A Propriétés des agents - Contribution à une socio-économie des organisations : l'exemple d'un

1) Propriétés générales des agents

a:

Une division sexuelle des pratiques

L'échantillon-résultat laisse globalement apparaître 51,4 % d'hommes et 48,6 %de femmes.

Cependant ces proportions générales subissent d'importantes variations duesà la division sexuelle des pratiques: (sur le plan national, voir Annexe 1 B 5)

Ainsi, le patinage artistique et la danse sur glace, disciplines pour lesquelles la dimension expressive revêt une grande importance, sont nettement féminisés avec,

en artistique: 82,1%de femmes, (81%sur le plan national) et en danse: 76,5 % de femmes, (n,41 %sur le plan national). En patinage de vitesse, la répartition entre sexes est plus équilibrée :

42,9 % d'hommes et 57,1% de femmes (62,66 et 37,34 % sur le plan national).

Le hockey sur glace, sport collectif "viril", aux contacts fréquents, est exclusivement masculin: 100 % d'hommes (95,46 % sur le plan national).

Les résultats obtenus sont proches (à l'exception du patinage de vitesse) des statistiques nationales fournies par la Fédération. On retrouve la distribution sexuelle des pratiques avec une distinction très marquée entre pratiques "artistiques" et pratiques "énergétiques et violentes". La connaissance de cette

différence constitue, comme nous le verrons plus loin, un élément de compréhension du fonctionnement de cet univers associatif.

b:L'âge des pratiquants

Les agents ayant rempli un questionnaire devaient avoir au moins 14 ans, âge que nous avons considéré comme minimum pour répondre aux questions posées.

La moyenne d'âge globale est de 21 ans et 10 mois (2). La tranche 14-16 ans représente 39,5 % et les pratiquants âgés de plus de 40 ans 8,2 %.

On peut observer une variation en fonction des disciplines considérées. En effet, en patinage artistique, la moyenne est de 21 ans et 6 mois.

C'est en danse sur glace que la population est la plus âgée: 25 ans et 8 mois, les pratiquants âgés de plus de 40 ans représentant 20,6 %, pourcentage nettement supérieur aux autres disciplines (7,1 % en artistique et 0 % en vitesse et hockey). Ce chiffre élevé pourrait constituer un indicateur de l'origine sociale des pratiquants car, comme le souligne Pierre BOURDIEU: "La probabilité de pratiquer un sport au-delà de l'adolescence (et à fortiori à l'âge mûr ou dans la vieillesse) décroît très nettement à mesure que l'on descend dans la hiérarchie sociale (comme la probabilité de faire partie d'un club sportif)..." (3).

Le patinage de vitesse est la discipline dont les pratiquants sont les plus jeunes: 71,5 % ont entre 14 et 16 ans et la moyenne est de 17 ans et 10 mois.

(2) Dans une étude réalisée sur 100 pratiquants de la communauté urbaine de Strasbourg, âgés de +de 16 ans, Bernard Michon et coll. ont observé que "en patinage, la majorité des répondants est très jeune (moins de 20 ans)", 80 % des patineurs ayant moins de 25 ans. En effet, devant collecter les données concernant le patinage, afin d'atteindre les effectifs imposés, il nous a été nécessaire d'interroger des pratiquants âgés de moins de 18 ans (âge minimum fixé dans le cadre de cette analyse comparative portant sur 22 pratiques.)

Michon, B. et coll., Le prix de la pratique sportive pour le consommateur, Université de Strasbourg, laboratoire recommandé A.P.S. et sciences sociales, Mai 1987, p.26 et 48.

(3) Bourdieu, P., "Comment peut-on être sportif ?" in Questions de sociologie, Paris,éd.de Minuit, 1984, p.184.

DE 31 A 40 7.5%

-

+ DE 40

o

En hockey, la fraction 14-16 représente 42,5 % et la moyenne est de 19 ans et 4 mois.

