le SHD/GR détient les lettres échangées entre responsables français. Et il est possible de trouver aux archives des ministères des Affaires étrangères à Paris et à Rome la correspondance internationale entre ces protagonistes. De même, lorsqu’il s’agit d’étudier l’organi- sation des cimetières militaires italiens en France après la guerre, les documents ne se trouvent ni au SHD/GR, ni à l’AUSSME, ni au uai d’Orsay mais au ministère italien des Affaires étrangères à Rome, la Farnesina !

De fait, il est impossible de saisir l’histoire de ces Italiens en France dans sa glo- balité sans consulter, dépouiller, comparer les archives françaises et italiennes qui se répondent fréquemment. Les travaux qui ont été réalisés en France et en Italie jusqu’à nos jours se trouvent de la sorte incomplets car ils n’ont été réalisés qu’à partir des sources disponibles dans le pays respectif.

En définitive, il ressort que l’auxiliaire italien, pris dans son acception la plus large, atteignit une triple dimension en France : il fut en effet certes un travailleur, mais aussi, parfois, un combattant, et toujours un homme tout simplement emporté dans l’une des tragédies majeures de l’histoire de l’humanité.

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Première partie

Des travailleurs

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Introduction

À l’automne  et durant l’hiver , des dizaines de milliers de militaires ita- liens (  hommes des Centuries d’ouvriers militaires italiens ou COMI,  

des bataillons de travailleurs F,   des Troupes auxiliaires italiennes en France ou TAIF et un millier de travailleurs encadrés par des sapeurs) arrivèrent en France pour y effectuer des travaux de défense dans la zone des armées ou pour contribuer à l’effort de guerre dans la zone de l’intérieur. Plus tard, au cours de l’été, d’autres auxiliaires italiens furent affectés au service des Américains, dans le Groupe des compagnies auxiliaires « A », « A » pour Amérique. Il ne s’agissait plus d’em- ployer une main-d’œuvre civile immigrée, comme cela était le cas depuis le début de la guerre. Cette arrivée massive de soldats-travailleurs transalpins apparut ainsi comme une nouveauté, voire une rupture dans le type de relations que les Franco- britanniques entretenaient avec les Italiens depuis -. Pourquoi avoir ainsi fait appel à des soldats italiens et non plus à des civils ? Au nom de quels critères, certains Transalpins se retrouvèrent-ils dans la zone de l’intérieur, et d’autres dans la zone des armées ? Comment les uns et les autres furent-ils accueillis ?

Les fonds conservés aux archives françaises et italiennes permettent d’apporter quelques éléments de réponse. Les papiers de l’inspectorat des Centuries d’ouvriers militaires italiens et de celui des Troupes auxiliaires italiennes en France, conservés à Rome et au château de Vincennes, donnent en effet des renseignements passion- nants¹. Ainsi, dans la masse de la documentation conservée à Vincennes, figurent vingt-deux comptes rendus d’installation en France des détachements italiens des TAIF, adressés au Grand uartier Général par les états-majors des groupes d’armées et des armées, du  février au  mars , en exécution des prescriptions de la note

. Voir en particulier pour les COMI, AUSSME, F -/ : Dati sommari relativi ai militari di truppa delle COMI dipendente del’Ispettorato COMI, Clermont-Ferrand,  septembre , et AUSSME, E -/ : rapport du colonel M, inspecteur des COMI, n  réservé, personnel, au conseil supérieur de la guerre, section italienne, Clermont-Ferrand le  septembre . Nous n’avons pas trouvé de données concernant les militaires affectés à la zone des armées.

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 L   …

n . du GQG du  janvier ¹. Ces documents inédits, portant sur près de   du total des travailleurs italiens affectés à la zone des armées, permettent une spectrographie des troupes dans une logique anthropologique et prosopogra- phique. En outre, les archives diplomatiques du uai d’Orsay et de la Farnesina, à Rome, donnent le cadre et l’arrière-plan de négociations complexes qui aboutirent à l’envoi en France de travailleurs et de combattants².

Toutes ces sources, françaises et italiennes, militaires, politiques et diploma- tiques, permettent ainsi de mettre l’accent sur les raisons qui poussèrent les Alliés à faire appel aux Italiens en -. Au fond, sur quelles bases Français et Italiens se sont-ils entendus pour faire de ces soldats transalpins les représentants d’une fra- ternité latine en quête de reconnaissance, chargés de contribuer à la défense mili- taire dans un contexte d’urgence absolue ? La dimension politique d’un tel engage- ment n’a-t-elle pas déterminée au fond l’enjeu militaire de la participation italienne à l’effort de guerre en terre de France ?

