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Le sanctuaire d’Apollon Pythios se trouvait au sud de l’Olympieion, au sud-ouest de la source Kallirrhoé aux flancs nord (rive droite) de l’Ilissos. Dans le secteur entre l’emplacement présumé du Pythion et le sanctuaire de Gé, on a repéré des vestiges architecturaux qui, même s’ils étaient remployés dans des structures des époques postérieures, permettent d’assurer l’existence d’un petit temple archaïque126. Pourtant la localisation exacte du sanctuaire reste incertaine127.

IN D I C E S

Inscription de Peisistratos

L’identification du sanctuaire est assurée avec certitude d’après la dédicace inscrite sur l’autel, en marbre pentélique, dont les dimensions sont : 0,17 × 1,50 × 0,55 m, trouvée sur la rive droite de l’Ilissos, dans le secteur de l’emplacement présumé du temple. Cette inscription a soulevé beaucoup de discussions sur la datation de la gravure et de l’érection du sanctuaire. Nous récapitulons brièvement nos sources :

Musée épigraphique d’Athènes, n° inv. : 6787 ; IG I² 761 ; IG I³ 948 ; SEG XXXI (1981), n° 31, avec bibliographie128.

μνε̑ματόδεhε̑ςἀρχε̑ςΠεισίστ̣[ρατοςhιππίοh]υιὸς | θε̑κεν ἈπόλλονοςΠυθ[ί]οἐντεμένει̣

Trad. : « en souvenir de son archontat, Peisistratos fils d’Hippias a élevé cet autel, dans le sanctuaire d’Apollon Pythien ».

126 TRAVLOS 1971, p. 100-103. JUDEICH 1931, p. 386 et note 5 qui ne connaît pas ces éléments architecturaux, doute de l’existence d’un temple en l’honneur d’Apollon Pythios.

127 WYCHERLEY 1978, p. 167.

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D’après le texte, l’autel en l’honneur d’Apollon Pythien a été dédié par Peisistratos (le petit fils du tyran), c’est-à-dire vers 522/1129. Viviers date cette inscription, avec des arguments très convaincants, de quelques années plus tôt, vers 525130. Arnush veut prouver que Peisistratos, le fils d’Hippias a dédié l’autel à Apollon Pythios, entre 520 et 490131.

Autres trouvailles

Des fragments de bases cylindriques, en marbre, réutilisés dans des constructions du IIIe et IIe s. ont été mis au jour132. Ses fragments appartenaient aux monuments chorégiques des Thargélies, datés au plus tard au milieu du IVe s. et provenant de la région de Pythion. Ce site servait donc comme lieu de dédicace des trépieds des vainqueurs lors de la fête des Thargélies133.

Le sanctuaire d’Apollon Pythien fut construit au tracé des fortifications de l’époque de Konon, de Lycurgue et de Valérien (fig. 146, n° 157)134, et il est probable que le sanctuaire soit toujours resté à l’extérieur de l’enceinte. On peut facilement supposer que les blocs et les autres éléments architecturaux du temple furent incorporés dans les remparts. Pourtant, il nous semble nécessaire de noter qu’à présent nos sources archéologiques n’ont fourni aucun indice qui le date d’avant 530 au plus tôt.

129 ARNUSH 1995 ; Contra ALONI 2000, p. 84-86, qui considère que cette datation est très douteuse en raison de la forme des lettres. Plusieurs propositions ont été rédigées pour attribuer une datation plus basse pour le monument. Voir H.R. Immerwahr, Attic Script. A Survey, Oxford, 1990, p. 18 et 76 reconnaît une deuxième gravure de la fin du Ve s. et R.S. Stroud, AJA 96, 1992, p. 386.

130 VIVIERS 1992, p. 87-89 ; STANTON 1990, p. 113 la date aussi au dernier quart du VIe s.

131 ARNUSH 1995.

132 Des fouilles en 1872 et des fouilles de sauvetage AD 23, 1968, p. 61-62 et 24, 1969, p. 59 ont dévoilé parmi ces fragments, huit bases inscrites, dont les textes sont publiés par S.N. Koumanoudis, « Χορηγικαὶ Ἐπιγραφαὶ Θαργηλίων », AD 25, 1970, A’, p. 143-149, pl. 41-46 et IG II2 3065, 3066, 3067.