Les résultats obtenus, bien que révélant une tendance générale, ne sont pas représentatifs de la population globale, seuls les agents âgés de plus de 14 ans ayant pu remplir un questionnaire.

c: Situation matrimoniale: une question d'âge

Si la majorité des patineurs déclare être célibataire (65,1 %, pourcentage susceptible d'être renforcé par une fraction importante des non-réponses, 15,6%)

des variations s'observent selon les disciplines, variations paraissant corrélées avec la distribution des âges. Ainsi, c'est en danse sur glace où la moyenne d'âge est la plus élevée que nous trouvons le pourcentage le plus important de pratiquants mariés (32,4 %). A l'inverse, en patinage de vitesse, tous les agents interrogés sont célibataires. Toutefois, 15 % des hockeyeurs sont mariés contre 7,1 % en artistique alors que la population hockey est plus jeune. En fait, la hiérarchie des âges s'inverse entre ces deux pratiques si l'on prend uniquement en compte les agents âgés de plus de 20 ans.

d: Le nombre d'enfants, une variable dépendant de l'âge et de la situation matrimoniale (4)

Cette variable permet de connaître la taille de la famille et pourrait jouer un rôle discriminant entre les pratiques. Mais de part la structure d'âge de la population, elle s'est avérée peu productive.

Il semblerait que les personnes "non concernées" (principalement les célibataires) se retrouvent dans les non-réponses. Ceci permettrait d'expliquer le pourcentage relativement peu élevé d'agents déclarant ne pas avoir d'enfants.

trait à une distribution entre disciplines si ce n'est une forte corrélation avec l'âge et la situation de famille.

Ainsi, les pratiquants de la danse sur glace, agents les plus âgés, sont les patineurs possédant le plus d'enfants.

e:

Nombre de frères et soeurs (5)

La moyenne de l'échantillon-résultat est de 1,71.

En patinage artistique, les pratiquants ont en moyenne 2 frères et soeurs. On retrouve un chiffre comparable en hockey sur glace: 1,9.

Par contre, le pourcentage est plus faible en danse sur glace et en patinage de vitesse :1,4.

2) Capital économique: des différences significatives entre disciplines

a:

Revenus mensuels (6)

Dans une perspective comparative, nous avons effectué une approximation des revenus mensuels moyens bruts des pratiquants (ou ceux de leurs parents) en fixant 5000 frs comme borne inférieure et 14000 francs comme borne supérieure. Les résultats laissent apparaître des variations selon le type de discipline. Ainsi, la moyenne obtenue pour les danseurs sur glace s'élève à

10677 frs. Ils devancent les hockeyeurs: 9812,50 frs, les patineurs artistiques: 9044 frs et les patineurs de vitesse: 8562,50 frs.

(5) Annexe 2 A 2. (6) Annexe 2 8 1.

Ces différences entre pratiques apparaissent de façon plus marquée si l'on considère les tranches de revenus extrêmes.

En effet, 38,3 % des danseurs se situent dans la tranche des revenus supérieurs à 12500 frs, 35 % des hockeyeurs, 10,7 % des patineurs artistiques et

o

% des patineurs de vitesse.

Les pourcentages de revenus situés dans les basses tranches permettent d'opérer une distinction entre hockeyeurs et danseurs, ceux~_cise caractérisant par un pourcentage très faible, 2,9 % de revenus inférieurs à 5000 frs alors que 12,5 % des hockeyeurs sont concernés.

Les chiffres avancés doivent toutefois être relativisés, le taux de non- réponses étant beaucoup plus élevé en artistique et en vitesse que dans les deux autres sports (35,8 % en artistique, 42,8 % en vitesse, 5,9 % en danse et 10% en hockey). Les indications relatives à la catégorie socio-professionnelle des agents et de leurs parents devraient permettre d'affiner cette analyse.

b: Catégorie socio-professionnelle de l'agent: une nette majorité d'étudiants (7)

L'échantillon-résultat laisse apparaître un pourcentage très élevé d'étudiants: 70,6 %. Cette tendance se retrouve dans toutes les disciplines, quoique moins marquée, en danse sur glace où les pratiquants sont plus âgés (61,8 % d'étudiants). Ainsi, tous les patineurs de vitesse, 71,4 % des patineurs artistiques et 72,5 % des hockeyeurs sont scolarisés.

La catégorie ouvrier est faiblement représentée en danse tout comme les professions libérales et cadres supérieurs (2,9 % dans les 2 cas) (8). Les

(7) Annexe 2 B 2.

cadres moyens (17,7 %) et sans profession (8,8 %).

En artistique, les pourcentages dans les extrêm~s sont plus importants

avec 7,1 % d'ouvriers et 14,3 % de professions libérales efcadres supérieurs. En hockey sur glace, on obtient un pourcentage identique d'ouvriers et de cadres moyens, 10 %, et 2,5 % de cadres supérieurs.