. SHD/GR,  N . Voir également SHD/GR, GQG, direction de l’arrière,  N , ,

, , , , , , , , , , ,  ; théâtre des opérations exté- rieures :  N , , , , , , ,  ; missions zone britannique :  N ,

, ,  ; missions militaire française en Italie :  N -.

. Voir en particulier, archives du ministère des Affaires étrangères (AMAE), correspondance politique et commerciale (CPC), Guerre -, Italie, - et - ; Ministero degli Affari Esteri-Archivio Storico Diplomatico (MAE-ASD), Rappresentenza diplomatica italiana in Francia (-), b.  et .

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C I

En quête d’Italiens

L’envoi des soldats italiens en France en - découla de causes à la fois pro- fondes et conjoncturelles, qui opposèrent les exigences françaises aux réticences ita- liennes. La fraternité latine contribua cependant à créer les conditions psycholo- giques d’un appel aux Italiens lorsque l’ombre de la défaite plana sur les Alliés en

, et qu’il fallut réclamer des renforts de l’autre côté des Alpes. Mais, au fond, pourquoi les autorités françaises firent-elles appel à une main-d’œuvre militaire et non plus civile comme c’était le cas depuis le début de la guerre ? Et le poids des sté- réotypes, négatifs et positifs, ne détermina-t-il pas le type même de soutien que les Français, Clemenceau en tête, réclamèrent aux Italiens, suscitant chez ces derniers, réticences et parfois aussi mauvaise volonté ?

 La fraternité latine

L’arrivée des soldats italiens en France à partir de la fin de l’année  apparut comme une manifestation logique de la fraternité latine qui depuis le début de la guerre avait rapproché les deux pays. Cette fraternité latine reposait sur trois points essentiellement : l’héritage garibaldien, le cadre de la coalition et l’importance de la communauté italienne en France. Au fond, le contexte était favorable pour que les autorités françaises se tournent naturellement vers les autorités italiennes pour obtenir quelques soutiens.

. L’héritage garibaldien

En avril , saluant l’arrivée des soldats italiens en France, Gustave Hervé, dans son journalLa Victoire, ne put s’empêcher en effet d’évoquer la glorieuse épopée des volontaires garibaldiens de , volontaires qu’ils considéraient comme l’avant- garde de l’armée italienne. « Nos poilus vont pouvoir constater, écrivit-il, que les

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 L   …

régiments qui ont vaincu pendant deux ans les Autrichiens sur l’Isonzo ne sont pas indignes de la valeureuse légion garibaldienne qu’ils ont vu se battre à leurs côtés dans l’Argonne ; c’est une nouvelle semence de fraternité latine qui tombe sur notre sol¹. »

La fraternité latine existait bel et bien et pouvait trouver des racines dans le socle mémoriel. Dès août , des milliers d’Italiens s’étaient engagés dans la légion étrangère. À une époque où la France était envahie, Paris menacée, les armées en retraite, l’enthousiasme de ces Transalpins pour une cause qui leur étaita priori étrangère puisque leur pays avait choisi la neutralité le  août, réchauffa le cœur des Français. Après tout, l’Italie restait un pays potentiellement ennemi, membre de la Triplice depuis . D’après les chiffres publiés dans la presse le  janvier , ils constituaient le contingent le plus important de tous les volontaires étrangers, soit

  engagés². Parmi ces derniers, certains,   environ, rejoignirent le  régi- ment de Marche du  régiment de la Légion étrangère, unité créée le  novembre

 et qui prit le nom de Légion garibaldienne car il était commandé par le petit-fils de Garibaldi Peppino, aux côtés de ses cinq frères³.

L’épopée de cette légion garibaldienne raviva le souvenir de l’engagement de Garibaldi à la tête de l’armée des Vosges en -. Ainsi, en décembre , alors que le régiment montait au front, un vieillard ne put s’empêcher de chan- tonner la strophe d’une chanson qui lui revenait à l’esprit à l’évocation du géné- ral de l’armée des Vosges : « C’est moi : je suis Garibaldi — Je viens pour aider la France — Et protéger sa liberté ! », comme si l’engagement aux côtés de la France des petits-fils de celui qui s’était battu pour sauver la République de l’invasion alle- mande était normal⁴. Ces garibaldiens, originaires pour moitié de France et d’Ita- lie, avec quelques volontaires venant d’Europe et des États-Unis, se battirent cou- rageusement en Argonne, le  décembre , et les  janvier et - janvier .

