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L’Olympieion75, le grand temple situé au sud-est de l’Acropole, au nord du banc d’Ilissos, avait un rôle important dans les cultes du VIe s. ainsi qu’aux époques postérieures et occupe une place significative dans la topographie de la ville.

(fig. 137-139) Vestiges

Les étapes de la construction de cet édifice sont aussi impressionnantes que les vestiges, toujours visibles aujourd’hui.

Ci-dessous, nous résumons brièvement les trois phases de sa construction76 : De l’époque de Pisistrate datent les vestiges les plus anciens d’un grand temple périptère de 8 colonnes doriques sur 12, dont l’architecture avait probablement beaucoup d’éléments ioniques. Les fondations du péristyle, 30,50 × 60 m, repérées à la fin du

XIXe s. avaient une orientation N-S77. Tous les autres fragments du temple furent enlevés et probablement remployés dans les murs de Thémistocle. Parmi eux, certains éléments architecturaux ont été découverts, mais ne fournissent pas beaucoup plus d’indices pour la reconstitution architecturale du sanctuaire. La céramique la plus ancienne trouvée au niveau des fondations date d’environ 53078.

75 JUDEICH 1931, p. 100-101 fait la distinction entre « Olympion », le plus ancien, et « Olympieion » qui serait apparu à l’époque hellénistique. La réalité est beaucoup plus compliquée, en raison de l’absence d’indices épigraphiques. WYCHERLEY 1964, p. 162.

76 HILL 1953, p. 212 ; TRAVLOS 1971 p. 402-411 ; ANGIOLILLO 1997, p. 75-77.

77 Les premières descriptions des fouilles sont publiées dans F.C. Penrose, The Principles of Athenian Architecture, London, 1888, ch. XII, p. 74-87 et JHS 8, 1887, p. 273.

78 BOERSMA 1970, p. 25 et p. 199 n° 70 ; WYCHERLEY 1964, p. 163. L’existence d’un premier temple fut rejetée par DÖRPFELD 1937, p. 14 qui par contre veut trouver des liens entre le temple de Zeus Olympien et l’orphisme. Aucun indice ne nous permet de soutenir une telle hypothèse.

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Le temple de l’époque de Pisistrate avait dû faire place à un successeur deux fois plus grand, imitant les énormes diptères caractéristiques d’Asie Mineure. Le péristyle de l’ancien temple se trouvait sous le sékos du temple de la fin du VIe s.79. Le début de la construction du deuxième temple en tuf de Zeus Olympien a été conçu avec une tendance au colossal, des colonnes doriques et une contraction angulaire, probablement pour concurrencer les grands temples archaïques (ioniques) d’Artémis à Éphèse, d’Héra à Samos et d’Apollon à Didyme80. Aucune datation précise ne peut être proposée avec certitude et la date la plus haute généralement admise se situe vers 51581. La construction est attribuée à Peisistratos, le petit-fils du tyran, à qui l’on attribue la construction de l’autel d’Apollon Pythios dans la même région. On peut constater que le matériel était rassemblé en abondance sur le site pour la construction du temple colossal. La destruction perse n’a probablement pas empiré la situation, puisqu’il n’y avait pas grand-chose à piller ou à brûler. Un astragale de marbre pentélique est identifié à un élément de l’autel du temple82. Le culte était sûrement pratiqué malgré l’inachèvement de l’édifice. D’ailleurs le site a aussi connu le culte de Zeus Kataibatès et d’autres formes de rites étaient introduites, ce qui prouve la richesse des rites qui y étaient menés83.

Le grand temple reste inachevé et c’est six siècles plus tard, à l’époque d’Hadrien, qu’il prendra la forme dont des éléments sont encore aujourd’hui conservés sur place. La phase hellénistique suit le plan et les dimensions du deuxième temple archaïque.

