• Aucun résultat trouvé

encadré 4 Modélisation des choix dichotomiques en évaluation contingente : les modèles d’Hanemann et de Cameron et James

5.3. Protocole d’enquête

5.3.1. Mode d’administration des questionnaires et échantillonnage

Conformément aux recommandations du panel NOAA(Arrow, Solow et al. 1993), nous avons choisi de réaliser des enquêtes en face-à-face (illustration 2). Les avantages de ce mode d’administration sont ici indéniables. Il permet notamment de récolter plus facilement de l’information, puisque le taux de réponse est supérieur, et de contrôler la passation des questionnaires97. La tâche des enquêtés se révélant être relativement complexe, ce contrôle est d’autant plus crucial. Par ailleurs, les méthodes multi-attributs reposent sur un protocole strict, notamment en ce qui concerne la présentation des questions d’évaluation et des scénarios (Gordon, Chapman et al. 2001) ; des questionnaires par voie postale ne permettraient pas de s’assurer qu’il soit respecté, d’autant que plusieurs politiques doivent être présentées(Santos 1998a). Les enquêtes en face-à-face permettent également d’utiliser des aides visuelles, telles que des photographies, pour décrire les attributs, ce qui n’est pas possible avec des enquêtes téléphoniques. Enfin, elles limitent les comportements stratégiques et les biais d’auto-sélection (self selection bias) des questionnaires auto-administrés que les enquêtés peuvent lire dans leur totalité avant de décider s’ils répondent. Ce mode d’administration n’est toutefois pas exempt de biais ; l’influence de l’enquêteur sur les réponses devra notamment être testée.

96 Lorsque les échantillons sont suffisamment grands comme c’est le cas ici, les résultats des logits et des probits

ne sont théoriquement pas très différents (Maddala 1999). L’estimation de ces derniers dans le cadre de la Méthode d’Évaluation Contingente à formats de réponses dichotomiques (DCCVM) (que les questions d’évaluation soient répétées comme en MP ou non) nécessite juste plus de temps (Cameron 1988b, Cameron 1988a).

97 Cet exercice nécessitait dans notre cas une vingtaine de minutes.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

Source : J. Dehez, 2006

illustration 2 Mode d’administration des questionnaires

Ces enquêtes en face-à-face ont été réalisées sur site98 bien que cette procédure ne soit pas non plus exempte de biais99.

BIAIS IMPLICATIONS

STRATIFICATION

ENDOGENE

Les personnes qui se rendent sur le site plusieurs fois au cours la période d’enquête ont une probabilité plus forte d’être sélectionnées que les autres. TRONCATURE Seules les personnes effectuant au moins une visite sur le site durant la

période d’enquête sont concernées et il n’est pas possible de collecter de l’information sur les non-visiteurs.

Tableau 44 Biais des enquêtes sur sites (Shaw 1988)

Nous avons toutefois veillé à limiter les risques, qu’ils soient d’auto-sélection ou de stratification endogène, et cette précaution a des conséquences sur le plan d’échantillonnage.

Notre plan d’échantillonnage comporte deux étapes : le choix des sites d’enquêtes et la sélection des personnes à enquêter.

Tous les « Plans Plages » étant supposés homogènes en termes d’offre et de qualité des services récréatifs offerts, nous en avons sélectionné trois, significatifs de leur portion de littoral. Le premier, Carcans-plage, représente les sites du nord de la côte girondine, en ce sens qu’une zone de logements (campings et habitations) est située immédiatement en deçà de la dune, en forêt. C’est le plus « urbanisé » des trois. Le second site, le Gressier, situé sur la commune du

98 Un document était affiché à proximité de l’accès principal afin d’informer les visiteurs de notre présence. Nous

avions par ailleurs confectionné des dépliants pour leur expliquer les enjeux de l’enquête.

99 D’après l’étude de l’Agence Française de l’Ingénierie Touristique (AFIT) sur la fréquentation des plages, plus

d’une personne sur cinq s’y rend par exemple deux fois par jour et le biais de stratification endogène pourrait se révéler potentiellement fort. Néanmoins, il est difficilement imaginable de procéder différemment.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

Porge, est, avec le « Plan Plage » du Grand Crohot situé immédiatement au Sud, un site de très grande taille (le parking peut accueillir 3 100 véhicules) et relativement proche de la CUB. Le Petit Nice enfin, situé en dessous du bassin d’Arcachon, est choisi à la fois pour la fréquentation potentielle des touristes logeant dans les Landes et pour les pôles d’attraction que constituent Arcachon et la commune de La Teste de Buch (sur laquelle se trouve la Dune du Pilat).