Ils perdirent le tiers de leurs effectifs ainsi que deux petits-fils de Garibaldi, Bruno le  décembre  et Costante, le  janvier . La disparition de ces descen- dants du Héros des deux Mondes, et celle des garibaldiens suscitèrent alors une instrumentalisation française et italienne sans précédent⁵.

. Gustave H, « Les Italiens arrivent »,La Victoire,  avril , en première page.

. M. C. P,Les olontaires étrangers enrôlés au service de la France en -, Paris- Nancy, Libr. Militaire Berger-Levrault, , p. .

. Hubert H,Les garibaldiens de . Splendeurs et misères des Chemises rouges en France de la Grande Guerre à la seconde guerre mondiale, Nice, Serre Éditeur, ,  p.

. Camillo M,Les Garibaldiens de l’Argonne, trad. de G. Reybaz, préf. de G. D’Annunzio, Paris, Payot, , p. .

. Parmi les volontaires garibaldiens, se trouva le dernier poilu français : Lazare Ponticelli, né à Betola (province de Plaisance) en  et mort le  mars  au Kremlin-Bicêtre. Émigré en France en , il s’engagea en  dans la légion garibaldienne ( régiment de Marche du  régiment Étranger), puis en , fut expédié en Italie où il fit la guerre dans les Chasseurs Alpins. Après la

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E  ’I 

La couverture médiatique dont ils furent l’objet contribua à créer un mythe héroïque et sacrificiel des deux côtés des Alpes. Les Français se servirent d’eux pour encourager les Italiens à rejoindre leur camp, et les couvrirent d’honneurs (citations à l’ordre de l’armée, promotions et décorations, hommages des plus hautes autori- tés politiques et militaires) tandis que les interventionnistes italiens les utilisèrent contre les neutralistes pour forcer l’entrée en guerre de leur pays du côté des Alliés.

Le thème de la fraternité latine devint récurrent des deux côtés des Alpes. À Nice, le  janvier , à Marseille le , à Saint-Étienne le , des manifestations franco- italiennes exaltèrent l’amitié entre les deux pays en présence des officiels. En Italie, l’enterrement à Rome de Bruno le  janvier  et celui de Costante le , devinrent des funérailles nationales appelant le peuple italien à la vengeance et à la guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.

Le licenciement du régiment le  mars  ne mit pas un terme à leur histoire.

Officiellement les Français affirmèrent qu’ils avaient tenu compte des pertes catas- trophiques et qu’ils devaient permettre à ces soldats de répondre aux ordres de mobilisation que Cadorna était en train de prendre en vue des prochaines opéra- tions militaires. En fait, officieusement, il s’agissait de se débarrasser de ces trublions de l’ordre public et de faire d’eux des vecteurs interventionnistes dans leur région d’origine. Leur retour en Italie permit en effet d’organiser des manifestations appe- lant à l’entrée en guerre, et les Garibaldi devinrent bien souvent des « vedettes amé- ricaines » aux manifestations organisées à l’initiative, entre autres, de Mussolini, comme celle du  mars  à Milan.

Tout cela finit par marquer les consciences et laisser sous-entendre que l’Italie était naturellement un pays ami sur lequel on pouvait compter, comme si les com- bats emblématiques de l’Argonne et l’héroïsation des garibaldiens faisaient de ces derniers de façon évidente l’avant-garde de l’armée italienne.

uelques semaines plus tard, la signature des accords secrets de Londres le

 avril  annonça l’entrée en guerre aux côtés des Alliés de l’Italie. Le  mai, cette dernière dénonça le traité de la Triplice avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, et le  mai son ambassadeur à Vienne remit au ministre autrichien des Affaires étran- gères la déclaration selon laquelle son pays se considérait en état de guerre à compter du lendemain  mai . Désormais, les peuples français et italien se retrouvaient officiellement dans le même camp. Il fallait donc mettre en place des structures de coalition politique et militaire effective.

guerre, il retourna en France en , y fit fortune et fut naturalisé en . Nicolas O,

« Le pays a un héros : le dernier poilu »,L’Histoire, , n , p. -.

