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B Représentations des agents sur la pratique (1)

1) Développement actuel et moyens de promotion: des stratégies

disciplinaires

Mme B.(artistique) et M. M.L.(Mixte: artistique-danse) soulignent l'importance de la publicité et en particulier, la nécessité des retransmissions télévisées. En effet, leurs revenus sont directement liés au nombre de pratiquants.

Tous deux pensent qu'il est indispensable de constituer une élite afin de promouvoir le patinage. M. E.L.,àce sujet, fait remarquer les conséquences d'une politique fédérale exclusivement axée sur la recherche du haut-niveau. Selon lui, l'essor de la danse sur glace est en partie dû à la politique élitiste mise en place par le patinage artistique. Par l'augmentation du niveau des tests, un nombre de plus en plus important de patineurs artistiques se trouvent "rejetés" (leurs performances n'étant plus en rapport avec leur âge), ce qui les amène à pratiquer la danse sur glace où les résultats sont "obtenus plus facilement".

Ces propos nous révèlent l'importance des tests au niveau de la gestion des pratiquants, ce qui constitue une caractéristique commune au patinage artistique et à la danse sur glace (2). De plus, le contenu des médailles étant défini par le comité national (constitué d'amateurs), nous voyons l'impact que peut avoir une politique fédérale sur l'évolution des pratiques.

Pour les entraîneurs de hockey sur glace, la promotion de leur discipline passe par une augmentation du nombre d'installations. M. A.(Hockey) semble avoir tout particulièrement réfléchi à la question. Il estime qu'une solution pourrait

(1) Annexes 4 C 1à4 C 4.

(2) L'autonomisation de la danse sur glace se retrouve au niveau de la mise en place de tests spécifiquesàcette discipline.

glace réservées à l'entraînement".

Ainsi, il semblerait qu'à la différence des enseignants de patinage artistique et de danse sur glace, la préoccupation des entraîneurs de hockey ne porte pas tant sur la publicité que sur le volume de pratique (3).

Les objectifs poursuivis par les dirigeants français du hockey sur glace révèlent une prise de conscience de la nécessité d'établir. des relations avec les médias. Les enseignants n'ont donc plus besoin de militer dans ce sens (4).

Les deux entraîneurs de hockey ont comparé leur discipline au basket, l'un pour montrer l'augmentation des effectifs, l'autre pour illustrer l'évolution de sa pratique vers une "folklorisation", cette évolution allant dans le sens d'une "spectacularisation" de la discipline.

Les deux entraîneurs de vitesse s'accordent pour reconnaître une élévation du niveau des pratiquants, et une stagnation des effectifs.

M. C.L.(Vitesse) rejoint les enseignants de hockey en déplorant le manque de patinoires. Il considère que le patinage de vitesse est en concurrence avec les autres disciplines. Selon lui, le développement passe par l'autonomisation sur le plan fédéral : "J'ai quitté le comité national car je suis un homme d'action. On est noyé car les dirigeants fédéraux ne sont pas des patineurs de vitesse" (5).

(3) La distribution des heures de glace est fréquemment source de conflits entre dirigeants des différentes disciplines.

(4) P.V. A.G. Hockey sur glace du 18/06/83 : M.Ferrand (Président du Comité, Président de la Fédération de 1984à 1990) : "Si 1968 fut une grande date pour le hockey de par la construction de patinoires, 1983 est à marquer d'une pierre blanche parce que cette saison a vu pour la première fois l'intéressement des médias à notre sport." "Après tant d'années d'efforts, la télévision, les quotidiens nationaux aident et soutiennent notre sport (...) mais cette victoire, il faut la conserver, lui donner des assises solides (...) cette chance, il faut la saisir sans quoi nous repartirons dans l'oubli."

P.V. A.G. Hockey sur glace du 23/06/84: M.Ferrand: "L'an dernier je vous avais dit que je concentrerais tous mes efforts sur les médias et les sponsors. Il me semble que ces efforts ont porté leurs fruits (...) les statistiques officielles montrent que le hockey est le 7è sport en temps de passage la saison dernière sur A2, perfonnance assez remarquable. Tout cela entraînera une augmentation sensible du nombre de licenciés et de spectateurs dans nos patinoires."

Il est à noter que Mme B. (artistique) et M. A. (hockey) font allusion au coût économique de leur pratique qu'ils jugent élevé.

-.

2) La technique-enjeu

Tous les agents s'accordent pour reconnaître l'existence d'une "plus petite commune technique" qu'ils appellent selon les cas "technique de base" ou "patinage général". L'imposition d'une définition de cette technique va constituer un enjeu entre les différents enseignants. C'est ainsi que Mme B. déclare: "Le patinage général, c'est l'artistique" ou encore M. E.L. : "La vraie technique de patinage de base, c'est l'artistique et la danse" ou encore M. C.L. : "Le patinage de vitesse estàla base de tous les patinages".

Si les entraîneurs de hockey ne semblent pas vouloir entrer dans ce débat, ils affirment tous deux la supériorité de leur pratique par rapport aux autres sports collectifs. M. B.L. : "Quand on vient au monde, on ne sait pas patiner alors que pour les autres sports collectifs, comme le hand-ball, on sait courir. En hockey, il y a la technique de patinage, le maniement de la crosse et le sens du jeu collectif. M. A. : "Tout le monde sait courir... Le problème, c'est d'allier le patinage avec quelque chose de technique: le maniement de la crosse."

L'importance accordée à la technique renvoie à une double stratégie : - Plus celle-ci sera reconnue importante et difficile à acquérir, plus la présence d'un enseignant apparaîtra nécessaire. Selon Mme B. : "En patin, la technique est importante et en plus elle est difficile à acquérir". A ce sujet, Christian Pociello écrit: "Contrairement à ce qui est affirmé, une part importante

puisse pas se passer d'eux" (6).

De façon analogue, la mise en place de médailles en patinage artistique et en danse sur glace reflète un souci de gestion des pratiquants:

- En affirmant la technicité de sa pratique, on se distingue des autres disciplines et par la même des autres enseignants.

3) Prix de l'équipement: une dimension du coût

Si le matériel de hockey est plus onéreux à J'achat (5000 frs prix moyen selon Messieurs A. et B.L.), les systèmes de location mis en place par les clubs permettent au débutant de pratiquer à moindre prix. Ne reflétant qu'une dimension du coût de la pratique pour le pratiquant, cet indicateur ne nous permet pas d'établir une classification pertinente entre les différentes disciplines.

Il ressort néanmoins que, quelle que soit la discipline considérée, le coût augmente avec la pratique de la compétition. Nous avons effectué le même constat lors de l'enquête sur le coût de la pratique: le coût global obtenu pour le patinage est de 3188 frs avec un écart-type de 4735 frs, soit 148,5 % (7).

(6) Pociello, C. (dir.), op. cit., p.16.

(7) Michon, B., et coll., Le prix de la pratique sportive pour le consommateur, Université des sciences humaines de Strasbourg, laboratoire recommandé A.P.S. et sciences sociales, mai 1987, p.106.