Il convient de rester prudent dans l'interprétation d~s données présentées dans la mesure où la distribution des agents dans les différentes C.S.P. est susceptible de varier dans le temps, les pratiquants scolarisés pouvant emprunter des trajectoires fort différentes. Cette variable n'est réellement pertinente que pour les agents les plus âgés.

c:

Catégories socio-professionnelles du père, de la mère et du conjoint (9): des variations interdisciplinaires

Si la connaissance de la C.S.P. des pratiquants s'est avérée peu utile pour opérer des distinctions entre agents de par la structure d'âge des populations interrogées, la comparaison des C.S.P. des parents devrait être plus discriminante .

.C.S.P. du père: (10)

Le tri de la population selon les disciplines conduit à constater de nettes différenciations en fonction du sport pratiqué.

Une forte proportion de cadres supérieurs et de professions libérales en danse sur glace (41,2 %, pourcentage nettement supérieur au résultat obtenu pour

(9) L'effectif professions libérales étant très faible a été cumulé avec l'effectif cadres supérieurs. (10) Annexe 2 B 3.

l'échantillon global} contraste avec les très faibles effectifs d'ouvriers (2,9 %) et d'employés (5,9 %).

La non représentation du patinage de vitesse dans-Jes classes supérieures semble caractériser cette discipline.

Le patinage artistique se caractérise par des effectifs importants dans les extrêmes: 28,6 % d'ouvriers et 32,1 % de professions libérales et cadres supérieurs.

Cette particularité laisse présager l'existence de modalités de pratiques bien distinctes.

En hockey sur glace, la distribution des effectifs paraît plus équilibrée entre les différentes catégories socio-professionnelles: 12,5 % d'ouvriers, 10 %

d'employés, 37,5 % de cadres moyens (pourcentage toutefois nettement supérieur à celui obtenu pour l'échantillon global) et 20 % de professions libérales et cadres supérieurs .

. C.S.P. de la mère: (11)

L'échantillon-résultat laisse apparaître 11 % d'ouvrières, 15,6 %

d'employées, 22,9 % de cadres moyens, 11 % de professions libérales et cadres supérieurs ainsi que 25,7 % de sans profession. Là encore, des différences significatives apparaissent entre les 4 disciplines.

Les données concernant la C.S.P. des mères des danseurs sur glace confortent l'impression de l'appartenance à un milieu aisé, voire très aisé. En effet, 20,6 % exercent une profession libérale ou sont cadres supérieurs, 20,6 % sont cadres moyens contre 2,9 %d'ouvrières. En outre, 35,3 % sont mères au foyer.

Les chiffres obtenus en hockey sur glace sont très proches de ceux du patinage artistique, hormis pour les employés et cadres moyens. En effet, les

libérales et cadres supérieurs 7,1% en artistique et 7,5% en hockey, les mères au foyer, 21,4% en artistique et 20 % en hockey. Par contre, 28,5% des mères de patineurs artistiques sont employées pour 7,5 % en --hockey et 17,8 % sont cadres moyens pour 30 % en hockey.

Enfin, on retrouve une absence de cadres supérieurs et professions libérales en patinage de vitesse, ce qui était déjà le cas po~r les pères.

. C.S.P. du conjoint: (12)

Le pourcentage d'agents non concernés rend l'exploitation des données difficiles. Il semble toutefois possible d'opérer une distinction entre la danse et les autres disciplines, la tendance signalée précédemment, quoique moins marquée, semblant apparaître à nouveau chez les conjoints.

3) Des différences culturelles

Nous ne prendrons en compte que la forme institutionnalisée du capital culturel en établissant une distinction entre agents en fonction du diplôme possédé (13).

Les danseurs sur glace constituent la fraction la plus "culturalisée" avec 38,2 % de patineurs d'un niveau au moins égal au baccalauréat contre 25,1%

pour les patineurs artistiques, 20 % pour les hockeyeurs et 14,3 % pour les patineurs de vitesse.

(12) Annexe 2 B 5. (13) Annexe 2 C 1.

De par l'importance du facteur âge, une comparaison entre agents de plus de 19 ans devrait permettre d'affiner l'analyse.

