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L’organisation des troupes auxiliaires italiennes

L’Italie commença ainsi par « racler ses fonds de tiroir » avant d’envoyer dans la zone des armées, des travailleurs militaires organisés en Troupes auxiliaires ita-liennes en France (TAIF) et de jouer la carte américaine en expédiant au service des troupes de l’Oncle Sam d’autres troupes auxiliaires dans le Groupe des compagnies auxiliaires qualifiées « A » pour Amérique, au recrutement spécifique. Les enjeux étaient désormais autrement plus importants et les conditions d’arriver en France de ces nouveaux travailleurs militaires se déroula dans de meilleures conditions.

 Des Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF)

Pour éviter les difficultés rencontrées à l’occasion de l’envoi en France des Centu-ries d’ouvriers militaires italiens (COMI) et des bataillons de travailleurs F, la déci-sion d’expédier en France une main-d’œuvre militaire encadrée dans des TAIF sup-posa l’adoption d’une convention le  janvier  qui maintint une organisation militaire et qui précisa un partage des compétences entre la France et l’Italie.

. La gestation de la convention du  janvier 

Le  janvier , une convention verbale fut en effet signée par le général Alfieri, ministre italien de la Guerre et par les commissaires du Gouvernement français, Abel Ferry, Planche et le général Foch. En vertu de cette convention, le gouverne-ment italien s’engageait à mettre à la disposition du gouvernegouverne-ment français « un total de  à   travailleurs, tous militaires encadrés, composés de  

 L   ...

travailleurs,   hommes destinés aux travaux de l’aéronautique et  à   hommes¹».

Mais le gouvernement italien fut dans l’incapacité de respecter toutes les clauses de la convention, en particulier concernant l’envoi des   travailleurs et des   hommes destinés aux travaux de l’aéronautique. C’est du reste ce qu’écri-vit le  février  le ministre de l’Armement italien Dallolio au colonel Olivari, attaché militaire adjoint français à Rome :

Je regrette vivement aujourd’hui, pour des raisons provenant des disponibilités de forces actuelles et des prévisions sur l’activité future de l’ennemi, de ne pouvoir donner satisfaction au désir que vous m’avez exprimé que   terrassiers soient envoyés en France à la place des   hommes destinés d’abord aux travaux d’aé-ronautique et qui ensuite n’ont plus été considérés comme nécessaires. Il y a en effet impossibilité de tirer des ressources du pays de nouveaux travailleurs [...]. En outre, il est absolument nécessaire de pourvoir en Italie à une rigoureuse utilisation des hommes valides et invalides, aussi bien pour combler certaines insuffisances de per-sonnel existant depuis qu’a été commencée l’œuvre de réorganisation de l’armée que pour compléter les travaux de défense sur le front du Trentin contre lequel, d’après les indices actuels, une nouvelle et puissante offensive ennemie devrait se développer bientôt².

L’Italie, à son tour, connut alors une grave crise d’effectifs dont l’ambassadeur français à Rome, Camille Barrère, se fit l’écho le  février  : « On se ferait illu-sion en France si l’on croyait que le gouvernement italien serait en mesure d’envoyer d’autres ressources de main-d’œuvre supplémentaire non [par] mauvaise volonté mais par impossibilité matérielle (sic)³. »

Ces déclarations heurtèrent les autorités françaises qui s’en remettaient aux pro-messes italiennes. Il fallut donc se mettre d’accord sur l’envoi en France des   hommes prévus.

Le général Pétain voulait des soldats susceptibles d’être employés comme tra-vailleurs et comme combattants, si le besoin s’en faisait sentir, mais il se heurta au président de la République Raymond Poincaré. En effet, lorsque le  janvier , il proposa au Comité de Guerre que l’Italie envoyât   militaires en France, Raymond Poincaré ne put s’empêcher de s’écrier : « Ce serait un péril politique for-midable. L’Italie demanderait des territoires français : la ligne du Var⁴? » Mieux vaudrait se servir de militaires déclarés inaptes au service armé. Mais dans ce cas,

. SHD/GR,  N  : convention verbale passée le  janvier . Voir également AUSSME, CSG, /-.

