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APPERCU HISTORIQUE SUR LE GABON PRECOLONIAL

II- Les peuples Bantous : origines et migrations

4- Le groupe du Sud-ouest

Traduction littérale

« Les Tsengui sont venus des environs de Lebeni. Le village qu’ils construisirent fut Walla aux bords de la rivière Rombo. Leurs ancêtres sont Lelika et son épouse Tsogho. Walla a été abandonné à cause des guerres contre les Bangomo. Partis de ce village, les Tsangi ont édifié un nouveau village, Kumbi près de la rivière Lebombi, dont le chef était d’abord Mukundzu qui laissa le trône à Kuala-kuala. A Kumbi, on trouvait plusieurs lignages tels, Bassanga, Mighâla, Bavonda, Makânda, Metate, Ikolo. Kumbi a été abandonné à la suite de l’arrivée des blancs dont le premier village qu’ils atteignirent fut Mekegni. Ils sont venus avec le travail de l’or. C’est le premier travail qui explique notre situation actuelle. C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui des Tsangui au Kegha et à Machuku ».

4- Le groupe du Sud-ouest

Ce groupe est composé des peuples ayant des affinités linguistiques : Eshira,

Punu, Bavarama, Bavoungou, Vili, Loumbou, Massango.

Les Eshira ou Gisir seraient venus d’un lieu appelé « Esire », situé entre Ngomo et Lambaréné. Chassés de l’Ogooué par les Akélé qui possédaient des fusils à pierres, les Echira retrouvèrent une infime partie des Akélé dans la région de Sindara-Fougamou. La guerre éclata pour des questions de femmes, les Akélé s’en allèrent au nord vers le lac Ezanga, deux petits groupes existant encore à l’Ouest sur la route de Fougamou au Rembo-Nkomi y restèrent. Suite à des conflits, les Echira se divisèrent en trois fractions : Tambou (vers Mouila), Tendralobihi (vers Mandji, appelé aujourd’hui Ngoussi du nom de leur roi), Kamba (vers Fougamou, ceux qui sont

      

restés en aval). On trouve les mêmes clans dans les trois fractions. Ils sont parents des Massango, et ont longtemps vécu avec les Myèné entre le confluent Ogooué-Ngounié, et les Vungu originaires du Loango, les Varama, qui se sont d’abord établis sur les bords de la Ngounié puis avec l’arrivée des Punu, se sont retirés vers l’ouest63.

Les Massango ont de nos jours de nombreux villages dans toute la région du

massif central, comprise entre Mimongo et la Lolo (en direction de Koulamoutou), ainsi que dans le nord et l’ouest du district de Mbigou64. Cependant, l’histoire de ce peuple reste assez mal connue, car certaines traditions orales l’assimilent à celle des Nzébi, d’autres à celle des Echira. Pour ainsi dire, nous nous limiterons à la tradition orale:

« Moulanga Binda a crée le monde au village de Koto ; tous y vivaient : les Blancs, les Noirs, les Pygmées. Les blancs sont restés là-bas. Les Pygmées (Babongo) sont venus avec les Noirs au village Mouaou Diboundji, où le monde a commencé, où régnait l’inceste. C’était dans le nord-est, dans la même direction que Koulamoutou. Ensuite, au village de Moukoundza, on classa tous les peuples selon leur langue et on fit régner l’ordre dans les familles. Les Eshira et les Massangu avaient pour mère Nyangui, pour père Mowango. Les Eshira sont partis et les Massangu sont restés sur le mont Iboudji avec les Mitsogo. Mais il faisait trop froid et ils sont allés vers l’ouest »65.

Les Bapunu occupent actuellement la plus grande partie des quatre districts de

Mouila, Ndendé, Moabi et Tchibanga. Ils seraient venus du sud du Congo en traversant la Niari (tradition de Mouila) ; du Niari, de Loango et de Mossendjo (tradition de Ndendé) ; de Bibaka aux sources de la Nyanga (tradition de Tchibanga), guidés par les pygmées (Babongo) qui faisaient la boussole vers le bon pays »66 Un de nos informateurs nous a donné la version suivante :

      

63 Hubert Deschamps, 1962, op.cit, p. 20-22.

64 Ibid. p. 46.

65 Ibid. p. 46-47.

« Bapunu botsu ubotuγe o βale o yari coŋgu. Mupunu umosi ndiŋ

iluani àma dile misosi ô Βale ake ruγe ake bure ilahu i ndiŋ ilahu ake bure ŋeli ilahu ngeli ilahu ake bure yifu yi bane. Mumbinze ŋeli, Munzieγu ŋeli, Makan ma ŋeli, Milebu mi ŋeli, Mabunde ma ŋeli, Mahanin ma ŋeli… Muharil ŋeli, Mueli ŋeli mba na… Mbinze nane yine ŋeli.

