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1) Le hockey : un sport brutal. dangereux?

Les entraîneurs de cette discipline s'emploient à trouver des qualificatifs moins tranchés, moins porteurs de connotations négatives. M. B.L.: "Ce n'est pas brutal (.u) c'est un jeu viril, de contact."

M. A. : "Brutal? Non, pas du tout (u.) ça dépend ce qu'on entend par brutal. C'est un sport physique, de contact."

L'enjeu de la définition dépasse en fait la pratique pour concerner le pratiquant. En qualifiant une pratique, ne qualifie-t'on pas en même temps ceux qui la pratiquent? Ainsi, nous comprendrons qu'il est plus valorisant de se considérer comme étant un "homme viril" que comme "une brute"!

De la même façon, les deux agents concernés établissent une comparaison pour démontrer que le hockey sur glace est moins dangereux que le football (l'un s'appuyant sur sa connaissance des milieux, étant licencié dans les deux disciplines, l'autre se référant à des statistiques concernant les blessés) (2).

Les autres enseignants, s'ils considèrent que le hockey est brutal, ne l'estiment pas plus dangereux que les autres sports de contact.

Enfin, selon M. A.(Hockey), on peut observer une évolution de la pratique devenant plus violente, la cause de cette évolution incombant à "une pression du public" (3).

(1) Annexes 4 H 1à4 H 4.

(2) Pociello, C., "Le rugby ou la guerre des styles", Esprit, Février 1982, p.12: les statistiques selon l'auteur rapprochent le hockey du rugby quant au nombre de blessés.

(3) Voir àce sujet: Chartier, R., Vigarello, G., "Les trajectoires du sport, Pratiques et spectacles",

Tous les enseignants s'accordent pour reconnat~re que le hockey peut convenir aux femmes mais sous certaines conditions.

Selon M. C.L.(Vitesse) et M. E.L.(Danse), des problèmes pourraient apparaître en cas de pratique mixte. M. A.(Hockey) précise: "jusqu'à 10-12 ans, en pratique mixte, il n'y a pas beaucoup de problèmes."

3) L'âge du débutant

Une règle semble être commune à tous les enseignants: "Plus l'enfant commence jeune, mieux c'est". Selon les disciplines, l'apprentissage passera par des étapes spécifiques.

En artistique et en danse sur glace, les enfants débutent par l'apprentissage du "patinage général" puis, vers 7-8 ans, ils pourront choisir leur discipline. La danse apparaît comme un sport "moins fermé que le patinage artistique (un sport étant d'autant plus "fermé" qu'il nécessite un apprentissage précoce).

M. C.L.(Vitesse), s'il recrute des enfants très jeunes, les fait jouer jusqu'à 10 ans. Il estime avoir le temps pour former les patineurs car "en vitesse, c'est à 27 ans qu'on est le meilleur". Il ne conteste pas l'intérêt de l'apprentissage dès le plus jeune âge mais s'insurge contre la fin précoce des patineuses en artistique et en danse.

Les élèves de Mme P. débutent avec des patins d'artistique et passent très rapidement aux chaussures de hockey et enfin, vers 7 ans, aux patins de vitesse (ceux-ci demandant une bonne tenue de la cheville).

Il semblerait que, plus la carrière du patineur est courte, plus l'apprentissage d'une technique spécifique est précoce.

4) Amateurisme et professionnalisme (5)

C'est en patinage artistique et en danse sur glace, où le statut des enseignants est le plus ancien, que la distinction amateur / professionnel est la plus marquée (6).

On peut constater que les enseignants de ces disciplines sont très sensibles à ce problème. Mme B.(artistique) et M. M.L.(Mixte) estiment que la professionnalisation est la seule voie permettant d'obtenir des résultats. Selon Mme B. :"Quand on veut arriver, il faut mettre les moyens". M. M.L.: "S'il n'y a pas d'apports financiers, la démarche est toutefois strictement professionnelle." Il distingue professionnalisme et "vedettariat" (revenus excessifs).

M. E.L.(Danse) considère que la participation de professionnels à la gestion des clubs serait un progrès (les enseignants n'étant pas licenciés ne peuvent voter en Assemblée Générale). M. M.L. va plus loin en proposant de confier la direction

à un professionnel (ceci est à rapprocher des rapports qu'il entretient avec les dirigeants amateurs).

En hockey sur glace, la situation est plus confuse. En effet, comme le signale M. C.L.(Vitesse), "les joueurs de Nationale A sont des semi-pro, des professionnels non reconnus". Mais le problème se retrouve aussi dans les divisions inférieures au niveau des entraîneurs-joueurs, ainsi que des joueurs étrangers.

(5) Voir la partie consacrée à la Réglementation de l'enseignement du patinage.

(6) " serait intéressant d'effectuer une comparaison entre juges de patinage et arbitres de hockey. les premiers ne recevant aucun dédommagement pour leur fonction.

inexistant, Mme P. faisant exception. Celle-ci regrette de ne plus pouvoir participer aux compétitions.

CONCLUSION

Par la prise en compte des propriétés objectives et des représentations des agents, nous espérions mettreàjour des oppositions pertinentes entre éducateurs sportifs des différentes disciplines.

A la vue des résultats obtenus, on ne peut p~s parler d'oppositions systématiques entre enseignants de patinage artistique, de danse sur glace, de hockey sur glace et de patinage de vitesse. Les questions ayant trait à la pratique du débutant confirment la validité de l'appellation commune "enseignants de patinage sur glace" (tous s'accordant pour reconnaître l'existence d'une technique de base non spécifique). Néanmoins des divergences sont apparues. Ces différences reflètent la spécificité des disciplines ainsi que les propriétés des agents, principalement leur capital symbolique et corporel.

Il nous a été possible de vérifier que la proximité existant entre le patinage artistique et la danse sur glace (saisieà partir de données objectives) se retrouve au niveau des enseignants de ces deux disciplines.

La distinction repérée entre les entraîneurs de vitesse et les autres enseignants s'explique avant tout par le faible développement de cette pratique en France.

Enfin, l'éducateur sportif de hockey sur glace occupe une position particulière dans l'espace des "producteurs" de pratiques sportives, se distinguant par les valeurs attachéesàsa discipline ainsi que par l'ambiguïté de son statut.

Toutefois, si les caractéristiques techniques des pratiques, les valeurs qu'elles véhiculent, leur histoire, la position qu'elles occupent dans le marché

également de mentionner l'action exercée par les enseignants sur ces activités.

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Si la prise en compte des propriétés des agents -n'a pas toujours permis d'opérer des discriminations en fonction des disciplines, il aurait pu être intéressant de considérer plus systématiquement les trajectoires sociales suivies par ces enseignants. Ainsi, des différences plus significa~ives auraient peut-être été mises en évidence.

Une approche quantitative élargissant le cadre d'étude à d'autres ligues pourrait constituer un prolongement de ce travail.