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CHAPITRE II : SOCIETE, POLITIQUE ET CULTURE DES PEUPLES DU GABON PRECOLONIAL

II- Les Activités économiques des peuples Bantous

3- Les productions artisanales

3- Les productions artisanales

Dans la société gabonaise de l’époque, comme nous l’avons mentionné supra, il n’y avait pas que la chasse, la pêche, l’élevage, l’agriculture et la cueillette. Comme dans toutes les économies précapitalistes, la fabrication des objets d’usage courant donnait aussi lieu à une activité. Ces activités artisanales incombaient aux personnes des deux sexes. La matière première était fournie au moyen de l'agriculture, la cueillette et de l'extraction par la forêt, la savane et le sol.

L’artisanat, activité pourtant individuelle ou familiale, produisait des biens à caractère industriel nécessaires pour la satisfaction des besoins de la cellule familiale. L’artisan tirait ainsi des avantages importants de son activité : il était parmi les plus aisés et les plus respectés dans le village ou dans la contrée, mais restait avant tout un paysan. Il correspondait à ce qu’écrit Emmanuel Terray lorsqu’il relativise cette notion d’activité spécialisée des artisans dans le monde traditionnel :

«Il n’y a pas dans le cadre traditionnel, d’artisan spécialisé, c’est-à-dire tirant le principal de ses revenus de l’exercice de cette activité. L’artisan est toujours intégré dans une cellule sociale constituée autour des activités agricoles; il est toujours principalement un paysan et accessoirement un artisan»220

      

219 Cité par Marcel Soret., 1973, op.cit, p. 246. 

3.1- La production du vin et des huiles traditionnelles

Elle faisait partie des activités des populations précoloniales. En effet, plusieurs vins étaient produits à travers le palmier à l’huile, le miel, la canne à sucre et le maïs. Cette industrie vinicole nous a été attestée dans toute la contrée, malgré les différences dans les techniques d’exploitation.

“Oyem bot be bina yam meyok Meyok me m’be na. Minkok meyok melen. Obola ye malamba be ne meyok bininga. Benga yam dan-dan. Essep. Meyok me fon.E ne bot benga yam. Ngoua te mbou.Meyok me te me. M’be mela obola ye Melamba e ne bot be Bira gnu. E ne fe menga bima Kouane ».221

Traduction littérale

« L’activité vinicole était répandue. Il y avait trois variétés d’alcool obtenues à partir du maïs, de la canne à sucre et du palmier. L’Obola et le Malamba étaient essentiellement produits par les femmes souvent après la période de récolte pendant l’Esep. Quant à l’alcool de palmier, sa production s’effectuait durant toute l’année accomplie par les hommes. Parmi les trois variétés d’alcool, l’Obola et le malamba étaient les mieux appréciés des consommateurs et les mieux commercialisés ».

Le vin de palme « etutu ou bibus » chez les Fang, « Tutu » chez les Nzébi-Duma,

« malamba » chez les Punu, était obtenu à partir du palmier. Après l’abattage de

celui-ci à la hache, suivait alors l’opération de d’ébranchage. L’opération poursuivait sa tâche jusqu’à atteindre le noyau, tendre et de couleur blanchâtre. Il sectionnait ce noyau et l’enveloppait d’un entonnoir traditionnel au bas duquel était posé un récipient contenant des écorces appelées « bois amer ». Cette écorce donnait du goût au vin. L’opération terminée, le vigneron revenait le lendemain recueillir son vin.

      

Le jus de miel mélangé au fameux bois amer permettait également d’obtenir du vin. Le vase contenant la mixture devait rester couvert au moins deux mois et placé dans un trou. Sa consommation était proscrite aux femmes à cause de sa très forte teneur en bois amer.