Yifu yi bane. Yifu ayine o coŋu bama ba burile o diβeni, ke aβane ba punu botsu ba kakunu. Bamosi uduke dol, bamosi upalile βane mabande bamosi aβeβe masaŋ. Aβane tumene laβile bamosi ba mwe wendile o Mayumba »67

Traduction littérale

« Tous les Punu sont quittés au loin vers le Congo. Un certain Nding Iluani a eu des problèmes. Il est venu et a mis au monde un fils au nom d’Ilahou Nding. Ce dernier a mis au monde Ngeli Ilahou qui a mis lui au monde neuf enfants dont Moumbinze Ngeli, Mahanin ma Ngeli, Mounziegou Ngeli, Makan ma Ngeli, Milebou Ngeli. Mabounde ma Ngeli, Muharil Ngeli, Moueli Ngeli, et il me semble que le dernier s’appelait Binze Ngeli (pas d’exactitude). Ils sont tous nés à Divenié au Congo. C’est là où les Punu se sont séparés. Les uns suivaient la Dola, les autres sont sortis par Mabanda. C’est de là où nous avons essaimé, les autres sont encore partis à Mayumba».

Le recoupement de ces deux versions nous amène à conclure qu’à propos du point de départ de la migration, tous les informateurs sont unanimes sur l’hypothèse selon laquelle, les Punu sont partis du Congo où d’un lieu vers le Congo, Divenié et de Mossendjo et près de Kibangou, au nord de la boucle du Niari.

Les Bavili, dont la migration est quelque fois mêlée à celle des Balumbu

seraient venus du Congo. En 1888, ils occupaient déjà la région de Mayumba, alors que les Balumbu étaient sur la lagune Mbanio. Ils étaient sous le règne du roi Mayombe Ignoudrou qui commandait le Mayombe, Mayumba et une partie de

      

Setté-Cama. C’était le plus ancien des chefs et semblait-il, un Lumbu68. Voici ce que dit le récit de Ngoma Eugénie :

« Mvili a witsile musini Angola ku bwale aba tele kabinda bakene landa mubu bamesi bakene sikema mu nzile ku kunwati ku tchilumbu luemba, ku makande.

Tu muyengi ti nsi ba vdambe mi bune ku mone. Vè ayitse ayitse amon’abu nenu nati bwale abubu batsi nambe ake kalile bane. Muyeni àbà tumi mayumba. Bifumbe bi masi bake ba lnda bane mayumba »69

Traduction littérale

« Le vili est venu loin de l’Angola dans la région appelée Cabinda. Ils

suivaient la mer, les autres s’arrêtaient en chemin à Kungwati, à Tchilumbu Luemba, Makanda. Mais le Muyengi dit que la terre qu’on m’a parlé le ne l’ai pas encore vue. Il est venu, est venu, il voit comme ça l’embouchure. Il dit voici le village dont on m’a perlé. Il est resté là. C’est le Muyengi qui commande Mayumba. Les autres clans les ont suivis là ».

Le premier évoque une migration au départ du Sud. Tandis que le second situe le point de départ de la migration depuis la région de l’Angola (Cabinda). Cependant, il peut être possible que la migration soit partie du Cabinda et les aurait conduits dans la région du Congo et permis leur entrée par la Sud. Malgré les divergents points de départ, l’implantation définitive eu lieu sur la même terre « Mayumba ».