133 Aristote, Constitution d’Athènes, LVI, 3 ; AMANDRY 1977, p. 165-202.

Apollon

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Comme l’inscription dédicatoire de Peisistratos n’a pas été trouvée in situ et que l’identification de l’édifice n’est pas assurée avec certitude, d’autres chercheurs préfèrent situer le Pythion à l’intérieur de l’enceinte et l’identifier éventuellement avec le Delphinion135. Dans ce cas les rites des Pythaïstai, qui regardaient si Zeus avait jeté la foudre à Harma de Mont-Parnès, décrits par Strabon (IX, 2, 11, C 404), se déroulaient à cet endroit-là, intra muros.

IN T R O D U C T I O N D U C U L T E

On a souvent répété dans l’histoire de la recherche du site que le culte d’Apollon Pythien a été introduit par le tyran Pisistrate pour deux raisons : d’une part pour renforcer les liens avec le sanctuaire oraculaire des Delphes et concurrencer l’influence des Alcméonides en ce lieu et d’autre part pour rapporter au centre d’Athènes un culte déjà connu à Marathon et ainsi renforcer les liens entre le centre et la périphérie136.

Mais, avant d’avancer d’autres interprétations, il nous semble nécessaire d’étudier ce site par rapport aux autres sanctuaires en l’honneur d’Apollon : Apollon Hypo Makrais sur les flancs nord de l’Acropole et Apollon Patrôos dans l’Agora classique137. S’il est déjà difficile d’identifier le sanctuaire d’Apollon de la grotte sur le péripatos à Apollon Pythios, il est encore moins évident de démontrer les liens éventuels avec le Pythion d’Ilissos138.

135 GRECO 2009, p. 296.

136 BOARDMAN 1978, p. 234.

137 Apollon Hypo Makrais, voir supra, p. 101 ; Apollon Patrôos, voir infra, p. 185.

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CO N C L U S I O N S

Une série de sources littéraires, dont la plupart datent de l’époque romaine, mentionnent que le Pythion fut construit par le tyran Pisistrate139. En raison de la pénurie des sources archéologiques, nous ne pouvons reconstituer ni la forme du sanctuaire, ni les rites qui s’y déroulaient et il nous semble impossible d’avancer une hypothèse convaincante. En revanche, les éléments présentés ci-dessus nous conduisent à penser que le culte de Pythios a été introduit dans ce lieu sous Peisistratos, en même temps que la gravure de l’inscription dédicatoire sur l’autel et en même temps ou un peu avant la construction de l’autel des Douze Dieux à l’Agora. Si l’on reste fidèle au texte de Thucydide, on sera tenté d’attribuer au tyran Pisistrate l’introduction de ce culte d’une importance politique majeure, hypothèse qui ne sera nullement soutenue par ailleurs, comme on a pu le remarquer à propos d’Apollon Delphinios dans la même zone.

139 Publiées pour la première fois à la fin du XIXe s. par A. Milchhöfer, Die Stadtgeschichte von Athen, mit einer Übersicht der Schriftquellen zur Topographie von Athen, 1891, p. XIV-XV, publication rééditée in OIKONOMIDES 1977. LYNCH 1984 n’hésite pas à considérer qu’il s’agit d’une invention des parémiographes du Ier s. ap. J.-C. pour souligner les liens avec Delphes.

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Kallirrhoé – Ennéakrounos

(fig. 147-149)

Sur la rive nord du fleuve d’Ilissos se trouve un problème de la topographie athénienne : la source Kallirrhoé (le beau cours) qui sera construite et transformée à la fontaine Ennéakrounos (la « fontaine aux neuf bouches d’eau »), à laquelle on est incapable d’attribuer une localisation certaine140. La confusion est due encore une fois à la contradiction des sources, ainsi qu’au manque des vestiges archéologiques. Le sujet déjà est traité plusieurs fois et la problématique est présentée en détail dans les études d’Owens et Angiolillo141. Nous résumons brièvement ci-dessus les indices et les conclusions.

SO U R C E S

Comme on a déjà vu dans notre chapitre sur le pélargikon, Hérodote (VI, 137, 3) mentionne la fontaine Ennéakrounos à propos des Pélasges qui outrageaient avec insolence et mépris les jeunes filles athéniennes qui se rendaient constamment à la source pour chercher de l’eau142. Les Pélasges étaient installés dans la chôra de l’Hymette, c’est-à-dire la terre entre les quartiers actuels de Pagkrati et de Kaisariani143. D’après ce récit, on pourrait localiser l’Ennéakrounos dans la zone de l’Ilissos en direction de l’Hymette.