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 L   …

. Le cadre d’une coalition inter alliée¹

De  à , la délégation militaire italienne en France devint de plus en plus étoffée pour répondre aux exigences d’une alliance de plus en plus étroite². Pour- tant, jusqu’en , cela ne signifia pas que les Alliés menèrent ensemble la même guerre. Comme le nota Giorgio Rochat, « en définitive, le Grand uartier Général français fournissait [aux Italiens] beaucoup d’informations mais pas celles vraiment qui demeuraient confidentielles », comme celles concernant les opérations et la localisation des troupes³. Dès le  et le  mai , se tint à Paris la première réunion militaire entre Français, Anglais, Russes et Italiens pour élaborer une convention militaire signée le  mai suivant⁴. Mais ce premier acte de collaboration se limita à une prise de contact entre états-majors, aboutissant seulement à des déclarations de bonne volonté⁵. La réunion permit cependant de mettre en place une Mission militaire italienne (MMI) dont le colonel d’état-major Giovanni Breganze, attaché militaire depuis janvier , devint le chef⁶jusqu’en . Ce dernier, installé à Chantilly près du GQG français, adressa des rapports⁷qui ne cessèrent de mettre l’accent sur le fait que les Alliés créèrent un cadre de coalition fait de réserve et de secret jusqu’au printemps , les Italiens étant jaloux de leur autonomie tactique⁸.

Pour autant, la délégation italienne en France fut de plus en plus importante, au fur et à mesure que l’alliance se resserrait et que la guerre durait. Outre la pré- sence de Breganze à Chantilly accompagné d’un officier supérieur et de deux sous- lieutenants de réserve, la Mission militaire italienne comprenait d’autres sections à Paris. La section des « munitions et des matériels de guerre » dirigée par le lieutenant-colonel d’artillerie Carlo de Sauteiron, et celle de l’aviation, dirigée par le commandant d’artillerie Giovanni Fabbri, étaient chargées de mettre en relation les industriels français et les ministères italiens pour l’achat d’armement et de maté-

. Voir entre autres, Luca R,Alleati non amici. Le relazioni politiche tra l’Italia e l’Intesa durante la Prima Guerra mondiale, Brescia, Morcelliana, ,  p.

. Alessandro G, « Aspetti del coordinamento militare tra l’Italia e l’Intesa prima di Caporetto », dans Fortunato M,Società italiana di Storia militare. uaderno , Napoli, Ed. Scientifiche italiane, , p. -.

. Giorgio R, « Verdun et la Mission militaire italienne », dans François C,-

. Verdun sous le regard du monde, Paris, SOTECA, - édition, , p. .

. AMAE, CPC, Italie, Guerre -, Op. Strat., , f - : « Convention militaire franco- anglo-russo-italienne, Paris,  mai  ».

. Giorgio R, « La convenzione militare di Parigi,  maggio  »,Il Risorgimento, , n. , p. - ; « Verdun et la Mission militaire italienne »,-. Verdun...,op. cit., p. -.

. AUSSME, E -/ : lettre du général Baratieri au lieutenant-colonel Breganze, bureau du chef d’état-major de l’armée, Rome,  mai .

. Fonds Breganze, Museo della guerra, Milano ; AUSSME, G/ : « Addetti militari » et F/ :

« Comando supremo. Uffici vari ».

. Giorgio R, « Verdun... »,op. cit., p. .

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E  ’I 

riels. D’autres bureaux s’occupèrent des « études chimiques » (commandant du génie Angelo della Riccia), des inventions de guerre et des « exonérations tempo- raires des militaires appelés en service ». La dimension politique ne fut pas égale- ment négligée. Le colonel d’infanterie Nicola Brancaccio devint ainsi le responsable de la représentation italienne au « bureau interallié de l’État-Major de l’armée », dont les compétences furent très vastes, couvrant la propagande, la censure de la presse, la mise en place du blocus économique, le contrôle des personnes suspectes et celui des frontières¹. Le général Nicolis di Robilant ne tarissait pas d’éloges à son sujet, louant ses qualités remarquables d’intelligence et de tact, sa connaissance et sa maîtrise de la langue, son ascendant au sein de la mission militaire, la confiance dont il jouissait chez de nombreuses personnalités et l’accueil chaleureux dont il bénéficiait dans tous les milieux², autant d’hommages qui firent de lui un géné- ral de brigade le  novembre . uant à la main-d’œuvre italienne qui devenait de plus en plus importante en France, elle fut gérée par une section de la Mission militaire italienne en France (MMIF), confiée au lieutenant Guglielmo Di Palma di Castigliole. Par la suite, d’autres délégations militaires italiennes furent déta- chées auprès du général Foch et auprès des commandements anglais et américains³.