Les Balumbu occupent actuellement la savane de Tchibanga au sud de la

Nyanga, le massif montagneux et forestier dit « Mayombe des Balumbu », le long de la côte, les marais de la basse Nyanga, la lagune de Setté-Cama et les environs de Mayumba. Ils seraient venus de Mongo, du coté de Pointe-Noire par la savane. Suite aux querelles, ils se divisèrent en groupes. Certains sont demeurés dans la savane,

      

68Hubert Deschamps, 1962, op.cit, p. 33-34.

les autres poursuivirent leur chemin le long de la Nyanga. Ils se servirent des pygmées (Babongo) comme éclaireurs. Ils découvrirent le chemin qui les conduit à s’établir sur la côte au voisinage des Vili ». Un de nos informateurs nous renseigne :

«Balumbu bandi ba yitse wune angola bamesi ku sikeme ku mbande, bamesi ku kakumoeke. Ti avane ba kakunu na ba vili.

Bawu bake bioyile mu ntandu. Ba landa musiru. Ulande, ulande tede bamesi bane kalile ku bibore na mààle ma mesi ku monu ntandu. Ti yetu àbabe batsi tu kambe ti kalanu bamesi ube wende na batu bowu bàba tele babonu bawu ba yaba musiru. Bakene landa mu nzile tsi nzawu ba tabila uyene landa, uyene landa, uyene landa, ti bitu bi ne bole.

Bake buale baba tele biliane. Ake maye mune mulandu wune batela matalile. Atalile mwile muneni muneni. Yawu utuye na masiye yawu ukambe fumwandi ti aa mine wê wunani nine mon empile mwile utole.

Bane labule mune yande piti. Mubonu ayaba nowu dine diandi nimbi ake wenda umaye o meni anebe we wune ake tuye tede ku mwile adine baba luye mubu nimbi. Ibile a yandi a bawule mubu. Muyame abana. Bune ba mone nane bane kale.

Ilumbu imesi bane mone mwisi mbatsu ibande yawu ti uli batu wona. Mini balane ti usa batu kabowu uli batu. Yandi ane wale irebe mu mambe usile mpembi na nule yandi utabe. Mutweni mwisi imondu ane sabuye ane tane muyeni wune. Bake bule sene bukulu mwise imondu ane niunile bane ba katsi ba muyeni. Bane welesene bane. Anane ba lumbu ba kalile ku mayumbe 70

Traduction littérale

« Les Lumbu sont venus de là-bas en Angola. Les uns s’arrêtaient à Mbanda, d’autres à Kakemoeke. Il paraît que c’est là qu’ils se sont séparés des Vili.

Eux, ils sont passés par la terre ferme, ils suivaient la brousse, suivre, suivre jusqu’à ce que certains se sont installés à Bibora et d’autres villages du coté de Mongo. Ils dirent que nous c’est ici que nous restons, c’est ici qu’on nous a indiqué pour habiter. Les autres sont encore repartis avec leurs gens qu’on appelait Babongo, eux ils

      

connaissaient la forêt. Ils suivaient les routes des éléphants. Ils ont traversé, traversé, traversé jusqu’à ce que les membres fussent fatigués.

Ils firent un campement, le pygmée qui était avec lui s’appelait Nguimbi, il est parti, est monté au village qu’on appelait Bilanga, il a gravi la montagne qu’on appelait Matalila, il aperçut une grande rivière ; il est descendu dans la soirée, il a dit à son maitre qui je suis allé là-bas, j’ai vu une de ces rivières grande ; ils ont dormi.

Tôt le matin, il descendit jusqu’à la rivière, c’est pour cela qu’on appelle la « mer de Nguigmi » parce que c’est lui qui a découvert la mer. Ils se sont donc installés. Un autre jour, ils ont vu la fumée, leur aîné dit qu’il y a des gens là-bas. Moi qui croyais qu’il n’y avait personne alors qu’il y’a des gens. Il a installé une natte sur l’eau, il a frotté l’ocre blanc et l’ocre rouge, il a traversé, l’homme en question est du clan Imonda.

Il a traversé et a trouvé le Moyengui là-bas, ils se sont dit l’histoire. L’Imondo a admiré les nièces du Moyengui, il a épousé une d’elle. C’est comme ça que les Lumbu sont restés à Mayumba »

Fondamentalement, cette version ne s’éloigne pas de celle recueillie par Hubert Deschamps. Aussi elle se rapproche de celle de Cherubin Délicat71, car il affirme que dans leur pérégrination entre la terre Mongo et Mayumba, ils étaient guidés par des pygmées. C’est du moins l’un d’eux Nguimbi qui aurait conduit les lumbu sur la côte.