79 WELTER 1922.

80 TÖLLE-KASTENBEIN 1994, p. 136-142 ; CAMP 1995, p. 232 ; SHEAR 1978, p. 10 ; HELLMANN 2006, p. 62.

81 W. Dörpfeld, AM 22, 1897, p. 227-228 ; Contra PICÓN 1978, qui propose une datation vers 420.

82 WELTER 1922, p. 65-66.

83 Une inscription trouvée à Thorikos, datée entre 380 et 375, mentionne le culte de Zeus Kataibatès auprès du Delphinion et si l’on suppose qu’elle se réfère au Delphinion de la région de l’Ilissos d’Athènes, nous pouvons en tirer des informations pour la topographie du site : SEG

XXX, 147 : [Μεταγειτνιῶνος, Διὶ Κατ]αιβάτηι ἐ̣ν̣ τ̣|ῶι σηκῶι π̣[αρ]ὰ τὸ [Δελφίνι]ον τέλεον πρ|ατόν. ;aussi IG II2 4964 et 4965, du IVe s. : Διὸς Κα[τ]αιβάτο[υ]…

Zeus

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CO N C L U S I O N S

Le sanctuaire de Zeus Olympien fut fondé à Athènes par Deucalion, selon la tradition romaine84, et il sert d’exemple caractéristique de la réappropriation du temps et du passé par les Athéniens des IVe et IIIe s., qui non seulement ont poursuivi les cultes menés en ce lieu, mais l’ont aussi revêtu de légendes autour de sa fondation. Probablement la tombe de Deucalion se trouvait aussi dans la région85. Parmi les cultes de Zeus à Athènes, celui de l’Olympieion est le plus vénéré. Dans la tradition athénienne, toute cette zone est sacrée et associée aux mythes et légendes relatifs à Égée et Thésée86. Cette fascination pour le passé87 nous empêche de discerner les éléments de l’époque archaïque, les inventions postérieures, concernant l’implantation des cultes et leur signification politique.

84 Pausanias, I, 18, 7-8 ; Strabon, IX, 4, 2 (C 425).

85 WYCHERLEY 1964, p. 161.

86 Voir plus loin, p. 199.

87 L’admiration du passé est critiquée par Philostratos, Vies des Sophistes, 1, 25, 6. WYCHERLEY 1964, p. 171.

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Delphinion et Palladion, temples et tribunaux

(fig. 140, n° 6 et 8, 141-143)

Delphinion

Au sud de l’Olympieion, à l’est du temple d’Apollon Delphinios, un ensemble d’édifices a été fouillé88. Travlos a identifié cet ensemble au prédécesseur du temple d’Apollon Delphinios, daté du VIIIe s.89. Pourtant, la description des vestiges dans les rapports des fouilles, des traces des murs, appartenant à un bâtiment avec toit, à côté des tombes, sans la moindre référence aux dépôts votifs, ne nous permet aucune identification à un lieu de culte90. Donc, on considère ces bâtiments comme des habitations à côté des tombes. D’autres chercheurs le localisent au sud-ouest de l’Olympieion au niveau de la porte XI (ou porte d’Égée), intra muros, non loin du sanctuaire d’Aphrodite en Képois, qui se trouvait en dehors de l’enceinte91. Le sanctuaire d’Apollon Delphinios, s’il existait avant 500, se trouvait sûrement quelque part dans le quartier, au sud de l’Olympieion.

D’après le récit de Plutarque, ce site est le lieu où se déroule l’épisode de la coupe empoisonnée qui conduit à la reconnaissance de Thésée par Égée, Thésée y sacrifie le taureau de Marathon92 et joue également un rôle essentiel dans la fête des Pyanopsies. Le Delphinion était en cours de construction lors de l’arrivée de Thésée à Athènes et le

88 J. Threpsiades et J. Travlos, AD 17 B’1, 1961-62, p. 9-14.

89 TRAVLOS 1971, p. 83 et 90 fig. 113 ; ASAtene 61, 1983, p. 326.

90 MAZARAKIS-AINIAN 1997, p. 345 et fig. 128 ; MAZARAKIS-AINIAN 1999, p. 21.

91 ROBERTSON 2005, fig. 3. Cette proposition renverse l’image de la topographie généralement acceptée, qui veut, selon Travlos, situer Apollon Delphinios directement au sud de l’Olympieion, et Apollon Pythios exta muros, à l’ouest du sanctuaire d’Aphrodite en Képois.

92 Plutarque, Thésée, XIII ; XIV, 1 ; selon Pausanias, I, 27, 10, le sacrifice aurait eu lieu sur l’Acropole.

Tribunaux

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héros, pris pour une femme en raison de ses vêtements, prouva sa virilité en faisant sauter les bœufs de son attelage plus haut que le toit93.

