• Aucun résultat trouvé

Les fondements de la valeur récréative

I V OIERIE ET PARKING III P ROPRETE

2. La valeur économique d’un service non marchand

2.2. Les fondements de la valeur récréative

Nous avons rappelé dans la section précédente comment la notion de valeur économique était étroitement liée à celle d’utilité (et de rareté, via la fonction de demande). Ainsi, les services récréatifs, à l’instar de nombreux autres biens et services délivrés par la forêt, ont une valeur pour la société dès lors qu’ils procurent aux individus une satisfaction. Dans ce qui suit, nous approfondissons quelque peu les fondements de cette valeur en revenant notamment sur la

pas d’étudier dans quelle mesure les agents, lorsqu’il leur est demandé leur CAP pour un bien , expriment la valeur qu’ils attribuent à un autre bien englobant (Cummings, Ganderton et al. 1994).

40 Précisons que l’effet de substitution n’agit pas de la même manière sur les CAP et sur les CAR (Hoehn

1991). Si les attributs sont substituts en évaluation, alors l’IVS sous-estime la vraie valeur du CAR pour un bien.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

différence créée par l’usage ou non qu’il est fait du service. Dans ce cadre, nous pourrons plus particulièrement cerner le type de valeur attachée aux services récréatifs.

2.2.1. Les valeurs des biens et services fournis par la forêt

Les typologies sur la valeur économique ne sont pas complètement stabilisées. Malgré tout, une distinction importante renvoie à la possibilité de faire un usage (direct ou indirect) ou non de la ressource. A partir de là, divers regroupement sont possibles. Dans ce travail, nous nous appuyons sur la description faite par (Merlo et Croitoru 2005) (Figure 10)

Valeur d’usage Valeur de non usage

Valeur Economique Totale (VET)

Valeur d’usage directe Valeur d’usage indirecte Valeur d’option Valeur de leg Valeur d’existence Avec ou sans consommation Fonctions écologiques Bénéfices personnels futurs

Bénéfices futurs pour les générations futures

Satisfaction de savoir que le service ou la fonction sont préservés

Biodiversité, habitat, espèces Paysage, loisirs, accès

aux matières premières Loisirs,

biodiversité Protection des bassins

versants, atténuation des crues, recyclage des

nutriments Bois d’œuvre, bois

énergie, nourriture, loisirs

Valeur d’usage Valeur de non usage

Valeur d’usage Valeur de non usage

Valeur Economique Totale (VET)

Valeur d’usage directe Valeur d’usage indirecte Valeur d’option Valeur de leg Valeur d’existence Valeur d’usage directe Valeur d’usage indirecte Valeur d’option Valeur de leg Valeur d’existence Avec ou sans consommation Fonctions écologiques Bénéfices personnels futurs

Bénéfices futurs pour les générations futures

Satisfaction de savoir que le service ou la fonction sont préservés Avec ou sans consommation Fonctions écologiques Bénéfices personnels futurs

Bénéfices futurs pour les générations futures

Satisfaction de savoir que le service ou la fonction sont préservés

Biodiversité, habitat, espèces Paysage, loisirs, accès

aux matières premières Loisirs,

biodiversité Protection des bassins

versants, atténuation des crues, recyclage des

nutriments Bois d’œuvre, bois

énergie, nourriture, loisirs

Biodiversité, habitat, espèces Paysage, loisirs, accès

aux matières premières Loisirs,

biodiversité Protection des bassins

versants, atténuation des crues, recyclage des

nutriments Bois d’œuvre, bois

énergie, nourriture, loisirs

Figure 10 La valeur économique totale des biens et services fournis par la forêt (d’après (Merlo et Croitoru 2005)

Dans le premier cas, on parle de VALEURS D’USAGE. Ces dernières peuvent être :

- DIRECTES, qu’il y ait consommation du service (bois, fruits)41 ou non (paysage,

loisirs) ;

- INDIRECTES, lorsque les bénéfices sont tirés d’un changement plus global tel que la régulation du climat, l’amélioration de la qualité de l’air, le traitement des eaux….

41 Ce qui inclut les valeurs « induites », i.e. lorsque le service est associé à un facteur de production.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

Les VALEURS D’OPTIONS correspondent aux bénéfices retirés des usages futurs. Selon les cas, elles sont classées tantôt dans les valeurs d’usages, tantôt dans les valeurs de non usage. Nous en faisons ici une catégorie à part42.