Le vin de canna à sucre, communément appelé Malamba, Mussungu, etc.,

était extrait à partir de la canne à sucre. En effet, on coupait au préalable une certaine quantité de canne à sucre que l’on sectionnait en morceaux après épluchage. On introduisait ensuite cela au fur et à mesure, quatre ou cinq morceaux dans un appareil traditionnel (écraseur) conçu et minutieusement fabriqué pour la cause. Cet instrument qui reposait sur six pieds disposait d’un bras manipulateur et d’un canal qui conduisait le liquide. A chaque pression, le liquide coulait et recueilli dans un vase contenant du bois amer. Après trois semaines de fermentation, le vin était mis en consommation.

La production de l’huile était généralement le domaine des femmes. Elles fabriquaient à partir des produits de l’agriculture ou de la cueillette, différentes variétés d’huile. Ces huiles avaient multiple usages. Elles pouvaient être comestibles, commercialisées ou utilisées pour l’entretien du corps et à des fins spirituelles et pharmaceutiques. Sur ce, nous avons ce récit de Julienne Mandonga:

« Jadis les Nzébi du pays Boukango appliquaient des substances faites de feuilles de brousse pour se rendre beaux. Les initiés au Bwiti et au Niémbé se badigeonnaient ces substances pour rentrer en contact avec les divinités, les esprits. On frottait ces produits sur quasiment tout le corps. Les feuilles étaient au préalable brûlées ou séchées. Après le mélange, on les déversait dans un récipient ou elles prenaient la forme d’une pâte. Dans ces substances, il y avait du kaolin rouge et blanc. Lorsque les Sango, les Lumbu et surtout les Punu arrivaient pour les cérémonies rituelles, ces substances leur étaient

remises, car contribuant à éloigner les mauvais esprits. Après application de cette pâte laiteuse, hommes et femmes devenaient attirants »222

L’huile de palme s’obtenait à travers les noix de palme. L’artisan prenait des noix fraîches et bien mûres du régime de palmier. Il les laissait bouillir dans l'eau pendant près d'une heure. Une fois refroidies, les noix de palme étaient pilées dans un mortier. Il malaxait ensuite dans un récipient d’eau, les noix entre les mains. Les fibres écrasées se détachaient du noyau, la matière oléagineuse se libérait pour former un mélange avec l’eau. L’opération continuait jusqu'à ce que tous les noyaux fussent dégarnis de leur pulpe. Les noyaux et les fibres formaient le résidu et étaient écartés du mélange. Il restait un magma d’huile qu’il délayait dans une quantité d'eau nécessaire à la préparation223. Cette description correspond à une faible production.

Pour les grandes productions, les noix bouillies étaient placées dans des grands vases et malaxées avec des pieds ou pincées entre les mains afin de laisser couler l’huile. Dans tous les cas, l’opération s’effectuait jusqu’à la libération totale de l’huile qui formait un magma jaunâtre au-dessus de l’eau. Ce magma était soigneusement séparé de l’eau avec les mains et versé dans un récipient que l’on chauffait au grand feu. Le liquide chauffé se cassait et formait deux parties : l’huile légère qui était recueillie dans un récipient à travers un filtre, tandis que la partie lourde et pâteuse se conservait pour la préparation de certains légumes, viandes et poissons. Les noyaux retirés et séchés au soleil servaient pour la fabrication de l’huile d’amande, tandis que les fibres se conservaient pour allumer le feu.

Pour obtenir l’huile d’amande, l’artisan décortiquait les amandes de noix de palme qu’il grillait ensuite dans une marmite contenant un peu d’eau. L’huile obtenue était de couleur noire et d’une forte odeur « maniagua ou maningou ». Elle n’était pas consommable, mais s’utilisait à des fins médicales c’est-à-dire pour

      

222  Julienne  Mandonga : Voir infra, annexe, texte n°22. 

223Georges Balandier., La vie quotidienne au royaume Kongo du XVe au XVIIIe siècle, Hachette, Paris, 1965, p. 

15.   

soigner la gale et les plaies. De même, les femmes la mélangeaient à la sciure de l’arbre appelé padouk et l’employaient comme pommade de beauté.