140 TRAVLOS 1971, p. 204, s.v. Kallirrhoe ; YOUNG 1980, p. 142 ; GRAS 1985, p. 601-603 ; LARSON 2001, p. 127 ; MARTIN 1974, p. 86 écrit : « L’Ennéakrounos cherche en vain une localisation définitive qui rallierait l’unanimité des opinions » ; TÖLLE-KASTENBEIN 1986.

141 OWENS 1982 ; ANGIOLILLO 1997, p. 17-19.

142 GRAS 1985, p. 601-603.

Kallirrhoé

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Thucydide144 indique que l’Ennéakrounos se trouvait à l’emplacement de la source Kallirrhoé sur le lit du fleuve Ilissos, au sud de l’Acropole. Avec cette description, il clôt l’énumération des monuments de la zone de l’Ilissos, liée à l’ancienne ville d’Athènes. Thucydide est la source de récits ou descriptions plus tardifs, comme pour l’Etymologicum Magnum (s.v. Enneakrounos), qui se réfèrent à l’Ennéakrounos en la situant dans la région de l’Ilissos. La même information est transmise par d’autres sources145. La Souda identifie Δωδεκάκρουνος (La fontaine à douze bouches) à l’Ennéakrounos citée par Thucydide146 et Cratinos utilise l’adjectif δωδεκάκρουνος pour se référer à Ilissos147. Pourtant, il n’y a aucun indice que la fontaine ait été agrandie et dotée de douze bouches et il nous est difficile d’interpréter ce rapprochement.

Dans les références citées, il n’y a aucun doute que l’Ennéakrounos était située dans la région de l’Ilissos. Pourtant, Isocrate148, Alciphron149 et Pausanias150 situent l’Ennéakrounos au centre de la ville, c’est-à-dire à l’Agora. Parmi ces auteurs, seul Pausanias décrit précisément l’Ennéakrounos entre l’Odéon d’Agrippa et l’Éleusinion au 144 Thucydide, II, 15, 5-6 : καὶ τῇ κρήνῃ τῇ νῦν μὲν τῶν τυράννων οὕτω σκευασάντων Ἐννεακρούνῳ καλουμένῃ, τὸ δὲ πάλαι φανερῶν τῶν πηγῶν οὐσῶν Καλλιρρόῃ ὠνομασμένη, ἐκεῖνοί τε ἐγγὺς οὔσῃ τὰ πλείστου ἄξια ἐχρῶντο, καὶ νῦν ἔτι ἀπὸ τοῦ ἀρχαίου πρό τε γαμικῶν καὶ ἐς ἄλλα τῶν ἱερῶν νομίζεται τῷ ὕδατι χρῆσθαι· καλεῖται δὲ διὰ τὴν παλαιάν ταύτῃ κατοίκησιν καὶ ἡ ἀκρόπολις μέχρι τοῦδε ἔτι ὑπ᾽ Ἀθηναίων πόλις.

Trad. : « Quant à la fontaine que l’on appelle maintenant à cause de la façon dont l’ont aménagée les tyrans, l’Ennéakrounos (ou les Neuf-Bouches), elles s’appelait autrefois, les sources étant à découvert, Callirhoé (ou le Beau-Cours) et les gens d’alors, l’ayant là tout près, s’en servaient pour les usages les plus importants ; or de nos jours, on en garde des temps anciens certaines habitudes et l’on se sert de cette eau avant les mariages ou pour d’autres rites sacrés. 6. C’est d’ailleurs parce qu’elle représente la partie habitée autrefois que les Athéniens appellent encore aujourd’hui l’acropole « la cité ». (J. de Romilly, CUF)

145 La liste détaillée des références à l’Ennéakrounos est publiée dans Agora III, p. 137-142.

146 Suda δ 1440 Adler : Δωδεκάκρουνος, κρήνη Ἀθήνῃσιν ἣν Θουκυδίδης Ἐννεάκρουνον.

147 Kratinos, frg. 198 Kassel-Austin : Ἄναξ Ἀπόλλον, τῶν ἐπῶν τῶν ῥευμάτων, καναχοῦσι πηγαὶ, δωδεκά-κρουνον <τὸ> στόμα, Ἰλισσὸς ἐν <τῇ> φάρυγ[γ]ι.

148 Isocrate, XV, 287.

149 Alciphron, Epist. iii, 13.1.

150 Pausanias, I, 14, 1 : Ἐς δὲ τὸ Ἀθῄνησιν ἐσελθοῦσιν ᾠδεῖον ἄλλα τε καὶ Διόνυσος κεῖται θέας ἄξιος. Πλησίον δέ ἐστι κρήνη, καλοῦσι δὲ αὐτὴν Ἐννεάκρουνον, οὕτω κοσμηθεῖσαν ὑπὸ Πεισιστράτου· φρέατα μὲν γὰρ καὶ διὰ πάσης τῆς πόλεώς ἐστι, πηγὴ δὲ αὕτη μόνη.