Ce sanctuaire abritait le tribunal du Delphinion qui jugeait les coupables de meurtre ayant agi en état de légitime défense94. Les Pallantides, ou fils de Pallas, frère d’Égée, voyant Thésée reconnu, conspirèrent contre Égée, dont ils se croyaient les seuls héritiers. La conspiration fut découverte, et Thésée tua Pallas et ses enfants. Ces meurtres, quoique nécessaires, obligèrent le héros à être banni d’Athènes pour un an et, ultérieurement, il fut innocenté au tribunal des juges qui s’assemblaient dans le temple d’Apollon Delphinios. Le jugement de Thésée après la mort de Pallas sert ici de mythe étiologique95. Le Delphinion à Athènes aurait un rôle de sanctuaire limitrophe, comme celui d’Artémis Agrotéra sur l’autre rive de l’Ilissos96.

Palladion

Beaucoup d’hypothèses ont été énoncées sur ce que le Palladion représentait : le sanctuaire d’Athéna Pallas et de Zeus ; le sanctuaire qui aurait hébergé le Palladion, la statue en bois de Pallas d’Ilion97 ; ou encore l’un des tribunaux d’homicide d’Athènes98.

LO C A L I S A T I O N

La localisation de ce site n’est toujours pas assurée. Travlos l’identifie à des vestiges à l’ouest de l’Olympieion, dont on peut faire remonter la date au IVe s.99. D’autres

93 Pausanias, I, 19, 1.

94 Sur le Delphinion en tant que tribunal, voir MACDOWELL 1963, p. 69-81.

95 Pausanias, I, 28, 10.

96 VALDÉS 2002, p. 158.

97Petite Iliade, Argumenta 1 et 2 (Proclus, Chrestomathia, 206 et s. Severyns et P. Rylands 22), dans A. Bernabé, Poetae Epici Graeci. Testimonia et Fragmenta, vol. 1, Teubner, 1987, p. 74-75. BURGESS 2001, p. 142.

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études proposent comme emplacement de ce site la colline d’Ardettos, sur la rive gauche (sud) de l’Ilissos, d’après l’Attidographe Kleidémos, cité par Plutarque100, et d’après les dessins des voyageurs du XVIIIe s. Stuart et Revett101. Le passage de Plutarque raconte le combat des Athéniens avec les Amazones, sous le règne de Thésée, et il faut prendre en compte que le récit de Kleidémos s’inscrit dans une tendance de rationalisation du mythe de Thésée qui s’élabore à Athènes à partir du Ve s. La restitution de la bataille à partir des toponymes ou des sanctuaires, de l’Aréopage et de la Pnyx du côté ouest, jusqu’à Ardettos du côté est, relève de reconstructions de l’époque classique102. Une série d’autres éléments nous conduisent à l’hypothèse d’une localisation du Palladion à Phalère103. Depuis ce lieu, les accusés jugés coupables auraient été protégés et déplacés directement du tribunal vers le port pour prendre le bateau et partir en exil.

En tout cas, il est possible de considérer que deux Palladia auraient existé à Athènes et à Phalère104. Dans la présente étude, nous voulons même considérer l’hypothèse que l’emplacement du Palladion a déménagé de Phalère à l’époque archaïque, à Athènes, à l’ouest de l’Olympieion, à partir du IVe s. Une telle interprétation pourrait nous éclairer sur le déroulement de rites jusqu’ici mal reconstitués.

LÉ G E N D E

Le mythe de la fondation du Palladion est cité par Pausanias105 : le tribunal a été fondé quand Démophon, fils de Thésée106, a installé le Palladion (la statue) d’Athéna107.

99 TRAVLOS 1971, p. 289-292, fig. 379, n° 181 et p. 412-413 ; TRAVLOS 1974 ; AD 21 (1966), p. 81-83 ; PAPACHATZIS 1982, p. 376, note 2.

100 Plutarque, Thésée, XXVII, 3-5 ; Kleidemos, FGrH 232, F 20. Agora XXVIII, p. 47-48 et 145 n° 52.

101 ROBERTSON 2005, p. 49 et note 13. SALMON 2008 (vol. 3, plan of Athens et p. V, ruines non identifiables).

102 Voir le commentaire dans l’édition des Vies Parallèles, Gallimard, 2001, p. 73 et 81.

103 Phanodémos, FGrH 325 F 16. HUMPHREYS 1991, p. 22-23 et note 17.

104 A.L. Boegehold, dans Agora XXVIII, propose l’existence d’un Palladion à Athènes et d’un autre à Phalère.

Tribunaux

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Plusieurs sont les versions de la légende du voyage de cette statue d’Athéna Pallas et nombreuses sont les cités qui revendiquent en posséder l’original108.

