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Chapitre 2 – Les enjeux relatifs au processus menant à la décision de devenir

2.3. Le projet d’enfant

Les transformations sociales, culturelles, légales et technologiques de la société québécoise au cours des dernières décennies en matière de reproduction ont conduit à pouvoir désormais planifier l’arrivée d’un enfant. À partir du moment où la procréation relève d’un choix personnel, il devient légitime de décider du moment pour devenir parent. Plusieurs auteurs affirment ainsi l’existence d’une norme généralisée de l’enfant programmé (Boltanski, 2004; Dayan et Trouvé, 2004; Bajos et Ferrand, 2006; Régier-Loilier et Solaz, 2010), ou bien des « trois moments principaux du processus procréatif dans une [société d’individus] (Élias, 1991), soit l’expression du désir d’enfant, la traduction du désir en projet, puis le passage du projet à la réalisation » (Dandurand et al., 1997). On peut toutefois se demander dans quelle mesure le processus menant à la décision de devenir parent s’articule à un projet d’enfant. S’il est indéniable que la planification de l’arrivée de l’enfant constitue une dimension importante des comportements procréatifs actuels, nous croyons toutefois, à l’instar du désir d’enfant, qu’il ne s’agit pas d’une condition essentielle à l’entrée dans la parentalité.

Le projet parental chez Luc Boltanski

Dans son ouvrage La condition fœtale (2004), Luc Boltanski conceptualise le projet parental pour rendre compte des comportements procréatifs contemporains. Nous résumons ici brièvement certaines des idées développées par l’auteur pour situer dans la présente étude le concept de projet parental tel que le définit Boltanski.

Ayant pour objectif général d’étudier l’avortement dans l’histoire des sociétés humaines, l’auteur propose de traiter de l’engendrement en considérant les êtres humains dans leur singularité. Pour faire des êtres humains, trois exigences minimales doivent être respectées. Le nouveau-né doit tout d’abord être réputé appartenir à l’espèce humaine sur la base du tangible – la vue, le toucher, etc. – à la suite d’une relation sexuelle menant à une naissance. Les êtres engendrés doivent également pouvoir être placés dans des rapports d’équivalence

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et de distinction avec d’autres êtres également reconnus appartenir à l’espèce humaine – la différence de sexe, par exemple. Finalement, l’engendrement des êtres humains nécessite un processus de singularisation des nouveau-nés, lequel ne peut être satisfait par la relation sexuelle ou par l’identification au sein de catégories sociales. La singularisation consiste en ce que tout être humain, quel que soit le contexte et la catégorie sociale occupée, soit reconnu singulièrement par un nom qui lui est propre. Comme le souligne Boltanski, « il n’est pas de sociétés où les occupants successifs d’une même place (par exemple dans la hiérarchie sociale) ne soient identifiés en propre, distingués les uns des autres, et souvent comparés les uns aux autres » (Boltanski, 2004 : 47). La classification d’êtres humains sous différents rapports suppose donc une reconnaissance de chacun en tant qu’individu unique. Selon Boltanski, la singularisation des êtres humains est un processus universel inhérent à la création et au maintien des sociétés, au même titre que les catégories sociales auxquelles sont associés chacun des nouveau-nés initialement singularisés.

Pour que ces trois exigences de l’engendrement soient respectées et qu’il y ait production d’êtres humains à part entière, chaque nouveau-né doit être envisagé sous deux rapports : l’humanité par la chair, c’est-à-dire issue du ventre de la femme à la suite d’une relation sexuelle, et l’humanité par la parole qui consiste à confirmer symboliquement l’être engendré par la chair « au moyen de gestes, de rites, qui sont autant de marques de reconnaissance de leur humanité et qui accompagnent leur insertion dans des collectifs, c’est-à-dire dans un ensemble de rapports symboliques. Au sein de ces collectifs, ils sont à la fois rattachés à une pluralité de classes (selon le rapport sous lequel on les envisage) et singularisés » (Boltanski, 2004 : 63). Pour que le processus de singularisation nécessaire à la pleine reconnaissance de l’humanité soit accompli, un être doit être engendré tant par la parole que par la chair. La confirmation des êtres par la chair et la parole, soutient Boltanski, a revêtu des formes différentes suivant les époques. En effet, les sociétés ont historiquement produit ce que l’auteur appelle des arrangements, c’est-à-dire des manières d’organiser la relation entre sexualité et engendrement, afin que soit substituée à la confirmation par la parole des êtres d’abord engendrés par la chair « l’alternative entre soit ne pas engendrer, soit engendrer sous certaines conditions qui assurent l’accès des êtres ainsi créés à la singularité (matérialisée souvent par la possibilité de leur faire une place dans un cadre de référence, qui peut être, par

