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Il s'agit d'une femme de 25 ans. De bonne santé antérieure, ayant

eu peut-être une légère attaque d'influenza,

il

ya

quelque temps,

qui nel'apas arrêtée; elle estprise, quinzejours avant son

entrée à

l'hôpital, de douleurs violentes dans le côté gauche

de la tête, de

gonflementde la joue etde la paupière.

Le 16 février 1898, nous constatons l'empâtement de la joue, le gonflement de la paupière avec tuméfaction des

ganglions

sous-maxillaires. Rien du côté de la bouche. Légère exophtalmie avec

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strabisme externe. Pas de lésion du fond de l'œil : V —. La pression,aupourtourde l'orbite,en particulierau niveaude la

paroi

inférieure du sinus frontal, n'éveille pasde douleur.

L'examen, par l'épreuve de la transparence, montre une

opacité

complète du sinus maxillairegaucheet, au contraire, la transparence

du sinus frontal du même côté. Le méat moyen est obstrué par des

mucosités etdes masses polypeuses qui bouchentl'orifice du

sinus

:

ces masses enlevées, on voit sourdre le pus parl'orifice du sinus

maxillaire.

Lelendemain, on perfore le sinus maxillaire parla voie

canine

:

un drain coudé en aluminium estpassé parla perforation.Deux

fois

par jour, on retire le drain et on lave le sinus avec du sublimé 1/5000.Le liquideressort par les deux fossesnasales, entraînant

des

quantités de mucosités d'odeur infecte. L'examen bactériologique

montre desstaphylocoquesblancs etdorés.

Pendant ce temps, l'exophtalmie s'accuse en bas et en

dehors,

une saillie apparaît en haut eten dedans de l'orbite; elle devient

vitefluctuante. Il existe un abcès de l'orbite que nous ouvrons parla

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partie supéro-inlerne, le 24 février, huit jours après l'entréede la malade à l'hôpital. La sonde cannelée pénètre profondément et à

cinq centimètres environ du rebord orbitaire sur laparoi interne,on reconnaît nettement une perforation : la position exacte de cette

perforation répond auxcellules ethmoïdalesantérieures. Cultivé sur

gélose, le pusde l'abcès orbitaire contenait lui aussi des staphyloco¬

ques, à l'exclusion d'autres microorganismes. Tamponnement à la gaze iodoformôe.

Les jours suivants, on continue les injections par le sinus, le liquide ressort par les fosses nasales et un peu aussi par l'incision orbitaire. Depuis, les suites ont été trèssimples: le 15 mars,l'orifice orbitaire était entièrement fermé : par précaution, on a continué les injectionsdans le sinus, le gonflement adisparu entièrement.

Ainsi, chez celte malade, une sinusite frontale très franche s'est accompagnée d'un abcès orbitaire siégeant en haut et en dedans de l'orbite, qui était dû, non à la sinusitemaxillaire elle-même, mais à une sinusite ethmoïdale concomitante. Chez cette malade encore, on a obtenu uneguérison assez rapide;je l'attri¬

buerais volontiers à la bénignité relative de l'infection par les staphylocoques. Des accidents plus redoutables ontété observés, lorsque l'infection reconnaissait pour cause le streptocoque,

le

pneumocoque et même le pneumo-bacille de Friedlânder.

Observation IX

Antonelli, Sociétéd'ophtalmologiede Paris, Séancedu 6 février1900.

Sinusite ethmoïdo-frontale,suite de cellulite orbitaireprovoquée

parune dacryocystite.

M1'8M..., 25 ans, vient me consulter le 18 avril 1895, à cause de

larmoiement et de tumeur lacrymale de l'œil droit. Cet œil aurait déjà été opéré quelques mois auparavanten province : en effet, le

canalicule supérieur paraît fendu dans toute sa longueur. Mais ce qui réclame le plus d'attention, à part une certaine injection delà

conjonctive bulbaire à l'angle interne, c'est une tumeur ayant le

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volume et presque la forme d'une grosse fève, séparée en deux partiesparleligamentpalpébral interne, la plus grande partie restait

au-dessus, la plus petite au-dessous de ce ligament. La tumeur proémineunpeu, même àsa partie supérieure, la plus volumineuse, logéeentréle rebord osseux de l'orbite etla commissure palpébrale

interne; elle est assez molle, laissant presque sentir la fluctuation,

nonréductible, très peu douloureuse à la pression; à la palpation

avec le petitdoigt glissé sur la paupière supérieure après

cocaïnisa-Iion dusac conjonctival, la tumeur paraît, aussi, peuvolumineuse,

donnant presque la sensation d'un kyste, assez mobile sur le plan

osseux de laparoi orbitaire.