Concernant les individus à interroger, nous devons tout d’abord définir la population-mère ainsi que la taille de l’échantillon (Bateman, Carson et al. 2002). Les visiteurs sont donc, de fait, la population de référence. Notre principal obstacle est qu’il n’existe pas de base de sondage recensant ces individus et dans laquelle nous pouvons tirer un échantillon de manière aléatoire. Ce problème est inévitable dans le cas des espaces naturels en accès libre(Bateman, Carson et al. 2002). Nous disposons cependant d’informations générales sur la population-mère grâce à des études quantitatives antérieures qui, malheureusement, ne se concentrent que sur les touristes(CRTA 2004). Certes, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) dispose d’informations sur les caractéristiques de la population de résidents, mais ces dernières ne distinguent pas les visiteurs des non-visiteurs. Enfin, d’autres études, plus anciennes, se concentrent sur les attentes des visiteurs (AFIT ONF 1996) mais elles ne fournissent guère d’informations sur leur échantillonnage. Par ailleurs, nous n’avons trouvé aucune étude spécifiquement dédiée aux visiteurs du littoral girondin, et encore moins aux seuls usagers de sites aménagés en milieu naturel.

Les seules données quantitatives disponibles datent de 1998 et 2002. Elles ont été établies par (Dehez 2003a), reprises par (Martres 2000) et améliorées grâce à des comptages sur photos aériennes (ONF 2002). D’après ces informations, nous estimons la fréquentation journalière estivale moyenne d à 44.760 visiteurs sur les trois sites. Le nombre d’enquêtes à réaliser pour chaque méthode est donc fixé à 381 (pour une marge d’erreur de 5 % et un intervalle de confiance à 95 %), chiffre porté à 400, afin de nous prémunir contre d’éventuelles pertes de données. L’enquête devant permettre de généraliser les résultats à l’ensemble de la population ciblée, cette taille joue en effet un rôle important sur la fiabilité des résultats.

L’étape finale consiste à répartir ces enquêtes au cours de la période de terrain. Pour cela, nous calculons la distribution de la fréquentation entre juillet et août (pour les années disponibles entre

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

1991 et 1998). Considérant que, chaque jour, deux binômes d’enquêteurs travaillent chacun sur une méthode, il nous faut finalement enquêter 12 jours en juillet et 15 en août. Ces jours sont enfin partagés de telle sorte que des enquêtes soient réalisées en semaine, au cours de week-ends ordinaires et de week-ends prolongés. Ils sont également répartis entre sites selon leur fréquentation : 6 (6) au Gressier, 2 (4) au Petit Nice et 4 (5) à Carcans-plage en juillet (août)100. Au final, 775 interviews en face-à-face ont été conduites, 389 pour la MP et 386 pour la MCMA.

Pour réduire le biais de stratification endogène, la méthode d’échantillonnage que nous avons mise en œuvre s’apparente à celle d’un échantillonnage aléatoire systématique. Sur site, les enquêtés ont été sélectionnés de manière quasi-systématique : qu’il arrive ou qu’il parte (Bateman, Carson et al. 2002, p. 95), un passant sur trois était abordé par les enquêteurs placés au pied des caillebotis. Signalons toutefois que ce type d’« enquête d’interception » (intercept

survey) présente certains inconvénients puisque les sites peuvent avoir plusieurs entrées et que le

nombre de visiteurs et leurs caractéristiques peuvent varier au cours de la journée (Bateman, Carson et al. 2002, p. 95). La très grande majorité des visiteurs empruntant l’accès principal pour se rendre sur la plage sur les « Plans Plages », nous considérons toutefois que ce risque est limité.

Enfin, comme nous venons de le voir, les données recueillies sont potentiellement soumises au risque de biais d’auto-sélection puisque les personnes intéressées par le sujet sont plus susceptibles de répondre que les autres (Bateman, Carson et al. 2002, p. 103). Plus des deux tiers des personnes approchées ont ainsi refusé de répondre aux questionnaires (Tableau 45).

100 Les contraintes du terrain et notamment les jours de pluie nous ont bien entendu amenés à ajuster

marginalement cette répartition.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

SEXE