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exemple, la parenté ou encore la société » (Boltanski, 2004 : 90). Autrement dit, ces arrangements permettent en quelque sorte la pré confirmation par la parole de l’être engendré par la chair, en vertu d’une autorité extérieure aux individus propre aux conditions sociohistoriques de référence. Jusqu’à récemment, les sociétés humaines auraient produit trois types d’arrangement dont nous mentionnons l’appellation au passage : un arrangement spirituel avec le Créateur; un arrangement domestique avec la parenté; et un arrangement socialement utile avec l’État industriel27.

Selon Boltanski, les sociétés occidentales contemporaines se caractérisent par un nouveau type d’arrangement de la relation entre sexualité et engendrement : le projet parental. La procréation par projet se manifeste dans les sociétés où l’épanouissement de la sexualité est valorisé, et où donner naissance à un enfant est désormais une possibilité à laquelle il est possible de renoncer. La dissociation accrue entre sexualité et procréation est assurée par les progrès technologiques en matière de contraception et par les dispositions légales assurant le libre accès à ces moyens contraceptifs. L’avortement est une pratique de dernier recours visant à pallier les échecs de contraception et à assurer ainsi « le bouclage du dispositif de dissociation de la sexualité par rapport à l’engendrement » (Boltanski, 2004 : 129). Dans cet arrangement, soutient l’auteur, la pré confirmation par la parole de l’être engendré dans la chair, nécessaire à sa singularisation qui en fait un être humain à part entière, est assurée par une autorité extérieure qu’est le projet d’enfant. L’avortement a pour fonction de faire disparaitre les êtres venus dans la chair qui n’ont pas été pré confirmés par la parole, faute de projet parental.

En s’appuyant sur une quarantaine d’entretiens réalisés auprès de femmes ayant vécu l’expérience de l’avortement, Boltanski construit le concept de projet qu’il définit comme « l’accord par lequel se lient un homme et une femme dans l’intention de réaliser un enfant » (Boltanski, 2004 : 132). Il y aurait ainsi quelque chose de l’ordre de l’engagement réciproque des partenaires conjugaux vis-à-vis d’un objectif spécifique, celui d’avoir un enfant, à partir d’un plan d’action commun suivant lequel les conjoints seraient liés sur le modèle du

27 Pour une description de chacun de ces arrangements, nous référons le lecteur au livre de Luc Boltanski La condition

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contrat28. Suivant cette conception pour le moins abstraite et statique du processus menant à la décision de devenir parent, Boltanski précise quelque peu sa pensée en affirmant brièvement, sur la base des entretiens réalisés, que l’échec d’un projet parental peut dépendre d’un refus d’engagement du conjoint, d’une trop grande instabilité conjugale ou matérielle ou bien d’un souhait de réaliser d’autres projets concurrents au projet d’enfant.