. SHD/GR,  N  : traduction de la lettre n  G du ministre de l’Armement italien Dallolio au colonel français Olivari, Rome le  février .

. SHD/GR,  N / : télégramme déchiffré n  de Barrère au ministre des Affaires étrangères, Rome le  février , h .

L’      ce serait se priver d’un réservoir d’hommes susceptibles d’être versés dans des unités combattantes si le besoin s’en faisait sentir. Pourquoi ne pas obtenir aussi des soldats en pleine forme ?

La convention que le député Planche et le colonel Vacchelli signèrent au nom de la France et de l’Italie le  janvier  à Rome satisfit ces deux exigences. Elle stipula ainsi que « le gouvernement italien mett[ait] à la disposition du gouverne-ment français   soldats à employer à des travaux d’organisation défensive¹». Ces soldats, artilleurs et fantassins, seraient pris « parmi ceux qui se trouvaient déjà sous les armes, pour les deux tiers d’hommes inaptes au service armé et pour un tiers d’hommes aptes à celui-ci ».

L’Italie, à l’époque, pouvait envoyer en France ces militaires. La réduction du front, consécutive à Caporetto, avait en effet comblé les dépôts de la péninsule, de sorte que beaucoup de Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) furent constituées par des soldats ayant connu la débâcle, et dont les autorités italiennes n’étaient pas fâchés de se débarrasser en les envoyant en France, ne fût-ce que pour quelques mois, le temps de se réorganiser. Par ailleurs, ces futurs auxiliaires, artilleurs et inaptes au service armé, resteraient en zone d’opération, même loin de la première ligne, et seraient amenés peut-être à se défendre si le front était enfoncé. Ils restaient tout de même soldats avant tout.

. Une organisation militaire

L’organisation de ces TAIF resta ainsi militaire. La convention du  janvier précisait en effet :

Le contingent sera formé sur la base de  compagnies [ hommes chacune], dénommées « compagnies auxiliaires ». Chacune subdivisée en  centuries de  hommes et encadrée par  officiers, y compris le Commandant de la compagnie, capitaine ou ancien lieutenant.

Les compagnies seront groupées en  noyaux (de I à XX) de  compagnies [  hommes chacun], commandés chacun par un major ou lieutenant-colonel. À leur tour ces  noyaux s’encadreront dans  groupes de  noyaux commandés chacun par un colonel d’artillerie [  hommes chacun].

Toutes les unités précédentes seront mises sous le commandement d’un général qui prendra le titre d’« Inspecteur général des Troupes auxiliaires en France ». À l’Inspectorat général et aux Commandants de noyaux sera joint un person-nel sanitaire et administratif dans la mesure nécessaire au fonctionnement des différents services.

. SHD/GR, GQG,  N / : convention relative à l’envoi en France de   militaires italiens, conclue entre le colonel Vacchelli, chef de la division d’état-major du ministère de la Guerre italien, pour le compte du gouvernement italien et M. Planche, député commissaire accrédité par le gouvernement français. La version italienne est conservée à l’AUSSME, E -/.

 L   ...

Ces auxiliaires italiens continuèrent alors de porter l’uniforme de leur arme, avec des éléments distinctifs sans pour autant être armés. LesAlpini, les bersagliers et les artilleurs conservèrent ainsi l’uniforme de leur spécialité, mais les fantassins rajou-tèrent des éléments distinctifs sur la casquette, sur le col ainsi que sur la contre-épaulette indiquant le noyau et la compagnie¹.

Le premier inspecteur général des TAIF fut le général Giuseppe Tarditi, d’excellente réputation. Piémontais, il était né à Turin le  avril  et avait fait ses classes à l’École militaire en , avant de devenir sous-lieutenant au  d’infanterie, puis lieutenant et capitaine dans lesAlpini, combattant notam-ment au col di Lana en , aux côtés de Peppino Garibaldi dont il garda un mauvais souvenir. Au cours de la guerre, il avait été promu lieutenant-colonel pour mérites exceptionnels puis général de brigade (maggior generale) pour mérite de guerre. Francophone et francophile, il sut entretenir de bonnes relations avec ses homo-logues français, ce qui facilita la vie de ses troupes en France. Pétain, le  décembre , lui rendit d’ailleurs un vibrant hommage, le remerciant d’avoir été « pour le Commandement français un collaborateur éclairé et d’un dévouement absolu, très actif [et] très averti des nécessités militaires²». Le général Tarditi assura ainsi le commandement des TAIF jusqu’au  septembre, et fut remplacé par le général Boyl à compter du  octobre  après un commandement intérimaire assuré par le colonel Selby³.

