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Introduction de la partie

2 L’environnement et le patrimoine naturel de la réserve des Nouragues

2.3 Les habitats naturels et les espèces présentes sur la réserve

Une des missions de la Réserve est de mener des suivis et des inventaires des espèces à enjeux ou indicatrices de l’état de santé du milieu. Ce travail doit être réalisé dans une cohérence territoriale, nationale et internationale. Au vu du rapport d’activité 2017 – 2018, 10 000 données ont été acquises directement par la réserve et 6 projets menés. Toutefois au regard de la superficie de la réserve, il reste difficile pour les équipes d’obtenir une description exhaustive de la connaissance des habitats forestiers. La réserve doit être un facteur majeur dans l’observation de la biodiversité, elle doit pouvoir :

Avoir connaissance de l’évolution naturelle de son espace et des espèces associées ainsi que l’évolution face aux menaces.

Pouvoir suivre l’évolution et la présence des populations d’espèces emblématiques ou à enjeux.

Etre reconnue comme un outil pour l’amélioration des connaissances et la protection des enjeux globaux de la forêt tropicale humide. 80

2.3.1 Problématique de la réserve face aux enjeux de connaissance du milieu naturel : La réserve des Nouragues est décrite comme une mosaïque d’habitats naturels, on y retrouve trois types d’habitats généraux : la forêt marécageuse, la forêt de plateaux et la forêt de montagne, qui abrite quatre habitats principaux, qui inclut deux types d’habitats particuliers et des faciès d’habitats. On y retrouve la savane- roche qui est l’un des écosystèmes les plus menacé de Guyane. Au vu de l’importance de la superficie de la réserve et de la diversité des milieux qu’elle abrite on peut comprendre la difficulté de l’étude de ses milieux. De plus, la réserve est également située sur les têtes de deux bassins versants qui sont Comté et Approuague, qui recense également de nombreux habitats aquatiques diversifiés. C’est la seule réserve qui protège une telle diversité d’habitats de réseaux

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hydrographiques. Il faut souligner que l’Approuague est considéré comme un réservoir de biodiversité abritant des espèces remarquables. Il faut aussi souligner comme il est mentionné dans le Bilan quinquennal de cogestion de la RNN Nouragues 2015 – 2019, qu’aucune donnée écologique n’est connue pour la partie Nord de la réserve, qui est investi uniquement par les activités illégales.

2.3.2 Les moyens humains disponibles au sein de la réserve des Nouragues pour les

opérations de suivi des espèces

« Trois des quatre personnels de l’équipe technique de la réserve dédient une partie de leur temps de travail à l’amélioration des connaissances sur la biodiversité de la RNN. (…) Les garde-techniciens participent tous deux à quasiment l’ensemble des protocoles récurrents de la réserve (logistique, mise en œuvre et rentrées des données), ce qui représentent environ 120 HJ/an en moyenne. Jennifer Devillechabrolle, la conservatrice dédie une moindre partie de son temps de terrain sur les suivis, mais effectue chaque année les deux sessions du suivi temporel des oiseaux communs et dédie une plus grande part à la coordination de la mise en œuvre de l’ensemble des suivis de la réserve, soit environ 30 HJ/an (hors partenariat). Pauline Garrigou, la chargée de mission ancrage territorial n’a pas vocation à mettre en œuvre de protocoles scientifiques, bien qu’elle puisse ponctuellement les suivre pour en faire le relais auprès du grand public. »81Il faut ajouter également l’appui des compétences gestionnaires, l’ONF mais également des contrats de volontaires du service civique Sylvétude de l’ONF ont permis d’appuyer des missions de suivi des amphibiens, des IKA 82et des chiroptères.83 De plus la station de recherches scientifiques offre un accès direct avec toutes les commodités au cœur de la réserve. C’est une aide précieuse pour les missions de l’équipe de la réserve qui peuvent plus facilement mettre en œuvre leur protocole de suivi, cela permet de gagner du temps aussi bien logistique que financier.

81 Bilan quinquennal de cogestion de la RNN Nouragues 2015 – 2019, rédaction 30/09/2019

82 IKA, le suivi d’Indice Kilométrique d’Abondance, permet d’évaluer la présence de la grande faune

« chassable » (grands mammifères, grands oiseaux, gibiers, tortues).

83 Chiroptère ou plus communément chauve-souris, l’équipe de la réserve, dans le cadre de ses missions

d’amélioration des connaissances et de l’étude des communautés indicatrices de vertébrés, a testé plusieurs protocoles de suivi des chiroptères, sur les sites de Pararé et Inselberg, afin de proposer des suivis à long terme.