Ainsi, peu à peu, la MMIF remplit sa mission « de maintenir les relations entre les états-majors alliés, les ministères de la Guerre et de l’Armement et les diffé- rentes autorités des pays » pour ce qui concernait les aspects militaires⁴. Parallè- lement à cela, une commission franco-italienne fut créée en juillet  réunissant des représentants français et italiens responsables des services munitions et maté- riels, aviation, études chimiques, marine, exonérations et main-d’œuvre⁵. D’autres comités interalliés auxquels les Italiens envoyèrent des représentants s’occupèrent des tanks, de l’aviation, des transports et de l’approvisionnement⁶. Enfin, un centre

. AUSSME, E - bis, MMI : istruzione circa la composizione ed il funzionamento della Mis- sione militare italiana in Francia, signé du général Porro, sous-chef d’État-Major de l’armée,  janvier

.

. AUSSME, E - bis : télégramme n  du général di Robilant au général Diaz, le

 septembre .

. La mission militaire italienne affectée au GQG britannique eut en charge également les rela- tions avec le commandement belge, AUSSME, F -/-, M - bis et E -/. Une mission militaire italienne auprès du commandement américain en France fut créée le  juillet  à Chau- mont, sous la responsabilité du général Ippolito Perelli assisté d’un capitaine et d’un lieutenant et d’une dizaine de soldats, AUSSME E -/ et .

. AUSSME, E/-/, missioni militari varie : istruzione circa la composizione e il fun- zionamento della Missione militare italiana in Francia del Comando supremo—Reparto operazioni—Ufficio situazione, comunicati di guerra e missioni all’estero,  août .

. AUSSME, G -, janvier-février  : rapport du colonel Breganze au Comando Supremo, Reparto Operazioni, GQG,  février .

. AUSSME, F -/ : tableau du général Merrone, délégué italien au comité interallié de l’approvisionnement, .

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 L   …

d’informations sur l’ennemi entra en fonction début octobre , avec à sa tête le colonel Cafario assisté d’un capitaine, et de trois interprètes, un officier subalterne et deux soldats¹. Ce centre, qui devait fonctionner comme un détachement du bureau opérations du Grand uartier Général Italien, leComando Supremo, et se tenir en étroite collaboration avec la section italienne du Conseil supérieur de la guerre, cen- tralisa toutes les informations recueillies par les commandants des forces italiennes en France, par le service information duComando Supremoet par le secrétariat de la MMIF. Il entra en fonction début octobre  mais n’eut qu’une brève existence puisqu’il fut dissous le  novembre suivant².

En outre, les responsables politiques et militaires alliés éprouvèrent le besoin de coordonner leurs actions par l’intermédiaire de contacts réciproques plus étroits, aussi bien diplomatiques, que militaires. La politique étrangère bénéficia d’une continuité certaine grâce notamment aux relations très amicales que le ministre des Affaires étrangères Sonnino entretenait avec l’ambassadeur français à Rome Camille Barrère, le premier assura les Alliés (à la conférence de Saint-Jean-de- Maurienne, le  avril ), que l’Italie ne signerait jamais une paix séparée avec l’Autriche-Hongrie, le second obtint de Boselli la déclaration de la guerre italienne à l’Allemagne en août ³. En outre, des conférences interalliées s’échelonnèrent à partir de la première tenue à Chantilly les - juillet ⁴. Ces conférences, qui réunissaient les représentants militaires des Alliés avaient pour but de coordonner les attaques sur tous les fronts, occidental, russe et italien, puis balkanique et moyen- oriental, mais en fait, elles n’aboutirent qu’à créer une coalition qui menait, de façon séparée, des guerres parallèles contre un ennemi commun. Il fallut attendre la confé- rence de Rapallo du  novembre , réunie d’urgence pour faire face à l’effondre- ment du front italien à Caporetto pour que soit créé un Conseil supérieur de la guerre doté d’un Comité exécutif composé des représentants militaires permanents alliés. La voie était désormais tracée pour aboutir à une conduite unique de la guerre dans la logique d’un front de la mer du Nord à l’Adriatique.