. Un partage franco-italien des compétences

La France et l’Italie se partagèrent les frais d’organisation et d’administration. La France prit à sa charge l’équipement, le logement, la subsistance, et l’assistance sanitaire, tandis que l’Italie assura le paiement de la solde⁴.

La France fournit ainsi « l’équipement individuel des militaires italiens avec les mêmes effets spéciaux qui seraient éventuellement distribués à des troupes françaises, tant pour la protection contre les exigences du climat (peaux, sabots-galoches, bourgerons imperméables) que contre les moyens offensifs spéciaux de

. SHD/GR,  N /trav. it. en France : distinctifs des Troupes auxiliaires italiennes en France. Sur la casquette figura une couronne surmontant le numéro du groupe, et sur le col, une étoile d’argent sur fond blanc barré de rouge pour le  groupe, une étoile d’argent sur fond rouge barré de blanc pour le  groupe, une étoile d’argent sur fond vert barré de bleu pour le  groupe et une étoile d’argent sur fond bleu barré de vert pour le  groupe.

. Citation à l’ordre de l’armée n   D du maréchal Pétain, le  décembre , cité par Mario Caracciolo,Le truppe italiane in Francia (il II corpo d’armata. Le TAIF), Milano, Mondadori, , p. , note .

. AUSSME, F -/ : Giuseppe Tarditi fut alors affecté au gouvernement de la Tripolitaine en tant que chef du bureau politique de la colonie, télégramme du ministre de la Guerre Zupelli au général di Robilant, Rome le  août .

L’      l’ennemi (masques contre les gaz spéciaux, etc. (sic)) ». Elle fournit également « le matériel de services généraux, chaque compagnie étant pourvue d’une cuisine roulante, d’une voiture à vivres et à bagages¹», « d’une caisse d’archives, d’une caisse d’ouvrier tailleur, d’une caisse d’ouvrier cordonnier, de cinq haches et de cinq scies²». En outre, chaque commandement de noyau reçut pour les officiers deux chevaux, remplacés par une voiturette légère le  mars³, et une motocyclette avec side-car le  août ⁴compte tenu de l’étendue sur laquelle étaient réparties les compagnies de chaque noyau. Il fut prévu également de fournir « deux bicy-clettes⁵», « une caisse d’archives⁶» et d’allouer à « chaque commandement de groupe une automobile et une motocyclette⁷».

La France logea ces troupes dans des baraquements ou des cantonnements, s’engagea à donner des locaux convenables aux officiers et aux commandants, fit distribuer aux troupes italiennes une nourriture identique à celle des troupes fran-çaises opérant dans la même région, y compris les vivres de ration forte et les rations additionnelles éventuelles. Par ailleurs, elle concéda aux popotes d’officiers italiens les mêmes facilités que celles qui étaient données aux popotes d’officiers français⁸. Elle garantit aussi bien aux troupes qu’aux officiers la même assistance hospitalière qu’aux troupes et officiers français, mais en groupant dans chaque armée ou Direc-tion d’étape (DE), autant que possible, les militaires italiens dans une même forma-tion sanitaire⁹. Enfin, pour le service postal, chaque noyau fut rattaché, suivant sa situation, soit au secteur d’un élément stabilisé d’armée, soit au secteur d’un élément d’étapes¹⁰.

Le gouvernement italien, quant à lui, « par l’intermédiaire de la Direction géné-rale des services administratifs de la guerre [fit] parvenir respectivement à la troupe et aux officiers, le montant de la solde et des indemnités en usage dans l’armée

. SHD/GR,  N / : instruction n  relative à l’organisation et à l’administration des unités auxiliaires italiennes, GQG le  janvier .

. SHD/GR,  N  : additif à l’instruction n  du  janvier  relative à l’organisation et à l’administration des troupes auxiliaires italiennes, GQG le  mars .

. Ibid.