S’il est certes pertinent de réfléchir aux enjeux contemporains relatifs à la procréation en s’appuyant sur le concept de projet parental, nous croyons en contrepartie que la construction théorique qu’en propose Boltanski pose plusieurs difficultés pour rendre compte empiriquement de la planification des naissances. Tout d’abord, un certain manque de rigueur conceptuelle conduit à nous demander quels sont les éléments théoriques essentiels sur lesquels s’appuie Boltanski pour définir le projet parental. Ainsi, les dimensions conjugale, matérielle et normatives qu’il évoque rapidement comme facteurs d’échec à l’affirmation d’un projet parental font-elles ou non parties de sa définition du projet? Pour notre part, et au-delà de ce qu’en dirait Boltanski, nous considérons que ces dimensions ne définissent pas le projet en lui-même; elles s’insèrent plutôt dans un ensemble plus vaste de conditions qui peuvent infléchir d’une manière ou d’une autre la décision d’avoir un enfant - quelle que soit l’importance accordée au projet d’enfant que l’on se doit de définir avec précision et clarté. Nous y reviendrons.

Par ailleurs, le concept de projet parental chez Boltanski réfère à des énoncés généraux tels que « l’accord par lequel se lient un homme et une femme dans l’intention de réaliser un enfant » (2004 :132), « un projet spécifique qui engage des partenaires par référence à un objectif précis » (2004 : 132) ou bien « l’engagement réciproque de deux personnes dans un plan d’action commun […] sur le modèle du contrat » (2004 : 135). Selon le Petit Robert, le projet réfère à une « image d’une situation, d’un état que l’on pense atteindre » (2010). Cette

28 Selon Boltanski, le projet parental s’inscrit dans le modèle global de la cité par projet typique des sociétés occidentales

contemporaines dans lesquelles s’impose un monde connexionniste, c’est-à-dire un monde caractérisé par la multiplicité et la diversité des liens, et où la menace de l’opportunisme et de la fragmentation est constante. La cité par projet « s’ajuste à un monde connexionniste, dont elle incorpore les valeurs de mobilité, d’activité et de labilité, tout en lui imposant des exigences de réciprocité et de fiabilité dans un cadre limité et sur une certaine durée préalablement définie, de façon qu’un projet déterminé puisse être mené à terme sans que les participants, se jugeant lésés ou par opportunisme, ne l’abandonnent ou le fasse sombrer dans la dispute » (Boltanski, 2004 : 136). Boltanski soutient que ce modèle s’est élargi à la sphère privée, où la pluralité et la précarité des relations sexuelles et sentimentales font en sorte que s’impose l’engendrement par projet fondé sur l’engagement réciproque des partenaires conjugaux vis-à-vis de la réalisation d’un objectif commun, soit celui d’avoir un enfant.

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définition de sens commun du projet est également celle à laquelle réfèrent, la plupart du temps de façon implicite, plusieurs chercheurs selon des formulations variées (Dandurand, 2002; Bajos et Ferrand, 2006; Régnier-Loilier, 2010) En dépit de son caractère abstrait, voire nébuleux, le concept de projet parental chez Boltanski, implique également quelque chose de l’ordre de l’intention, du plan ou du programme à réaliser dans un temps déterminé. Il nous apparait toutefois difficile de prendre appui sur cette définition pour rendre compte de la planification de la venue d’un premier enfant. L’effort déployé par l’auteur pour articuler le projet parental au modèle global de la cité par projet, auquel il fait référence, mène à une conceptualisation du projet d’enfant fondée sur une certaine logique contractualiste ou de « management », les conjoints étant vus comme des partenaires d’affaire engagés l’un envers l’autre pour une durée déterminée en vue de mener à terme un objectif précis. Une telle conception du projet d’enfant nous apparait beaucoup trop rigide et étroite pour rendre compte de la manière dont le projet d’enfant s’articule au processus menant à la décision de devenir parent.

Une définition du projet d’enfant

À notre avis, la définition proposée par Renée Dandurand semble particulièrement appropriée pour préciser ce à quoi réfère le projet d’enfant, lequel s’articule étroitement, selon l’auteure, au concept de désir d’enfant défini précédemment. Ainsi :

« désir et projet d’enfant sont, la plupart du temps, les deux faces d’une même médaille : ainsi peut-on définir le désir comme l’intention, plus ou moins explicite, d’avoir des enfants dans sa vie (d’en avoir un premier, un deuxième, etc.) et le projet comme l’intention de concrétiser le désir à court, moyen ou long terme. Le projet introduit donc deux dimensions nouvelles, celles de l’intention concrète et du temps, qui permettront de prévoir la réalisation du désir d’enfant » (Dandurand, 1997 : 7).