Mais un bien non marchand possédant généralement les caractéristiques des biens publics, les agents économiques peuvent, pour des raisons diverses (altruisme, éthique…), lui attribuer des valeurs qui ne soient pas liées à un usage quelconque. Aussi, ne prendre en compte que les valeurs d’usage occulte une partie potentiellement importante de sa valeur totale. (Krutilla 1967)a introduit en 1967 le concept de VALEURS DE NON-USAGE. D’une façon générale, on considère que

ces valeurs se manifestent (Merlo et Croitoru 2005)

- lorsque les individus souhaitent transmettre la ressource ou le service aux générations futures (ou plus généralement à autrui) ou

- lorsque les individus tirent une satisfaction du fait même de savoir que ces services existent (exemple : espèce emblématique)

La VALEUR ÉCONOMIQUE TOTALE (VET) est un concept qui propose de rassembler toutes les

valeurs économiques associées aux services fournis par un écosystème (Pearce, Marleandyn et al. 1989). La composition de la VET, l’agrégation et l’articulation de ses différentes composantes est toutefois toujours sujette à controverse (Merlo et Croitoru 2005). Dans la littérature, on trouve des applications à la forêt notamment dans les travaux de (Costanza, d'Arge et al. 1997) sur la valeur économique de la biosphère mondiale, dans l’ouvrage de (Merlo et Croitoru 2005) sur les forêts méditerranéennes ou plus récemment dans le rapport (Chevassus -au-Louis 2009) sur la biodiversité des forêts françaises. Signalons également l’important travail d’évaluation fourni par la Forestry Commission (Scarpa 2003), bien que la démarche d’intégration n’ait pas pour autant été menée jusqu’au bout. Dans toutes ces études, les services récréatifs occupent une position centrale (cf. infra).

42 A ne pas confondre avec la VALEUR DE QUASI-OPTION ou PRIX D’OPTION définis par Dixit et Pyndyck

(1994, In :(Fisher 2000)) sur la base des travaux de Arrow et Fisher et de Henry (1974 et 1974, In :(Faucheux et Noël 1995)). Les auteurs postulent que, lorsqu’un investissement est irréversible et que ses bénéfices futurs ne sont pas connus, les agents sont susceptibles de payer pour préserver le bien tant que toute l’information nécessaire à la prise de décision n’est pas disponible i.e. de différer les activités économiques liées à ce projet (Faucheux et Noël 1995).

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

2.2.2. Quelle(s) valeur(s) pour le service récréatif ?

D’une façon générale, on associe aux services récréatifs une valeur d’usage direct. Dans certains cas, on étend celle-ci en introduisant la valeur d’option (Pearce et Pearce 2001, Merlo et Croitoru 2005) voire, plus rarement encore, la valeur de disponibilité pour les contemporains (Willis, Garrod et al. 2003). Dans ce travail, nous traitons exclusivement de la valeur d’usage direct.

La littérature sur la demande de services récréatifs est abondante. Selon (Hanley, Shaw et al. 2003) en effet, la forêt est le deuxième terrain d’étude après le littoral (les hydrosystèmes). Dans un survey déjà ancien (et ne portant que sur des études anglo-saxonnes et nordiques), Wibe ((Wibe 1995) recensait plus de 200 études. La quasi-totalité de celles-ci se penchent sur des usages non marchands et emploient des techniques d’évaluation ad hoc. Les écarts sont significatifs puisque les résultats varient entre 2-3 USD1995 (1,88-2,83 €2008) par visite à 61-64 USD1995 (57,49-60,32 €2008) par visite. Les auteurs attribuent ces écarts aux méthodes ainsi qu’à la qualité des services offerts. Toutefois, les valeurs moyennes obtenues sur trois sous- échantillons d’enquêtes conservent des niveaux comparables, autour de 25 USD1995 (23,56 €2008) par visite. Plus récemment, la méta analyse de (Zandersen et Tol 2009), qui se focalise sur des applications de la méthode des coûts de déplacement (26 études), affiche des écarts encore plus importants, entre 0,66€ par visite et 122€ par visite. La médiane se situe à 4,65€ par visite. Pour terminer, signalons enfin que l’évaluation réalisée par (Scarpa 2003) sur les forêts du Royaume Uni aboutit à des valeurs comprises entre 1,66£ (1,48€ 2008) et 2,78£ (2,48 €2008) par visite (selon les méthodes employées), soit après agrégation plus de 392 millions £ annuels (350 millions d’€2008). En termes de valeur, les services récréatifs atteignent la première place, devant la biodiversité (Willis, Garrod et al. 2003). En France, on dispose à l’heure actuelle de peu de références. Une étude menée sur les forêts péri urbaines de Rennes au début des années quatre vingt dix ((Bonnieux et Guerrier 1992) cités par (Bonnieux et Rainelli 2002)) donne des valeurs journalières comprises entre 4€ et 5€ (€2008). En Alsace, les résultats (Despres 1998) et (Despres et Normandin 1998) sont encore inférieurs, soit respectivement 10 francs (1,82 €2008) et 7 francs par visite (8,27 €2008). Dans les études françaises, l’effet de la qualité n’est quasiment jamais abordé.