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APPERCU HISTORIQUE SUR LE GABON PRECOLONIAL

II- Les peuples Bantous : origines et migrations

2- Le groupe du Centre

Dans la région autour du massif central, se sont installés plusieurs peuples parmi lesquels Mitsogo ou Tsogo, Apindji, Okandé, Simba, Puvi, Shamaye.

Les Mitsogo occupent presque toute la région à l’ouest et au nord de Mimongo

dans le massif central (Massif du Chaillu). D’après les sources, les ancêtres Mitsogo viennent d’une grande plaine sans arbres à l’Est appelé Motové. Ils auraient été guidés par un petit oiseau du nom de « Tshongosongo » et un animal aquatique du nom de « Tshioka ». A leur arrivée, les Babongo (pygmées) étaient déjà établis. Le chef Babongo s’appelait Moutshoï Motoubi (mère) et Penze (père). L’oncle (Magnewanga) était Tsogo. Ils arrivèrent au village Boundji et se séparèrent là en trois fractions : Diboa (à l’Ouest), Mopindi (Mimongo), Issouma (Sud-ouest).50

A propos de ces origines et de cette migration, un informateur nous a livré le récit suivant :

« Wè tosaba asi égho toma vigha ghonèè, gho ébandoè éaso Mitsôghô. Toma baka va néngé ghoma baka pingo a étété ; toma bônô na ghésa na ghésa : ghoma baka tè méba matevo. Muanga ango mbè : na yè vana ghéombé sami tonga dighaaka gho tsèngè émani ébundjangana na mébà ?

Pèèyè asi mègnèkè épaka mbongo ; ama bôngô ébéndéké éa mighombo, na ômèè muètsô ama pèka. Toma timohga yé va néngé yanèè na a Pongo éva. Inèè éa néngénè yè Masika ma moma nuètso. Toma panga na pughisi na va Masika : na momômbè na ghémamba. Va nè to voghaka na va Pongo éva.

      

49 Anges Ratanga-Atoz, 1985, op.cit, p. 132.

50 Hubert Deschamps, Traditions orales et archives du Gabon, contribution à l’ethnohistoire, Paris,

Vama notogha va Pongo éva, avô ama sanéa, avô dota tè ango batagha na nzoa na dii na gho Mandji. Va Mandji vanè vama sanéaka sènè ghéombé. Ghévô ghéombé ghéma baka na ngudi tè ango batgha na otèmbô a Manga. Vama buéa ango va ditèmbôyè dibaé, Mitsôghô ama bata na otèmbô. Mokandèè na simbanè tè ango sanéa vanè Ponénè tè batagha na otèmbô a manga ngu na vandé ango vanè. Ghoma to bata no otembô tè ghama to buéa va Tsamba »51

Traduction littérale 

« Nous ne sommes pas d’ici. Nous sommes venus de là-bas dans notre origine à nous Mitsôgô. Nous étions dans une île, il y avait beaucoup d’arbres. Nous regardions de tout côté, il n’y avait que de l’eau. Muanga disait : Comment moi et ma famille allons-nous habiter dans un pays qui est déjà gâté par l’eau ?

Les ancêtres ne savaient pas faire les pirogues. Ils ont pris les morceaux de parasoliers et tout le monde s’était embarqué. Nous sommes partis de cette île jusqu’à Pongo. Le nom de cette île c’est Masika de tout le monde. Nous sommes d’abord arrivés à Masika, noirs et blancs. Après nous sommes venu jusqu’ici à Pongo.

Lorsque nous quittâmes pongo certains sont restés, d ‘autres sont remontés par la mer jusqu’à Mandji. La à Mandji, une partie est restée.

L’autre moitié qui avait plus de force remonta Otèmbô à manga. Lorsqu’ils arrivèrent aux deux ditèmbô, Mitsôgô remontèrent avec otèmbô. Les Okandé et les Simba restèrent là. Les Povè remontèrent otèmbô a manga jusqu’à l’endroit où ils se trouvent actuellement. En remontant otèmbô nous arrivâmes à Tsamba »

 

Les points de départ de la migration et le parcours migratoire varient selon les informateurs, mais ils sont unanimes sur le nom du premier site d’implantation. Nous pouvons donc prétendre à une séparation au niveau de Boundji pour tout le groupe Mitsogo.

      

Les Apindji, important avant 1916, semblent avoir fondu en quelques années. Ils occupent actuellement la rive droite de la moyenne Ngounié au nord de Mouila. Les Apindji dit-on sont venus du nord. Ils ont remonté la Ngounié avec pour premiers chefs Moukwango et Ndala tous deux frères. Ils établirent le village Mokandè entre Fougamou et Mouila, occupé par la forêt aujourd’hui dans lequel il n’y avait personne sauf les pygmées (Abongo). Ils avaient pour voisins les Eshira et les Massango, deux groupes linguistiquement apparentés.52

Les Okandé, occupant sur le moyen Ogooué un grand nombre de villages,

n’habitent plus que trois villages dans la savane sur la rive gauche, entre le confluent de l’Okano et le poste de Booué.53

D’après la tradition orale, les ancêtres Okandé viendraient de l’Ivindo, ils s’établirent au village Nogonoué au sud du futur Makokou et fondèrent un second village du nom de Mbalikolo. Ils se déplacèrent vers la côte avec les Shimba, pour retrouver leurs parents, les Mpongwè. Arrivés au bord de la mer, ne supportant pas le froid, ils repartirent vers l’intérieur. Passant chez les Enenga de Lambaréné, ils tentèrent de s’établir au lac Zilé, mais en furent chassés par les moustiques. Ils remontèrent l’Ogooué et s’installèrent dans l’île Endoli, puis dans la savane, qui existait déjà. A leur arrivée, les Pygmées (Abenga) étaient déjà établis, vivant de chasse et de miel. La migration Okandé s’est faite simultanément avec celle des Simba, des Puvi, des Shamaye. Une fois les peuples Okandé établis, les Shimba les quittèrent et remontèrent la Ngounié avec les Apindji et les Mitsogo. Les autres Shimba remontèrent l’Ogooué avec les Okandé, puis occupèrent l’Offoué. Ce peuple localisé entre Booué et les portes de l’Okandé et les Shimba du haut-Ikoye et de la Ngounié sont ethnologiquement et linguistiquement apparentés. On trouve aussi, habitant le pays, les Povè ou Bavuvi dont une fraction du groupe a remonté la Ngounié et l’autre accompagnée de quelques groupes Kota, Shamaye et Ndassa ont dévié pour aller s’établir sur la Lolo.54

      

52Hubert Deschamps, 1962, op.cit, p. 35-36.

53 Ibid. 44.