Après avoir tué accidentellement Pallas, sa compagne de jeu, Athéna façonna à son image une statue, le Palladion, qu’elle plaça aux côtés de Zeus. Un jour, Électre, cherchant à échapper à Zeus, se réfugia derrière la statue. Furieux, Zeus jetta l’effigie du haut du ciel109. La statue tomba donc du ciel ou, selon une tradition différente, fut amenée à Troie par Dardanos110. Ilos, fondateur éponyme de Troie (Ilion), la trouva devant sa tente et la rapporta à Troie où il fonda un temple pour l’honorer. Le Palladion rendit alors la cité inexpugnable. Lors de la guerre de Troie, le devin Hélénos affirma que tant que le Palladion demeurerait à Troie, la cité serait invincible111. Odysseus et Diomède réussirent à voler la statue et à la rapporter au navire112.

Après la prise de Troie, Diomède ramena les navires à leur base de départ. Il faisait déjà nuit à leur arrivée dans les parages de Phalère. Les Argiens y débarquèrent comme en pays ennemi, pensant, dans la nuit, que c’était un autre pays que l’Attique. Démophon alors accourut à l’aide, sans savoir lui non plus que les gens des vaisseaux étaient des Argiens ; il tua quelques hommes, s’empara du Palladion et rentra chez lui ; mais un Athénien qui ne faisait pas attention fut renversé par le cheval de Démophon et mourut piétiné. À la suite de cet événement, Démophon fut traduit en justice. Ainsi fut établi le mythe étiologique selon lequel on justifie pourquoi des procès de meurtres involontaires furent jugés au Palladion.

106 À ne pas confondre avec Démophon, le fils du roi d’Éleusis Kéléos et de sa femme Métaneira, que Déméter reçut le soin d’élever. Hymne homérique à Déméter, v. 231-241.

107 Pausanias, I, 28, 9 ; Pollux, VIII, 118-19. CARAWAN 1998, p. 14.

108 Pausanias (II, 23, 5), dans son récit sur Corinthe et Argos, affirme que le xoanon original d’Athéna Pallas se trouve à Rome et non à Argos, malgré les affirmations des Argiens qui revendiquent eux aussi la possession du Palladion original.

109 Apollodore, Bibliothèque, III, 10, 1-2.

110 Denys d’Halicarnasse, Antiquités Romaines, I, 68, 3.

111 Apollodore, Bibliothèque, V, 10.

112 Cette histoire est connue par La Petite Iliade, arg. 4 ; Apollodore, Bibliothèque, V, 13 ; GANTZ 2004, p. 1132-1134.

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La version romaine de l’histoire veut que Dardanus, par mesure de précaution, aurait fait faire un second Palladion, à l’imitation du premier. C’est le faux Palladion qu’auraient volé Diomède et Odysseus. La statue véritable, sauvée par Énée, aurait été emportée par lui à Rome dans le temple de Vesta113 ou à Lavinium114. Mais comme cette version de l’histoire contredit l’oracle du devin, d’autres auteurs ont affirmé que Diomède et Odysseus avaient bien enlevé le vrai Palladion, mais que Diomède l’aurait rendu plus tard aux Troyens en Calabre, à Énée115.

En tous les cas, le Palladion n’est pas une statue de culte mais une précieuse relique dotée de fonctions protectrices, presque magiques, qui assureraient l’inviolabilité de la ville et ainsi la puissance de la cité.

RI T E S

Trois inscriptions du IIe s. av. J.-C. décrivent un rituel des éphèbes en l’honneur d’Athéna Pallas : « à la lueur des torches et avec toute la discipline souhaitable », ils participent à une procession nocturne qui conduit la statue de la déesse à Phalère116. Ce rite porte peut-être la mémoire de l’ancienne localisation et du transfert vers le nouveau site, au centre de la ville. Burkert situe ce rite au début de l’hiver, au mois de Maimactérion117.

Pourtant, cette procession est souvent associée à la fête des Plyntéries, le 29 du mois d’été Thargélion, pendant laquelle on accomplit des rites sur la statue en bois d’Athéna Poliade et on nettoie le temple de l’Érechthéion, où elle se trouvait118. Le nom

113 Ovide, Fastes, VI, 419-435 ; Pline, HN, VII, 141 ; Pausanias, II, 23, 5. Sur le Palladium romain voir DUBOURDIEU 1989, p. 460-467.