Ainsi, 78,2 % des patineurs artistiques âgés de 20 ans et plus sont titulaires du baccalauréat, 72,1 % des danseurs, 61,5 % des hockeyeurs et 50 % des patineurs de vitesse.

On retrouve une hiérarchie identique en prenant comme indicateur l'âge de fin d'études (14).

En effet, la moyenne d'âge de fin d'études des patineurs artistiques est de 20,8 ans, celle des danseurs de 19,8 ans et celle des hockeyeurs de 19 ans. Nous ne disposons pas de chiffres concernant le patinage de vitesse, tous les agents interrogés étant étudiants.

4) Capital corporel

Dans cette recherche, nous nous sommes tout particulièrement intéressés au capital corporel des agents dans ses dimensions morphologique et technique (15).

a: Morphologie: âge, sexe et spécificité disciplinaire (16)

Il convient de noter l'importance dans les résultats obtenus de variables telles que l'âge et le sexe, afin de ne pas faire d'interprétations hâtives.

Dans l'échantillon-résultat, la taille moyenne des hommes est de 174 cm et leur poids de 67,2 kg, la taille des femmes de 163 cm et leur poids de 52,3 kg.

(14) Annexe 2 C 2.

(15) Concernant les différentes dimensions du capital corporel, voir: Michon, B., "Capital corporel et stratégies sociales: le cas des étudiants en E.P.S.", Actes du Ville symposium international de n.G.S.S.Sports et sociétés contemporaines, Paris, Société française de sociologie du sport, 1984. (16) Annexes 2 01 et 202.

Si l'on calcule la différence: (taille - 100) - poids, on constate que les patineurs de vitesse sont trapus avec un écart de 3 pour.les hommes et 7,5 pour

les femmes (55 kg pour 158 cm chez les hommes, 52,S Kg pour 160 cm chez les femmes). Comme le souligne un entraîneur de vitesse "En short-track (course sur petite piste) il vaut mieux être petit et puissant".

En danse sur glace, les chiffres varient de 7,4 pour les garçons à 9,4 pour les filles (72,5 kg pour 179 cm chez les hommes, 53,9 kg pour 163 cm chez les femmes). "Ce qui est important, c'est que le garçon soit plus grand que la fille dans un couple. Il ne faut quand même pas que l'écart soit trop important (...) jusqu'à 20 cm ça va (u.) les garçons ne doivent pas dépasser 1,85m, après il ya des problèmes quand on est trop grand" (Mr.L., Professeur de danse sur glace).

En artistique "il ne faut être ni trop grand ni trop gros, surtout pour les filles. Une fille grosse, c'est pas joli à regarder" (Mme B., Professeur de patinage artistique). Les comparaisons taille - poids montrent que les patineuses artistiques sont longilignes (162 cm pour 50,7 kg, soit un écart de 11,5) et les garçons de petite taille (165 cm pour 57 kg).

En hockey "1,75-1,85 m, c'est bien, après c'est un handicap (.u) Le poids? Dans les 75-85 kg car il faut encaisser des chocs" (M.A., entraîneur de hockey sur glace). Si la moyenne obtenue avec l'échantillon interrogé concernant la taille est proche de celle communiquée par la commission médicale nationale relative aux équipes de France (17), il n'en est pas de même du poids. En effet, on peut relever un écart de plus de 10 kg. Il semblerait que les différences d'âge entre ces populations constituent un facteur explicatif.

(17) Chiffres communiqués par le Dr Bichon, médecin fédéral, lors du premier Colloque Médical national de la Fédération Française des Sports de Glace du 10 octobre 1987.

CAPITAL XORPHOLOGIQUE: TAI L L E 1> Population globale

---

1I0B REP 1.8S

•

- DB 1X40 0.9S ₁ 1X40/1X50

o

S 1X50/1X60 16.5S 1)(60/1X70 45.9S 1X70/1X80 22. OS 1)(80/1X90 10.1S + DE 1X90 2.7S

•

2> P~tineurs artistiques <8 et F) )fOB RBP 0 ~ - DB 1)[40 0 S 1X40/1X50 0 % 1X50/1X60 32.1% 1)(60/1X70 60.7~ 1)[70/1X80 7.1~

-

1)180/1X90 0 % + DE 1X90 0 S

3> Danseurs sur glace <H et F)

---

Dans le document Contribution à une socio-économie des organisations : l'exemple d'un univers associatif (Page 114-127)