Pendantces manœuvres et malgré une pression assez énergique

danstouslessens, rien n'était sorti du sac lacrymal ni du côté du

nez. Lamalade affirmant nettement quelatumeur datait dequelques semaines, qu'elles'était formée d'unefaçon graduelle, presque insen¬

sible, sans alternative d'affaissement,j'hésitai entre le diagnostic de péridacryocystite de la partie la plus élevée du sac lacrymal, en d'autres termes,cellulite orbitaire chroniqueenkystée,oubien d'une

sinusiteethmoïdale ayant précisément trouvé son issue du côté de l'orbite. Pour acquit de conscience et aussi àcause de l'épiphora, je

voulus pratiquer lesondage lacrymal par le canalicule supérieur : il

étaitimpossible de pénétrer dans le sac, à caused'un obstacle cica¬

triciel,etparlecanalicule inférieurl'injection nepassait pas du tout.

Jeme décidai doncàpratiquer la stricturotomiepar en basetensuite lasonde, passantlibrement, me lit sentir plusieurs aspérités le long

de lapartie supérieure du canal lacrymo nasal.

l.œil droit ne présentait aucune déviation, aucune limitation de

sesmouvements, aucun trouble visuel, aucunealtération ophtalmos-copique. Malgré l'absencedetoutphénomène actuel, commede toute donnéeanamnésique,autorisantà soupçonneruneaffection des sinus,

jeréclamail'avis d'un rhinologisteet,le surlendemain, la maladenous rapporta de laclinique de notre excellent confrère le Dr Cuvilliers, lemolsuivant: « Austylet, je netrouve rienàl'elhmoïde, je ne vois

rien à 1éclairage,etc.». Une deuxième exploration,faite en ma pré¬

sence,donnaégalement un résultat négatif, quantades lésions de la

cavité nasale droite ou àune différence de transparence de chaque côté,du moinsàl'éclairage électrique.

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Mon diagnostic étant donc d'abcès localisé de

l'orbite,

à allure

chronique, suite de dacryocystite, je me proposai

d'ouvrir

l'abcès

sur sa partie antérieure, au point le plus bas, au niveau dusacla¬

crymal. Le 31 mai, à ma clinique, lamalade étant

chloroformée,

un stylet fut appliqué dans le sac, et ensuite d'un coup de ciseaux

pointusglissésderrière la sonde, je débridai le tissu cicatriciel qui

existaità l'extrémité nasale ducanalicule supérieur. La paroi pro¬

fonde du saclacrymal se trouvantdiscontinuée par cette incision, le

pus sortit en quantité plus considérable que je ne m'y attendais.

Jugeantalors l'abcès orbitaire assez profond, il me parutnécessaire,

pourl'opération radicale, de pratiquer une ouverture plus

large;

je

fis donc une incision par couches de la paupièresupérieure, suivant

uneligne courbe longue de deux centimètres environ,

concentrique

à la tète du sourcil dans le sillon orbito-palpébral, s'arrêlant au niveau dela commissure interne.Cette incision,unefoisl'aponévrose

tarso-orbitaire discontinuée, donna issue à une assez grande quan¬

tité de pus, toujours assez épais, jaune, sans odeur; en

explorant

alors la cavité de l'abcès avec une autre sonde, l'instrument déchira

aisément quelques cloisons connectivales et facilita l'issue d'un ma¬

tériel purulent évalué en totalité à G ou 7 cent, cubes. Après

des

irrigations abondantes au sublimé à 1/8000, quand la

solution

res¬

sortait limpide, la sonde laissa reconnaître une cavité en

forme

d'entonnoir aplati, entre la paroi interne etle contenu de

l'orbite, à

extrémité s'effilantvers le fond, aux environs du trou optique.

La

paroiosseuse, constituée tout en avantparl'oslacrymal,

mais

pres¬

que intégralement par la lame papyracéede l'ethmoïde,

laissait

per¬

cevoir, au toucher par la sonde métallique, plusieurspoints

dénudes

de périoste, plus oumoins rugueux.

Pendant les mois de juin et juillet, l'abcès orbitaire que

Ion

pansait tousles jourspar des injections détersives,par le

drainage

permanent, par des bougies de gélatine au protargol, ou par

des

injections prudentesau nitrate d'argent ou àla teinture

d'iode,

mon¬

tra desalternatives de réparationsou de rechutes

suppuratives. La

cavité se rétrécissaitsur les côtés etde haut en bas de plus en

plus,

mais la sonde pénétrait toujoursjusqu'au fond del'orbite. De

même

lespoints dénudés de périoste le long de la paroi interne

du canal

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