3.2- La production du sel

La consommation du sel émanait d’une fabrication purement artisanale. Une substance à la saveur de sel s’obtenait en utilisant les peaux de bananes séchées, les épluchures sèches de la noix de coco, et bien d’autres matières que l’on brulait et gardait dans de l’eau propre pendant une journée. Une fois ce charbon retiré, le liquide était transvasé dans des récipients pour la conservation. Hubert Deschamps l’a bien observé dans le sud du Gabon lorsqu’il mentionne qu’à l’ origine on produisait du sel végétal avec les cendres de divers végétaux (Zéni, Mbougoué, totoundé) 224.

La production du sel marin quant à elle, restait l’apanage des peuples de la côte parmi lesquels les Vili, Loumbou, Nkomi, Orungu, Benga, Séké et Mpongwè. Ce sel fabriqué à partir de l’eau de mer s’obtenait par évaporation. L’artisan faisant bouillir l’eau de mer dans des grands vases en argile. Une fois l’eau évaporée, le sel se déposait au fond du vase. Plus tard, de grands récipients peints en bronze furent achetés aux Européens pour la fabrication de ce sel marin, dont le travail regroupait pendant plusieurs jours des familles au bord de la mer. Bien que consommé individuellement par son fabriquant, cette catégorie de sel restait essentiellement destiné aux échanges avec les peuples de l’intérieur.

3.3- La sculpture, la poterie et la vannerie.

Le travail du bois était une activité masculine vu les efforts qu’il fallait fournir. L’apprentissage demandait un certain temps, et de nombreux artisans n’avaient pas

      

les mêmes capacités de produire tous les objets en bois. Il y avait ceux qui fabriquaient des peignes, des ustensiles de cuisine tels que les mortiers de diverses formes (ronds ou longs) selon l’usage voulu, des pilons en bois, des spatules. D’autres produisaient toute la gamme des objets en bois tels que les pétrins, les pirogues, les chaises longues et les tabourets, les lits, les masques et statuettes à usage récréatif, rituel ou fétichiste, les échasses. Les artisans Mitsogo et Ivéya façonnaient des portes de renommée. La formation au métier d’artisan se faisait entre parents, entre frères et beaux-frères pour les petits objets ; entre père et fils ou oncle maternel et neveu (pour les sociétés matrilinéaires), oncle paternel et neveu (pour les sociétés patrilinéaires) pour les instruments de cuisine et les bancs.

Photo n°12 : La fabrication des pirogues. André-Wilson Ndombet., Histoire des Adjumba

du Gabon du XVe siècle à 1972. Thèse de doctorat NR en Histoire. Université Paris I, 1989,

p. 344.

      

  Le métier de potier était essentiellement féminin. De part cette activité, elles fabriquaient des marmites et des récipients comme les pots, les cruches, les vases pour la cuisine. Elles se servaient d’argile spéciale de couleur blanche ou ocre qu’elles allaient chercher en savane. Celles qui voulaient des récipients en terre cuite allaient chercher sur les bords des rivières l’argile nécessaire et faisaient venir la potière pour le façonnage. Lorsqu’elles l’amenaient au village, elles commençaient par la tamiser afin de la débarrasser de tous les petits cailloux qu’elle contenait. Puis elles la mélangeaient à l’eau, la pétrissaient, la modelaient et la façonnaient. La forme des récipients de cuisine était surtout remarquable par la régularité de leur forme, et cela par le seul travail de la main. Les dimensions données aux vases dépendaient de la potière elle-même ou lorsqu’il s’agissait d’une commande passée par une femme du village, d’un modèle fourni par l’intéressée225.

Ce travail terminé, les potières exposaient les récipients au soleil pour les faire sécher, ensuite elles les mettaient dans un four pour les cuire. Pour rendre les vases imperméables, la potière enduisait son intérieur de résine bouillante qui, en refroidissant devenait du verre. Une fois refroidis, la dernière étape était celle du coloriage.   

      

Photo n°16 : Objets de poterie. (Cadet X, 2005, p. 231).

