la révélation d'un état inflammatoire local. Cependant
il existe
des cas de ténonite suppurée qui sont en somme des
abcès orbi¬
taires. Ces abcès ténoniens suppurés restent rarement
isolés, ils
font des phlegmons diffus de l'orbite et s'accompagnent
presque
toujours de lésions profondes des nerfs oculaires etde l'œil
lui-même.
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3°Phase de tuméfaction limitée. — Icinous avons à établir
lediagnostic
différentiel
avec les tumeurs de l'orbite, en parti¬culieraveclesarcome, etcertainskystesàévolution rapide, dont quelques-uns peuvent tourner àla suppuration.
Toutd'abord, la tumeur qui se montredans les affectionspu 1-satiles,siège à la partie supérieure et interne de la base de l'or¬
bite, ce qui peut embarrasser le chirurgien au premier abord.
Mais ici nous avons des pulsations, des bruits de souffle perçus à l'auscultation.
Est ce une exostose ? La dureté osseuse, ses rapports intimes
avec le squelette de l'orbite la feront vite reconnaître.
Quant aux tumeurs malignes et particulièrement le sarcome, le diagnostic en sera fait, grâce aux douleurs très vives qu'ils provoquent, à leurs progrès rapides et à l'envahissement des
cavités voisines. On peut les confondre, à la rigueur, avec les
abcèsorbitaires, mais le mauvaisétatde la santégénérale lèvera
tousles doutes.
Lecancer seprésentesous l'aspect d'une masse bosselée, irré¬
gulière, qui envahit les téguments, les détruit, et qui, dans d'au¬
tres cas, se propage du côté des os du crâne, en déterminant
des accidents rapidement mortels.
Chez lesjeunes sujets,l'erreur de diagnosticpeut êtrecommise
avec les kystes congénitaux, qui peuvent rester silencieux un certaintemps. En général,ce sontdes kystesdermoïdes, siégeant
tantôt à l'angle interne, et tantôt à l'angle externe de l'orbite.
On peut encore confondre un abcès de l'orbite avec un kyste
hydatique,
mais cette espèce de tumeur est exceptionnelle. Ilrenfermesoit descysticerques, soit des échinococjues. Les kystes séreux, plus nombreux, se développent dans le tissu cellulaire
del'orbite, ou dans les bourses séreuses qui existent au-dessus
etau dessous du releveur de la paupière supérieure. Ils consti¬
tuent de véritables hygromas.
Laponction est absolument nécessaire enpareilcas pour per¬
mettred'affirmer le diagnostic d'abcès de l'orbite.
Il peut arriver qu'un abcès orbitaire existe, et qu'il soit très difficile d'en faire le diagnostic précis. Nous voulons parler de
Faure 6
ces cas, exceptionnels il est vrai, où une collection purulente
s'est développée au centre d'une autre tumeur, d'un angiome
parexemple, comme le professeur Panas (1), en a rapporté un
cas. « Ce fait curieux a ceci de particulier que l'angiome fut le siège d'uneendo-infection spontanée, due à une fièvre typhoïde.
Lediagnostic fut fait, en se basantsur cette remarque, que dans
lestumeursvasculaires de l'orbite, il y a,au pourtourde l'orbite,
ducôtédes paupières,uneproduction d'apparence angiomateuse.
Panas affirme même à cette occasion que, toutes les fois quel'on
constate l'existence d'un exorbitis et d'une affection vasculaire des paupières, il faut poser le diagnostic d'angiome du fond de
l'orbite. Les autres symptômes, mollesse de la tumeur, possibi¬
lité de sa réduction, n'ont pas une importance diagnostique
aussi grande.
» La maladeen question avait7 ans; il n'y avait pasde souffle,
pas de bruit d'aucune sorte au niveau de l'orbite; la tumeur avait été constatée pour la première foisà 2 ans ; à 5 ans, voyant qu'elle augmentait sans cesse, les parents firent soigner leur
enfant. On tenta en vain l'électrolyse ; le globe oculaire resta saillant, même après des injections coagulantes dans l'orbite, Jusqu'à 7 ans, la vision était restée excellente, lorsqu'au cours d'une fièvre typhoïde, au troisième septennaire environ, cette
enfant fut prise tout àcoup d'un phlegmon de l'orbite. Panas
vit
alors la malade. Le diagnostic ne fut pas fait de suite; il
était impossible
d'y arriver sans connaître l'histoireprécédente.
Panas refusa d'intervenir en pleine infection générale, à cause des résultats déplorables à redouter (méningite).
»Au bout dequelques mois, l'énucléation fut pratiquée
(décem¬
bre 1890). On trouva alors derrière leglobe presque
détruit
par la suppuration, une tumeur dure englobant le nerfoptique.
C'étaitun angiome caverneux sclérosé, au centre duquel se trou¬
vaitun abcès. Dans le pus de cet abcès, l'examen bactériologique
démontra l'existence du bacille d'Eberth.
»Voilàunfaitremarquable d'infection, dansunetumeurclose,
(1) Progrès médical 1891, mars-avril,p.279.
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par la voie sanguine. C'est d'ailleurs le premier cas connu de
suppuration dans unangiome. Le pus fut injecté à des animaux,
on obtint des cultures pures du bacille d'Eberth. L'angiome
modifié parl'inflammation contenait trois parties : une fibroïde,
une caverneuse, une transformée en abcès.
»Comments'est
développé
cet abcèsdans cette tumeur? Il estprobable que les microbes de la fièvre typhoïde, en circulation
dans les vaisseaux sanguins, ont trouvé dans les thrombus de cetangiome un milieu de culture plus favorable qu'ailleurs.
» 11 y a, on le sait, parfois des choroïdites dans lapneumonie, l'influenza; cette complication a probablement une origine sem¬
blable. Colzi, récemment, a montré que, chez les lapins, à qui
l'on a fracturé un fémur, l'inoculation du bacille d'Eberth amène dix fois sur 14 cas la suppuration du foyer de fracture.
Toutcela a lieu par un mécanisme anologue ».
Le diagnostic de
l'origine
des abcès de l'orbite est basé surcertains symptômes qui se manifestent du côté des cavités qui
leur ont donné naissance, et en particulier des sinus. Quand ils proviennent du sinus frontal, et c'est le cas le plus fréquent, le malade ressentdes douleurssus-orbitaires, s'exagérantà lapres¬
sion exercée à
l'angle supéro-interne de l'orbite; on constate la présence de pus dans l'infundibulum du méat moyen, qui est expulsé quand le malade se mouche. L'abcès orbitaire est situé à
l'angle
supéro-interne de l'orbite.Si l'abcès est dû àune sinusite maxillaire, il peut également siéger à l'angle supéro-interne, mais les douleurs occupent la région malaire, il y a empâtement et gonflement de la joue. La sinusite estsouvent, dans ces cas, provoquée par une périostite alvéolo-dentaire que l'on reconnaîtra facilement en examinant la
bouche,
ou par une fracture de l'alvéole dans une extirpation maladroite.Dans les sinusites ethmoïdales, il y a distension du sinus, saillie sur laparoiinterne de l'orbite qui est plus ou moins sen¬
sible, même douloureuse. Une pressionvigoureuse permettra de
sentir la crépitation parcheminée. L'œdème devoisinage siégera
surtout à la paupière inférieure et vers les régions malaire et
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