114 Strabon, VI, 1, 14 (C 264).

115 Denys d’Halicarnasse, Antiquités Romaines, I, 68-69 ; II, 66, 5.

116IG II/III2 1006, 1008 et 1011. Les inscriptions datent des années 123-106. Philochore, FGrHist

328 F 64b, se réfère aussi à cette procession dont on peut faire remonter la date au IVe s.

117 BURKERT 1998. Contra PARKER 1977, p. 94-96 et NAGY 1991, p. 293-294.

Tribunaux

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des Plyntéries fait allusion au nettoyage des vêtements et non au bain de la déesse119. Cette fête se déroule en l’honneur d’Athéna, tandis que la procession des éphèbes se fait au nom de Pallas, deux cultes qui se ressemblent tout en ayant leur spécificité. La confusion est due au fait que deux statues d’Athéna, en bois, étaient vénérées à Athènes : le xoanon d’Athéna Polias sur l’Acropole120 et le Palladion, la petite statue de Pallas que Diomède et Odyssée auraient volée lors d’une expédition nocturne à Ilion afin d’assurer la prise de Troie. À Athènes, elle est censée être conservée dans un sanctuaire particulier où siégeait aussi le prêtre de Zeus, Bouzygès121.

La proposition de Burkert sur ce problème est assez éclairante : les trois éléments fournis par la tradition, – l’ancien Palladion, le labourage sacré accompli par le prêtre de Zeus Bouzygès et le tribunal – ne connaissaient pas forcément le même emplacement. Notre confusion est plutôt due à la coïncidence chronologique des rites associés122. Sur le Palladion officiait l’un des tribunaux les plus importants d’Athènes, où avaient lieu les procès pour homicide intentés entre des étrangers (métèques) ou des esclaves et, en cas de verdict de culpabilité, la sanction était l’exil, comme forme de purification123.

On reconnaît la difficulté de reconstituer le lieu, les rites et les traditions qui, à partir du IVe s., avaient probablement été changés, réadaptés et pour finir, mélangés. Les légendes étiologiques de l’acquisition du Palladion (statue) et de l’institution du tribunal reflètent probablement un rite, celui de la procession de Pallas en char jusqu’à la mer de Phalère liée à la réouverture annuelle du tribunal.

119 BURKERT 1998, p. 150 et note 11 ; VINCENT 2003, p. 61 : le vêtement aurait fait partie intégrante de la statue et il implique l’habillage et le déshabillage périodique pour changer ou nettoyer les habits de la divinité. Les fêtes qui ritualisent ces gestes, les Plyntéries, les Callyntéries ou les Panathénées regroupent la communauté autour de la statue et lui redonnent symboliquement sa force fertilisante et protectrice.

120 Voir supra, p. 42.

121IG II/III2 3177 et 5055 ; IG II2 1092 l. 30-33 ; IG II2 2884. Le prêtre Bouzygès, dont le nom sera accordé à tous les prêtres de Zeus honoré à côté d’Athéna, dans le même sanctuaire, était la personne à qui Démophôn avait confié le xoanon pour qu’il l’apporte à Athènes

122 BURKERT 1998.

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Les deux édifices, Delphinion et Palladion, sont considérés comme des temples et des tribunaux en même temps. Les éléments présentés ci-dessus nous permettent d’arriver à la conclusion que ces deux sites étaient probablement inconnus à Athènes au VIe s. et nous discernons plutôt deux exemples des dispositifs de l’Athènes classique qui construit des récits étiologiques en réinventant le passé légendaire de la cité124. De la même manière, Héliaia, située dans le bâtiment carré au nord de l’Acropole, au sud-ouest de l’Agora classique, sera dotée de fonctions attribuées à Solon, mais rien ne peut être prouvé pour l’époque archaïque125.

124 Thucydide, II, 15.

125 THOMPSON 1954 l’identifie au Theseion ; Agora XIV, p. 62 ; THOMPSON 1981, p. 346, note 17 ; ANGIOLILLO 1997, p. 17 ; HANSEN 1981. Pour les tribunaux des homicides à Athènes en général, cf. Agora XXVIII.

Apollon

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