• Aucun résultat trouvé

Les problématiques de protection, de développement territorial et du tourisme les Communes de Roura et Régina :

Introduction de la partie

3 Les problématiques de protection, de développement territorial et du tourisme les Communes de Roura et Régina :

« Selon l’article 2.1.1 de la convention n°2014324-0022, les gestionnaires doivent « sur la base d’une stratégie territoriale d’intervention formalisée, [mettre] en œuvre une surveillance adaptée de la RNN et veill[er] à sa réglementation par l’exercice, en tant que besoin, de leur pouvoir de police de la nature, à l’aide d’un ou plusieurs agents commissionnés de la RNN ou à défaut des autres agents chargés de la police de l’environnement ».87

3.1 La prédation des ressources naturelles

La mise en place d’un espace protégé est souvent difficile à accepter par les populations avoisinantes. En effet, ces dernières ont une sensation d’être comme déposées de leur droit à utiliser la forêt ou la rivière comme ressource, notamment pour la chasse et la pêche. De plus, ces activités sont valorisées par trois voies d’accès : la piste de Bélizon depuis la RN1 mais aussi les cours d’eau navigables depuis Roura/Cacao et Régina : la Comté et l’Approuague.

87 Bilan quinquennal de cogestion de la RNN Nouragues 2015 – 2019, rédaction 30/09/2019

72

3.1.1 La chasse et la pêche :

La chasse est un sujet qui suscite de grands débats sur le territoire de la Guyane. On y retrouve deux types de chasse, la chasse de subsistance qui est principalement pratiquée par les populations amérindiennes qui vivent en « autonomie » dans la forêt, et la chasse de loisir. Il n’est pourtant pas rare d’entendre que certains remplissent des congélateurs de viande de brousse pour la vendre sur le littoral. Il faut aussi prendre en compte les activités de chasse des orpailleurs illégaux. Il reste particulièrement compliqué d’évaluer l’impact réel des activités de chasse et de pêche sur la réserve. La taille du territoire est encore une fois une des raisons des difficultés rencontrés pour contrôler les activités de braconnage, mais il semblerait tout de même, sans avoir de réelles données, que la réserve soit victime de braconnage.

Une étude comparative avec d’autres sites comme les marais de Kwo par exemple permettrait de définir si la chasse a un impact sur la faune sauvage. En réalisant une cartographie des sites qui étudient la faune sauvage et qui accueillent du public, cela permettrait de voir la distance entre ces sites et les moyens d’y accéder pour les chasseurs, mais également de pouvoir s’interroger sur l’impact que peut avoir la chasse sur les animaux, si cela modifie leur comportement, s’ils sont plus craintifs, s’il y a une diminution des espèces. Cela ne donnera que des indicateurs, comme par exemple, le comportement ou la densité de certaines espèces en comparaison avec des sites ou a priori il n’y a pas de chasse et ceux où il y a soupçons de chasse. De plus, la chasse a un impact à la fois sur la faune (mort, voire massacre de certaines espèces pour leur qualité gustative ou parfois, culturelle), mais aussi sur la flore (les zones d'alimentation sont impactées directement par la raréfaction des animaux), par conséquent, il y a aussi un impact climatologique (augmentation du rendement d'oxygène par photosynthèse, etc...). Les indicateurs permettant de contrôler une activité intensive (et donc illégale) de la chasse peuvent aussi s'appuyer sur ces données, en plus de la proximité de marchés sur lesquels les viandes sont vendues. Les données climatologiques ainsi que les données des satellites (images à intervalle régulier de zones identifiées) peuvent indiquer une pratique (fossile ou actuelle) de chasse non entropique. Cela pourrait permettre d’affirmer ou infirmer l’hypothèse de braconnage sur telle ou telle zone et éventuellement de pouvoir mettre en place des mesures de protection. En accédant à ces informations, et en utilisant efficacement les indicateurs, il est donc possible de rendre plus efficiente une action de lutte Il n’en reste pas moins important de préciser que les équipes de la réserve des Nouragues ne sont pas autonomes dans leur déplacement, la réserve ne possède aucun moyen de déplacement. Au vue de la superficie à contrôler, cela est impossible à pieds, ce qui limite inexorablement la surveillance.

73

3.1.2 L’orpaillage illégal : une récurrence de l’activité au sein de la réserve :

Comme le démontre la cartographie si dessous, la réserve des Nouragues et particulièrement touchée à l’intérieur et en bordure de réserve par l’orpaillage illégal, les secteurs nord-est et centre-est sont particulièrement impactés.

Il faut aussi noter qu’en bordure de la délimitation de la réserve des sites d’exploitation aurifère légaux existent. Le Schéma Départemental d’Orientation Minière de la Guyane (SDOM) autorise les exploitations à proximité de la réserve. Il est important de souligner que les activités d’extraction de l’or, qu’ils soient légaux ou non engendre des dégradations environnementales très importantes : déforestation, détournement des cours d’eau, pollution des sols, dégradation des pistes et des routes. Il faut également préciser que souvent les activités légales d’extraction aurifère amènent une recrudescence des activités illégales, ouverture des voies d’accès qui facilite le déplacement des clandestins par exemple.

En 2017, la situation est devenue critique, avec une augmentation des chantiers illégaux observée jusqu’en cœur de réserve. En juin 2017, 6 chantiers et 5 campements ont été recensés, contre 9 chantiers et 11 campements en septembre de la même année.

Figure 15 : Localisation des camps et chantier d'orpaillage illégaux au Nouragues88

74

Figure 16 : Photos de chantier d'orpaillage illégal89

3.2 Prévention et surveillance

Si le changement climatique est une menace non maîtrisable à l’échelle de la réserve, l’orpaillage et la chasse, qui y est très souvent associée, le sont. Les pistes forestières aménagées sur les communes de Roura et Régina permettent aux orpailleurs clandestins et aux chasseurs, un accès privilégié au secteur nord-est de la réserve. Malheureusement ces pistes induisent des contraintes financières et logistiques lourdes qui bloquent les missions de surveillance par les agents de la réserve.

75

3.2.1 Mise en place de missions de police :

A ce jour, au vu de la superficie importante de la réserve, l’impact des activités de chasse, de pêche n’est pas évalué. Si l’orpaillage illégal est une problématique majeure dans la préservation de la biodiversité dans la réserve des Nouragues, l’impact de la chasse et de la pêche est aussi présent. La réserve assure en priorité un rôle de renseignement en localisant les chantiers illégaux, pour ensuite alerter les décideurs. Elle assure également un rôle de médiation et de relais auprès des populations. L’objectif étant de faire comprendre et respecter la réglementation de la réserve en ce qui concerne la chasse et la pêche. En 2017, l’équipe de la réserve a posé des pièges photographiques afin d’évaluer le passage des braconniers et des visiteurs non autorisés.

Suite au constat de l’augmentation des sites d’orpaillage illégaux au sein de la réserve cette dernière a relancé les alertes auprès des décideurs ainsi que les membres du dispositif Harpie. La Conservatrice de la réserve a de plus en 2018 présenté la situation des Nouragues au Préfet de Guyane et au Commandant de la Gendarmerie lors d’une visite au camp Arataï. Il y a donc un renforcement des forces armées et de la gendarmerie dans ce secteur.

76

4 La vocation à accueillir et l’intérêt pédagogique de la réserve des Nouragues :