. SHD/GR,  N /armée italienne  : additif à l’instruction n  du  janvier  relative à l’organisation et à l’administration des troupes auxiliaires italiennes, GQG le  août .

. SHD/GR,  N / : instruction n  relative à l’organisation et à l’administration des unités auxiliaires italiennes, GQG le  janvier .

. SHD/GR,  N  : additif à l’instruction n  du  janvier  relative à l’organisation et à l’administration des troupes auxiliaires italiennes, GQG le  mars .

. SHD/GR,  N / : instruction n  relative à l’organisation et à l’administration des unités auxiliaires italiennes, GQG le  janvier .

. Convention relative à l’envoi en France de   militaires italiens...,op. cit.

. SHD/GR,  N / : instruction relative à l’organisation et à l’administration des unités auxiliaires italiennes, GQG le  janvier .

 L   ...

française, à grade égal », en accordant en outre « une indemnité spéciale de rési-dence à déterminer » et une prime de bon rendement attribuée à l’unité et non à l’homme de manière à ne pas altérer l’esprit militaire. Il dut se servir des établisse-ments de crédit français que Paris désigna « pour fournir les fonds aux comman-dants des noyaux, et faciliter les opérations de change, l’envoi de fonds en Italie etc. (sic)¹». L’affirmation de l’indépendance nationale italienne en France exigea par ailleurs l’organisation de bases logistiques capables de subvenir aux besoins des dizaines de milliers de soldats transalpins, travailleurs et combattants. Les Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) bénéficièrent ainsi d’un magasin à Dijon.

Les TAIF eurent en effet un traitement à part. Si la convention franco-italienne prévoyait un approvisionnement général assuré par les services français et britan-niques, les travailleurs italiens des TAIF eurent à leur disposition un dépôt de réserve de matériel sanitaire et un magasin de vêtements et d’équipement instal-lés à Dijon à la fin avril  pour des raisons liées fondamentalement à la proximité de l’Italie et au caractère de nœud de communication de la ville. Le général Tarditi, confronté à la rapide usure des uniformes et du matériel, et à l’état physique fragile de bon nombre de ses hommes, du fait de la nature de leur recrutement et de celle des travaux qu’ils devaient effectuer, en avait fait la demande au ministère italien de la Guerre. Ce dernier y avait répondu favorablement, chargeant la direction ter-ritoriale du commissariat militaire de Turin de satisfaire les demandes à expédier en France². Ainsi, l’Italie n’oublia pas totalement ses hommes en France, fussent-ils des travailleurs militaires, même si le soutien logistique et sanitaire fut somme toute limité.

Les frais de transport furent cependant partagés. Le gouvernement italien pour-vut « au transport d’un échelon de cinq compagnies (  hommes) par jour depuis le lieu de formation jusqu’à Chambéry », et le gouvernement français pré-para « tout pour le changement de matériel de chemin de fer à la station de Cham-béry d’où les contingents italiens, après avoir pris du repos convenable [durent] poursuivre leur route vers leur destination propre sur du matériel français », et avec trois jours de vivres françaises³. En principe il devait arriver chaque jour, à partir du  janvier, un effectif de   hommes transportés en deux trains. Tous les trains devaient passer par la gare régulatrice de Gray (Haute-Saône), d’où ils seraient diri-gés sur leur destination finale où les cantonnements affectés au détachement corres-pondant seraient pourvus par les armées et par les Directions d’étapes en couchettes, paillasses, poêles, et lampes⁴.

. Convention relative à l’envoi en France de   militaires italiens...,op. cit.

. Ministero della Difesa,L’esercito italiano nella Grande Guerra (-), vol. VII : « Le operazioni... »,op. cit., p. -.

. Ibid.

. SHD/GR,  N  : note n  au sujet de la répartition et des conditions d’arrivée des travailleurs italiens, GQG, le  janvier .

L’      Les régions militaires les plus proches de la frontière française reçurent l’ordre de faire partir les premières compagnies de TAIF, entre le  et le  janvier , puis les autres suivirent au fur et à mesure de leur constitution, du  au  février pour la deuxième vague, du  au  pour la troisième vague et du  au  février pour la dernière fournée. Le  février et le  mars, les dernières compagnies de TAIF, celles qui avaient été constituées à partir des dépôts les plus éloignés de la France (Naples, Bari, Palerme) partirent rejoindre la France¹.