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sud-est de l’Agora. Il faut aussi noter que Pausanias ne rapproche pas l’Ennéakrounos de l’édifice construit à l’époque des tyrans à l’emplacement de la source Kallirrhoé.

VE S T I G E S

L’histoire des fouilles et de la découverte des vestiges pose les mêmes problèmes que l’étude des sources. À la fin du XIXe s. Dörpfeld, lors de ses grandes fouilles, au sud de l’Aréopage, entre l’Amyneion et la colline de la Pnyx, met en lumière un bâtiment qu’il a identifié à la Kallirrhoé et a nommé l’endroit « place de l’Ennéakrounos »151. Dörpfeld reconstitue la construction fouillée, en forme de Π, avec trois bouches à l’intérieur de chaque côté et un bassin devant chaque côté avec un toit sur colonnes152. Il est si certain de l’emplacement de Kallirrhoé / Ennéakrounos entre la Pnyx et l’Aréopage qu’il exprime la théorie que la Kallirrhoé de l’Ilissos ne portait pas le même nom auparavant. Ce sont les anciens habitants de Mélité qui l’auraient appelé ainsi après avoir déménagé dans le quartier de Diomeia, au sud de l’Olympieion, vers l’Ilissos et le gymnase de Kynosargès. Les Mélitéens auraient apporté à cet emplacement sur l’Ilissos le nom de Kallirrhoé depuis la Pnyx, comme ils ont fait pour le culte d’Héraclès153. Cependant, la proposition de Dörpfeld ne s’appuie sur aucune source littéraire, puisqu’aucun auteur ne situe la fontaine à cet endroit154.

Les recherches archéologiques de l’école américaine ont contredit les conclusions de Dörpfeld : des habitations privées occupent le site de l’Ennéakrounos de Dörpfeld et aucune fontaine monumentale n’y a jamais été érigée155. Les années 1950, Thompson mène des fouilles sur l’Agora et trouve les vestiges d’une fontaine archaïque, à deux mètres de distance au sud de l’église de Hagioi Apostoloi, à environ 80 m à l’ouest de

151 DÖRPFELD 1892 et 1894.

152 DÖRPFELD 1937, pl. VI et p. 94.

153 Plutarque, Sur l’exil, VI.

154 ARGOUD 1992, p. 41.

Kallirrhoé

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l’Éleusinion (fig. 175--176)156. La construction du parement en système polygonal, en tuf, avec des crampons en Z et la céramique trouvée sous le sol du bâtiment, permettent de dater le bâtiment avec certitude entre 530 et 520. Dotée d’un tuyau en terre cuite qui l’alimentait en eau potable et d’un tuyau pour les eaux usées, cette fontaine mesurait 18,20 m sur 6,80 m, avec une grande chambre centrale et deux autres de chaque côté157. Les bouches de la fontaine étaient accessibles du côté nord du bâtiment. Des colonnes peut-être doriques avaient soutenu le toit de la construction158. La description du bâtiment, dont l’axe long (E-O), correspond à son état du IVe s.159.

Ce site peut être identifié à l’Ennéakrounos que Pausanias (I, 14, 1) décrit au même endroit. Mais les dimensions du bâtiment ne permettent pas de reconstituer neuf bouches d’eau pour cette fontaine160.

En revanche, dans le quartier de l’Ilissos, aucune fontaine monumentale n’a été fouillée. Travlos réussit seulement à identifier quelques fragments architecturaux avec une fontaine archaïque qui aurait été située au nord-ouest du sanctuaire d’Apollon Pythios, au sud de l’Olympieion161.

CO N C L U S I O N S E T H Y P O T H È S E S

Afin de concilier deux hypothèses contradictoires, d’une part une localisation au sud-est de l’Agora, d’autre part la présence de l’Ennéakrounos près de l’Ilissos, Lévi a proposé de voir dans l’Ennéakrounos, non pas une fontaine à neuf bouches, mais un système de neuf fontaines, réparties dans la ville de l’époque de Pisistrate162. Si cette

156 Pour une synthèse voir Agora XIV, p. 197-199.

157Hesperia 18, 1949, p. 131 ; 22, 1959, p. 33-35 ; CAMP 1986, p. 42-44.

