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Conclusion chapitre

Chapitre 2 : le projet CORACINES : la réouverture du camp Arataï dans une démarche collaborative

1 Historique, L’ouverture de la réserve avant 2006 :

L’ouverture de la route Cayenne – Régina ouvrit des voies de communication au potentiel curieux où le chasseur qui désormais pouvait plus facilement accéder à condition de savoir naviguer dans les remontées de l’Appourague. Afin de poursuivre les recherches sans impact de la chasse, les chercheurs placent des écriteaux « Réserve Museum Chasse interdit », mais ils n’ont aucune valeur légale. La réserve naturelle n’existe pas encore. C’est en octobre 1990 que se prépare un projet de réserve Domaniale. Mais, le statut de Réserve Domaniale offrait une protection limitée, de plus l’ONF pouvait du jour au lendemain en modifier la réglementation et éventuellement supprimer son existence. C’est Léon Sanite, longtemps Directeur Départemental des Services Vétérinaire de Guyane, et Président de le SEPANGUY (Société d’Etude de Protection de l’Aménagement de la Nature en Guyane) qui proposa le statut de Réserve Naturelle.

Des tensions liées à la présence de potentielles zones aurifères apparaissent lors des discussions des futurs tracés de la Réserve. Les propos du Directeur de DRIRE de l’époque n’arrangea pas ces discussions : « l’exploitation de l’or était

prioritaire et que nous devions nous occuper d’écologie et de protection de la nature en dehors des zones aurifères93. » un compromis est trouvé entre les tracés de la future réserve et les potentielles zones aurifères. Ce sera finalement Pierre Charles Dominique qui sera chargé par Léon Sanite, de dessiner les contours exacts de la future réserve sur les cartes IGN. Ils avaient trois buts principaux pour la création de cet espace :

92https://www.franceguyane.fr/une/un-projet-pour-voir-renaître-le-camp-aratai-441966.php consulté le 1er

juin 2020.

93« Les Nouragues, mémoires de la station de recherche », Pierre Charles-Dominique, 2012, (document PDF

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● « Protéger l’environnement

● Protéger la zone de recherches afin que ces dernières puissent se poursuivre dans les meilleures conditions

● Développer une certaine forme d’écotourisme destinée à mieux faire connaître la faune et la flore Guyanaise à ses habitants et aux personnes venues de l’extérieur. » 94

L’objectif de cet écotourisme était de calmer les oppositions, en effet, la réserve des Nouragues à elle seule égalait la surface de toutes les réserves métropolitaines, ce qui engendrait des inquiétudes. Le fait que la réserve soit inhabitée facilita quand même les choses. Mais c’était nouveau, la réserve délimitait un périmètre dédié à la recherche et un autre à l’écotourisme, il n’était donc pas possible de calquer ce nouvel espace protégé avec ceux déjà existants en métropole. Des tensions entre l’ONF, et la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN), font que la partie écotouristique fut confiée à une association locale l’Arataï. Philippe GAUCHER, prit le poste de « Conservateur ». Le camp écotouristique prit forme avec Andoe Saaki, dit « Capi » qui était engagé par Philipe Gaucher pour réaliser les travaux du futur camp.

Figure 17 : Carte de la réserve avec ses différentes zones95

C’est en décembre 1995 que le Décret de création de réserve des Nouragues fut officiel. La réserve des Nouragues était donc officiellement la deuxième réserve de Guyane. L’ouverture du camp Arataï était une des conditions sine qua non à la création de cette grande réserve naturelle,

94« Les Nouragues, mémoires de la station de recherche », Pierre Charles-Dominique, 2012, (document PDF

rédigée par ses soins pour garder une trace de l’historique de la création de la station de recherche).

95« Les Nouragues, mémoires de la station de recherche », Pierre Charles-Dominique, 2012, (document PDF

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qui empiétait sur un territoire avec un fort potentiel aurifère, notamment sur le quart Nord-Est de la réserve. L’objectif était d’ouvrir cet espace au public, afin de mettre en place une retranscription des connaissances scientifique auprès du public, des scolaires et des touristes. Et c’est ce qui arriva, très vite la réserve commença à accueillir du public, son fonctionnement était assez simple : « de nombreuses données

scientifiques acquises par les chercheurs fréquentant la station des Nouragues était utilisées par le conservateur, et plus tard également par les différents animateurs qui furent engagés, de façon à communiquer ces informations de façon synthétique au public. Des sentiers découverte étaient aménagés et chaque observation pouvait être commentée aux petits groupes de touristes par leur accompagnateur. En outre, quelques chercheurs furent invités à séjourner et à poursuivre leurs travaux sur la station Arataï. Les petits groupes de touristes qui venaient passer quelques jours à cette station en revenaient enchantés ». 96

Figure 18 : Photographie des carbets97

1.1 Le meurtre des deux gardiens :

Au départ de Philippe gaucher, plusieurs conservateurs se succèdent. Des difficultés internes à l’association Arataï apparaissent, des distances sont prises entre la station de recherche et le camps Arataï, l’orpaillage ne cesse de faire des ravages sur la réserve et engendre une insécurité grandissante.

L’assassinat de Capy et Domingo en 2006 stoppent les activités de la réserve. Il y a également changement de gestionnaire avec une mutualisation des compétences et des moyens avec la station de recherche toujours en activité. De nouveau en 2007, il y a également un autre changement de gestionnaire, ce qui amène à une ingérence financière. Une cogestion se met en place entre l’ONF et l’AGEP à l’époque. Avec réduction des budgets, la réserve au lieu d’être à 8 personnes passe à 3. Un conservateur et deux agents, et ces agents-là, sont

96« Les Nouragues, mémoires de la station de recherche », Pierre Charles-Dominique, 2012, (document PDF

rédigée par ses soins pour garder une trace de l’historique de la création de la station de recherche).

97« Les Nouragues, mémoires de la station de recherche », Pierre Charles-Dominique, 2012, (document PDF

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mutualisés à l’instar des chefs de camps sur la station de recherche du CNRS. Il n’y a donc plus d’actions de retranscription d’information ou d’accueil écotouristique, ni aucune animation dans les classes.

Il semblerait, au cours des entretiens, que ce drame marqua particulièrement les esprits, sans même parler de la réserve des Nouragues, quand la question de l’orpaillage illégal est abordée, cette histoire tragique résonne presque systématiquement auprès de nos interlocuteurs.

«Ca fout vraiment les boules, tout le monde pense que ça peut arriver de nouveau »98