Ainsi, le cadre d’une coalition, associé au caractère mémoriel de l’engagement garibaldien de , facilita l’envoi et l’arrivée des soldats italiens en France en

-. Il fallut pour autant tenir compte d’un autre paramètre lié au poids de l’immigration italienne en France qui remontait à la fin du  siècle et au début du  siècle.

. AUSSME, E - bis : promemoria du bureau opérations du Comando Supremo, le

 septembre .

. AUSSME, E - bis : télégramme n  de l’Ufficio operazioni, Comando Supremo, au colonel Brancaccio,  septembre .

. Jean-Baptiste D,La Grande Guerre des Français, -, Paris, Perrin, , p. .

. AMAE, CPC, Italie, Guerre -, Opérations stratégiques, -, Conférences,

-.

(34)

E  ’I 

. L’importance de la communauté italienne

En France, à la veille de la Grande Guerre, en , la communauté italienne était de loin la plus importante, s’élevant à   âmes soit ,  de la population étrangère totale (  ), devant les Belges ( ), les Espagnols ( ) et les Allemands ( )¹. Ce phénomène migratoire italien en France qui avait pris une dimension considérable au début de la III République², ne pouvait que créer des liens particuliers entre les deux pays, de part et d’autres de Alpes. Durant la guerre en effet, cette communauté resta très importante. Certes, les débuts de la guerre prirent au dépourvu les immigrés italiens qui restaient virtuellement une menace intérieure puisque leur pays n’avait pas encore dénoncé ses traités d’alliance avec les ennemis de la France. Et beaucoup retournèrent chez eux fuyant la guerre et le chômage,   dont   de Paris d’après Gioacchino Volpe³. Par la suite, l’entrée en guerre de l’Italie en mai  obligea les immigrés italiens à répondre à l’appel de leur classe. D’après Caroline Douki, certains le firent par patriotisme, d’autres au contraire choisirent de devenir insoumis, réfractaires, voire déserteurs⁴ par pacifisme anarchiste et internationaliste, par individualisme, ou par indiffé- rence, et attendirent souvent de se faire reconduire à la frontière entre deux gen- darmes français. Au total, sur les   Italiens revenus dans leur patrie entre mai et décembre ,   revinrent de France, soit la proportion la plus importante en Europe⁵.

. D’après Jean D et Jean-Pierre P,Histoire de la population ançaise, t.  : De  à , Paris, PUF, , cité dans Ralph S,Histoire de l’immigration en France de la fin du  siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, , p. .

. En France, vivaient   Italiens en  (sur un total de   étrangers), puis   en

. Mais en , ils étaient plus de  ,   en ,   en  et environ  

en . Marianne A, Pierre M,L’immigration en France au  siècle, Paris, Armand Colin,

, p. . Ralph S,Histoire de l’immigration...,op. cit., p. -. N’oublions pas également l’émi- gration saisonnière difficile à cerner car ne laissant que peu de traces dans les archives. Ainsi l’émigra- tion des Piémontais en France l’hiver, fut marquée par une importante communauté de paysans qui cherchaient du travail pour un ou deux mois, et de femmes engagées comme domestiques ou ouvrières le temps de passer la mauvaise saison.

. Gioacchino V,Il popolo italiano tra la pace e la guerra (-), Milano, ISPI, , p. .

. Le  novembre , le consul italien de Marseille fit le bilan de l’activité du consulat concer- nant la mobilisation des Italiens dans sa ville du  mai  au  octobre  : soit la mobilisation et le rapatriement de   soldats, le rapatriement de   familles environ de rappelés, et l’arresta- tion ainsi que la conduite à la frontière de sept cent cinquante déserteurs et réfractaires, MAE-ASD, Rappresentenza diplomatica italiana in Francia, Parigi, b. , fasc.  : Rapport du consul de Marseille au ministre italien des Affaires étrangères, Marseille le  novembre .

. Caroline D, « Les émigrés face à la mobilisation militaire de l’Italie »,Démobilisations culturelles après la Grande Guerre, - Aujourd’hui (), Paris, Noesis, , p. -, voir p. , n. .

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