158 MERITT 1982.

159 Une fontaine du même type a été trouvée à l’île de Tinos (ΑΕ 1937, p. 608-620). Une hydria

de la fin du VIe s. porte l’image d’une construction de forme pareille. Voir Μ. Tiverios, Ελληνικά Αγγεία, Athènes, 1996, p. 93, fig. 56.

160 ANGIOLILLO 1997, p. 18.

161 TRAVLOS 1971, p. 204, s.v. Enneakrounos-Kallirrhoe.

162 LEVI 1962. Cette théorie a été reprise par BESCHI 1982, p. 306 et critiquée par ARGOUD 1992, p. 41-42 qui trouve cette hypothèse inacceptable, car le nom Ennéakrounos ne signifie pas « neuf

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proposition est correcte, la référence à l’Ennéakrounos n’est d’aucun secours pour situer la chôra pélasgique d’Hérodote163. En fait, Ennéakrounos ne serait pas une simple fontaine, mais un aqueduc, un système d’adduction d’eau très important, remplaçant le système d’approvisionnement par des puits en usage jusqu’alors164. L’attention portée par les tyrans à l’approvisionnement en eau fut assez importante165. Pisistrate assura le ravitaillement de la ville en eau et des travaux ont été réalisés pour amener les eaux potables de la vallée d’Ilissos par des canalisations au centre de la ville et autour de l’Acropole. De grands tuyaux d’adduction en terre cuite furent placés au fond d’un tunnel-galerie dont on a pu étudier le tracé et la technique sur les pentes sud et ouest de l’Acropole166.

Cette perspective est assez séduisante, mais il faut prendre en compte le fait que les témoignages antiques parlent toujours d’une fontaine unique. Il serait donc plus prudent de supposer une distinction entre la Kallirrhoé et l’Ennéakrounos167 et formuler l’hypothèse que la fontaine au sud-est de l’Agora a pris le nom d’Ennéakrounos à l’époque romaine168. Ainsi, l’Ennéakrounos se trouverait à l’origine au sud-est de la cité, à Ilissos. Vers le milieu du IVe s., elle aurait été détruite et son nom se serait déplacé sur une autre fontaine au centre-ville. Les événements de la fin du Ve s. qui ont provoqué l’ascension au pouvoir des Trente Tyrans, peuvent être situés au Lycée et dans le quartier de la fontaine et ont probablement causé la destruction de plusieurs édifices169. Quelque temps plus tard, au début du IVe s., de grands changements ont eu lieu pour

fontaines », mais bien « une fontaine à neuf bouches ». Cependant, le sens premier de κρουνός est « source », et il paraît envisageable qu’un ensemble de neuf fontaines alimentées par le même réseau, réalisation prestigieuse, ait été désigné comme « fontaine à neuf bouches ».

163 GRAS 1985, p. 601-603.

164 CAMP 1994, p. 10.

165 CAMP 1986, p. 42-44.

166 MARTIN 1974, p. 86 : creusée dans le rocher, la galerie mesure 1,30-1,50 m de haut, 0,65 m de large ; l’accès en est permis par des puits de descente espacés de trente à quarante mètres ; l’un d’eux s’enfonce à plus de 12 m.

167 OWENS 1982, p. 224.

168 BOERSMA 1970, p. 221, n° 100 cite « Ennéakrounos » pour l’époque archaïque et classique sans en étudier l’évolution.

Kallirrhoé

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l’approvisionnement en eau d’Athènes. De cette époque date la construction d’une fontaine au sud-ouest de l’Agora et des travaux des canalisations170.

Ainsi, l’information tirée du passage de Thucydide est correcte et l’Ennéakrounos originale était située au sud-est de la cité, à côté de l’Ilissos. À la fin du Ve s., le bâtiment original a été détruit et au milieu du IVe s. son nom célèbre a été déplacé sur une autre fontaine du VIe s. À l’époque romaine, le site de la fontaine d’origine a été complètement oublié et Pausanias voit l’Ennéakrounos de l’Agora.

Kallirrhoé était la source sur l’Ilissos qui servait aux rites de mariage, se déroulant dans le sanctuaire des Nymphes au sud de l’Odéon d’Hérode, quand la source du sanctuaire fut épuisée171. La fontaine de la source, l’Ennéakrounos, fut construite pour assurer l’approvisionnement en eau pour un grand nombre des personnes. Nous sommes à présent incapables de dater cet aménagement, qui probablement avait déjà lieu à la fin de l’époque archaïque.

170 THOMPSON 1953, p. 32-33, 1955, p. 52-54 et 1956, p. 52-53 ; Agora XIV, p. 200-201.

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Aphrodite en Kêpois ou olympia