Le délai de réception de ces unités italiennes apparut cependant très court, car deux jours à peine après la signature de la Convention, les premiers trains partirent. Il fallut alors agir dans l’urgence ce qui posa quelques problèmes au haut commande-ment français. Le général Pétain s’en plaignit ouvertecommande-ment au président du Conseil, le  janvier . Alors qu’il avait anticipé le mouvement, les informations qui lui avaient été transmises se révélèrent fausses et il dut par exemple refouler   tra-vailleurs envoyés par erreur et « mettre sur pied immédiatement une nouvelle orga-nisation et une nouvelle répartition ». « Je suis bien convaincu, écrivait-il, que les organes intéressés de l’intérieur se sont appliqués à écarter les sources de difficul-tés que je viens de signaler. Il n’en est pas moins vrai que des conditions initiales défavorables n’ont pas été sans compliquer beaucoup la tâche des armées en ce qui concerne la réception de l’emploi des unités italiennes². »

Aussi, Pétain, dès le  février, demanda au ministre de la Guerre, président du Conseil, d’accélérer l’arrivée de ces troupes auxiliaires en faisant passer les détache-ments de   à   hommes car, écrivait-il, « il y aurait de sérieux avantages à ce que je puisse disposer à une date rapprochée de la totalité du contingent³».

Ainsi en quarante jours, du  janvier au  mars  près de   travailleurs italiens furent transférés d’Italie en France sans problème majeur⁴.

 Recrutements et affectations

Encore fallait-il trouver de bonnes troupes, incarnant en France la nation ita-lienne dans sa diversité, conscientes de leurs caractères militaires, et surtout affec-tées au service des armées. Le respect de ces trois exigences permit de créer une

. AUSSME, E -/ et F -/ : circulaires n -G, du  janvier , n -G du  janvier , n -G du  février  et n -G du  février , du ministre italien de la Guerre V. Alfieri.

. SHD/GR,  N / : lettre n  du général commandant en chef les armées du nord et du nord-est au ministre de la Guerre, président du Conseil, GQG le  janvier .

. SHD/GR,  N / : lettre n  du général Pétain, commandant en chef des armées du nord et du nord-est, au président du Conseil Clemenceau, GQG, le  février .

. Ministero della Difesa,L’esercito italiano nella Grande Guerra (-), vol. VII : « Le operazioni... »,op. cit., p. -.

 L   ...

spécificité des Troupes auxiliaires italiennes en France (TAIF) qui les distingua des autres troupes de travailleurs italiens déjà arrivées en France.

. Un effort national

Il est impossible de connaître l’origine géographique des soldats affectés aux TAIF. Ces derniers devaient venir de toute l’Italie puisque le recrutement des troupes étant national, les dépôts fournirent des hommes provenant de toutes les régions de la péninsule, à l’exception toutefois des régiments alpins qui privilé-giaient le recrutement régional. Il est symptomatique toutefois de constater que les dépôts des unités sollicitées se trouvaient dans toute l’Italie, du nord au sud. Les régions militaires de Turin, d’Alexandrie, de Milan, de Gênes, de Vérone, de Bologne, d’Ancône, de Florence, de Rome, de Naples, de Bari et de Palerme furent ainsi mises à contribution pour fournir les hommes qui devaient partir en France en unités constituées¹. Des villes comme Plaisance, Alexandrie, Vérone, et Rome firent partir plus de   hommes de leurs dépôts respectifs, d’autres comme Ancône et Milan  , Florence, Naples et Messine, entre   et  . En agissant de la sorte, les autorités italiennes s’inscrivaient dans une logique nationale, des Alpes à la Sicile, et de la Tyrrhénienne à l’Adriatique. Dès le début, ces unités représente-raient ainsi à l’étranger l’armée de la nation dans sa diversité sans privilégier telle ou telle région militaire.

L’organisation des TAIF suivit cependant une progression régionale. Le  groupe de TAIF, créé le  janvier , privilégia les régions les plus proches de la France, celles du Piémont, de la Ligurie et de la Lombardie, sans négliger la