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III Les enseignants de patinage un corps hétérogène

Dans l'univers associatif du patinage sur glace, la "logique distributionnelle des pratiques en fonction des propriétés des "clients-membres", miseàjour dans la première partie, se retrouve-t-elle chez les producteurs de pratique que sont les enseignants de patinage sur glace?

Existe-t-i1 un rapport d'homologie entre les propriétés de ces agents et la position qu'ils occupent dans l'espace du patinage?

Les différences techniques utilisées pour établir une distinction entre disciplines renvoient-elles à des différences sociales?

A partir de l'analyse d'interviews d'éducateurs sportifs diplômés d'état (1)

dans les 4 disciplines étudiées, nous allons tenter de fournir quelques éléments de réponse àces interrogations.

A - Propriétés des agents

Nous avons rassemblé, sous forme de tableaux, les données ayant trait aux propriétés générales des agents ainsi que des indications concernant leur capital économique, culturel, social et corporel (2).

Durant l'analyse, nous nous référeronsà ces propriétés pour comprendre la logique des discours produits par les enseignants.

A la lecture des tableaux, diverses constatations peuvent être effectuées:

(1) cf.annexes "les enseignants" 4 C 1à4 H 4 (2) Annexes 4 B 1à4 B 5.

d'Educateur Sportif du premier degré et deux du second degré.

- Mme B. est titulaire d'un Brevet d'Etat du deuxièm~ degré mixte (artistique

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et danse) mais, dirigeant une école de glace et se déClarant plus attirée par l'enseignement du patinage artistique que de la danse sur glace, nous l'avons considérée comme Professeur de patinage artistique.

- Deux enseignants sont bénévoles : M. B.L. en hockey et M. C.L. en vitesse. Si le bénévolat en vitesse est très répandu, Mme P. faisant exception, il ne semble pas en être de même en hockey. En fait, M. B.L. après avoir été rémunéré durant plusieurs saisons se contente de superviser les entraînements eu égardàses obligations professionnelles.

- Parmi les agents, aucun ne provient de la classe inférieure. Il ne nous est pas possible, en fonction de ce critère, d'établir une distinction par discipline.

- Au niveau des revenus des enseignants professionnels, les Brevetés d'Etat 2è degré ont un salaire plus élevé que les titulaires de B.EES.1 à

l'exception de M. A.(Hockey). La disparité des revenus ne s'explique pas uniquement par la possession d'un B.EES.1 ou 2 (pour les professionnels).

Mme B.(artistique), responsable d'une école de glace a des revenus supérieurs à M. EL.(danse), bien que titulaires tous deux d'un 2è degré. Ce dernier, employé municipal, possède la sécurité de l'emploi. Tout comme Mme P. (vitesse), il enseigne le "patinage" aux scolaires, celle-ci en fait n'exerçant que trois heures par semaine dans sa discipline (contre 15 pour M. EL.).

Le salaire de M. A. est supérieur à celui des autres enseignants du premier degré (8000 frs par mois et un appartement de fonction) mais il est impossible de faire une distinction au niveau de ses revenus entre ses fonctions d'entraîneur et de joueur (Statut particulieràcette pratique).

- Parmi les enseignants interrogés, deux ont été sélectionnés internationaux: Mme B. en artistique et M. EL. en danse (dont l'épouse est aussi titulaire du B.EES.2 de danse sur glace).

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- M. A. a enseigné également le tennis durant l'intè-rsaison (mais n'est pas diplômé). La prise en compte de la trajectoire sportive de cet agent nous permettra de comprendre, entre autre, la manière dont il conçoit le hockey sur glace (Voir Annexe 4 F1).

- M. C.L. (vitesse) se différencie des autres agents par les fonctions qu'il occupe tant dans le domaine du patinage que dans celui de la sophrologie. Il possède, à côté de ce capital social élevé, un capital corporel dont la dimension technique se reflète au travers de la possession de nombreux titres et diplômes dans divers sports. Doté d'un capital culturel relativement élevé, sophrologue, pratiquant l'expression corporelle, il se déclare "amoureux de l'indépendance, travailler pour l'autonomie du patineur", "adorer la campagne" (3). Dès lors, nous ne fûmes pas étonnés lorsqu'il nous dit être adepte de l'aïkido (4).

- Si l'on observe des différences au niveau du capital culturel des agents, aucun n'a été rejeté par le système éducatif. En effet, l'âge de fin d'études correspond à la classe fréquentée (à une année près). M. M.L.(artistique et danse) a décidé d'interrompre ses études (il était inscrit en classes musicales) afin de pouvoir consacrer plus de temps à la musique en dehors du cadre institutionnel. Il s'agirait en fait dans son cas plus d'un rejet du système que de l'inverse. Quantà

M. A.(Hockey), il a quitté le système scolaire en classe de terminale ayant reçu d'intéressantes propositions de contrat.

- On retrouve de façon générale les caractéristiques morphologiques des enseignants dans les descriptions qu'ils font du "pratiquant idéal", la connaissance

(3) Annexe 4 A 6.

(4) Voir Clément, J.P., "La force, la souplesse et l'harmonie", Pociello, C. et coll., Sports et

réaliser une analyse plus précise. On observe néanmoins une différence entre les enseignants de patinage artistique et de danse sur glac~, et les entraîneurs de hockey, ceux-ci étant plus trapus. Il semblerait que les- éducateurs sportifs de profession témoignent de stratégies sociales où le recours au capital corporel (appréhendé dans ses dimensions morphologique et technique) est manifeste (5).

La description du pratiquant idéal (représentation d~ ragent) sera analysée sous le thème général: "Le pratiquant". Nous avons fait figurer cet indicateur dans le tableau "capital corporel" (annexe 4 B 5) afin de faciliter une comparaison :

. entre les différentes disciplines,

. avec les caractéristiques des enseignants.

(5) Voir à ce sujet: Michon, B., Capital corporel et stratégies sociales: le cas des étudiants en

E.P.S., Paris, Actes du Vlllème symposium international de l'I.C.C.S., Sports et Sociétés contemporaines, Société française de sociologie du sport, 1984, p.541.