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Il est encore un point de l'observation précédente qui nous parait digne de fixer l'attention, c'est l'évacuation de l'abcès

orbi-taire par la narine et par

la bouche,

en même

temps

que par

la

plaie chirurgicale. Ce

n'est

pas

la première fois

que nous

obser¬

vons pareil fait.

Observation III

D1' Leplat (de Liège), communiquée à la Société belged'ophtalmologie,

le 28 novembre1897.

Abcès orbitaire chez un enfant de quinze jours.

L'enfant Adolphe D... est né, le 3 avril 1897, en bon étatde santé.

D'après les renseignementsfournis par le docteur Frépont, l'accou¬

chement s'est faitnormalement; seulement, pour soulager la mère,

ilappliqua le forceps, latête étant à la vulve. Les branches de l'ins¬

trument ontd'ailleurs saisi la tête très en arrière, et l'enfant n'en portaitpasles marques. On n'a constaté surle nouveau né, ni éra-flure, ni blessure d'aucune sorte.

Le 17 avril, dans la soirée, on remarqua aux paupières de l'œil gauche de l'enfant un gonflement, accusé surtout à la paupière supérieure. Je fus appelé le lendemain; je trouvai les deux pau¬

pières, particulièrement, la supérieure, rouges, luisantes, tuméfiées;

nulle trace de chémosis, le globe oculaireétait pâle, mobile, dans sa situation normale. Je pensai avoir affaire à un abcès de lapaupière supérieure et prescrivis des compresses chaudes boriquées.

Lelendemain,le gonflement avaitaugmenté, surtoutàla paupière inférieure; il existait du chémosis et une sécrétion fîbrineuse dans le sac conjonctival. A la face conjonctivale de la paupière inférieure,

du côté temporal, je remarquai deux petites taches grises. L'état généralétait d'ailleurs excellent : l'enfantmangeait etdormait bien.

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Le 20 avril, le gonflement était énorme, pourtantje parvinsavoir

encoreleglobe oculaire, qui me parutlégèrement propulséenavant.

Du côté temporal, lapeau de la paupière inférieure présentait une

petite.plaque violacée. A la palpation delà paupière inférieure,je

reconnus de lafluctuation, je pressai sur la paupière et le pusjaillit

par trois orifices, la plaque violacée de la peau et les deux taches grises de la conjonctive palpébrale. Ce pus, très abondant, était jaune, sans odeur; examiné par le D1' Malvoz, il contenait du sta¬

phylocoque pur. Pansement humide au sublimé 1/3000.

Le 21 avril : Le pansementcontient beaucoup de pus, la pression le fait sourdre seulement par l'orifice cutané.

Le 26 avril : Le pansement,renouvelé deux fois parjour,renferme toujours beaucoup de pus mélé àdu sang Celte persistance de la suppuration m'engage à rechercher une lésion osseuse. Dans l'ori¬

fice cutané estpoussé un stylet qui se dirige en dedans, en arrière

etun peu en bas, vers la paroi interne de l'orbite, en passant der¬

rière le sac lacrymalintact. Pas de dénudation osseuse, ni du rebord inférieur, ni de la paroi interne de l'orbite. Introduction dans le trajet fistuleux decrayons de traumatol.

Le 29 avril: Je fais avec précaution une injection d'eau boriquée

dans le trajet, leliquidereflue mais il s'écoule une certaine quantité

de pus parla narine gauche. Donc la paroi interne de l'orbite est perforée.

Le 30 : Après consultation avec le professeur Vaulain, le trajet est dilaté à la laminaireet il est introduit de la gaze à l'iodol.

5 mai : Lapaupière supérieure arepris son aspectnormal, l'infé¬

rieure est toujours un peu gonflée. Dans l'angle interne de l'œil,on sent très bien à la palpation une saillie arrondie située profondé¬

mentsous lespaupières inférieure et supérieure, qui se vide par la pression, en même temps que du pus s'écoule par la narine. Il persiste un peude chémosis,l'œil, un peu injecté, semble normal, la pupille réagit. Impossible d'examiner à l'ophtalmoscope.

Le 10 mai, on pratique l'examen du nez, mais on ne peut voir

l'endroit par où celte cavité communique avecle foyer purulent.

20 mai : La suppuration est presque tarie, pourtant on retire

encore du pus de la narine. Le chémosis s'est beaucoup affaissé :

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l'œilest trèsmobile, mais il estdévié en strabisme supérieur. On

laisse se fermerle trajetfîstuleux.

27 mai : Lapaupièresupérieure est normale. À la paupière infé¬

rieure la peau arepris son aspect habituel. On y voit une cicatrice

fixée dans laprofondeur,par une bride résistante que l'on sent avec le doigtet qui se dirige en dedans. Cette cicatrice maintient la pau¬

pière inférieure enectropion. Le chémosisadisparu : ce quipersiste, c'est un pli de la conjonctive du cul-de-sac, dont la hauteur répond

exactement au déplacement du bord palpébral en bas. L'œil est toujoursun peu reporté vers lehaut;à l'examen ophlalmoscopique,

il semontre normal. L'enfant rendencore un peu de pus et de sang par lenez. Massage de la paupière avec une pommade à l'iodure de potassium.

9juin :La paupièreareprissa situation normale. L'œilest toujours

en strabisme supérieur. Le nez rejette encore un peu de pus.

15juillet : Il ne reste plus qu'un léger plidelàpaupière inférieure

à l'endroit la peau a été perforée. L'enfant se porte très bien et,-pendant toutlecoursdecetteaffection, n'acessédegagner enpoids.

Avons nous eu affaire à un abcès de l'orbite compliqué

de carie ou de nécrose de sa paroi interne, ou bien à une périoslite ayant amené une suppuration du tissuorbitaire? Nous penchons plutôt pour la première hypothèse pour plusieurs

motifs. Avant

l'apparition

de l'œdème palpébral, l'enfantn'avait

manifesté aucun signe de malaise pouvant fairesoupçonner une

inflammation latente de l'os. De plus, entre le début de l'affec¬

tion et l'évacuation du pus, il ne s'est écoulé que soixante heures, ce qui plaide contre

l'hypothèse

d'une collection puru¬

lente cheminant vers l'extérieur. En effet, von Graefe est d'avis que dans la périoslite, la peau et le tissu conjonctif sous-cutané

seront plus lentement atteints que dans le phlegmon et Adler

confirme cette opinion.

Le pus était sans odeur; or, d'après Panas [Traité des mala¬

dies des yeux, 11, p. 368), le pus est parfois fétide « surtout

lorsqu

il y a communication de la pocheavecles fosses nasales ».

Enfin,

le gonflement inflammatoire prit d'abord la paupière

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