         

       

      

       Comme la poterie, la vannerie était également une activité féminine. Pour occuper ses loisirs, la femme comblait le temps réel en faisant de la vannerie. Elle fabriquait les objets qu’elle utilisait quotidiennement pour le transport (hottes paniers), pour le stockage (corbeille, fumoirs), pour la pêche (nasse, épuisette), pour le repos et la maisonnée (nattes). Les objets produits par les vannières intervenaient aussi lors des grandes cérémonies de circoncision, d’initiation, de mariage, et des funérailles. Les matières premières utilisées étaient composée de liane de rotin, de tiges des feuilles ou joncs, de fibres séchées d’ananas sauvages qui poussaient au bord des marigots. La vannerie fait partie des activités féminines qui n’ont pas disparu, car encore pratiquée de nos jours.

« C’était une activité importante du fait qu’elle apportait des biens, des objets utilitaires dans les ménages. Il s’agissait de la fabrication des objets tels que les corbeilles dans lesquelles on pouvait servir des ignames, du manioc, de la banane….Ensuite, la fabrication d’objets de pêche, de chasse, de transport. Il y’avait les paniers confectionnés à l’aide des fibres végétales « ndrubi », appelés « matomba » et les paniers faits avec les « mikodi ». Les Nzébi, les Wandji, les Tsengui fabriquaient des paniers appelés « mawangou », alors que les bougom utilisaient les lianes. A travers ce témoignage, Ponzi à mikodi c’est-à-dire le panier à liane serait une acquisition récente due semble-t-il au contact entre les populations « metié » avec les bougom (Akélé) » 226

3.4- Le tissage et le filage.

Avant l’arrivée des colons, les peuples ignoraient le pagne et se vêtaient d’une espèce de tissu obtenu à partir des écorces battues et traitées d’un arbre « katu » chez les Punu et d’un tissu de raphia « pussu » chez les Duma. Cette activité rentrait aussi dans la vie économique des peuples. A partir de la fibre raphia, le tisserand fabriquait le tissu à raphia utilisé pour l'habillement (toujours sous forme de pagne)

      

de l'homme et de la femme. Cette forme de production textile était l'une des activités de noblesse et génératrice de large richesse en pays Mbédé, par exemple. Sa considération dans la société atteignait quelquefois celui du forgeron, du devin guérisseur, etc.

Lors de son passage dans la région actuelle de la Ngounié, Paul du Chaillu souligna que les peuples habitant cette région étaient d’habiles tisserands. Il le dit dans ces termes :

   

« Comme les Ashiras (Gisir), les Aponos (Punu), tisserands, industrieux, savent travailler les plantes textiles qui servent aux vêtements des deux sexes. Leur toile, fabriquée en petits morceaux séparés, garnis de franges et appelés bongo, est quelques fois d’une grande beauté. Quand plusieurs de ces morceaux sont cousus ensemble, cet assemblage s’appelle un ndengui »227

 

   D’après Georges Dupré, le métier à tisser était une des activités qui exigeait un temps de préparation. La matière de base était le raphia Selon lui, les Nzébi avaient emprunté ce métier aux Téké228. Les fibres utilisées étaient tirées d’une plante de la famille du palmier et séchées au soleil. Puis le tisserand tissait sur une structure verticale et de construction compliquée inventée pour la circonstance. Pour obtenir les étoffes multicolores, très sollicitées sur les marchés traditionnels de l’époque, le tisserand teignait les fibres avant de les tisser. La couleur noire s’obtenait en faisait bouillir dans une grande marmite des espèces de cailloux d’un noir vif que l’on ajoutait aux fruits, feuilles et écorces d’un arbuste auxquelles il fallait aussi adjoindre des écorces de noisetier. Le tout était donc pilé, mélangé à l’huile de palme et mis à bouillir dans une marmite remplie d’eau. La couleur rouge par contre, demandait moins d’effort pour sa réalisation. Chaque localité se distinguait par le choix des couleurs et des motifs que par la qualité qui était à peu près la même. Grâce aux échanges intra et interethniques, le savoir-faire passait ainsi d’une ethnie à une autre.