Certaines enquêtes s’attardent à l’existence du projet d’enfant dans le processus menant à la décision de devenir parent. Ces études insistent sur la formulation d’un projet partagé au sein du couple29. Dandurand et al (1994) soulignent en effet que la construction du projet d’enfant jusqu’à son actualisation implique la prise en compte des désirs, des intérêts et des contraintes

29 Ceci dit, l’ébauche d’un projet d’enfant ne se limite pas aux couples. Une personne seule peut planifier l’arrivée d’un

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de chacun des conjoints, ce que les auteurs qualifient de consonance conjugale. Dans un contexte où la décision de devenir parent relève en grande partie d’un choix délibéré et où les femmes, au même titre que les hommes, ont différentes aspirations professionnelles et personnelles, « l’articulation des projets de vie de chacun des conjoints devient un enjeu central pour ce qui est de la venue des enfants et de la stabilité des parents par la suite » (1994 : 97). À ce titre, la tendance relatée précédemment selon laquelle les femmes sont généralement prêtes avant les hommes à avoir un enfant conduit plusieurs couples soit à reporter l’actualisation du projet d’enfant jusqu’à ce que le conjoint y consente, soit à négocier le « bon » moment pour sa réalisation. Comme la contraception est en grande partie contrôlée par les femmes et que, par conséquent, il leur est possible, en principe, de tomber enceinte sans obtenir l’accord du conjoint, la valorisation de la consonance conjugale au regard du projet d’enfant conduit les femmes à adopter une « éthique conjugale », laquelle consiste à ne pas enfanter sans qu’il n’y ait au préalable entente mutuelle des conjoints à cet effet. En France, Le Voyer (1999) fait un constat similaire, mentionnant que les modalités du projet d’enfant doivent être partagées au sein du couple. À l’instar des résultats de Dandurand et al (1994), les femmes initient généralement les échanges au regard de la venue éventuelle d’un enfant, certains hommes affirmant alors ne pas être « prêt » pour la paternité. Le Voyer souligne en outre la forte valorisation de la liberté individuelle vis-à-vis de la décision de devenir parent, laquelle se traduit par l’idée largement admise selon laquelle l’entrée dans la parentalité nécessite au sein du couple une simultanéité et une authenticité du désir d’enfant, concrétisé dans un projet partagé.

Or, les enquêtes recensées portant sur l’entrée dans la parentalité n’appréhendent pas directement le processus de planification tel que vécu par les individus et les couples en vue de saisir la forme et l’importance que revêt cette pratique. Bien que l’ensemble des observateurs soutiennent que la programmation des naissances est aujourd’hui une conduite largement répandue, peu d’entre eux se questionnent en profondeur sur la teneur de cette expérience et sur ce qui peut être en jeu dans la manière dont elle se vit. En effet, la plupart des auteurs se contentent de poser l’existence du projet d’enfant comme étape préalable à l’entrée dans la parentalité, sans se pencher plus avant sur la manière dont se joue la formulation d’un tel projet, lequel peut prendre diverses formes et revêtir une importance variable d’un parcours à l’autre. En outre, l’émergence et l’évolution du projet d’enfant

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jusqu’à sa concrétisation implique possiblement, croyons-nous, non seulement des échanges entre conjoints, mais également des réflexions et des pratiques non discursives inhérentes à la dynamique de la planification de la venue d’un enfant au sein du couple. D’où la pertinence d’appréhender plus en détails les modalités de la construction du projet d’enfant.

