• Aucun résultat trouvé

Notre proposition : roman, essai, théâtre radiophonique radiophonique

Dans le document Michel Butor : du roman à l'effet romanesque (Page 195-199)

~ 179 ~ e) La transformation du genre

III.2. Essai de classification de l’œuvre de Michel Butor : proposition Butor : proposition

III.2.2. Abandon du roman ?

III.2.2.3. Notre proposition : roman, essai, théâtre radiophonique radiophonique

Si le renouvellement des genres constitue un acte révolutionnaire381 pour Michel Butor, intégrer de nouvelles données à la classification habituelle devient primordial dans

380 « Quant à l’œuvre. Entretiens avec Michel Butor, Jean Starobinski et Jean-François Lyotard » - Avec Michel Butor, Gaillard, décembre 1988, in Revue des Sciences Humaines, Tome LXXXXV, n° 221 janvier-mars 1991. Dans Les métamorphoses Butor, les entretiens sont beaucoup plus centrés sur Portrait de l’artiste en jeune singe, Votre Faust, Le Retour du Boomerang et Matière de rêves.

Matière de rêves est l’ouvrage central qui justifie le thème de la métamorphose, avec Votre Faust. Très peu de choses sur la production romanesque de Butor. Le problème de l’autobiographie est également soulevé.

~ 195 ~

l’expression de la modernité générique. Cela passe d’abord par un élargissement du sens du mot « genre » :

« […] Il faut donner au mot genre un sens extrêmement large, il faut réussir à comprendre que tout ce qui est région du langage est un genre littéraire, et qu’on ne peut comprendre cette question que si l’on comprend qu’un texte scientifique est un genre littéraire, un texte politique est un genre littéraire, un manuel scolaire est un genre littéraire. Et tout ça a des lois très fortes, d’autant plus qu’elles ne sont pas analysées. Et tout cela correspond à des canons de fabrication et de distribution. »382

À partir de cette définition, est moderne toute œuvre construite autour d’un travail de recherche qui irait dans le sens d’une transformation du tableau actuel des genres. Cela implique ensuite la prise en compte des nouveaux moyens d’expression, qui associeraient la littérature et les arts (peinture, musique, mais aussi art radiophonique) comme complémentaires l’une de l’autre.

Pour nous, Michel Butor ne serait pas sorti complètement du roman. Son œuvre joue constamment sur un rapport d’inversion associant le roman et la poésie. Il y aurait alors une grande proportion romanesque, justifiant sa dénomination dans la première production ; puis, une deuxième, marquée par la primauté de la poésie. Pour nous, il s’agirait plutôt d’un problème de réception. Nous parlerons ainsi d « effet romanesque » dans la suite de la production de Butor, en parlant des ouvrages produits après 1960. Ce terme a l’avantage d’englober toutes les thèses en présence.

Notre classification identifie trois groupes génériques : le roman (Passage de

Milan, L’Emploi du temps, La Modification, Degrés), l’essai et le théâtre radiophonique

(Mobile [adaptation radiophonique], Réseau aérien et 6 810 000 litres d’eau par seconde). Ce classement n’est pas définitif, puisqu’il peut encore se décliner autrement :

381

Entretiens vol. II, Entretien LXXIV-Des mots à la peinture : un passe-muraille nommé Butor, Le Monde, 20 juillet 1973, entretien avec Jacques Michel, p. 86.

382 Entretiens, vol. II, Entretiens LXXXVIII-« Ecrivains et éducateurs de tous les pays unissez-vous », Le Creu, 4ème trimestre 1977, 1er, 2ème, 3ème trimestre 1978, entretien avec Leyla Perrone Moisés et Michel Launay. p. 253. L’entretien traite de la classification périmée des genres en vigueur. Voir aussi Entretien XCIII-Retour de la poésie, Magazine littéraire, septembre 1978, Entretien avec Michel Sicard, p. 314.

~ 196 ~

- En se situant au niveau de l’imaginaire, on peut distinguer entre les textes personnels (les premières poésies et les romans), et les textes sur commande (les œuvres en collaboration), ce qui provoquerait une nouvelle classification de l’œuvre.

- En se situant au niveau de la fiction, on peut distinguer entre le fictionnel et le non fictionnel pour aboutir à ce que Butor appelle le vérifiable et le non vérifiable (la fiction). Tout se mesurerait dans la proportion des deux éléments dans l’œuvre. La balance des deux aboutirait à l’une ou l’autre conclusion. Il ne s’agira pas d’un refus de la fiction, mais plutôt d’un jeu dans lequel elle apparaîtrait comme un effet de lecture.

CONCLUSION PARTIELLE

Une question lancinante est souvent adressée à Michel Butor à propos des genres dans son œuvre. Il s’agit de la question de l’abandon de la forme romanesque, divisant de fait son œuvre selon la logique générique en vigueur dans l’institution littéraire. Plusieurs classifications sont opérées. Alors que certains y voient une espèce de continuité formelle, d’autres y trouvent plutôt une œuvre totale, grâce à la thématique développée. Quant à nous, nous préférons parler d’effet romanesque. Cela revient à se demander si l’effet romanesque obéit à un cycle dans le texte-collage et quelle fonction il occupe dans l’économie générale du texte. Plusieurs raisons peuvent être avancées : parmi elles, celle de la stratégie lectoriale. Quelle est la nouveauté de Butor ? Pourquoi sa modernité convoque-t-elle toujours déjà l’ancien ? Il s’agira pour nous de mettre au point une théorie permettant l’analyse des œuvres postromanesques. Comment fonctionne l’effet romanesque ? Quel rôle joue-t-il dans l’hybride générique ?

A partir de l’expérience romanesque, se dessine une nouvelle tendance. Tout concept opératoire appliqué habituellement aux œuvres ne peut être que mis à mal au contact de l’œuvre postromanesque de Michel Butor. Cette œuvre permet d’élargir l’étude des problèmes socio-culturels ; mais son analyse structurelle oblige à la dissection, au découpage et à la dissémination provoquée par l’œuvre mobile et ouverte. L’adjonction de nouveaux genres comme le théâtre radiophonique a l’avantage de faire redéployer une

~ 197 ~

nouvelle machine théorique qui élargirait le traitement des problèmes de réception. Ce qui fera l’objet de la deuxième partie de ce travail.

~ 198 ~

DEUXIEME PARTIE : DE LA

Dans le document Michel Butor : du roman à l'effet romanesque (Page 195-199)