      

227 Paul Du Chaillu., Voyages et aventures en Afrique équatoriale, Paris, Michel Levy, 1863. 

De plus, malgré l’évolution des comportements vestimentaires, les quelques « ndengui » datant du siècle dernier sont conservés jalousement par les villageois. Le tisserand pratiquait aussi le métier à filer. Cette activité était pour l’homme ce qu’était la vannerie ou la poterie pour la femme. De ce fait, tout homme devait confectionner son filet de chasse ou de pêche à base d’écorces séchées du parasoliers, ou de la liane.

         3.5- Le travail du fer

L’exploitation du fer permettait d’obtenir la quasi-totalité des outils nécessaires pour l’agriculture, la chasse, la pêche, la défense.

Si l’on s’en tient à l’histoire des sociétés gabonaises de l’époque, parler du travail du fer, c’est faire allusion au peuple Tsengui. Georges Dupré atteste que seuls les Tsengui étaient réputés pour la production du fer. Selon lui, le travail du fer appartient aux Tsengui. Les Wandji, les Nzébi et les autres peuples l’ont connu après eux » 229. A travers ce passage de Georges Dupré, l’origine du travail du fer est donc attestée en pays Tsengui de l’époque. Delisle, allant dans le même sens pense que les populations Tsengui étaient les maîtres incontestés du travail du fer, aussi leur pays était très riche en fer230. Voici ce que dit Emile Kouedé Mbérangoye, à propos de cette activité en pays Tsengui :

 

« Avant que les Européen n’arrivent en pays Tsengui, l’enclume était l’élément de base de la dot. Mais se procurer cet objet n’était point une chose aisée. Il y avait certes des forges et des forgerons mais ces derniers travaillaient le fer pour le vendre aux peuples voisins, les objets qu’ils fabriquaient à savoir des machettes, des couteaux, des haches, des enclumes, etc. n’avaient pas la même beauté que les fabrications qui venaient de chez les Tsengui. Ils fabriquaient les meilleures enclumes. Il faut dire que les       

229  Georges Dupré., 1982, op.cit.p. 99. 

Punu ignoraient les techniques de fabrication de tous ces objets. Aussi, se sont-ils approchés de leurs partenaires Nzébi et Tsengui auxquels ils confièrent leurs progénitures afin de permettre à ceux-ci d’apprendre à tailler les objets à partir du métal. Il fallait environ un mois de travail pour qu’un forgeron sorte un couteau. C’est pourquoi, échanger une hache nécessitait une compensation conséquente. Pour tous les produits de la métallurgie, les conditions de change étaient très corsées » 231

  Le travail du fer était une activité exceptionnellement masculine. Les

techniques d’exploitation et de travail étaient complexes. Le métal était extrait selon une méthode rudimentaire. Les couches alternées de minerai et de charbon de bois comblaient un vaste trou creusé dans le sol, tout autour des grands soufflets conditionnant l’arrivée de l’air. Le minerai de fer, exploité à ciel ouvert, était fondu selon un procédé simple. Le forgeron dressait un énorme bucher sur lequel il entassait une grande quantité de minerai concassé qu’il recouvrait encore de bois, puis il mettait le feu au bucher. Quand on s’apercevait que le minerai était en liquéfaction, alors il le laissait refroidir. Pour le rendre malléable, il lui faisait une série d’opérations prolongées de chauffage au charbon de bois et de martelage. Il était chauffé dans un fourneau, ensuite le forgeron retirait du feu le fer bien rouge à l’aide de pincette, le déposait sur une enclume ayant la forme d’une pyramide renversée et enfoncée en terre par sa pointe. Il le battait ensuite avec une espèce de marteau conique sans manche.232

La forge était l'activité noble par excellence et créatrice de richesse. C’était le domaine professionnel du forgeron qui fabriquait tous les instruments et objets métalliques. Il y avait les épées possédant des poignées d’une remarquable beauté avec des lames de meilleure qualité que celles des sabres provenant d’Europe, les couteaux de jet « ônzil chez les Fang », « musélé chez les Kota » en fer, à deux tranchants, l’un courbe, l’autre droit233. Le manche était en bois et recouvert partiellement de