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L'orpaillage nuit à la recherche scientifique ?

7. Leur expérience :

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Pour finir ce questionnaire, nous avons cherché à savoir si le fait de se retrouver en Guyane, au contact de la jungle et des animaux qui la peuplent, avait modifié leur regard sur la nature. Globalement il semblerait que oui, pour 71% des interrogés.

A la question : « Votre expérience en Guyane, à la rencontre de la faune sauvage a- t-elle modifié ou confirmé votre opinion sur la place de l’homme vis-à-vis des animaux ? » (Nous leur demandons ensuite de choisir le schéma le plus proche de leur vision).

Ils répondent à 85,5% pour une vision éco-centrique. Nous avons ensuite analysé les 86 réponses à la question : « Si cela a changé pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? »

Nous avons catégorisé les 86 réponses pour les représenter sous forme de graphique.

Figure 35 : Graphique ressenti des interrogées126

Ils expliquent se sentir plus humble, avoir une meilleure prise de conscience des différents enjeux et menaces qui pèsent sur cette forêt, lors ou après un séjour en Guyane.

« On se sent plus petit en forêt … en harmonie, donc faisant partie de …. »

Toutefois, il est essentiel de préciser que les interrogés ont déjà une sensibilité « naturelle » et un certain « éveil » face aux enjeux environnementaux. Ce n’est donc pas représentatif d’une majorité. Une étude auprès des métropolitains qui viennent s’installer en Guyane serait plus représentatif, vis-à-vis de cette question.

126 Source : JANNOT L, 2020 19% 50% 9% 9% 13%

Ressenti des intérrogées

Prise de conscience de la fragilité de la nature Prise de conscience de son importance pour la survie de l’homme Reconnexion avec la nature Humilité Ne plus avoir peur des animaux

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Il est intéressant de souligner que 82% des interrogés pensent que participer à un séjour de tourisme scientifique, pourrait induire une réelle prise de conscience face aux enjeux de protection de la biodiversité.

Ils s’accordent à expliquer qu’une meilleure connaissance est essentielle à toute action de protection.

« Les gens doivent voir, toucher, sentir pour prendre conscience »

Mais ils soulignent également que les personnes intéressées par ce type de tourisme ont déjà une sensibilité face à la nature.

« Les personnes qui se dirigent vers ce type de tourisme sont souvent déjà sensibilisés à cette problématique ».

Nous nous accordons pour affirmer qu’une fois immergé dans cet environnement, que nombreux qualifient d’hostile, une remise en question est inévitable et ce consciemment ou non. Le tourisme scientifique ou à dimension scientifique, semble une voie intéressante pour permettre une meilleure conscientisation des visiteurs.

« En Guyane, lors de la première nuit en hamac, on se prend une sacrée gifle ! Tout devient très intéressant et on se sent tout petit face à l'environnement qui nous entoure ! On se rend compte de la diversité qui existe et de la beauté de la nature. »

Nous avons choisi de finir ce questionnaire sur les outils numériques, à savoir quel outil est selon eux, le mieux adapté et le plus facile pour accéder aux recherches scientifiques. Le graphique ci-dessous reprend leurs réponses. Ils indiquent utiliser Facebook pour 71%, YouTube pour 14% Instagram et les applications dédiées pour 15%.

Figure 36 : graphique % d'utilisation des outils numériques127

127 Source : JANNOT L, 2020 49% 23% 21% 7%

% d'utilisation des outils numériques

Facebook YouTube Application Magazine

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Conclusion du chapitre 1 :

Les personnes qui répondent ont déjà plus ou moins une sensibilité et/ou un éveil environnemental au regard des réponses. Toutefois, les données issues du questionnaire nous permettent d’identifier une certaine tendance :

En effet, 70,8% de personnes se rendant ou habitant en Guyane, souhaitent observer une espèce en particulier, il y a donc un désir de se rendre dans la nature pour observer la faune.

De plus la corrélation entre les données d’observation et celle de la réponse à la question : « Seriez-vous intéressées par le fait d’effectuer un séjour à dimension scientifique en Guyane ? »

Ils sont 82% à l’être et 71% de ceux-là habitent sur le département. Ce qui démontre bien que les deux objectifs ont un lien. En effet, on peut en conclure que la volonté d’observer la faune sauvage va avec le fait de vouloir mieux la connaitre.

En ce qui concerne le tourisme sur le département, les interrogés s’accordent pour dire que ce dernier est trop cher, qu’il manque d’infrastructure, mais que le potentiel pour le tourisme de nature et ou scientifique est immense.

De plus, il ressort que l’orpaillage est un frein au développement touristique, principalement en termes de dégradation du potentiel touristique mais aussi en termes d’image. Ils s’accordent à dire que le tourisme peut représenter une occupation différente de l’espace et donc limiter le développement de l’orpaillage illégal.

La Réserve des Nouragues, à notre grande surprise reste méconnue des interrogés. Ceux qui la connaissent en ont une image positive, c’est même un rêve pour certain d’y accéder. La richesse biologique semble être la principale motivation avec la possibilité de rencontrer des scientifiques.

Le manque d’accès à la connaissance scientifique et ou tout simplement naturaliste est souligné par les interrogés. Ils aimeraient pour 51,7% avoir accès à la recherche mais ne savent pas de quelle façon. C’est aussi inévitablement un frein à l’action de protection de l’environnement. Si les habitants de Guyane, ne connaissent pas la faune et la flore ils peuvent difficilement la protéger.

Afin de rentrer dans les objectifs de protection de la réserve des Nouragues, il semble donc important de rendre accessible la connaissance. Nous l’avons vu, la grande majorité des visiteurs viennent pour travailler et/ou voir leur famille. Il est donc essentiel que toute personne qui reste sur le territoire ait suffisamment de connaissances pour devenir ambassadeur de la protection de cette faune. Dans ce

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sens, le tourisme scientifique ou à dimension scientifique peut être un allié du projet CORACINE, qui lui, peut représenter une opportunité non négligeable pour le territoire et pour les actions de sensibilisation à l’environnement.

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Chapitre 2 L’alliance entre tourisme, protection et