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2.3.3 Préparation et organisation des missions de suivi des espèces : l’exemple de l’étude et de suivi des populations d’amphibiens

Afin de pouvoir réaliser les suivis d’espèces dans de bonnes conditions, du personnel est dédié à la préparation et l’organisation des missions de suivi, pour par exemple entretenir et nettoyer les layons.

A titre d’exemple pour le suivi des amphibiens, les populations de Dendrobates, sont capturés, marqués et recapturés. Chaque individu capturé est photographié et relâché in situ. Chaque grenouille dispose d’une coloration qui lui est propre et unique, ce qui permet de les identifier et de leur attribuer un numéro, l’objectif étant de suivre les individus et d’identifier sur le long terme l’effectif et la dynamique des populations de grenouilles au Nouragues. Ce travail nécessite beaucoup de temps, l’agent de la réserve en charge de ce suivi doit parcourir lentement une cinquantaine de chemins (layon) de 50 mètres chacun, et ce chaque jour pendant 8 à 10 jours. Cela nécessite de reconnaître les chants des grenouilles, puisque chaque chant est comptabilisé.

Afin de garantir la participation de la réserve à la recherche, un partenariat avec un chercheur herpétologue a permis d’officialiser l’entraide réserve naturelle des Nouragues et la recherche. Cela a permis l’échange de données, mais également une aide à l’interprétation des résultats des suivis des amphibiens que la réserve mène.

2.3.4 Suivi de populations de loutre géante (Pteronura brasiliensis) en 2010 :

La Loutre géante est une espèce emblématique des rivières de l’amazone, cet animal qui peut arriver jusqu’à 180cm est diurne, grégaire et territorial. Elle est encore aujourd’hui considérée comme une espèce en « danger » par l’Union Mondiale de la Nature84. La dégradation de son habitat en est la principale cause. L’objectif de cette mission mise en place par l’association Kwate, est de suivre sur le long terme les populations de loutre, mais aussi de tapir sur plusieurs années. En 2000 des recensements avaient été effectués sur l’Arataye mais abandonnés pour cause d’orpaillage illégal. Leur objectif est de re-établir un état des lieux des populations. Cette mission s’est effectuée sur la rivière de l’Arataye, en incluant le territoire de la Réserve des Nouragues. Cette étude est impulsée par la Réserve des Nouragues en vue de son nouveau plan de gestion en 2010.

84 C. Dionisio, « Suivi de population : Loutre géante, loutre commune et tapir du 22 au 26 novembre 2010 »,

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La méthodologie choisie est celle de l’inventaire direct, à l’abord des criques en période d’eau basse. La rivière est parcourue lentement afin de géo référencer toute indice de présences comme des traces, des empreintes, des zones de grattages …. Les zones rocheuses ont fait l’objet d’études plus approfondies car appréciées par les loutres. De plus une étude des fécès frais, permet d’extraire de l’ADN, puisque l’association Kwata mène une étude génétique, qui est un outil complémentaire pour la conservation de l’espèce. Elle donne des informations précieuses sur par exemple : les tendances des populations. L’objectif était d’acquérir des meilleures connaissances sur ces espèces afin de pouvoir évaluer l’état des populations et mieux se représenter leur distribution géographique en Guyane. Mais aussi permettre d’identifier leurs sensibilités aux perturbations du milieu.

La prospection a couvert 20km de rivière et il n’y a pas eu d’observation directe de loutre géante. Trois fécès de loutre commune et 27 traces de tapir ont été recensés.

2.3.5 Etude des carnivores sur la réserve via des pièges photos :

En juin 2009 l’association Kwata met en place l’étude des carnivores sur la réserve naturelle nationale des Nouragues. Le jaguar est choisi pour cette étude, il est le plus grand félin sud-américain, il est de plus inscrit sur la liste rouge de l’Union Mondiale pour la Nature comme « quasi menacé ». L’estimation de la densité de population est indispensable pour connaître le statut de l’espèce. Pour cela des pièges photos sont utilisés pour étudier les populations de jaguar en Guyane. Les appareils photos se déclenchent automatiquement et sont en fonctionnement 24 h/24. Ce qui permet :

- D’identifier les animaux présents, - Estimer les populations totales, - D’estimer la taille de la zone d’étude, - De déduire la densité.

Il ressort de cette étude que les populations observées au Nouragues sont plutôt hautes, de nombreux animaux ont pu être observés grâce aux pièges photo installés. De plus, les informations fournies en complément des photos, comme l’heure, les caractéristiques micro-environnementales du site, apportent des connaissances importantes sur la biologie des espèces.

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