Ceci dit, rien n’autorise à croire que le projet d’enfant constitue une condition nécessaire à l’entrée dans la parentalité. Comme mentionné précédemment, Luc Boltanski affirme que l’engendrement par projet constitue désormais la nouvelle norme procréative, et que le rôle de l’avortement est « de pallier les échecs de cet arrangement, c’est-à-dire de faire disparaitre les êtres venus dans la chair qui, en l’absence de projet, ne peuvent être confirmés par la parole» (Boltanski, 2004 : 144). Suivant Bajos et Ferrand (2006) dans leur critique de La condition fœtale, nous croyons que Boltanski confond largement une sociologie de l’avortement et une sociologie de l’engendrement. En s’appuyant uniquement sur des entretiens réalisés auprès de femmes ayant vécu l’expérience de l’avortement, l’auteur élabore un modèle général de l’engendrement, les propos des répondantes permettant de cerner par la « négative » certains enjeux contemporains relatifs à la procréation. Or, quels que soient les motifs pour lesquels une femme décide de mettre fin à une grossesse – ici l’absence d’un projet parental, dirait Boltanski - il nous apparait délicat de soutenir que ces mêmes conditions, lorsque réunies, permettent à tout coup de rendre compte de l’engendrement.

Une étude de l’Agence de la santé publique du Canada réalisée en 2009 et intitulée Ce que disent les mères : l’Enquête canadienne sur l’expérience de la maternité (EEM)30 indique

que la moitié des femmes sondées (50 %) considéraient opportun le moment de leur grossesse, que 23 % d’entre elles auraient préféré être enceinte plus tôt, que 20 % auraient préféré être enceinte plus tard et que 7 % ont admis qu’elles ne souhaitaient pas du tout tomber enceinte, ni à ce moment-là ni à aucun autre moment (EEM, 2009). Ces chiffres

30 Des entrevues téléphoniques ont été menées auprès de 8 542 femmes au cours de la période postnatale, soit entre 5 mois

et 14 mois après la naissance de l’enfant, afin de mieux connaitre leurs opinions, leurs pratiques et leurs expériences lors des périodes ayant précédé la conception, la grossesse, l’accouchement et les premiers mois de la maternité (EEM, 2009).

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indiquent que les enfants d’une part non négligeable des femmes n’ont pas été désirés ou planifiés. En effet, la proportion des mères ayant déclaré qu’elles auraient préféré être enceintes plus tard ou ne pas être enceintes à aucun moment se situe à 27 %. Toujours selon l’EEM, les mères les plus jeunes, c’est-à-dire celles âgées de 15 à 19 ans, ont affirmé dans la plus large proportion (70 %) qu’elles auraient préféré être enceintes plus tard ou ne pas être enceinte du tout. Les données indiquent en outre que la part des femmes qui auraient souhaité tomber enceinte plus tard ou à aucun moment diminue avec l’augmentation du niveau de scolarité, ce pourcentage se situant à 43% parmi celles n’ayant pas complété leurs études secondaires, comparativement à 19 % chez celles qui détiennent un diplôme d’études universitaires. Par ailleurs, 45 % des femmes dont le revenu se situe aux alentours ou en deçà du seuil de faible revenu ont indiqué avoir souhaité être enceinte plus tard ou à aucun moment, cette proportion diminuant à 21 % chez celle vivant au-dessus du seuil de faible revenu.

Finalement, s’il est vrai que le désir d’enfant et le projet d’enfant sont étroitement liés, comme l’affirme Renée Dandurand, il n’en demeure pas moins que ces deux dimensions des visées procréatives contemporaines peuvent être expérimentées indépendamment l’une de l’autre. D’une part, bien que la planification d’une naissance implique fréquemment un désir d’enfant au préalable, un projet d’enfant peut néanmoins être formulé sans ressentir le désir d’enfant. Par exemple, un homme dont la conjointe exprime le souhait de devenir parent peut choisir de s’engager dans un projet d’enfant, par amour pour celle-ci, sans lui-même éprouver le désir d’enfant. D’autre part, le désir d’enfant, qu’il mène ou non à une naissance, n’implique pas nécessairement un projet d’enfant. Par exemple, une personne en situation de célibat peut manifester un désir d’enfant sans exprimer une intention concrète d’actualiser ce désir à court, à moyen ou à long terme, faute d’avoir réuni les conditions propices. Un échec de contraception peut par ailleurs mener à une naissance désirée, mais non planifiée par les